Texte © Prof. Angelo Messina
Traduction en français par Dr Didier Drugmand
Les primates constituent un ordre de la classe des mammifères euthériens (Mammalia Eutheria) chez qui le développement des facultés psychiques et des capacités de manipulation a atteint les plus hauts niveaux de développement du monde animal.
Par conséquent, ils sont usuellement placés au sommet de l’échelle de l’évolution des animaux, d’où le nom scientifique de Primates, du latin “primus” (le meilleur).
Dans la pratique, l’ordre des Primates est assez complexe et, à certains égards, encore controversé, surtout, mais pas seulement, en ce qui concerne sa position systématique.Aujourd’hui, plusieurs chercheurs attribuent le plus haut degré d’évolution aux ongulés et placent les primates bien plus bas dans l’échelle de l’évolution, immédiatement après les ordres des insectivores et des chiroptères.
Dans cette vision phylogénétique, les toupayes, que certains scientifiques considèrent comme faisant partie des Primates les plus primitifs, sont au contraire, à la lumière de nouvelles données sur la reproduction et le développement embryonnaire, attribués par d’autres chercheurs à un ordre distinct, celui des Scandentia.
Cependant, quels que soient les doutes quant à leur placement systématique, il n’en reste pas moins que, d’un point de vue morphologique, les Primates constituent un ordre extrêmement polymorphe auquel, outre les toupayes susmentionnés, on attribue traditionnellement des formes bien connues comme les Lémuriens, les Prosimiens et les Singes à queue (simiens).
Sur le plan biologique, il comprend également le genre Homo, actuellement représenté par une seule espèce vivante Homo sapiens (Linnaeus, 1758) à laquelle nous appartenons également. Comme nous le verrons plus loin, il existe également des opinions différentes sur le genre Homo.
Les Primates comprennent un peu moins de 200 espèces de tailles très diverses, allant du minuscule lémurien de la forêt de Kirindy à Madagascar, le Microcèbe pygmée, Microcebus myoxinus (Peters, 1852), qui, avec une taille de 9 cm et un poids de 30 g, est le plus petit des Mammifères, au Gorille africain, Gorilla gorilla (Savage et Wyman 1847), qui peut atteindre, voire dépasser, 180 cm de hauteur et peser en moyenne 150-180 kg.
Il faut savoir que les différences morphologiques entre les formes extrêmes de l’ordre sont si marquées qu’elles rendent impossible, en pratique, la formulation d’un critère unique pour caractériser l’ensemble du groupe. Comme nous l’avons déjà mentionné, parmi tous les primates, les Toupayes s’écartent de façon remarquable des autres primates et ne sont inclus dans cet ordre qu’en raison de leur origine présumée et de certaines particularités structurelles du crâne. En définitive, la seule caractéristique que toutes les espèces de primates ont en commun est leur adaptation à la vie dans les arbres.
Caractéristiques distinctives
De manière générale, les caractéristiques morphologiques, anatomiques et comportementales essentielles que les Primates partagent peuvent être résumées comme suit.
Ce sont des mammifères placentaires, plantigrades et pentadactyles, avec presque toujours un pouce et un gros orteil opposables, d’où également l’utilisation du terme de quadrumanes.
La clavicule est toujours présente, et dans l’avant-bras, le cubitus (ulna) et le radius ne sont pas joints, ce qui permet des mouvements amples de pronation et de supination.
Le corps est le plus souvent recouvert d’un pelage épais et compact, à l’exception de l’espèce humaine où il est beaucoup plus court.
La queue, présente chez la plupart des espèces, a un développement et une forme variables ; elle assure principalement des fonctions d’équilibre lors des déplacements sur les arbres, auxquelles est associée chez certaines espèces, comme celles de la famille des Cebidae, la capacité de préhension.
Peu de membres de l’ordre, comme les représentants des Hylobatidae (Gibbon, Siamang) et des Hominidae (Gorille, Orang Outang et Chimpanzé) sont dépourvus de queue ; l’homme aussi, ainsi que ses espèces congénères éteintes, en est dépourvu, mais conserve un coccyx, vestige de la queue des ancêtres dont il est issu.
Les glandes mammaires sont généralement au nombre d’une paire et sont situées dans la région pectorale ; des exceptions avec les prosimiens de la famille des Daubentonidae chez qui les glandes mammaires sont situées en position inguinale et de la famille des Galagididae, qui ont trois paires de glandes mammaires situées en position pectorale et inguinale.
Les organes génitaux externes des femelles présentent plusieurs particularités génériques et même spécifiques. Cependant le clitoris est toujours présent ; celui-ci, chez de nombreux Prosimiens et chez certains Singes, renferme à son extrémité un os pénien, simple ou bifide. L’utérus est simple ou bicorne. Chez certaines espèces, comme chez le Prosimien Galago senegalensis (É. Geoffroy, 1796), les femelles ont une ouverture vaginale qui reste fermée pendant de longues périodes, empêchant ainsi l’accouplement.
Chez les mâles, contrairement à la plupart des Mammifères, le pénis n’est pas attaché à la paroi abdominale et pend vers l’extérieur, généralement devant les testicules, qui sont extra-abdominaux et contenus dans un sac, le scrotum. Des exceptions avec plusieurs espèces de Prosimiens, les ouistitis (Callithrix) et certains Gibbons (Hylobates) chez qui le pénis est plutôt placé en arrière du scrotum. Chez certaines espèces de Lémuridés, les testicules subissent des changements de taille marqués en fonction de la saison des amours.
Comme chez la plupart des mammifères placentaires, le pénis de presque tous les Primates est pourvu, dans sa partie distale, d’un os pénien, qui est diversement développé, rudimentaire chez les grands singes, comme le Gorille, ou absent comme chez l’Homme.
La dentition n’est pas spécialisée et comprend tous les types de dents ; elle est essentiellement composée de 32 à 36 éléments, avec des incisives dont le nombre ne dépasse pas 2, et avec des molaires, caractérisées par 4 -5 cuspides. Le Prosimien Aye-Aye (Daubentonia madagascariensis Gmelin, 1788)) est caractérisé par la présence de seulement 2 incisives dans l’arc supérieur et 2 dans l’arc inférieur, larges et plates, très robustes et à croissance continue.
Le système digestif est structuré en fonction d’un régime omnivore, frugivore ou phytophage ; par rapport au régime à prédominance végétale, le cæcum est plutôt long.
Il est intéressant de noter comment, à côté de caractères révélateurs d’un important développement évolutif, d’autres, d’une primitivité incontestable, persistent chez les Primates. Parmi ces derniers, mentionnons la clavicule et les membres pentadactyles, caractéristiques qui sont également présentes chez l’homme.
Il ne faut pas oublier qu’aucune espèce de l’ordre, pas même l’homme, ne possède en bloc tous les caractères décrits, mais que chacune d’entre elles possède au moins une partie de ces traits morphologiques.
Adaptations
D’un point de vue comportemental, notons en premier lieu, qu’à l’exception du toupaye, tous les autres Primates sont capables de grimper aux arbres en s’accrochant au tronc et aux branches avec leurs mains et leurs pieds.
En effet, cette capacité se retrouve également chez d’autres Mammifères, mais , mais chez les Primates, elle atteint ses expressions les plus caractéristiques et revêt donc une grande importance phylogénétique.
Toujours est-il qu’il ne fait aucun doute que le facteur biologique fondamental qui a marqué le parcours évolutif, l’anatomie et la vie même des Primates se trouve dans leur adaptation à la vie dans les arbres. Elle a atteint avec eux les plus hauts niveaux de spécialisation parmi tous les Mammifères.
En effet, malgré leur grande variété de formes, l’adaptation des Primates au milieu arboré est liée à la caractéristique commune de posséder des membres plus souples, avec des mains et souvent aussi des pieds dotés de capacités préhensiles marquées. À l’exception de l’homme chez qui seul le pouce est doté de capacités préhensiles, et avec des doigts dont les griffes se sont transformées en ongles. Chez tous les Primates, les clavicules sont toujours présentes et bien développées, et leur présence, associée à la pentadactylie, représentent clairement des caractères primitifs.
Quoi qu’il en soit, c’est précisément la vie dans les arbres, avec les nombreuses diversités structurelles et comportementales associées à une telle adaptation, qui a été le principal facteur déterminant de l’admirable évolution de cet ordre de Mammifères.
Cependant, indépendamment des différents niveaux évolutifs atteints par les divers groupes systématiques dans lesquels ils sont divisés, tous les Primates ont conservé la caractéristique primitive de grimper aux troncs d’arbres, de se déplacer et de sauter de branche en branche en s’accrochant avec leurs mains et leurs pieds. Cette caractéristique est conservée dans tous les cas, que ce soit lorsqu’ils courent la nuit à travers les branches, comme le font les Microcèbes, ou qu’ils sautent comme les Gibbons, ou qu’ils se déplacent lentement tels les Loris, ou qu’ils effectuent des bonds et des sauts comme les Galagos et les Tarsiers.
