Famille : Pomacentridae
Texte © Giuseppe Mazza
Traduction en français par Michel Olivié
Le Stegastes planifrons (Cuvier, 1830) appartient à la classe des Actinopterygii, les poissons aux nageoires rayonnées, à l’ordre des Perciformes et à la famille des Pomacentridae qui compte 29 genres et plus de 400 espèces dont les castagnoles et les célèbres poissons-clowns.
Le nom du genre Stegastes vient du grec “stegastos” = recouvert, parce que ses nageoires dorsale et anale sont recouvertes d’écailles qui sont très nettement visibles alors que le nom latin de l’espèce planifrons = au front plat fait allusion au profil presque rectiligne de sa tête.
Zoogéographie
Le Stegastes planifrons est un poisson spécifiquement caribéen qui est présent dans les eaux tropicales de l’Ouest de l’Atlantique. On le trouve, entre autres, le long des côtes, en Floride, au Mexique, au Belize, au Honduras, au Panama et jusqu’au Venezuela. Sa limite Nord se situe aux Bermudes. Ensuite, en descendant, il a colonisé les Bahamas, Cuba, les îles Turques-et-Caïques, les îles Caïmans, la Jamaïque, Haïti, la République dominicaine, Porto Rico, les îles Vierges, Antigua-et-Barbuda, Montserrat, la Guadeloupe, la Dominique, la Martinique, Sainte-Lucie, la Barbade, St-Vincent-et-les-Grenadines, la Grenade,Trinité-et-Tobago, Curaçao et Aruba.
Écologie-Habitat
Il vit dans des eaux peu profondes, jamais au-dessous de 30 m, parmi les madrépores et les rochers côtiers où les algues sont abondantes. Il nage dans les eaux tranquilles des lagons mais aussi sur le côté extérieur des récifs et dans les formations madréporiques qui croissent au large.
Autrefois les Stegastes planifrons se réfugiaient le jour parmi les branches acérées de l’Acropora cervicornis et passaient la nuit dans les petites cavités de ce madrépore mais aujourd’hui la situation a changé.
La population de cette espèce a fortement augmenté dans les Caraïbes, surtout après l’ouragan Allen de 1980 qui a détruit une grande partie de son madrépore habituel lequel a, de plus, été victime récemment de la maladie de la bande blanche. Les Stegastes planifrons lui auraient donné le coup de grâce en cultivant avec beaucoup de succès sur les branches cassées du madrépore les algues dont ils se nourrissent et en colonisant pour dormir les petites cavités d’autres espèces.
Il y en a également qui soutiennent que l’augmentation de leur population serait liée à la surpêche qui a réduit de moitié le nombre des gros prédateurs comme les mérous mais il ne semble pas que ces petits poissons fassent partie de leurs proies. En général les Stegastes planifrons sont chassés par des espèces de taille plus petite que les gros prédateurs. En réduisant de moitié le nombre de ces derniers celui des espèces de taille plus petite aurait dû augmenter et réduire le nombre des Stegastes planifrons. La surpêche ne serait donc pas la cause de leur subite augmentation même si, chiffres en mains, l’on soutient le contraire à Porto Rico.
Il est de fait qu’après la mort de leur madrépore préféré les Stegastes planifrons se sont désormais employés à recouvrir d’algues même des madrépores non ramifiés tels que la Montastraea annularis, la Montastraea faveolata ou la Gardineroseris planulata dont la croissance est beaucoup plus lente que celle de l’Acropora cervicornis et qui, en l’absence de régénération, meurent peu à peu, ce qui entraîne la dégradation du récif.
Morphophysiologie
Le Stegastes planifrons est un petit poisson long au maximum de 13 cm. Son épine dorsale possède 12 rayons épineux et 15 à 17 rayons mous alors que la nageoire anale a 2 rayons épineux et et 13 à 14 rayons inermes. Les nageoires pectorales qui sont inermes tout comme les nageoires pelviennes ont 13 à 14 rayons.
Il existe une grande différence chromatique entre la livrée des juvéniles et celle des adultes. Les juvéniles, qui sont parfois les hôtes des aquariums domestiques, ont une belle couleur jaune vif. Ils possèdent une grande tache noire entre le dos et la nageoire dorsale, au point de séparation entre les rayons épineux et les rayons mous, et une autre tache, plus petite, sur le pédoncule caudal. Elles sont toutes deux légèrement bordées de bleu. Le corps est parcouru par de fines lignes verticales foncées plus ou moins vives suivant les besoins liés au mimétisme et l’humeur du poisson.
Les adultes, par contre, portent une modeste livrée de couleur gris-brunâtre si bien qu’il est parfois difficile d’apercevoir les deux taches. Ils possèdent toutefois une troisième tache noire caractéristique à la base de la nageoire pectorale qui est toujours bien visible grâce au contraste avec la zone ventrale qui est plus claire.
Éthologie-Biologie reproductive
Le Stegastes planifrons est un poisson territorial qui s’empresse de chasser violemment les poissons herbivores qui pénètre dans son petit jardin d’algues benthiques qu’il cultive et grignote toute la journée bien qu’il ne dédaigne pas de manger, au passage, de petits vers, des copépodes, de petits gastéropodes, des œufs, des hydroïdes et des éponges. Les juvéniles exercent aussi la fonction de “poissons nettoyeurs” en débarrassant de leurs ectoparasites des poissons de grande taille.
Les femelles collent leurs œufs sur le substrat. Après la fécondation les mâles montent la garde jusqu’à leur éclosion tout en les ventilant avec leurs nageoires pour éviter l’apparition de moisissures.
Les populations décimées par des catastrophes peuvent doubler leurs effectifs en moins de 15 mois. L’indice de vulnérabilité était en 2020 manifestement bas et s’établissait à 24 sur une échelle de 100.
Synonymes
Pomacentrus planifrons Cuvier, 1830; Eupomacentrus planifrons (Cuvier, 1830).