Famille : Reduviidae
Texte © Prof. Santi Longo
Traduction en français par Michel Olivié
Connu sous le nom de Réduve irascible, Rhynocoris iracundus (Poda, 1761) est l’une des 7.000 espèces, en général prédatrices, de la famille des Reduviidae.
Le corps élancé et déprimé de ces insectes aux couleurs peu vives ou aux teintes rouges est long de 2 à 4 cm.
Leur tête, relativement petite, a de longues antennes constituées de quatre articles et de grands yeux composés. La lèvre inférieure ou rostre, courte et forte, est composée de trois articles.
Le premier segment du thorax est élargi et comporte dans sa partie inférieure (le prosternum) une zone striée avec laquelle la partie distale du rostre est en contact.
Chez certaines espèces les ailes sont réduites ou absentes. Les pattes antérieures sont ravisseuses. Les pattes médianes et postérieures sont ambulatoires.
La partie dorsale des segments de l’abdomen (le paratergite) est évasée. Elle dépasse des ailes latéralement et est parfois ornée de bandes transversales, ce qui crée un vif contraste de couleurs.
Les piqûres de certaines espèces de l’Amérique centrale transmettent à l’homme la maladie de Chagas ou trypanosomiase américaine, une parasitose causée par le zooflagellé Tripanosoma cruzi qui peut provoquer une insuffisance cardiaque et la dilatation de l’oesophage ou du colon.
Décrit par Poda sous le nom de Cimex iracundus le Réduve irascible a été transféré dans le genre Rhynocoris qui a été créé par Hahn en 1834 et qui comprend plus de 120 espèces prédatrices d’insectes. Le nom de ce nouveau genre vient de “μυκτήρ” (rhyno), nez, et “κόρις” (coris), punaise, par référence au rostre piqueur de ces punaises alors que le nom latin de l’espèce iracundus, irascible, irritable fait allusion à la posture menaçante que ces insectes adoptent de façon ostentatoire quand ils sont dérangés.
Zoogéographie
On trouve Rhynocoris iracundus dans toute l’Europe et au Moyen-Orient.
Écologie-Habitat
Il se rencontre fréquemment dans divers agroécosystèmes et des milieux anthropisés sur de nombreuses plantes herbacées, arbustives ou arborées où il chasse des araignées et des insectes utiles ou nuisibles aux plantes spontanées et cultivées.
Les proies les plus courantes et faciles à capturer sont les larves des Lépidoptères.
Elles sont attrapées avec les pattes ravisseuses et consommées sur place comme c’est le cas pour les nombreux Coléoptères, Hyménoptères, Apoïdes et autres insectes souvent présents sur les fleurs.
Le tégument des victimes est percé par la robuste lèvre inférieure munie de stylets qui injectent un salive riche en enzymes digestifs qui permettent ensuite au Réduve irascible d’aspirer tranquillement les tissus liquéfiés de sa proie.
Morphophysiologie
Les femelles, longues en moyenne de 15 mm et larges d’environ 6 mm, sont plus grandes que les mâles.
La tête est relativement petite et a une lèvre inférieure, appelée rostre, qui est indurée et conçue pour piquer. Le premier et la base du deuxième des trois articles qui la forment sont rouges.
Les individus manifestent leur niveau d’excitation en frottant l’extrémité de leur rostre le long d’une rainure situé sous la tête, ce qui génère une stridulation tenant lieu d’avertissement.
Les antennes sont noires et moyennement longues. Les yeux composés sont grands.
La première partie dorsale du thorax, appelée pronotum, possède à l’avant une bande transversale noire sur fond rouge qui se prolonge le long des bords. La partie médiane et sous-latérale des deuxième et troisième segments du thorax portent des taches noires.
Les pattes sont longues et également rouges avec des bandes noires.
Les ailes antérieures, appelées hémélytres, sont en partie sclérifiées. Leur première partie, la corie rouge, est suivie du clavus et d’une membrane foncée. Les ailes postérieures sont également membraneuses et sombres.
L’oeuf, de couleur marron testacé, a une forme ovale et allongée qui est plus étroite au pole supérieur où existe une sorte de bouchon spongieux de couleur blanchâtre.
Les oeufs sont pondus sous forme de petites grappes que la femelle colle sur la face supérieure des feuilles .
Les néanides à peine nés sont jaunâtres alors que ceux du deuxième âge ont une tête et un thorax de couleur rouge orangé et un abdomen pigmenté de noir.
Les nymphes, dotées d’ébauches d’ailes, présentent la couleur rouge orangé des adultes avec des taches noires.
Éthologie-Biologie reproductive
Cette espèce passe l’hiver à l’état adulte dans divers abris.
Au printemps, avec la hausse des températures, les survivants rejoignent les plantes, de préférence en fleur, et entament leur activité prédatrice.
À partir de juin les mâles, leurs gonades parvenues à maturité, partent à la recherche de partenaires.
Leur rituel amoureux consiste d’abord à sauter sur le dos des femelles où ils restent quelque temps. Puis, si celles-ci sont disponibles, l’accouplement a lieu. Quelques jours après la femelle pond de 50 à 60 oeufs réunis en grappes compactes.
Ils éclosent presque en même temps environ une semaine après.
Les individus au stade juvénile demeurent peu de temps ensemble près des coquilles vides ( les chorions) puis se dispersent dans la végétation à la recherche de proies qui sont d’abord de petites dimensions (pucerons, thysanoptères, cicadelles) et ensuite de plus en plus grandes.
Leur croissance s’achève au cours de l’été et de l’automne. Avant l’hiver et après une courte période d’activité les nouveaux adultes partent à la recherche d’abris pour y passer la saison froide.
Accidentellement et uniquement s’il est importuné le Réduve irascible peut aussi piquer la peau humaine ce qui provoque une douleur intense et un érythème cutané qui disparaît au bout de quelques heures. Il ne transmet cependant pas la terrible maladie des espèces américaines.
Malgré sa stridulation menaçante et sa couleur aposématique qui signale par son motif spécifique rouge et noir la présence de son rostre perforant, Rhynocoris iracundus est activement chassé par des araignées de grande taille, des mantidés, des rongeurs et des oiseaux.
Synonymes
Cimex iracundus Poda, 1761, Rhynocoris cruentus Fabricius,1787.
→ Pour apprécier la biodiversité des RHINCHOTA ou HEMIPTERA cliquez ici.