Il est également vrai que tous les primates ne vivent pas dans les arbres. Quelques espèces, dont l’Homme, à la suite d’une adaptation évolutive secondaire, ont abandonné le milieu arboricole pour mener une vie terrestre. Dans ce nouvel environnement, certaines de ces espèces ont adopté une position quadrupède et se déplacent à quatre pattes sur le sol tels un chat ou un chien, tandis que d’autres ont acquis une position bipède érigée et ne marchent que sur leurs jambes, comme les grands singes de la famille des Hominidés, tels les gorilles et les orangs-outans et également l’Homme.
Mais, même ces espèces qui vivent habituellement au sol, tant celles qui conservent une position quadrupède, comme les Lémurs catta, les Babouins et certains Macaques, que celles qui ont acquis une position bipède, tels les Gibbons, les Orangs-outans et les Gorilles, grimpent aux arbres en s’agrippant au tronc et aux branches avec leurs mains. Même l’homme, bien qu’il ait atteint la position debout et se soit complètement libéré de la vie arboricole, grimpe aux arbres de la même manière que tous les autres Primates.
Cette capacité constitue la caractéristique fondamentale commune à tous les représentants de l’ordre ; en effet, dans tous les cas, les Primates se caractérisent par le fait d’être avant tout des animaux arboricoles, ou en tout cas de conserver encore des acquisitions évidentes liées à ce milieu.
Les primates naissent, se développent et prospèrent dans les arbres, où ils ont développé des capacités qui ont fait d’eux les maîtres incontestés des arbres.
Et bien que parmi les espèces de primates vivants, seul l’homme ait complètement abandonné cet environnement, il faut rappeler qu’il a néanmoins hérité de ses ancêtres et conservé les principales caractéristiques associées à leur vie dans les arbres.
En effet, même s’il s’est imposé comme une espèce entièrement terrestre, comme tous les membres de l’ordre, l’Homo sapiens conserve encore des traces de l’ancienne adaptation de ses ancêtres à la vie dans les arbres à travers ses mains préhensiles, ses ongles et la structure de ses dents, mais aussi dans sa vision stéréoscopique (en trois dimensions), son odorat réduit, la présence d’un cerveau remarquablement développé et de nombreux autres détails.
En définitive, même l’espèce du genre Homo peut être considérée comme un taxon qui tire ses origines de la vie dans les arbres.
Organes des sens
Pour tous les primates, les modifications qui ont principalement affecté leurs organes sensoriels, olfactifs et visuels, parallèlement à leur vie arboricole et au passage progressif d’habitudes nocturnes à diurnes, sont fondamentales et déterminantes pour leur évolution.
Remarquons que si la vie dans les arbres a entraîné la réduction progressive du rôle de l’odorat comme principale source d’information sensorielle car les odeurs sont éphémères et facilement perturbées dans ce type d’environnement, elle a également sélectionné des adaptations qui ont favorisé l’amélioration de la fonction visuelle et de la perception des distances, conditions indispensables aux déplacements entre les arbres qui se font souvent à une hauteur considérable au-dessus du sol.
De leur côté, parallèlement à l’accroissement progressif de l’importance du sens de la vue, les yeux se sont déplacés vers une position antérieure, abandonnant la position latérale typique de nombreux autres Mammifères, ce qui a permis de couvrir des champs visuels superposés (vision stéréoscopique). Cette faculté, qui est d’une grande importance surtout en milieu arboré, a été encore améliorée avec la perception des couleurs qui atteint le plus haut niveau de spécialisation chez ces animaux.
À l’exception des Prosimiens chez qui elle est absente, à la suite de leurs habitudes principalement nocturnes, les Primates sont parmi les rares Vertébrés à posséder une vision des couleurs.
La membrane nictitante est représentée par la caroncule lacrymale située au coin interne des yeux, vestige de la troisième paupière dite transparente, bien développée chez d’autres vertébrés, comme les poissons amphibiens, les reptiles et les oiseaux.
Structure osseuse
Les cavités orbitales, typiquement grandes et différemment orientées vers l’avant, sont bordées d’os. À l’exception de quelques formes fossiles, elles sont organisées en un anneau complet et entièrement séparées de la fosse temporale postérieure.
De son côté, la face a également été affectée par des modifications progressives, les yeux devenant plus proéminents et le museau proportionnellement plus petit.
Membres
Une autre acquisition importante qui a contribué de façon décisive à orienter le parcours évolutif de cet ordre est l’affranchissement progressif des membres antérieurs de la fonction de locomotion quadrupède : cela a favorisé le développement important des mains, qui se sont spécialisées en organes de préhension parfaits et, surtout chez l’Homme, également en organe de manipulation.
Notons néanmoins que chez les formes actuelles, les membres antérieurs et postérieurs, majoritairement plantigrades, pentadactyles, ont des doigts longs et sont généralement munis d’ongles aplatis, laminaires ou tégulaires (unguiculaires).
Cette caractéristique est exclusive aux Primates et ce n’est que dans quelques rares cas, comme chez les représentants des Singes Platyrhiniens de la sous-famille des Callitrichinae, que les doigts sont armés d’ongles longs et fins en forme de griffes, à l’exception du gros orteil, qui possède un ongle large en forme de tuile.
A cet égard, il faut toutefois noter que le développement embryonnaire montre que les griffes des membres de cette sous-famille ne constituent pas un caractère primitif, mais sont formées à la suite d’une transformation secondaire de l’ongle. Et encore, mentionnons que parmi les prosimiens, certaines espèces ont des mains avec un seul doigt, l’index (Lémuridés et Lorisidés), ou avec deux doigts, l’index et le majeur (Tarsiidés), avec l’ongle modifié en forme de peigne utilisé pour le nettoyage et le toilettage du corps.
Les Aye-Aye (Daubentonia madagascariensis (Gmelin,1788)) ont des doigts et des orteils très allongés, surtout le majeur des mains qui est particulièrement fin. Il sert à se nettoyer la face, à se peigner et à se gratter ; tous les doigts de cet animal sont armés de griffes acérées à l’exception du pouce et de l’index qui ont des ongles plats.
Le pouce, et souvent aussi le gros orteil, sont généralement opposables, d’où aussi le nom de quadrumanes ; dans certains cas, les doigts sont plus ou moins réduits.
En outre, comme nous l’avons déjà mentionné, les mains peuvent effectuer de grands mouvements de pronation et de supination, grâce à la séparation complète du cubitus (ulna) et du radius, une caractéristique non négligeable, qui a largement contribué à l’évolution de l’ordre.
Posture
En étroite corrélation avec la spécialisation des mains, on observe la tendance au redressement du tronc et à l’acquisition d’une posture érigée ; cette tendance se manifeste à des degrés divers dans les différents groupes, mais ne se réalise pleinement que chez l’Homme.
Ces spécialisations sont également à mettre en relation avec le raccourcissement progressif du tronc et à l’élargissement du thorax, qui a perdu sa conformation primitive de carène, typique des autres membres de la classe des Mammifères qui mènent une vie terrestre.
Système nerveux
En conséquence de ces différentes pressions sélectives, des changements progressifs et profonds de la structure du cerveau sont également apparus chez les Primates.
D’une manière générale, si, d’une part, à la suite de la diminution de l’importance de l’odorat, qui s’est révélé peu utile pour suivre les traces olfactives dans les arbres, les centres nerveux du cerveau concernés ont régressé progressivement, d’autre part, en raison du développement des capacités visuelles acquises avec la frontalisation des yeux, la partie du cortex cérébral affectée à l’intégration et à l’évaluation des images a gagné en importance.
À son tour, l’acquisition de la vision stéréoscopique et l’influence d’un nouvel ensemble d’informations sensorielles découlant de la capacité de manipuler des objets, ont entraîné un développement extraordinaire des hémisphères cérébraux et l’apparition de la scissure calcarine, un profond sillon autour duquel s’organise l’aire visuelle primaire. Chez les Primates en particulier, les lobes occipitaux (siège des centres visuels) sont aussi très développés.
Le cervelet, la partie du cerveau étroitement corrélée à la précision des mouvements musculaires, a aussi commencé à devenir l’une des formations les plus remarquables du cerveau des primates, favorisant ainsi la vie dans les arbres qui exige une agilité et une coordination musculaire élevée. En relation avec ces événements évolutifs, l’encéphale a subi un développement et une différenciation considérables. En même temps, on a observé un élargissement progressif du crâne et une réduction du squelette facial.
Il est évident que, d’un certain point de vue, le renforcement de la stimulation sensorielle ainsi que la croissance de la taille et l’augmentation de la complexité du cerveau ont évolué parallèlement. L’accroissement des informations sensorielles a permis le développement de la taille du cerveau. À son tour, le cerveau devenant plus grand et plus complexe, une augmentation des perceptions sensorielles a été favorisée.
Il est impossible d’établir précisément à quel moment de l’évolution des primates les fonctions mentales supérieures, telles que la symbolisation et la pensée conceptuelle, sont apparues. Cependant, étant donné que le niveau de qualité requis pour ces fonctions est néanmoins considérablement élevé, on peut en déduire que ce niveau a été atteint lorsque le cerveau, sous l’action de multiples facteurs sélectifs, a acquis un certain seuil de taille et de complexité.
Il paraît donc évident que l’augmentation de la taille du cerveau et de la capacité crânienne constituent certains des thèmes centraux et exclusifs de l’évolution des primates.
