Famille : Rosaceae
Classification : Espèce
Texte © Prof. Franca Bessi
Traduction en français par Michel Olivié
Rosa spinosissima L. est une rose qui possède une vaste aire de diffusion. Elle est spontanée en Europe ( y compris l’Islande), en Algérie, en Ukraine, dans l’Ouest de la Sibérie et au Xinjiang. Elle a en outre été introduite aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande. Sa présence en Norvège tend à se raréfier. Elle pousse le long des côtes et sur des collines arides dans des terrains sablonneux et rocheux. Dans les zones tempérées elle ne dépasse pas 2000 m d’altitude.
Linné en 1753 (protologue dans Sp. Pl. 1 : 491) indique qu’elle est recouverte d’aiguillons, qu’elle a des sépales indivis “rosa caule petiolisque aculeatis, calicis foliolis indivisis” et que Caspar Bauhin, dans Pinax theatri botanici (1620, p. 483) a fait mention de cette rose champêtre très épineuse à la fleur blanche parfumée. Toujours dans Pinax on observe qu’elle était connue sous diverses dénominations dont Rosa dunensis (dunensis signifie qui vit sur les dunes) et qu’elle figurait sous le nom de Rosa praecox spinola fl. albo dans Hortus Eystettensis, l’important herbier illustré bavarois de 1613. Auparavant Gérard en 1596 l’avait appelée Rosa pomifera, The Pimpernel Rose.
Selon Carlos Vicioso (1964) Rosa spinosissima L. (s.l.) comprend la subs. spinosissima et la subs. myriacantha (DC.) C. Vic. Les plus connus des plus de trente autres synonymes de Rosa spinosissima sont Rosa pimpinellifolia L. et Rosa myriacantha DC. alors que parmi les noms vulgaires on peut citer Rosa saltica, Rosa di macchia, Scotch Rose, Scots Rose, Burnet Rose, Rosier pimprenelle, Rosier à feuilles de Boucage et Rosier d’Écosse. Les faux fruits tant de Rosa spinosissima que de Rosa canina L. sont d’autre part appelés en italien caccabelli et scarnigi et, vulgairement, en français gratte-cul.
Les épithètes spinosissima et pimpinellifolia font ressortir deux des caractéristiques de cette rose : l’abondance des aiguillons et l’aspect des folioles qui rappellent celles de la Pimprenelle ou Sanguisorbe. Rosa spinosissima est un arbuste au port érigé d’une hauteur pouvant aller jusqu’à 1 m (il atteint rarement 2 m), aux tiges relativement courtes elles aussi densément recouvertes de petites aiguilles et aiguillons qui peuvent être simples ou disposés par paires, droits et effilés ou plus ou moins recourbés.
Cet hétéromorphisme des aiguillons peut être plus ou moins marqué. Parfois la présence des aiguillons, des aiguilles et des soies peut être massive ou devenir peu abondante, un phénomène que l’on rencontre chez certains hybrides spontanés où les très petites excroissances sont moins présentes.
Cette variabilité morphologique s’explique par la vaste diffusion de cette rose. Les fleurs sont en général blanches, mais aussi blanches avec un onglet jaunâtre, roses et jaune soufre. Normalement les corolles sont simples et portées sur des pédoncules qui sont d ‘habitude hispido-glandulaires (mais également nus) et dépourvus de bractées. Les styles émergent plus ou moins du disque et ne sont pas soudés entre eux. Les sépales sont entiers et ont un apex acuminé. Vers la fin de l’anthèse ils se redressent par rapport au disque de l’hypantium et sont persistants.
Les cynorhodons, qui sont sphériques ou subsphériques, prennent avec le temps une couleur violet /noirâtre ou marron foncé et conservent un port droit une fois mûrs. Leur épiderme foncé et brillant qui comporte en général des excroissances clairsemées mais bien visibles est une marque distinctive de l’espèce.
Les feuilles ont un nombre variable de folioles (de 7 à 9, 5 au minimum et 11 au maximum), petites, orbiculaires à oblongues, ovées et glabres avec des stipules étroits et adnés qui s’élargissent d’un coup dans des oreillettes dilatées et très divergentes.
La floraison a lieu en mai-juin mais, suivant les conditions climatiques, elle peut se prolonger en juillet. Du fait de sa précocité Rosa spinosissima a reçu également le surnom de “héraut” des roses.
Après la rusticité et la floraison abondante l’ensemble ‘forme des feuilles et cynorhodons brunâtres’ est une autre caractéristique appréciée en tant qu’élément décoratif lors de l’aménagement de jardins. Cette espèce dont les sous-taxons et les hybrides plus ou moins spontanés (couleur et duplicature des corolles) sont très variables, a d’autre part été cultivée dès avant 1600.
Rosa spinosissima a donné naissance à de nombreux hybrides spontanés, comme cela a déjà été signalé dans Nouvelle Classification des Roses (1891, p. 22) du grand François Crépin, le représentant le plus autorisé de la botanique belge et en particulier du genre Rosa depuis la seconde moitié du XIXe siècle. On a notamment propagé et cultivé les hybrides qui se sont formés sur le littoral écossais, parfois considérés comme des hybrides naturels. L’ensemble de ces rosiers cultivées est désigné sous le nom générique de Scotch Roses ou plus exactement, selon certains, de Scots Roses. Le grand nombre de ces formes de roses est prouvé par le fait qu’aujourd’hui on trouve dans les livres, pour elles, plus de dénominations que pour les rosiers. Beaucoup d’entre elles ont des fleurs doubles et diversement colorées. En son temps Joseph Sabine, Secrétaire honoraire de la Royal Horticultural Society de 1810 à 1830, proposa pour les formes doubles de la Rosa pimpinellifolia, en se basant sur la couleur des corolles, de créer une subdivision en sept sections et a recensé vingt-six Double Scotch Roses.
Parmi les hybrides des années 1800 on apprécie particulièrement aujourd’hui encore ‘Harison’s Yellow’ qui fut créé par George Harison à New-York vers 1824 et ‘Stanwell Perpetual’ (avant 1821) qui fut introduite et commercialisée en Angleterre par J. Lee dans les années trente du XIXe siècle. La seconde parvient dans les climats tempérés à donner quelques fleurs même en décembre. La beauté de ses corolles fait oublier son aspect désordonné. Rosa spinosissima a de plus été incluse dans les programmes d’hybridation de Wilhelm Kordes à partir desquels celui-ci a créé ‘Frühlingsmorgen’ en 1942.
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