Famille : Rutaceae
Texte © Pietro Puccio
Traduction en français par Michel Olivié
Le lieu exact d’origine de cette espèce largement cultivée depuis des temps reculés et naturalisée dans divers pays tropicaux et subtropicaux est inconnu mais on suppose qu’il s’agit du Sud-Est asiatique.
Le nom du genre vient de l’adjectif grec “triphasios” = triple, par référence à ses parties florales. Le nom de l’espèce est la combinaison de l’adjectif numéral latin “tres” = trois et du substantif “folium, ii” = feuille, par référence à ses feuilles qui sont composées de trois folioles.
Noms communs : limeberry, myrtle lime, orange berry, trifoliate lime berry (anglais), orangine, petite citronnelle (français), kalamansito, sua-sua (Philippines), chini naranghi (Inde), jeruk kingkip (Indonésie), limau kiah (Malaisie), baya lima, lemoncito, limoncito, limon de china (espagnol), manao-thet (Thaïlande), kim quit (Vietnam).
La Triphasia trifolia (Burm. f.) P. Wilson (1909) est un arbuste sempervirent, droit, très ramifié, haut jusqu’à environ 3 m et dont les branches comportent à l’aisselle des feuilles des épines disposées par paires, fines, droites et longues de 3 à 16 mm.
Les feuilles, alternes, portées sur un court pétiole non ailé, sont composées de trois folioles ovées-elliptiques à l’apex émarginé, à la base cunéiforme et au bord irrégulièrement crénelé, de couleur vert foncé, brillantes, coriaces et aromatiques. Les deux folioles latérales, plus petites, ont de 1 à 2,5 cm de long et 0,6 à 1,8 cm de large. La foliole terminale a 2 à 4,7 cm de long et 1,3 à 2,5 cm de large. Les fleurs, portées sur un pédoncule long de 3 à 5 mm, sont solitaires ou groupées par 2 ou 3 et hermaphrodites. Le calice, de couleur verte et long d’environ 2 mm, comporte 3 lobes triangulaires. La corolle a 3 pétales libres, oblongs, à l’apex arrondi et recourbé en arrière, blancs, de 1 à 1,3 cm de long et 0,4 à 0,5 cm de large, 6 étamines, un ovaire triloculaire avec un ovule par loge et un style avec un stigmate trilobé. Les fleurs dégagent un parfum semblable à celui des fleurs d’oranger.
Le fruit est une baie (l’hespéride) ovoïde, apiculée, longue de 1,2 à 1,5 cm, d’abord de couleur verte puis rouge orangé et rouge foncé à maturité, dont la peau mince (l’épicarpe) est parsemée de minuscules glandes oléifères.
Le fruit, comestible, contient 1 à 3 graines oblongues, aplaties, de 1 à 3 mm de long, plongées dans une pulpe un peu mucilagineuse. Quand il est parfaitement mûr il a un goût d’une douceur agréable qui rappelle celui de la lime, Citrus aurantiifolia (Christm.) Swingle, 1913. Ses graines sont vite dispersées par les animaux, en particulier par les oiseaux qui se nourrissent de ses fruits.
On reproduit cette plante en semant ses graines, le plus rapidement possible car leur capacité à germer ne dure pas longtemps, dans un terreau sableux, parfaitement drainant et aéré, maintenu humide à la température de 24 à 26 °C. La durée de germination est de 3 à 4 semaines. On la reproduit également par marcottage et par bouturage. C’est une espèce qui s’adapte bien à différents types de sols, acides à alcalins, semi-arides à humides, à condition qu’ils soient parfaitement drainants vu qu’elle ne supporte pas les rétentions d’eau, et à différentes conditions d’exposition étant donné qu’elle peut vivre indifféremment aussi bien dans des endroits rocheux situés en plein soleil que dans le sous-bois des forêts humides.
En raison de son feuillage compact et brillant, de sa floraison parfumée presque permanente et de ses fruits rouges comestibles elle a été introduite dans divers pays tropicaux et subtropicaux où on l’utilise surtout pour aménager des bordures, taillées ou non, et des haies qui peuvent être défensives du fait de la présence des épines. On peut tenter de la cultiver dans les régions tempérées chaudes les plus douces où elle peut supporter des températures légèrement inférieures à 0 °C pendant une courte période, à condition que les hivers ne soient pas trop humides. Dans certaines zones elle s’est échappée des cultures et s’est naturalisée en devenant dans certains cas fortement invasive grâce à son adaptabilité et en formant alors des maquis impénétrables qui asphyxient la végétation préexistante.
Du fait de sa croissance assez lente elle s’accommode bien de la culture en pot et est même un sujet très apprécié pour la réalisation de bonsaïs.
Le fruit peut être consommé cru, confit, mariné ou être utilisé pour la fabrication de boissons, de confitures et de marmelades. Les feuilles et les fruits sont employés dans la médecine traditionnelle de différents pays du Sud-Est asiatique. Des études en laboratoire ont démontré la présence dans les huiles essentielles extraites des parties aériennes de cette plante d’une propriété antioxydante élevée.
Synonymes: Limonia trifolia Burm.f. (1768); Limonia trifoliata L. (1771); Triphasia aurantiola Lour. (1790); Limonia diacantha DC. (1824); Triphasia trifoliata (L.) DC. (1824); Limonia retusa D.Don (1825); Triphasia diacantha M.Roem. (1846); Triphasia javanica M.Roem (1846).
→ Pour apprécier la biodiversité au sein de la famille des RUTACEAE cliquez ici.