Chez ces animaux, le degré de développement du cerveau augmente à mesure que l’on passe des Lémuriens aux Singes et, parmi eux, aux Hominidés où il atteint son maximum chez l’Homme.
Régime alimentaire
Contrairement à l’espèce humaine, qui concentre la recherche de son alimentation uniquement durant ses quelques périodes de repas, les Primates consacrent la majeure partie de leur activité quotidienne à la recherche de nourriture.
Le régime alimentaire des Primates est très varié et pratiquement omnivore, comprenant une alimentation mixte animale et végétale, bien que l’importance du régime insectivore diminue progressivement au profit du régime frugivore et herbivore.
Cette tendance est liée à la transformation de mœurs originellement nocturnes, qui dans la majorité des espèces deviennent diurnes sous l’impulsion de l’opportunité d’accès facile aux feuilles, pousses et fruits dans l’environnement arboré.
Remarquons que la taille d’un primate est généralement indicative de son régime alimentaire, car elle est en corrélation avec ses besoins énergétiques : les petits primates se nourrissent principalement d’insectes, tandis que les grands mangent généralement des végétaux.
De nombreux représentants de cet ordre consomment principalement des insectes, des araignées, des scorpions, des mille-pattes, des petits reptiles, des oiseaux et de petits mammifères, mais aussi de pousses, de fruits, de feuilles et de la moelle tendre de certaines plantes.
Seuls les Colobes, une sous-famille de Cercopithecidae, comptent parmi les Primates les plus exclusivement herbivores. Ils parviennent à vivre en se nourrissant principalement de feuilles, grâce à leur système digestif hautement spécialisé. Même les primates les plus primitifs, comme les Prosimiens, qui sont essentiellement des herbivores, complètent leur régime alimentaire avec de petits animaux, notamment des insectes et leurs larves.
Pour leur part, les Sapajous capucins (Cebus) recherchent de petits invertébrés sous l’écorce ou à l’intérieur d’arbres en décomposition. Quant aux espèces terrestres de Singes Platyrrhiniens, elles sont friandes de grillons et de sauterelles et retournent de grosses pierres à la recherche de fourmis, de scorpions et de mille-pattes, mais elles se nourrissent aussi de graines et de racines.
Même les primates les plus évolués, tels les Orangs-outans, les Chimpanzés et les Gorilles, possède un régime principalement composé de fruits, de pousses et de feuilles, mais qu’ils complètent avec des fourmis et des termites, voire des petits mammifères, comme les petites antilopes et même de jeunes singes.
Certaines espèces, tels les chimpanzés, chassent occasionnellement et partagent leurs proies.
D’autres, plus spécialisés, comme les Ouistitis, se nourrissent de sève et de gomme-résine, une substance composée de glucides complexes, qui est exsudée par les arbres dits gommiers.
Pendant la saison sèche, les Ouistitis compensent le manque de fruits en incisant l’écorce des gommiers avec leurs dents et se nourrissent de l’exsudat qui s’écoule ; à la suite de leurs visites quotidiennes, les incisions dans l’écorce restent ouvertes de sorte que l’exsudat s’écoule en continu.
L’eau est certainement un élément vital pour toutes les espèces de l’ordre. De nombreux Primates sont capables d’étancher leur soif avec l’eau provenant de la nourriture, de la rosée et de la pluie.
Seules quelques espèces sont obligées de se rendre dans les mares et les cours d’eau à la tombée de la nuit, avec le risque d’être victimes de prédateurs à l’affût tels que les crocodiles et les pythons.
De nombreuses espèces boivent directement en se penchant au-dessus des ruisseaux ou des pièces d’eau, d’autres recueillent l’eau avec leurs mains ou plongent leurs bras dans les sources de liquide et lèchent leurs poils humides.
La plupart des Primates détectent leur nourriture principalement par la vue, tandis que l’odorat, également en raison de sa réduction, ne joue qu’un rôle occasionnel. Les espèces nocturnes sont guidées vers leurs proies par leur sens de l’ouïe particulièrement aigu.
Dans tous les cas, il est établi que la mémoire joue un rôle important dans la localisation et la répartition des principales sources de nourriture.
En général, les Primates utilisent leurs mains pour ramasser la nourriture et la porter à leur bouche ; ils ne la mangent généralement pas sur place, mais l’emportent dans un endroit approprié ou, comme les Cercopithèques, la stockent dans leurs joues au sein de poches internes.
Notamment les Babouins et les Chimpanzés utilisent parfois des pierres pour briser la coquille des noix. Ils choisissent aussi des bâtons ou d’autres objets pour atteindre des aliments hors de leur portée. Certains utilisent des brindilles qui, préalablement effeuillées et réduites à la bonne taille, sont introduites comme des hameçons dans les nids des termites et des fourmis.
On a observé que les populations de chimpanzés vivant dans des régions distinctes d’Afrique ont des habitudes comportementales et des traditions culturelles différentes et que celles-ci peuvent être transmises entre les groupes comme c’est le cas pour les humains.
Reproduction
Les relations sexuelles les plus répandues chez les Primates comportent la promiscuité, surtout de type polygyne où un mâle s’accouple avec plusieurs femelles au cours de la même saison de reproduction. Les espèces polyandres chez lesquelles c’est la femelle qui s’accouple avec plusieurs mâles sont plus rares, on les trouve, par exemple, chez les Ouistitis et les Tamarins, Singes Platyrrhiniens de la famille des Cebidae.
Comme chez de nombreux mammifères, la reproduction chez les Primates est limitée à des périodes bien définies chez un grand nombre d’espèces, bien qu’il n’y ait pas de véritable saison des amours.
A cet égard, il faut rappeler que chez plusieurs espèces, comme le Chimpanzé, lorsque les conditions environnementales sont favorables, les femelles ont tendance à se reproduire plus fréquemment et à sevrer leurs petits plus rapidement.
La durée de la gestation varie en fonction de l’espèce et surtout de sa taille. Chez les Platyrrhiniens, les femelles des petits lémuriens (Microcebus) et des lémurs nains (Cheirogaleus) mettent bas au bout de 2 à 3 mois, tandis que celles des espèces plus grandes comme les Cebus, Tarsius et Brachyteles ont des grossesses de 6 à 7, voire 8 mois.
Les femelles des Singes Catarrhiniens ont une gestation d’une durée de 5 à 6 mois chez les Colobes, de 7 mois chez les Babouins, les Langurs et les Gibbons, ou de 9 mois chez les Macaques et les Gorilles.
Les plus petites espèces, outre une période de gestation plus courte, se caractérisent par le fait qu’elles donnent généralement naissance simultanément à 2 ou 3 petits, voire plus, tandis que les plus grandes espèces ne donnent souvent naissance qu’à un seul petit.
Tous les primates prennent soin de leurs petits pendant des périodes plus ou moins longues. Chez certaines espèces, c’est principalement la mère qui s’occupe de ses petits et les porte souvent avec elle attachés à son pelage, chez d’autres c’est le père, et chez d’autres encore, comme les babouins (Papio), en plus des mères, les petits sont soignés et défendus par tous les membres du groupe.
Éthologie
Plusieurs espèces de primates ont des habitudes solitaires, mais d’autres se regroupent et se séparent en fonction des saisons et de la disponibilité de la nourriture, alors que d’autres encore forment des groupes très soudés et stables dans le temps.
D’une manière générale, les mâles ont tendance à se disperser en fonction de la présence et du nombre de femelles et à s’agréger ou non selon la possibilité de contrôler simultanément l’accès à une ou plusieurs femelles réceptives. Cependant, les femelles sont plus attentives à l’alimentation de leurs jeunes et se répartissent sur le territoire en fonction de la disponibilité de la nourriture et s’associent plus ou moins étroitement, leur comportement caractérise donc l’espèce à laquelle elles appartiennent.
A l’exception de quelques espèces qui ont des habitudes solitaires, la plupart des Primates établissent des relations sociales intraspécifiques plus ou moins complexes et forment fréquemment des groupes de taille variable, temporaires ou stables, avec des règles et des hiérarchies communes qui favorisent une meilleure défense contre les prédateurs et offrent de meilleures chances de trouver de la nourriture. Certaines espèces vivent en groupes familiaux composés d’un couple reproducteur et de leur progéniture. Il s’agit notamment des Gibbons et des membres du genre Callicebus.
Différents statuts sociaux existent parmi les membres d’un même groupe : certains individus occupent des positions de dominants qui permettent un meilleur accès aux ressources alimentaires et à la possibilité de se reproduire, tandis que d’autres sont subalternes et vivent plus difficilement.
La taille et la composition des groupes sociaux reflètent l’équilibre variable des stratégies individuelles en réponse aux changements environnementaux et démographiques et elles sont également affectées par les relations et les conflits entre les sexes.
Les primates ont développé différents canaux de communication, du marquage olfactif aux expressions corporelles et faciales, du contact physique au langage plus ou moins sophistiqué.
Plusieurs espèces de Cercopithèques sont capables d’associer un concept à des mots réels et utilisent divers signaux d’alarme vocaux en rapport avec le type de prédateur (léopard, rapace ou serpent).
On a démontré que les chimpanzés, les bonobos, les gorilles et les orangs-outans ont la capacité d’apprendre le langage des sourds et muets puis de communiquer entre eux et avec les humains au moyen de séquences gestuelles simples, mais aussi de comprendre et d’être compris dans leurs requêtes.
