Famille : Geometridae
Texte © Prof. Santi Longo
Traduction en français par Michel Olivié
La Phalène sacrée, Rhodometra sacraria Linnaeus, 1767 est une des quelque 35.000 espèces de lépidoptères hétéroneures qui appartiennent à la famille des Geometridae.
Ses chenilles se nourrissent de plantes herbacées et arborées. Elles sont dotées de deux paires de fausses pattes abdominales à la hauteur de la sixième et de la dixième urites. Pour se déplacer elles doivent rapprocher et éloigner alternativement leur thorax où se trouvent les pattes et l’extrémité de leur abdomen, ce qui donne l’impression qu’elles mesurent leur support. C’est de cette caractéristique que provient le nom donné à cette famille.
La sous-famille des Sterrhinae à laquelle est rattachée la Phalène sacrée comprend des espèces dont les adultes ont des teintes gris jaunâtre ou rose grisâtre et dont le vol est délicat mais qui sont capables d’effectuer de longues migrations.
Le nom du genre Rhodometra vient du grec “rhodos” en référence à la couleur rosée plus ou moins vive des adultes surtout dans les régions les plus chaudes et de “metron” qui peut vouloir dire “juste mesure, dose ou proportion convenable” alors que le nom de l’espèce sacraria indique la position des ailes des adultes au repos qui rappelle les mains jointes au moment de la prière.
Zoogéographie
Cette espèce est répandue dans une grande partie de l’Asie, en Afrique du Nord et dans le Sud de l’Europe. Dans les régions les plus chaudes il existe plusieurs générations par an. Les adultes effectuent de longues migrations à la recherche des plantes-hôtes. Elle a été observée aussi en Amérique du Nord de même qu’au Chili et en Argentine.
Écologie-Habitat
Les chenilles se nourrissent de plantes herbacées des genres Rumex, Anthemis, Emex, Oxygonium, Persicaria et Rhus. C’est une des phalènes les plus répandues tant dans les milieux boisés que dans les centres urbains du Midi où les adultes viennent attirés par l’éclairage nocturne. Le jour ils se reposent souvent sur des vitres et des murs de bâtiment ainsi que sur les tiges et les rameaux des plantes-hôtes.
Morphophysiologie
Le corps des adultes des générations printanières est long d’environ 11 mm. La tête et le thorax sont jaune pâle. Les mâles adultes ont des antennes bipectinées.
L’envergure alaire va de 20 à plus de 30 mm. Chez les adultes des générations de l’été et de l’automne elle est en moyenne de 16 à 26 mm. Les larges ailes antérieures sont longues de 12 à 14 mm et de couleur jaunâtre-blanchâtre ou rosée. Elles comportent une bande caractéristique de couleur acajou ou rose qui traverse en diagonale le côté supérieur des ailes depuis le bord postérieur jusqu’à l’apex. Il existe souvent des taches discales de la même couleur que la ligne diagonale.
Les ailes postérieures sont lisses. Leurs côtés dorsaux sont blanchâtres et non marqués. Les franges alaires sont jaunâtres. Les tibias des pattes arrière sont dotées de deux paires d’éperons. L’abdomen est de couleur blanche.
L’intensité et l’étendue de la pigmentation rosée varie suivant la température à laquelle les pupes ont été soumises au cours de leur développement. Elle est plus vive chez celles qui ont été exposées à des températures plus élevées.
Les œufs sont relativement longs, jaunâtres et portent des taches rouges spécifiques.
Les chenilles ressemblent aux rameaux des plantes-hôtes parmi lesquels elles se camouflent. Une fois arrivées au terme de leur croissance elles atteignent une longueur de plus de 30 mm. Leur corps, de couleur marron clair ou verte, est blanchâtre au niveau du ventre. Leur tête est relativement petite et de couleur brun rougeâtre. Les formes de couleur verte ont sur le dos une bande irrégulière marron foncé ou rougeâtre qui ressemble aux nervures foliaires de Rumex.
La chenille parvenue au terme de sa croissance rejoint les feuilles mortes qui se trouvent à la base des plantes où elle effectue sa nymphose et se transforme en chrysalide. Celle-ci a une couleur brun jaunâtre avec des taches foncées et a une longueur d’environ 1 cm et un diamètre d’environ 3 mm.
Éthologie-Biologie reproductive
Les adultes au cours de leurs migrations qu’ils effectuent pendant les heures de nuit sont attirés par les lumières. Le jour ils se reposent souvent sur les rameaux ou les tiges de plantes herbacées ainsi que sur les murs des bâtiments ruraux et urbains où il sont présents dans le Sud de l’Europe, en Afrique du Nord et en Asie d’avril à novembre.
Quand ils se reposent ils gardent leurs ailes en position parallèle. Les mâles, grâce aux nombreuses sensilles présentes dans leurs antennes bipectinées identifient les phéromones sexuelles émises par les femelles qui, après avoir été fécondées, partent à la recherche des plantes-hôtes sur lesquelles elles pondent, guidées par les traces de leurs odeurs.
Dans la nature cette espèce a de nombreux ennemis naturels qui parasitent les œufs, les chenilles et les chrysalides ce qui réduit la densité de leur population. Les chenilles, d’autre part, meurent à la suite d’infections virales, bactériennes et fongiques. Certaines espèces de parasitoïdes sont bien connues comme des Hyménoptères Braconidés du genre Apanteles ou des Diptères Tachinidés tels que Compsillura concinnata Meig. Des espèces d’Hyménoptères Scelionidés du genre Telenomus et des Trichogrammatidés du genre Trichogramma sont des parasitoïdes oophages actifs.
Synonymes
La Phalène sacrée a été décrite par Linné en 1767 sous le nom de Geometra sacraria. En 1935 elle a été transférée par Prout dans le genre Rhodometra créé par Edward Meyrick en 1892. Les synonymes de sacraria Linnaeus, 1767 sont les suivants par ordre chronologique labda, Cramer, 1777; sacrals, Thumberg, 1784; fulvaria, Fabricius, 1794; sanguinaria, Esper,1799; minervae, Gistel, 1856; labdaria Guenèe 1858.