Famille : Anguidae
Texte © Dr. Carlo Zucchi
Traduction en français par Michel Olivié
L’Orvet des Balkans (Pseudopus apodus Pallas, 1775) peut à première vue être confondu avec un serpent, vu la forme de son corps, mais ce n’en est pas un : il s’agit en fait d’un saurien et comme tel il peut pratiquer l’autotomie, c’est-à-dire qu’il peut perdre sa queue. Il a des paupières mobiles et l’ouverture de l’oreille externe existe et est visible.
Le nom du genre Pseudopus vient du grec “pseudés” et “pous” et signifie que ce reptile a une “fausse patte” alors que le nom de l’espèce apodus qui est également issu du grec “a-” et “pous” veut dire qu’il est “sans pied”. L’Orvet des Balkans en effet n’ a que deux moignons, appelés pattes vestigiales, dans la partie postérieure de son corps.
Le nom vulgaire de serpent de verre donné en français à l’orvet fait allusion aux conditions particulières de la perte de sa queue qui se fragmente en de nombreux petits morceaux quand elle s’autotomise.
Zoogéographie
Pseudopus apodus est présent dans les Balkans depuis l’Istrie le long de la bande côtière balkano-adriatique jusqu’à la Grèce, au Péloponnèse et à quelques îles voisines et de la Macédoine au Sud-Est de la Bulgarie. On le rencontre en outre dans l’Ouest de l’Anatolie, en Crimée, sur la côte orientale de la mer Noire, dans le Caucase, à l’Ouest de la mer Caspienne, au Moyen-Orient, dans le Nord de l’Irak, le Nord de l’Iran et l’Asie centrale.
Les populations européennes sont classées dans la sous-espèce Pseudopus apodus thraceus alors que celles de la zone centrasiatique le sont dans la sous-espèce Pseudopus apodus apodus. La famille d’appartenance des Anguidae est répandue dans la même zone du paléarctique, étant noté toutefois que la plupart de ses représentants se trouvent dans le Nouveau Monde.
Écologie-Habitat
L’Orvet des Balkans est un saurien diurne qui aime le soleil et les endroits plutôt secs. Il est cependant également actif, comme il est possible de le constater, au crépuscule et après la pluie.
Il préfère les habitats rocheux où pousse une végétation abondante, comme des maquis, des bois ouverts, des tas de pierres, des terres cultivées, des murets et des pâturages.
Dans la partie européenne de son habitat l’altitude maximale à laquelle il vit est d’environ 800 m mais dans les zones extra-européennes elle atteint jusqu’à 2.300 m.
Comme de très nombreux autres sauriens il a besoin de beaucoup de cachettes où se réfugier. Il est en effet toujours sur ses gardes et réagit très rapidement en présence d’éventuels prédateurs. Sil est découvert il a recours à une fuite précipitée mais s’il est attrapé il cherche à se dégager de toutes ses forces. Si cette tactique ne fonctionne pas il défèque abondamment ou même perd sa queue afin de désorienter le prédateur.
Morphophysiologie
Pseudopus apodus est un lézard robuste, serpentiforme, presque totalement dépourvu de pattes et long de 140 à 150 cm.
Sa tête est celle d’un lézard. Presque impossible à distinguer du corps elle est massive, pointue et dotée d’ouvertures auriculaires et de paupières mobiles. Une caractéristique importante est la présence d’un long sillon latéral qui part depuis l’arrière de la tête pour rejoindre la queue, celle-ci pouvant atteindre une longueur égale à une fois et demie celle du corps.
Cet animal est recouvert de nombreuses écailles, en général lisses et brillantes. Certaines sont légèrement carénées et disposées en bandes longitudinales. Il existe d’autre part une couche osseuse supplémentaire de renfort qui donne à l’ensemble une impression de rigidité.
Chez les mâles adultes et les femelles les parties supérieures du corps sont d’une teinte marron-brunâtre uniforme avec parfois des taches éparses de couleur rougeâtre ou orange. Autrement le dos peut avoir une teinte marron foncé uniforme, la tête étant plus claire.
Les jeunes ont une couleur grisâtre et des bandes foncées transversales, une livrée qui disparaît lentement avec le temps. Les parties inférieures du corps sont plus claires chez tous les individus.
Éthologie-Biologie reproductive
Son régime comprend des limaces et des escargots dont il réduit la coquille en miettes grâce à ses robustes mâchoires mais aussi des vers, de gros insectes, des œufs d’oiseaux, de petits reptiles et de proies constituées de petits mammifères tels que des souris. Sa période d’activité s’étend de mars à octobre. L’accouplement, qui s’accompagne de luttes féroces entre les mâles, a lieu en avril-mai alors que les œufs, au nombre de 6 à 12 (ce sont des animaux ovipares), sont pondus en juin-juillet. Les petits éclosent après environ deux mois d’incubation et mesurent de 10 à 12 cm. On a constaté l’existence d’une pause pendant la période d’activité aux heures de la mi-journée probablement destinée à échapper à une chaleur excessive.
Comme chez les autres sauriens les phases d’activité, les périodes d’accouplement et de ponte, la taille de la nichée, le régime, etc…peuvent subir de légères variations en fonction de la localisation, du climat, des ressources en nourriture et de l’état de santé de l’individu.
Synonymes
Lacerta apoda Pallas, 1775; Ophisaurus apodus Pallas, 1775; Lacerta apus Gmelin, 1789; Sheltopusik didactylus Sonnini et Latreille, 1802; Pseudopodus serpentinus Merrem, 1820; Pseudopus durvilii Cuvier, 1829; Pseudopus fischeri Ménestriés, 1832; Pseudopus pallasii Duméril e Bibron 1839; Ophisaurus apus Boulenger, 1885; Anguis apodus Macey et al., 1999.
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