Répartition
Les primates s’observent principalement dans les régions tropicales et subtropicales, à l’exception de l’Australie
Madagascar, avec sa variété d’habitats, possède l’un des plus hauts taux de biodiversité de primates et le plus grand nombre d’espèces endémiques au monde.
Malheureusement, en raison de la réduction considérable des zones qui conservent encore des caractéristiques naturelles, aujourd’hui réduites à environ 5 % de la superficie d’origine, les Prosimiens malgaches sont tous en danger d’extinction.
Actuellement, en Europe, l’ordre n’est représenté que par une colonie de Macaque de Barbarie (Macaca sylvanus (Linnaeus, 1758)), qui vit isolée sur le rocher de Gibraltar. Largement répandue dans les régions méridionales du continent européen au cours du Plio-Pléistocène, il y a environ 5-6 millions d’années, cette espèce, menacée d’extinction, connaît aujourd’hui une aire de répartition très restreinte, limitée, outre à Gibraltar, aux zones résiduelles des forêts de chênes du Maroc et de l’Algérie.
Les espèces actuelles attribuées aux Primates, environ 200, vivent presque exclusivement dans des environnements forestiers tropicaux et subtropicaux, telles que les forêts pluviales, les savanes et les forêts-galeries. Certaines espèces se sont secondairement adaptées à des environnements tempérés ou subalpins comme ceux du Japon ou les forêts de conifères chinoises, tolérant parfois des températures basses et la présence de neige. Certains, comme le babouin gelada (Theropithecus gelada (Rüppell, 1835)), une espèce endémique d’Éthiopie, fréquentent les milieux rocheux. Comme leurs habitats naturels continuent de se réduire, certaines espèces se nourrissent dans des environnements cultivés ou à la périphérie des villes, où elles peuvent causer des dommages aux cultures.
CLASSIFICATION
La systématique des primates n’est pas encore bien définie, non seulement au niveau générique que spécifique, mais surtout aussi en ce qui concerne les catégories systématiques de niveau supérieur, les sous-ordres et les familles.
Une ancienne classification de l’ordre, bien que considérée comme ayant peu de valeur systématique, est entrée dans l’usage courant ; elle divise les Primates en Prosimiens, en Singes de l’Ancien Monde et en Singes du Nouveau Monde. La distinction entre les deux sous-ordres des Prosimiens et des Singes semble être mieux acceptée scientifiquement.
Cependant, même dans ce cas, tous les spécialistes ne sont pas d’accord pour inclure les tarsiers au sein des Prosimiens. Ils proposent de subdiviser les Primates en deux sous-ordres : les Strepsirrhiniens (Strepsirrhini), avec leur nez courbe caractéristique, et les Haplorrhiniens (Haplorrhini) avec leur nez pointu ; pratiquement, les premiers correspondent aux Prosimiens sans les tarsiers (Tarsiidae), et les seconds aux Singes avec l’ajout des tarsiers (Tarsiidae).
D’autres enfin, en plus des Prosimiens et des Singes, reconnaissent également les Tarsiidae comme un sous-ordre. Par souci de simplification, compte tenu également du fait que dans le langage courant, dans divers textes, même relativement récents, et dans le domaine de la vulgarisation, les Primates sont encore distingués en Prosimiens et en Singes, nous suivrons ici en partie la tradition, mais en donnant aux Prosimiens et aux Singes une valeur purement descriptive et non pas strictement systématique.
PROSIMIENS (Prosimia)
Comme nous l’avons déjà mentionné, il convient de rappeler une fois de plus que la validité systématique attribuée au terme Prosimien semble actuellement dépassée. Elle inclut en effet des taxons, tels que des infraordres, des superfamilles et des familles, dont plusieurs caractéristiques structurelles et comportementales importantes indiquent qu’il s’agit d’un groupe paraphylétique dont il est clair que tous les membres ne sont pas issus d’un ancêtre commun.
Cela dit, comme ce n’est pas le lieu approprié pour une dissertation phylogénétique sur la systématique des primates, nous allons maintenant examiner les familles et les genres classiquement attribués aux Prosimiens.
Les Prosimiens se distinguent des Singes, l’autre groupe de Primates, par leur morphologie générale qui, au moins dans certaines familles, a conservé des caractéristiques de plus grande primitivité ; les toupayes, d’une part, rappellent quelque peu les Insectivora, et d’autre part, les Lémuriens et les Grands Indris, ont des corps et des membres semblables à ceux des Singes plutôt qu’à ceux des Prosimiens.
De manière générale, on attribue aux Prosimiens des espèces qui, en relation avec leurs habitudes nocturnes, conservent des caractéristiques nettes de primitivité telles que leurs grands, parfois très grands, yeux positionnés latéralement et leur odorat encore bien développé. Les lémuriens du genre Hapalemur, qui mènent une vie diurne, s’en différencient.
Enfin, le museau est résolument pointu, avec le rhinarium – une région de la peau entourant les narines communément appelée truffe – humide et doté de longues vibrisses sensibles. Cet organe, plutôt que de favoriser l’odorat, remplit la fonction importante d’indiquer la direction du vent, grâce à sa surface humide et sensible.
Les membres sont de longueur variable avec le pouce et le gros orteil toujours opposables. La queue est bien développée, jamais préhensile. Le corps est recouvert d’une fourrure épaisse et souple.
Rapides ou lents dans leurs déplacements selon les espèces, les prosimiens sont cependant d’habiles grimpeurs et bien adaptés à la vie dans les arbres.
Le développement des jeunes est rapide, la maturité sexuelle est précoce et les femelles donnent souvent naissance à plusieurs petits.
Un nombre varié de familles, 7-9, sont réunies sous le nom de Prosimien : Lemuridae, Daubentonidae et Indriidae, exclusifs à Madagascar, Tupaiidae, Lorisidae, Galagidae et Tarsiidae également présents en Afrique continentale et en Asie du Sud-Est.
Il faut encore souligner que plusieurs primatologues excluent les Tupaiidae des Primates et les placent dans l’ordre des Scandentiens, tandis que les Tarsiidae, certains les considèrent comme un troisième sous-ordre des Primates, d’autres plutôt comme une famille des Singes plutôt que des Prosimiens.
Lémuriens (Lemuridae)
Le nom de la famille fait clairement référence aux ” lemures “, un terme latin utilisé dans la mythologie romaine pour désigner les esprits de la nuit ; ceci s’explique par l’apparence fougueuse de la plupart des espèces en raison de leurs grands yeux, bien adaptés à la vie nocturne, et par l’émission de sons semblables à des gémissements douloureux.
Ils comprennent des formes de taille moyenne pesant environ 2 kg, caractérisées par un museau allongé, ressemblant à celui d’un renard chez les plus grandes espèces et dont les incisives inférieures, à l’exception du toupaye, forment une sorte de peigne, utilisé pour le toilettage. Les membres antérieurs sont nettement moins développés que les postérieurs et leurs doigts sont pourvus d’ongles, hormis le deuxième orteil qui possède une forte griffe utilisée pour le toilettage. Les mains sont préhensiles avec un pouce partiellement opposable.
Le corps est recouvert d’une épaisse fourrure, dont la couleur varie selon les espèces ; la queue est plus longue que le corps et recouverte de fourrure, souvent en forme de panache.
Singes généralement grégaires, ils vivent en groupes composés de nombreuses femelles et de nombreux mâles.
Ils émettent des cris très variés qui ont pour but de contribuer à la cohésion du groupe et, en même temps, d’avertir les membres du groupe de l’approche d’un danger. Ils ont des habitudes essentiellement arboricoles et se nourrissent de fruits, de feuilles et de fleurs, mais aussi de petits animaux.
La famille, qui a fait l’objet d’importantes révisions taxonomiques, tant au niveau générique que spécifique, comprend actuellement environ 23 espèces réparties dans les genres brièvement illustrés ci-dessous.
Lémuriens communs (Lemur, Eulemur)
Le nom se réfère principalement aux espèces de Lemur et d’Eulemur, genres répandus dans les forêts de basse et moyenne altitude des îles Comores et de Madagascar. Il s’agit d’animaux de taille moyenne qui peuvent peser jusqu’à environ 2 kg.
De mœurs principalement diurnes ou crépusculaires et essentiellement arboricoles, ces lémuriens sont particulièrement agiles et se nourrissent principalement de matières végétales.
La femelle donne généralement naissance à un seul petit qui se développe rapidement et vit accroché à l’abdomen de sa mère ou grimpé sur son dos pendant plusieurs mois.
À ce jour, une douzaine d’espèces sont attribuées aux deux genres, parmi lesquelles le Lémur catta (Lemur catta Linnaeus, 1758), animal principalement diurne et caractérisé par une splendide queue annelée noire et blanche, le Maki macaco (Eulemur macaco (Linnaeus, 1766)), le lémurien à tête noire ou Maki brun (Eulemur fulvus (É. Geoffroy, 1796) ; ainsi que le Maki mongoz (Eulemur mongoz Linnaeus, 1766) et le très rare Maki à ventre rouge (Eulemur rubriventer (Geoffroy, 1850)).
