Umbilicus rupestris

Famille : Crassulaceae


Texte © Prof. Pietro Pavone

 


Traduction en français par Jean-Marc Linder

 

L'Ombilic de Vénus (Umbilicus rupestris) est une géophyte fréquente sur les rochers et les murs de pierre ombragés jusqu'à plus de 1200 m d'altitude.

L’Ombilic de Vénus (Umbilicus rupestris) est une géophyte fréquente sur les rochers et les murs de pierre ombragés jusqu’à plus de 1200 m d’altitude © Ana Raimundo

Umbilicus rupestris (Salisb.) Dandy est une espèce de la famille des Crassulaceae incluse dans l’ordre des Saxifragales.

On la trouve en Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Açores, îles Baléares, Bulgarie, Chypre, Corse, France, Grande-Bretagne, Grèce, Inde, Irlande, Italie, Crète, Liban-Syrie, Libye, Madère, Maroc, Portugal, Arabie Saoudite, Sinaï, Espagne, Tunisie, Turquie, Yougoslavie. C’est une géophyte tubéreuse succulente qui pousse principalement dans le biome tempéré sur des rochers ombragés et humides, sur de vieux murs, dans des environnements aux sols caillouteux/graveleux, jusqu’à 1200 (2000) m au-dessus du niveau de la mer.

D’abord nommée Cotyledon rupestris par Ricardo Antonio Salisbury (1761-1829) dans Prodr. Stirp. Chap. Allerton : 307 (1796), James Edgar Dandy (1903-1976) lui a donné son nom actuel dans Fl. Gloucestershire 611 (1948). Le nom générique dérive du latin “umbilicus”, nombril, claire allusion à la dépression au centre des feuilles. L’épithète spécifique, “rupestris” provient du latin “rupes”, rocher, falaise, en référence aux endroits où elle pousse.

Le rhizome tubéreux de Umbilicus rupestris produit des tiges érigées de 20-50 cm portant des fleurs sur plus de la moitié de leur longueur.

Son rhizome tubéreux produit des tiges érigées de 20-50 cm portant des fleurs sur plus de la moitié de leur longueur © Giuseppe Mazza

On l’appelle communément Ombilic rupestre, Nombril de Vénus, ou encore Ombilic des rochers.

C’est une plante de 20 à 50 cm de haut à rhizome tubéreux et à tige érigée et glabre, produisant des fleurs sur plus de la moitié de sa longueur.

Les feuilles sont charnues, les basales présentant un limbe circulaire pelté (2-5 cm de diamètre), crénelé et avec un long pétiole (4-20 cm).

Celles qui se trouvent sur la tige se réduisent progressivement à des écailles lancéolées.

Les fleurs légèrement pendantes sont rassemblées en une inflorescence en racème, généralement linéaire, d’une hauteur de 25 cm ou plus, souvent unilatérale.

Les pédoncules floraux sont longs de 3 à 9 mm, plus courts que les bractées. Le calice a cinq sépales soudés à la base et libres au sommet. La corolle tubulaire-campanulée comporte cinq dents de 1,5 à 2 mm de long ; elle est jaune-verdâtre, parfois un peu rougie, et mesure 7 à 10 mm de long.

Le rougissement peut affecter l’ensemble de l’inflorescence et parfois aussi les feuilles. Les étamines au nombre de 10 sont soudées au tube de la corolle. Le gynécée est constitué de 5 carpelles libres.

Les sujets plus âgés peuvent produire plusieurs tiges fleuries. La floraison a lieu entre (mars) avril et juillet (août).

Le fruit est un polyfollicule ou follicetum, c’est-à-dire un agrégat de follicules ; il est généralement constitué de 5 follicules de 5 à 7 mm contenant de nombreuses graines (0,5 à 0,7 mm), ovoïdes ou elliptiques, de couleur marron foncé.

En raison de la disponibilité limitée du sol dans ses habitats, il peut être exposé à des périodes intermittentes de sécheresse qui lui infligent un stress hydrique.

Dans ce cas, Umbilicus rupestris a la capacité de passer d’une photosynthèse de type C3 au métabolisme acide des crassulacées (CAM), adaptation qui se retrouve dans un large éventail de plantes succulentes. Ce type de métabolisme permet à la plante de fermer ses stomates le jour et de les ouvrir la nuit, réduisant ainsi la perte d’eau sous forme de vapeur.

Autrefois, avec d’autres herbes sauvages, cette espèce entrait dans l’alimentation humaine, notamment dans la confection de tartes salées, mais aussi crue, en salade, pour la texture charnue et croquante de ses feuilles.

