Famille : Rosaceae
Classification : Rosier Botanique
Texte © Prof. Franca Bessi
Traduction en français par Catherine Collin
Rosa sempervirens a été décrite par Linné (Sp. Pl. 1: 492) en 1753 comme une rose dont la tige présente des aiguillons et des feuilles à cinq folioles glabres persistantes, d’où le nom spécifique latin sempervirens (toujours vert).
L’auteur la nota comme endémique de l’Allemagne, mais le type chorologique de Rosa sempervirens est sténo-méditerranéen avec une aire coïncidant avec celle de l’olivier.
Plante héliophile et xérophile, c’est une composante du maquis méditerranéen qui d’habitude ne dépasse pas les 800-900 m d’altitude (parfois au-delà, rencontrée sur l’Etna); au Nord de la France on la rencontre dans les vallées des fleuves et de leurs affluents qui descendent vers l’océan.
Les noms communs de cette espèce ne sont pas particulièrement recherchés puisqu’ils font, pour la plupart, référence à sa période de floraison ou à ses feuilles, brillantes et persistantes: Rosa di San Giovanni et Rosa lustra (Italie); Rosal siempre verde, Rosa mosqueta común (Espagne); Evergreen Rose (Angleterre); Rosier toujours-vert (France); Immergrüne Rose (Allemagne).
Le botaniste Gaetani Savi (1769-1844), globalement d’accord avec le nom commun espagnol, lui attribua la dénomination Rosa dommaschina salvatica et en 1811 il l’inscrivit parmi les «espèces de Roses [sauvages, qui] en plus d’être utiles pour les haies, peuvent aussi être employées comme plantes d’ornement, étant vraiment belles par leur feuillage et par leur floraison».
Cette rose se caractérise par un calice avec un disque à l’orifice étroit, des styles pubescents soudés en une colonne stylaire allongée-concrescente dépassant les étamines en hauteur (ce qui la place dans la section des Synstylae, c’est-à-dire des roses ayant les styles réunis en une colonne, comme le suggère l’étymologie du mot) et par le fait d’être une plante à feuilles persistantes dont les feuilles médianes des branches florifères sont composées de cinq folioles.
Ces folioles 5 (-7), coriaces et glabres, montrant des marges simplement dentées, sont plus foncées et luisantes sur la face supérieure et plus claires sur l’envers, avec les apex incurvés. Les folioles sont disposées en échelle sur le rachis: les plus petites sont les plus proches des stipules et les apicales sont plus grandes, plus allongées. Les aiguillons peuvent être légèrement recourbés ou parfois arqués.
Les fleurs, simples, ont des étamines dorées et des pétales blancs, très ovales et cordiformes avec les bords incurvés latéralement lorsque l’anthèse est avancée. Les corolles, plus ou moins parfumées, d’un diamètre de 3 à 5 cm sont portées par des pédicelles glanduleux sous forme d’inflorescences pauciflores (3-5). Le réceptacle est de forme variable, généralement ovoïde et les sépales ovales sont entiers (seuls les externes peuvent parfois montrer des petits lobes peu apparents), acuminés ou pointus et sont caduques.
Les inflorescences, corymbes avec des bractéoles et des bractées persistantes, sont portées par de courtes pousses latérales. La floraison a lieu du printemps jusqu’au début de l’été (mai-juin). Les cynorrhodons, faux fruits, sont petits et globuleux et, en fonction de la variabilité intraspécifique, peuvent être diversement glanduleux. Parfois, à leur sommet, reste visible la colonne stylaire désormais desséchée. La maturation a lieu en septembre-octobre et la couleur des faux fruits peut aller de rouge brique à rouge grenade très foncé.
Défini comme phanérophyte arbustif et phanérophyte lianescent ce rosier peut se présenter avec un port rampant ou grimpant et tend à recouvrir, grâce à ses tiges fines et sarmenteuses, la végétation ligneuse alentour et les éventuels bâtiments/ruines présents dans son environnement. La particularité de ne pas pouvoir se soutenir seul «not Able to sustaine themselves without some helpe» fut également mise en évidence dans “Paradisi in sole, paradisus terrestris” (1629, p.420) de John Parkinson
Dans les temps anciens, de par son développement qui est en moyenne de 5-6 m en hauteur, ce rosier était utilisé pour couvrir des pergolas et, introduit dans la première moitié du XVIIème siècle en Angleterre, il était également utilisé comme plante ornementale grimpante pour couvrir des arbres ou pour être formé en pyramide. Aujourd’hui encore, ce rosier est conseillé, s’il est convenablement palissé, pour couvrir les clôtures (en haies) et les murs des jardins; lorsqu’il est utilisé en treillis, il doit être taillé comme n’importe quel autre rosier sarmenteux, sans oublier de prendre les précautions nécessaires, car il n’est pas exempt de maladies. Il préfère un endroit abrité au sol fertile et bien drainé, ensoleillé ou légèrement ombragé.
La variabilité des caractères morphologiques au sein de ce taxon a laissé penser dans le passé que Rosa sempervirens pouvait être subdivisée en plusieurs espèces, en se basant précisément sur la non constance de certains de ces caractères considérés comme diagnostiques; parmi les botanistes ayant jugé opportun de proposer le détachement de nouvelles espèces de Rosa sempervirens L. il y a le français Michel Gandoger (1850-1926).
Par exemple, furent ainsi détachées Rosa scandens Mill. qui présente des fleurs légèrement parfumées et des cynorrhodons ovoïdes et Rosa prostrata DC. qui a des styles glabres comme Rosa moschata. Dans “Matériaux pour servir à l’histoire des roses” (1880) François Crépin s’exprime négativement sur l’éclatement du taxon linnéen.
Rosa sempervirens présente des individus montrant un matériel génétique diploïde 2n=14, triploïde 2n=21 et tétraploïde 2n=28. En plus d’être connue comme Rosa scandens et Rosa prostrata, elle est aussi mentionnée comme Ripartia sempervirens (L.) Gand. et Rosa alba All. (nom illégitime); à l’heure actuelle POWO (Plants of the World Online de Kew Royal Botanic Gardens) lui attribue 91 synonymes, alors que WFO (World Flora Online) lui en reconnaît 48.
Pour ses qualités, ce rosier fut choisi par Antoine Jacques (1782-1866), chef jardinier du Duc d’Orléans à Neuilly-sur-Seine, comme espèce parentale à partir de laquelle développer une série d’hybrides sarmenteux qui aujourd’hui sont listés comme Hybrid Sempervirens (HSem) par l’American Rose Society.
Parmi les cultivars de Jacques on trouve encore commercialisés :
Rosa ‘Félicité et Perpétue’ (1828), plante très vigoureuse aux abondantes inflorescences de fleurs bombées qui s’ouvrent en rosettes de couleur blanc-chair;
Rosa ‘Flore’ (1829), plante très vigoureuse à fleurs doubles en coupes de couleur rose avec le centre plus vivement coloré;
Rosa ‘Princesse Marie’ (1829), plante très vigoureuse aux inflorescences de boutons roses qui s’ouvrent en corolles moyennes virant au blanc et parfumées;
Rosa ‘Reine des Belges’ (1832), plante ‘excessivement’ vigoureuse aux inflorescences de fleurs blanches aplaties.
→ Histoire de la rose : des Roses Botaniques vers une rose parfaite.