Enfin, il faut rappeler que les noms de Galéopithèque de Temminck ou Colugo de Malaisie (Galeopterus variegatus (Audebert, 1799)) et de Galéopithèque volant (Cynocephalus volans (Linnaeus, 1758)) sont improprement utilisés pour désigner deux espèces qui ne sont pas des singes et encore moins des primates. Ces espèces sont plutôt des représentants des Dermoptera (en français, Colugos, Galéopithèques, ou Lémurs volants, ou encore cynocéphales), un très petit ordre de Mammifères apparenté aux Insectivora, n’incluant qu’une seule famille. Les Galéopithèques sont des animaux nocturnes endémiques aux forêts du sud-est de l’Asie.
Microcèbe (Microcebus, Allocebus)
Également appelés lémuriens nains, ils sont les plus petits représentants de la famille. Animaux arboricoles aux mœurs nocturnes, ils se nourrissent principalement d’insectes et de petits oiseaux, mais aussi de matières végétales. Les femelles donnent généralement naissance à 1 à 3 petits, après une période de gestation d’environ 2 mois.
Ils comprennent 3 espèces vivant à Madagascar, dont Microcebus murinus (Miller, 1777) qui, comme son nom spécifique l’indique, a l’apparence d’une souris ; le microcèbe pygmée (Microcebus myoxinus Peters, 1852), également connu sous le nom de Microcèbe de Peters, est le plus petit des Lémuriens et de tous les Primates.
Et enfin, l’allocèbe ou le chirogale à oreilles velues (Allocebus trichotis (Günther, 1875)), est le seul du genre et est relégué à la forêt primaire des territoires du nord-est de Madagascar.
Hapalémur (Hapalemur)
Ils font partie des plus petits lémuriens et se distinguent par un museau moins pointu, des pavillons d’oreille peu développés et des incisives supérieures situées l’une derrière l’autre. Les membres sont également courts, tandis que la queue est longue et ébouriffée.
Animaux diurnes, ils se nourrissent principalement de végétaux.
Le genre comprend l’Hapalémur gris (Hapalemur griseus (Link, 1795)), une espèce que l’on trouve dans les parcelles de bambous dont il se nourrit essentiellement des pousses, et le grand Hapalémur (Hapalemur simus Gray, 1871), qui est répandu dans les basses terres marécageuses de la côte est de Madagascar. Les femelles, après une gestation d’environ cinq mois, donnent naissance à un petit particulièrement bien développé.
Récemment, sur la base de recherches sur l’ADN mitochondrial, certains chercheurs ont proposé de reclasser l’Hapalémur gris en élevant ses sous-espèces au rang d’espèces distinctes. Elles portent le nom d’Hapalemur griseus (Link, 1795), répandu dans les forêts tropicales de l’est de Madagascar, d’Hapalemur meridionalis (Werter et alii, 1987), qui vit dans les forêts humides de l’extrême sud-est de Madagascar, et d’Hapalemur alaotrensis (Rumpler, 1975), confiné à Madagascar dans une zone restreinte de végétation riveraine autour du lac Alotra.
Lépilemurs (Lepilemur)
Aussi communément appelés Lémuriens belettes, ils sont répandus sous diverses formes dans les zones forestières de Madagascar. Le genre regroupe des espèces qui, contrairement aux autres membres de la famille à laquelle elles appartiennent, ont de grandes oreilles et des yeux bien développés, en relation avec leurs habitudes nocturnes. En raison de ces caractéristiques et d’autres, le genre est attribué par plusieurs spécialistes à une famille distincte, les Lepilemuridae.
Les Lémuriens belettes sont de petits animaux qui vivent dans les arbres où ils se déplacent avec une grande agilité, avec des sauts rapides facilités par leurs mains exceptionnellement longues aux pouces opposables. De mœurs solitaires, ils se nourrissent de végétaux, essentiellement de feuilles.
Deux espèces sont connues, le Lépilémur à queue rousse (Lepilemur ruficaudatus Grandidier, 1867) et le Lépilémur mustélin (Lepilemur mustelinus I. Geoffroy, 1851).Chirogale (Cheirogaleus) Ce sont des Prosimiens de taille moyenne, mesurant plus de 60 cm de long, queue comprise, et pesant entre 200 et 600 grammes.
Les Chirogales ont des habitudes nocturnes et une alimentation mixte, animale et végétale. Les femelles donnent naissance à une moyenne de 2 à 3 petits après une période de gestation d’environ 70 jours.
Dans ce genre, mentionnons le grand Chirogale (Cheirogaleus major É. Geoffroy, 1812), des forêts humides de l’est de Madagascar, et le Chirogale moyen (Cheirogaleus medius É. Geoffroy, 1812), des forêts arides de l’ouest et de l’est de Madagascar.
Phaner (Phaner)
Il s’agit d’un genre de Prosimiens relégués dans la forêt pluviale côtière de la péninsule de Mascala, au nord-est de Madagascar. Animaux solitaires aux habitudes nocturnes et arboricoles, les Phaner sont de petite taille, atteignant généralement une longueur de corps de 22 à 28 cm, et pesant entre 300 et 500 g. Ils se nourrissent principalement de sève et de résine végétale qu’ils extraient des troncs des plantes qu’ils blessent avec leur peigne dentaire. Ils complètent leur alimentation avec des insectes, des larves et parfois de petits vertébrés.
Les Phaners sont facilement reconnaissables à la bande noire caractéristique parcourant leur échine, elle se divise au sommet du corps en une fourche dont les branches s’étendent sur les yeux. Le nom du Phaner à fourche ou Phaner fourché (Phaner furcifer (De Blainville, 1839)), une espèce que certains taxonomistes divisent en plusieurs sous-espèces, est lié à cette caractéristique. D’autres taxonomistes sont d’un avis différent, reconnaissant les sous-espèces de Phaner comme des espèces distinctes portant les noms de Pnaer ou Lémurien à fourche de la montagne d’ambre (Phaner electromontis Groves et Tattersall, 1991), Lémurien à fourche occidental ou Phaner pâle (Phaner pallescens Groves et Tattersall, 1991) et Lémurien à fourche de Pariente (Phaner parienti Groves et Tattersall, 1991).
En effet, les incertitudes taxonomiques du genre Phaner, comme dans tant d’autres taxons de Primates, sont une conséquence du manque d’informations et de l’incertitude des caractères diagnosiques à un niveau spécifique.
Vari (Varecia)
Également appelés Lémuriens à collier, ils sont les plus grands représentants de la famille des Lémuridés, atteignant une taille de plus de 50 cm pour un poids de plus de 3,5 kg.
Tous les spécialistes ne s’accordent pas sur leur attribution générique et certains les assignent au genre Varecia au lieu de Lemur.
Deux espèces vivant dans les forêts primaires de Madagascar ont été décrites : le Vari noir et blanc, également appelé maki noir et blanc, maki vari noir et blanc, ou encore varika (Varecia variegata (Kerr, 1792)), à la fourrure bicolore caractéristique, noire sur le ventre et les membres antérieurs, blanche sur le dos et les membres postérieurs, et le Vari roux (Varecia rubra É. Geoffroy, 1812), reconnaissable à la coloration rouge rouille de la partie supérieure du corps.
Considérés comme sacrés par les peuples malgaches qui les appellent “enfants du soleil”, ces animaux étaient, jusqu’à un passé récent, des objets de culte.
Aye-Aye (Daubentonidae)
Actuellement, la famille n’est représentée que par Daubentonia madagascariensis (Gmelin, 1788), une espèce connue sous le nom d’Aye-Aye, du grec (du Gr. χείρ ” main ” et μῦς ” souris “). Il est endémique des forêts de Madagascar où il se trouve dans une grande variété d’habitats naturels. Ce Prosimien se rencontre aussi bien dans la forêt pluviale primaire et secondaire, que dans la forêt caducifoliée, mais aussi dans les habitats anthropiques, tels que les plantations, etc.
De la taille d’un chat, 35-45 cm de long et d’un poids moyen d’environ 2,5 kg, ce lémurien a une apparence très singulière due à une asymétrie marquée des deux mains et à une convergence de la forme générale du corps qui le fait ressembler à un grand écureuil. En raison de cette caractéristique, ainsi que des dents, avec seulement deux incisives dans l’arc supérieur et deux dans l’arc inférieur, larges et plates, très robustes et avec une croissance continue, l’Aye-Aye était classé dans le passé parmi les Rongeurs. Une autre bizarrerie anatomique de ce lémurien unique est la présence d’un “sixième doigt (ou orteil)” incomplet sur chacun de ses poignets.
Ce Prosimien a une face triangulaire, ressemblant à celle d’un renard, avec un museau court et un rhinarium rosé. Les yeux sont relativement petits avec un iris jaune-orange et une pupille verticale en rapport avec les habitudes nocturnes. Les oreilles sont bien développées, elliptiques, sans poils et de couleur noire. La queue est très longue et se termine par un panache de poils ; la fourrure est hirsute et de couleur brun noirâtre, devenant plus claire sur le museau et les parties inférieures du corps. Les mains et les pieds sont noirs.
