Famille : Pythonidae
Texte © Dr. Gianni Olivo
Traduction en français par Virginie Thiriaud
Le Python royal (Python regius Shaw, 1802, famille des Pythonidae) est également appelé Python boule. Il doit ce nom commun à l’habitude de cacher sa tête sous son corps enroulé lorsqu’il est effrayé, ressemblant ainsi à une boule colorée. Sa livrée est si élégante, et son caractère docile et pas du tout enclin à mordre, que la légende veut que la reine Cléopâtre portait un de ces serpents enroulé autour de son bras, tel un bracelet.
C’est un serpent de gros diamètre mais de taille modeste, mesurant en moyenne 120 cm de long (avec un record de 180-190 cm pour une femelle). Il est répandu en Afrique centrale et occidentale, du Sénégal jusqu’en Ouganda, en passant par le Mali, le Niger et les pays bordant le Golfe de Guinée – notamment Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Nigeria et Cameroun – puis, en poursuivant vers l’est, on le retrouve en République centrafricaine et au sud du Soudan. En général, les femelles sont plus grandes que les mâles, qui dépassent rarement 110 cm de long.
La tête est triangulaire, ou plutôt en forme de trapèze allongé puisque le museau est large et biseauté et le cou est mince, de sorte que la tête se distingue bien du corps. L’œil a une pupille elliptique verticale, ce qui trahit ses habitudes nocturnes ou crépusculaires, mais il semble que ce serpent ait une assez mauvaise vue, probablement encore plus faible que celle d’autres espèces de pythons. En observant la tête plus attentivement, on remarque que la partie postérieure s’élargit à partir des yeux, alors qu’à l’avant, le museau est presque tubulaire.
La partie supérieure présente une grosse tache sombre à l’apex antérieur. Latéralement, la tête est de couleur pâle ou crème, avec une ligne horizontale sombre passant au niveau de l’œil.
Antérieurement, au-dessus des écailles labiales supérieures, on peut voir une série de “fossettes” qui ne sont rien d’autre que des organes thermo-récepteurs, qui avertissent le reptile de la proximité d’une proie à sang chaud.
Pour suivre une proie potentielle, le python boule ne se fie donc pas tant à sa vue qu’à ses organes les plus sensibles qui sont justement les fossettes thermo-réceptrices ainsi que l’organe de Jacobson. Ce dernier est un organe situé sur le palais qui analyse les phéromones captées dans l’environnement par les extrémités de la langue bifide sortant rythmiquement de la bouche à la recherche de ces molécules odorantes. Cependant, plus qu’un chasseur actif et mobile, le python royal est un patient amateur d’embuscades, capable de rester immobile pendant des jours dans un lieu de passage habituel des proies.
Son corps est brun foncé, presque noir, avec de larges taches dorsales et latérales de couleur crème, dorée ou brun clair. L’élégante livrée est rendue encore plus attrayante par les écailles lisses qui lui donnent un aspect satiné. Sur la partie ventrale, certaines écailles sont plus saillantes et l’aident dans ses déplacements, en guise de “chenille de roulement”. Le système de locomotion le plus utilisé, lorsqu’il n’est pas pressé ni effrayé, est celui que les Anglo-Saxons appellent “caterpillar-like”. Les contractions alternées des muscles ventraux, transmises aux écailles ventrales, le poussent vers l’avant sans le mouvement ondulant typiquement serpentin, laissant une trace rectiligne qui ressemble beaucoup à celle d’une grosse Vipère heurtante (Bitis arietans) ou d’une Vipère du Gabon (Bitis gabonica).
Près de l’ouverture du cloaque, se trouvent les vestiges de membres postérieurs rudimentaires, perdus au cours du long cheminement sur la route de l’évolution. Ces deux courts éperons n’ont actuellement d’autre fonction que celle d’aider le mâle à tenir la femelle pendant l’accouplement.
L’habitat typique est la savane herbeuse avec quelques taches de forêt dense, ou bien les zones de transition entre la savane et la forêt, de préférence humides. On le rencontre également dans des forêts plutôt clairsemées, où il peut chasser ses proies habituelles, principalement de petits mammifères tels que des rats de savane, des lapins sauvages, des rats des roseaux, des musaraignes, …
Les jeunes individus s’attaquent parfois aux batraciens et aux oisillons, surtout ceux des espèces qui nichent au sol puisqu’il s’agit d’un reptile aux habitudes principalement terrestres.
N’étant pas équipé d’un appareil venimeux, ce reptile tue sa proie par constriction (voir fiche Python sebae), après l’avoir attendue en embuscade ou, dans certains cas, après s’en être approché lentement et prudemment.
Comme chez d’autres pythons, les dents sont crochues et dirigées vers l’arrière, aptes à saisir la proie en un mouvement brusque de la tête, poussée par le corps robuste. Le reptile enroule alors rapidement ses spires autour de la victime et commence le processus de “constriction”, qui n’a pas pour but de fracturer les os, mais simplement d’empêcher l’expansion des poumons de la proie et donc la respiration.
Étant un animal de nature placide et non agressive, sa technique de défense consiste, comme nous l’avons vu précédemment, à s’enrouler en boule, la tête bien cachée entre les spires, qui sont maintenues si serrées qu’on peut facilement le déplacer en le faisant rouler comme un ballon. Parfois, il peut prendre une apparence plus menaçante, en sifflant fort, mais il est peu enclin à mordre et s’adapte très bien à la captivité, au point d’être l’un des serpents les plus appréciés des amateurs de terrariums. Animal à longue durée de vie, il semble vivre en moyenne 20 ans à l’état sauvage, mais il existe des témoignages à propos de spécimens qui, en captivité, ont vécu 28 ans (Jardin zoologique d’Oakland) voire même 50 ans (Zoo de Philadelphie).
La reproduction est ovipare. La femelle pond entre 2 et 14 gros œufs, mais en moyenne de 4 à 10. Leur aspect est presque velouté ou plutôt “chamoisé”. Les œufs sont pondus dans un creux ou un endroit abrité et caché, et sont couvés par la femelle pendant près de deux mois. Les soins parentaux se limitent à la “couvaison” car, après l’éclosion, la femelle laisse la progéniture à son sort.
Les nouveau-nés mesurent de 25 à 45 cm et la mortalité post-natale est assez élevée, car ils représentent une proie facile pour un grand nombre d’animaux : oiseaux, mangoustes, varans, autres serpents, …
Noms communs : en anglais : Royal python, Ball python ; en allemand : Konigspython ; en italien : Pitone palla, Pitone reale ; en espagnol et en portugais : Pitòn real.
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