Les feuilles sont à consommer lorsqu’elles sont encore jeunes ; une fois mûres, elles sont amères et au goût désagréable.

Dans certaines populations de la région méditerranéenne, on utilisait cette plante en médecine traditionnelle contre les inflammations et les irritations de la peau, pour traiter les furoncles, comme désinfectant pour les plaies et pour soigner les brûlures. L’utilisation incluait l’application directe des feuilles sous forme de cataplasme, ou écrasées avec de la crème ou de la graisse, sous forme d’onguent.

Détail de l'inflorescence de Umbilicus rupestris. Les corolles tubulaires-campanulées font 7 à 10 mm de long. Les jeunes feuilles sont comestibles et ont des vertus médicinales.

Détail de l’inflorescence. Les corolles tubulaires-campanulées font 7 à 10 mm de long. Les jeunes feuilles sont comestibles et ont des vertus médicinales © Giuseppe Mazza

On prêtait aussi aux infusions préparées à partir des feuilles des vertus diurétiques et un pouvoir désinfectant ophtalmique.

Une étude récente (Food Chemistry, Vol. 295, 341-349, 2019) a porté sur l’aspect nutritionnel des feuilles d’Umbilicus rupestris. Elle conclut que cette plante peut entrer dans l’alimentation humaine pour fournir des nutriments et des composés bioactifs, tels que des acides gras oméga-3, des acides organiques, des tocophérols (vitamine E) et des composés phénoliques, principalement des flavonoïdes.

On a aussi testé la cicatrisation des ulcères et l’activité gastroprotectrice des extraits méthanoliques des feuilles d’Umbilicus rupestris sur les lésions gastriques provoquées par l’éthanol chez le rat (Glob J Res Rev 4:1 (2017). Cette cicatrisation est due aux nombreux métabolites secondaires présents dans les feuilles tels que les flavonoïdes, les saponines et les tanins. Les flavonoïdes, plus particulièrement, sont des antioxydants et de puissants séquestres de radicaux libres, qui préviennent l’ulcération et les dommages cellulaires dus à l’oxydation.

Ces travaux confirment les propriétés médicinales que les peuples attribuent traditionnellement à cette plante.

Le fruit de Umbilicus rupestris est un agrégat de 5 follicules généralement. Les nombreuses petites graines de 0,5 à 0,7 mm sont ovoïdes ou elliptiques, de couleur brun foncé.

Le fruit est un agrégat de 5 follicules généralement. Les nombreuses petites graines de 0,5 à 0,7 mm sont ovoïdes ou elliptiques, de couleur brun foncé © Giuseppe Mazza

Synonymes: Cotyledon rupestris Salisb. ; Cotyledon gredense Pau ; Cotyledon neglecta Cout. ; Cotyledon ombilicus Lam. ; Cotyledon pendulina (DC.) Vierh. ; Cotyledon tuberosa Halácsy ; Cotyledon umbilicata Lam. ; Cotyledon umbilicifolia Stokes ; Cotyledon umbilicus-veneris L. ; Cotyledon umbilicus-veneris var. deflexa (Pomel) Maire ; Cotyledon umbilicus-veneris var. gredense (Pau) Pau ; Cotyledon umbilicus-veneris var. marianica Pau ; Cotyledon umbilicus-veneris var. patula (Pomel) Maire ; Cotyledon umbilicus-veneris subsp. pendulina (DC.) H.Lindb. ; Cotyledon umbilicus-veneris var. pendulina (DC.) Batt. ; Cotyledon umbilicus-veneris subsp. pendulina (DC.) Batt. ; Cotyledon umbilicus-veneris var. tuberosa L. ; Cotyliphyllum erectum Link ; Cotyliphyllum umbilicus Link ; Umbilicus aetneus Tornab. ; Umbilicus deflexus Pomel ; Umbilicus neglectus (Cout.) Rothm. & P.Silva ; Umbilicus patulus Pomel ; Umbilicus pendulinus DC. ; Umbilicus pendulinus var. punctatus Gray ; Umbilicus pendulinus var. truncatus Wolley-Dod ; Umbilicus pendulinus var. velenovskyi Röhl. ex Jacobs ; Umbilicus rupestris var. truncatus (Wolley-Dod) Rowley ; Umbilicus rupestris var. velenovskyi (Röhl. ex Jacobs) Rowley ; Umbilicus simplex K.Koch ; Umbilicus umbilicatus (Lam.) Breistr. ; Umbilicus vulgaris Batt. & Trab. ; Umbilicus vulgaris subsp. pendulinus (DC.) Batt. & Trab.