À la suite de son régime alimentaire composé principalement d’insectes, ses mains, glabres et à pouce opposable, présentent une spécialisation unique chez tous les Primates ; le troisième doigt est extraordinairement fin, jusqu’à trois fois plus long que les autres doigts, et équipé d’une griffe longue et pointue.
Ce doigt, associé à une ouïe très fine, est indispensable pour se nourrir. L’Aye-Aye l’utilise pour tâter l’écorce des arbres et, en analysant les vibrations passant à travers le bois, il est capable de percevoir les sons qui révèlent la présence d’une larve sous la couche ligneuse.
Ayant détecté la présence d’une proie grâce au bruit, le lémurien écorche le tronc avec ses fortes incisives jusqu’à ce qu’il accède au tunnel creusé par la larve ou l’insecte ; il utilise ensuite son majeur spécialisé comme un outil efficace pour percer et extraire les larves et les insectes xylophages dont il se nourrit.
L’alimentation de ce prosimien est également complétée par des végétaux et des œufs d’oiseaux.
Animal nocturne et principalement solitaire, l’Aye-Aye a l’habitude de s’accrocher aux branches la tête en bas, comme les chauves-souris.
L’accouplement n’a pas lieu à un moment précis. Après une période de gestation de 150 à 170 jours, la femelle donne naissance à un seul petit qui tète des mamelles qui, particularité unique chez les primates, sont situées dans la région inguinale.
En raison de son apparence, ce lémurien est l’objet de diverses superstitions locales. Dans de nombreuses régions, il est considéré comme un présage diabolique et est sacrifié rapidement. En raison de cette persécution, aggravée par la disparition de ses habitats naturels résultant de la déforestation au profit des implantations humaines, l’Aye-Aye, est gravement menacé d’extinction comme et peut-être plus que les autres lémuriens.
Indri (Indridae)
Il s’agit d’une famille de Prosimiens de taille moyenne à grande, au régime essentiellement herbivore et aux habitudes nocturnes ou diurnes. Endémiques à Madagascar, les Indridae sont subdivisés en 3 genres : Avahi, Propithecus et Indri.
A son tour, le genre Avahi est subdivisé en espèces communément connues sous les noms d’Avahi laineux (Avahi laniger (Gmelin, 1788)) et Avahi occidental (Avahi occidentalis (von Lorenz-Liburnau, 1898)) ; les deux espèces sont endémiques aux forêts humides de Madagascar et ont des habitudes nocturnes.
Le genre Propithecus, comprend des lémuriens de taille moyenne qui atteignent une longueur de 45-55 cm et un poids de 4-6 kg ; ils ont un visage arrondi, sans poils et de couleur noire, le pelage est long et soyeux, la queue est bien développée. Animaux aux habitudes diurnes, ils sont communs dans les forêts pluviales de moyenne altitude de Madagascar, où ils sont connus sous le nom de « Sifaka », dérivé du son qu’ils émettent.
Environ 8 espèces sont actuellement attribuées au genre, dont certaines sont divisées en sous-espèces, se distinguant les unes des autres principalement par la couleur de la fourrure. Parmi les espèces les plus connues figurent le Propithèque diadème (Propithecus diadema Bennett, 1832), au pelage gris-noir qui devient blanc sur le dos, Le Propithèque candide, aussi appelé Propithèque soyeux (Propithecus candidus A. Grandidier, 1871) caractérisé par une fourrure presque entièrement blanche et Propithèque de Verreaux (Propithecus verreauxi Grandidier 1867) à fourrure blanche ornée de bandes sombres sur les flancs.
Des études taxonomiques récentes ont élevé le Propithèque de Coquerel (Propithecus coquereli A. Grandidier, 1867) à la fourrure gris argenté ou brune sur le dos, et le Propithèque de Decken (Propithecus deckenii A. Grandidier, 1867) la zone dorsale du pelage blanc crème avec des teintes dorées, grisâtres ou brunes autrefois considérés comme des sous-espèces de Propithecus verreauxi, au rang d’espèces distinctes.
Enfin, le genre Indri définit un lémurien très rare relégué avec une seule espèce, l’Indri (Indri indri (Gmelin, 1788)), aux forêts de l’est de Madagascar. Les Indri sont des lémuriens qui ont évolué vers une posture presque érigée et avec la disparition quasi complète de leur queue, ils ressemblent à l’homme de sorte que les populations malgaches les considèrent comme des « frères » de la race humaine, leur donnant le nom de Bobakoto, c’est-à-dire « fils du même père ». L’Indri se caractérise également par des mains et des pieds très longs qui lui permettent de grimper et de sauter parmi les branches avec une grande rapidité ; il a des habitudes diurnes et vit en groupes familiaux à la cohésion desquels il contribue par des cris très prolongés et harmonieusement modulés qui atteignent plusieurs kilomètres.
Toupayes (Tupaiidae)
En raison de leur morphologie générale, qui conserve de nombreuses caractéristiques primitives de leur squelette, de leur cerveau et de leurs dents, les Tupaiidae sont définis comme les Primates les plus proches des Insectivora, et aussi comme les Insectivora les plus proches des Primates.
En réalité, les toupayes constituent une famille dont le placement systématique est incertain et que certains chercheurs excluent des Primates et placent, avec les Ptilocercidae, dans un ordre distinct, celui des Scandentia.
Les toupayes sont de petits animaux quadrupèdes, semblables aux musaraignes, avec des membres très courts et une queue bien développée en forme de plume. Le museau est très allongé et les oreilles sont petites et sans poils ; les yeux sont placés latéralement.
Ils vivent dans les forêts tropicales asiatiques où ils se déplacent jusqu’à plus de 3000 m d’altitude. Peu d’espèces sont véritablement arboricoles et la majorité d’entre elles ont des habitudes diurnes et se nourrissent de fruits et d’insectes qu’elles portent dans leur bouche à l’aide de leurs deux mains, qui sont convergentes mais non préhensiles. Concernant le régime alimentaire, une exception avec les espèces du genre Dendrogaleus vivant dans le sud-est de l’Asie, elles semblent se nourrir uniquement d’insectes.
La famille comprend une douzaine d’espèces regroupées en quatre genres répartis en Inde et en Asie du Sud-Est.
Parmi les espèces les plus connues, citons le Toupaye commun (Tupaia glis (Diard & Duvaucel, 1820)), répandu, avec plus de trente sous-espèces, en Indochine et dans le sud de la Chine et qui doit son nom spécifique à sa ressemblance avec un loir, et le Tana (Tupaia tana Raffles, 1821), espèce vivant à Bornéo et Sumatra et à laquelle on attribue une quinzaine de sous-espèces.
Et enfin, citons le Toupaye des Philippines ou Toupaye de Mindanao ou encore l’Urogale D’Everett (Urogaleus everetti, Thomas 1892) des forêts de Mindanao et des îles voisines, le Toupaye d’Elliot ou Toupaye des Indes (Anathana ellioti (Waterhouse, 1850)), et le Dendrogale melanura (Thomas, 1892), qui vit dans les montagnes des régions septentrionales du Cambodge, de Bornéo et de Sumatra.
Le Ptilocerque de Low (Ptilocercus lowii Gray, 1848), répandu dans le sud-est de l’Asie, se caractérise par sa longue queue couverte d’écailles dont l’extrémité est munie d’une touffe de poils étalée sur deux côtés, de sorte qu’elle ressemble à la base plumeuse d’une flèche ; classé dans le passé parmi les Tupaiidae, cette espèce est actuellement le seul représentant de la famille des Ptilocercidae, qui, avec les Tupaiidae, constitue, selon plusieurs spécialistes, l’ordre des Scandentia.
Loris (Lorisidae)
Communément appelés Loris, ce sont des prosimiens confinés à des régions limitées en Asie du Sud, où plusieurs sous-espèces se sont différenciées dans le sud de l’Inde et à Ceylan, et en Afrique.
Ce sont de petits animaux, pesant environ 250 g, dépourvus de queue et dotés d’un museau court et pointu.
Les membres postérieurs sont particulièrement longs.
Les mains et les pieds sont préhensiles, avec un pouce et un gros orteil opposables, et sont caractérisés par un deuxième orteil très court ou complètement atrophié.
Tous les doigts ont des ongles, à l’exception du deuxième orteil, qui est armé d’une griffe. La fourrure est courte et souple.
Animaux à l’aspect vaguement fantomatique, les Lorisidae ont des habitudes nocturnes et vivent dans les arbres, se nourrissant principalement d’insectes. Solitaires et particulièrement silencieux, ils émettent des sons stridents, principalement utilisés pour la défense territoriale. Ils sont particulièrement appréciés des planteurs comme animaux de compagnie.
Actuellement, la famille est représentée par 5 espèces regroupées en 4 genres, parmi lesquels il convient de mentionner le Loris lent (Nicticebus coucang (Boddaert, 1785)) et le Lori grêle (Loris tardigradus (Linnaeus, 1758)), espèces répandues en Asie du Sud ; et L’Angwantibo du Nord (Arctocebus calabarensis Smith, 1860) et le Potto de Bosman (Perodictus potto (Müller, 1766)), communément appelé Potto, qui vivent dans la forêt primaire dense d’Afrique.
Galagos (Galagidae)
Communément appelés « Galagos » et localement surnommés « Enfants des bois », ils constituent une famille de Prosimiens dont les représentants, très habiles sauteurs et grimpeurs, sont de petite taille, avec un poids , selon les espèces, d’un peu moins de 100 g à plus de 1 kg.
La queue, longue et couverte d’une épaisse fourrure hirsute, constitue un important organe d’équilibre.
Comme certains lémuriens nocturnes, les Galagos ont des yeux très grands et rapprochés. Dotés d’une excellente ouïe, ils se distinguent par des pavillons d’oreille qui, en plus d’être nettement développés et membraneux, sont dotés d’une mobilité indépendante et peuvent être repliés sur eux-mêmes pendant le sommeil.
Les membres postérieurs sont plus longs que les membres antérieurs, avec des pieds particulièrement allongés ; les orteils ont des phalanges élargies avec des coussinets adhésifs.
Grâce à une grande flexibilité du cou, ils peuvent tourner la tête à 180 degrés, tels les hiboux. Ils possèdent trois paires de glandes mammaires situées en position pectorale et inguinale.
De mœurs nocturnes, ils sont arboricoles et se nourrissent principalement d’insectes, d’autres petits animaux et même de fruits.
La famille comprend environ 8 espèces, dont 6 sont attribuées au genre Galago et 2 au genre Otolemur, vivant dans les forêts denses ou dans les zones de végétation éparse de l’Afrique tropicale. Parmi les espèces de Galagidae, les plus connues sont le Galago du Sénégal (Galago senegalensis É. Geoffroy, 1796) et le Galago à queue touffue (Otolemur crassicaudatus É. Geoffroy, 1812).
Tarsiers (Tarsiidae)
Ils doivent leur nom à la caractéristique, unique chez les mammifères, d’avoir des membres postérieurs allongés à la suite du développement considérable des os du tarse, plutôt que du métatarse. Ils constituent un groupe à la position systématique controversée. En effet, sous le nom de Tarsiformes, certains chercheurs les considèrent comme un sous-ordre des Primates, distinct des Prosimiens et des Singes, tandis que d’autres les placent parmi ces derniers, en raison de la présence de caractères anatomiques d’importance phylogénétique, en particulier la frontalisation complète des yeux et l’absence de rhinarium.
Ce sont des espèces de la taille d’une grosse souris, d’un poids moyen compris entre 80 et 150 g, avec une tête arrondie et de grands yeux globulaires ; les pavillons de l’oreille sont diversement développés, parfois grands, glabres et très mobiles.
Tous les doigts, longs et au bout boursouflé, ont des ongles aplatis, à l’exception des deuxième et troisième orteils où les ongles ressemblent à de petites griffes, utilisées pour le toilettage du corps. Le pouce est peu opposable tandis que le gros orteil est totalement opposable. La queue est très longue et fine, dépourvue de poils à l’exception d’un panache à son extrémité.
Animaux arboricoles d’une agilité extraordinaire, les Tarsiidae sont actuellement cantonnés aux forêts de moyenne et basse altitude de l’Asie du Sud-Est, où ils représentent une population relicte autrefois répandue en Europe et en Amérique du Nord. Dotés d’une vue et d’une ouïe exceptionnelles, ils ont des habitudes crépusculaires ou nocturnes et se nourrissent principalement d’invertébrés, tels que des insectes et des araignées, et de petits reptiles, tels que des grenouilles et des lézards.
Les femelles, après une gestation d’environ six mois, donnent naissance à un seul petit, qui est déjà capable de se cramponner et de grimper sur sa mère quelques heures après sa naissance. Jusqu’à récemment, le genre Tarsius était uniquement attribué à la famille, et ne comprenait qu’une espèce : le Tarsius spectre (Tarsius tarsier (Erxleben, 1777)), avec trois synonymes : le Tarsius spectrum (Pallas, 1779), le tarsier des Philippines (Tarsius syrichta et le tarsier de Bornéo (Tarsius bancanus).
Récemment, cependant, le genre Tarsius a également fait l’objet d’une révision et aujourd’hui ; le Tarsier des Philippines a été reclassé sous le nom de Carlito syrichta (Linnaeus, 1758), la seule espèce du genre Carlito, tandis que le Tarsier de Bornéo est attribué au genre Cephalopachus avec le combinaison spécifique Cephalopachus bancanus (Horsfield, 1821).
Cette espèce, divisée en trois sous-espèces, ainsi que dans les îles de Bornéo et de Sumatra, vit également dans de nombreuses petites îles environnantes.
SINGES (Simiiformes)
Appelés aussi singes anthropoïdes ou Simiiformes, les singes constituent un groupe, plus homogène que les Prosimiens et dont ils se distinguent par toute une série de particularités anatomiques et comportementales, dans lesquelles les traits évolutifs des Primates atteignent leurs expressions les plus typiques et complètes. En particulier, chez les grands singes, citons le redressement complet du tronc, la réduction de l’odorat, la position antérieure des yeux avec le perfectionnement de la vision stéréoscopique et des couleurs, le développement du cerveau qui devient plus structuré et plus lourd par rapport au poids corporel. Parallèlement, les capacités intellectuelles et de manipulation se développent pour atteindre, surtout chez les Orangs-outans, les Chimpanzés et donc chez l’homme, les niveaux les plus élevés connus dans le monde animal.
Il s’agit d’espèces dont la taille varie de celle d’un écureuil, comme les Ouistitis et les Tamarins, de la famille des Cébidés, à celle du Gorille africain, Gorilla gorilla, de la famille des Hominidés, qui peut atteindre, voire dépasser, 180 cm de hauteur et peser, en moyenne, 150 à 180 kg.
Les singes ont une tête souvent arrondie, avec un museau dont la forme varie de courte à très saillante. La face est plus ou moins glabre et, chez certaines espèces, il est entouré d’une barbe.
Le rhinarium et les vibrisses sont remplacés par un nez avec des narines plus ou moins rapprochées ; les oreilles ont généralement un pavillon peu développé.
Chez la plupart des espèces, les mains et les pieds sont préhensiles, le pouce et le gros orteil étant généralement opposables. Le corps est recouvert d’une pilosité moins dense que chez les Prosimiens. La peau est richement pigmentée et, dans les zones glabres de la face, de la région génitale et des fesses, elle peut prendre des tons voyants, comme on l’observe chez le Mandrill (Mandrilus sphinx (Linnaeus,1758)).
Les singes possèdent de véritables glandes sudoripares et une paire de glandes mammaires situées dans la région pectorale, selon la posture plus ou moins érigée du corps.
Chez certains, les Cynocéphales et les Gibbons, il existe des callosités ischiatiques, des coussinets pelviens caractéristiques qui permettent à ces animaux de dormir debout sur des branches étroites, sans tomber et hors de portée des prédateurs.
En fonction du type de déplacement, les membres antérieurs et postérieurs sont de longueur égale ou différente.
La queue peut être de longueur variable, ou même absente comme chez les Hominidés ; elle n’est préhensile que chez certaines espèces du continent américain.
Les singes sont subdivisés en deux groupes qui seraient issus du même ancêtre et auraient connu une histoire évolutive différente à la suite de leur isolement résultant de la séparation du continent sud-américain du continent africain causée par la dérive des continents. Le long isolement, qui a commencé à l’Oligocène et a duré environ 40 millions d’années, a conduit à la différenciation actuelle des singes d’Amérique du Sud et des singes d’Afrique ; cette distanciation est à l’origine de la distinction entre les singes du Nouveau Monde (Platyrrhiniens) et les singes de l’Ancien Monde (Catarhiniens à laquelle certains chercheurs reconnaissent le statut systématique d’infraordre).
Platyrrhiniens (Platyrrhini)
Les Singes Platyrrhiniens, ou Singes du Nouveau Monde, représentent une branche évolutive qui s’est différenciée en Amérique du Sud, où ils ont été isolés des Singes africains à la suite de la séparation du continent africain et de l’Amérique du Sud. Le long isolement dont ils ont souffert a orienté, voici environ 40 millions d’années, les singes sud-américains et africains vers deux voies évolutives distinctes, conduisant à la diversification des Platyrrhiniens et des Catarrhiniens.
Aujourd’hui, les Platyrrhiniens sont représentés par des espèces qui, comme leur nom l’indique, se distinguent des Catarrhiniens par un nez large et plat avec des narines distantes et orientées latéralement.
Ce sont des animaux de taille petite à moyenne, variant de 20-30 cm de longueur totale et d’un poids d’environ 100 g chez le ouistiti pygmée (Callithrix pygmaea (Spix, 1823)) pour atteindre et même dépasser un mètre de longueur et 10 kg chez les singes hurleurs du genre Alouatta et les singes laineux (Lagothrix).
De mœurs principalement diurnes et très bien adaptés à la vie dans les arbres de la forêt tropicale, ces singes ont de longs bras et des pouces qui ne sont pas opposables aux autres doigts.
La queue peut être longue et préhensile, comme dans la famille des Cebidae, ou plus petite avec un apex en forme d’écureuil, comme dans la famille des Callitrichidae.
Parmi les singes les moins évolués, contrairement aux Catarrhiniens, les Platyrrhiniens n’ont pas de poches dans les joues ni de callosités ischiatiques et, à l’exception des singes hurleurs (Alouatta), ils n’ont pas non plus de vision des couleurs. Leur bouche comporte 12 prémolaires, alors que les singes Catarrhiniens en ont 8.
Les Platyrrhiniens mènent une vie presque exclusivement arboricole et ont principalement des habitudes diurnes, à l’exception des représentants de la famille des Aotidae qui mènent une vie nocturne. Le régime alimentaire des Singes Platyrrhiniens est essentiellement omnivore, avec une préférences pour les matières végétales et animales.
Ils forment généralement des couples monogames stables et le soin parental des petits est confié principalement au mâle, tandis que la femelle se limite pratiquement à les allaiter.
La systématique des Platyrrhiniens , à laquelle on attribuait jusqu’à récemment l’unique superfamille des Ceboidea, elle-même divisée en familles Cebidae et Callicitridae, a été remise en question par la récente classification basée sur la comparaison de l’ADN mitochondrial, qui a révélé l’existence d’affinités plus ou moins étroites entre les différentes familles.
La révision des Platyrrhiniens n’étant pas encore clairement définie, il nous semble opportun de nous limiter ici à proposer la subdivision des singes du Nouveau Monde en 4 familles : les Cebidae, les Aotidae, les Atelidae et les Pitelidae.
Cebidés (Cebidae)
Ils réunissent des singes de taille petite à moyenne, allant de 20-30 cm de longueur totale et d’un poids d’environ 100 g pour le ouistiti pygmée (Callithrix pygmaea (Spix, 1823)) à environ 80 cm et 4 kg pour le Sapajou robuste (Sapajus robustus Kuhl, 1820).
Ce sont des Singes aux mœurs arboricoles et diurnes, essentiellement omnivores, se nourrissant de matière végétale (feuilles, fleurs, pousses, fruits, sève) et également de matière animale (insectes, œufs et petits vertébrés).
C’est à cette famille que sont attribués les singes répandus en Amérique centrale et du Sud, connus sous les noms communs de Tamarins, Ouistitis, Singes écureuils ou Saimiri et Sapajou.
Animaux sociaux, ils vivent en groupes de taille variable selon les espèces.
Les femelles ont une période de gestation de 90 à 120 jours, au terme de laquelle elles donnent généralement naissance à un seul petit ou à des jumeaux.
La classification actuelle attribue 7 genres à la famille, dans lesquels sont regroupées plus de 50 espèces dont les informations essentielles sont données ci-dessous.
Callimico
Il s’agit d’un genre comprenant une seule espèce, communément connue sous les noms de Tamarin de Goeldi ou Tamarin sauteur ou Callimico (Callimico goeldii Thomas, 1904), qui vit dans le sous-bois dense de la forêt amazonienne du Brésil, de la Colombie, de l’Équateur, du Pérou et de la Bolivie.
Le Callimico est un singe qui atteint une longueur d’environ 50 cm, dont plus de la moitié est constituée par sa queue, et pèse environ 600 grammes.
Le museau, les mains et les pieds sont noirs, le pelage est brun foncé ou noir avec des taches blanches et une sorte de caparaçon de poils plus longs sur le cou et les épaules. Les ongles sont tous pointus, à l’exception de l’ongle du pouce, qui est large et aplati.
Animaux diurnes, ils vivent en groupes de 5-6 individus, qui restent en contact grâce à une série de cris aigus, souvent aussi par des ultrasons non audibles par l’oreille humaine. Très agile, le Callimico doit également son nom de Tamarin sauteur au fait qu’il se déplace de branche en branche grâce à des sauts pouvant dépasser les 4 mètres.
Son régime alimentaire se compose principalement de fruits, d’insectes, de petits vertébrés et, pendant la saison sèche, de diverses espèces de champignons comestibles.
Les femelles, après une période de gestation, en moyenne, d’environ 100 jours, donnent naissance à un seul petit, dont les deux parents s’occupent.
Callithrix
Il s’agit d’un genre qui regroupe des espèces répandues dans les forêts tropicales d’Amérique du Sud communément connues sous les noms de Ouistitis ou de Callitriches. Ce sont des singes qui, par rapport aux autres Platyrrhiniens, conservent de nombreuses caractéristiques primitives, comme des ongles en forme de griffes, la présence de vibrisses et l’absence de troisième molaire (dents de sagesse).
Le genre comprend des espèces de petite taille, avec une longueur moyenne de quarante centimètres ou moins, y compris la queue, qui est plus longue que le corps et n’est pas préhensile.
Animaux très actifs, les Ouistitis se nourrissent principalement de fruits et d’insectes.
Certaines espèces, en revanche, se régalent principalement de sève et de gomme qu’ils font couler des arbres en entaillant l’écorce avec leurs incisives inférieures très pointues ; en particulier, le ouistiti commun (Callithrix jacchus (Linnaeus, 1758)) et le ouistiti pygmée (Callithrix pygmaea (Spix, 1823)) sont considérés comme des succicoles obligatoires.
Animaux arboricoles, les Ouistitis vivent généralement au sommet de grands arbres entre les branches desquels ils se déplacent avec une grande agilité sur leurs quatre membres et en utilisant leur queue pour s’équilibrer. Ils forment des groupes familiaux de trois à quinze individus. Chez la plupart des espèces, la femelle donne naissance à deux petits qui sont pris en charge par tous les membres du groupe. D’un point de vue taxonomique, la situation du genre n’est pas encore bien définie car certains chercheurs incluent actuellement Cebuella, Calibella et Mico au sein des Callithrix, les rétrogradant au rang de sous-genres, tandis que d’autres chercheurs continuent à les considérer comme des genres distincts.
Quoi qu’il en soit, indépendamment des différentes opinions, nous pouvons dire qu’une vingtaine d’espèces sont afférentes au groupe Callithrix, parmi lesquelles les plus connues sont le ouistiti commun (Callithrix jacchus) autrefois répandu dans tout l’est du Brésil, aujourd’hui confiné à la forêt atlantique de la zone sud-est, le Ouistiti pygmée (Callithrix pygmaea ou Calibella pygmaea ), qui vit dans le bassin supérieur de l’Amazone, et le ouistiti argenté (Callithrix argentata ou Mico argentatus), qui vit dans les forêts pluviales du sud-est du bassin amazonien.
Leontopithecus (=Leontocebus)
Il s’agit d’un genre au sein duquel sont regroupées les espèces vivant dans la forêt brésilienne du versant atlantique, où elles vivent reléguées dans des aires de répartition restreintes avec des populations plutôt petites.
En référence à leur apparence léonine due aux touffes de poils érectiles sur les côtés de leur face, semblables à une crinière (du grec “singe lion”), ils sont désignés par le nom collectif de Leontopithecus, mais aussi de Tamarins-lions ou de Singes-lions.
Ce sont des singes d’une taille moyenne d’environ 40 cm et d’un poids inférieur à 1 kg.
De mœurs diurnes et arboricoles, ils ont un régime omnivore, se nourrissant principalement d’insectes et de leurs larves, qu’ils débusquent en grattant le bois pourri avec leurs griffes acérées, mais aussi de petits vertébrés et de fruits.
Ils vivent en petits groupes familiaux ; les femelles donnent naissance à un couple de jeunes, dont les deux parents s’occupent.
Quatre espèces sont attribuées au genre, se distinguant les unes des autres par leur coloration différente du pelage, dont le Tamarin-lion doré ou Singe-lion doré, ou encore Petit singe-lion (Leontopithecus rosalia (Linnaeus, 1766)), des forêts du Brésil, qui est aujourd’hui gravement menacé.
Saguinus
Un autre genre dans lequel sont regroupées les espèces de Cebidae qui se distinguent des autres Platyrrhiniens non seulement par leur petite taille qui varie, sans compter la queue, entre 20 et 40 cm et par leur poids de 400-800 g. Ils ont aussi des doigts armés d’ongles modifiés en griffes.
Aussi communément appelés Tamarins, ces singes se caractérisent par la présence de poils faciaux allongés en forme de barbe et de moustache et par leur pelage, de couleur noire ou brune, plus pâle ou blanc sur la partie ventrale.
De mœurs diurnes, ces Tamarins sont des animaux frugivores et insectivores qui vivent en groupes plus ou moins nombreux dans les milieux forestiers d’Amérique centrale et du Sud ;
L’organisation sociale de ces Platyrrhiniens est typique : ils ont tendance à former des couples reproducteurs stables ; les femelles donnent fréquemment naissance à deux petits, qui sont principalement pris en charge par le père, tandis que la mère s’occupe surtout de leur allaitement.
Après plusieurs révisions taxonomiques, on compte actuellement un peu moins de vingt espèces attribuées au genre Saguinus, dont les plus connues sont le Tamarin labié (Saguinus labiatus Geoffroy, 1812), le Tamarin empereur (Saguinus imperator (Goeldi, 1907)) et le Tamarin à manteau brun ou à selle (Saguinus fuscicollis (Spix, 1823)).
Cebus
Genre de Cebidae auquel sont attribués les Singes Platyrrhiniens de taille moyenne, 110 cm maximum de longueur totale et pesant environ 6 kg. Leur queue aussi longue que le reste du corps, non préhensile est souvent enroulée ou arquée vers le bas comme une virgule.
Très répandues du Honduras au Paraguay et au nord de l’Argentine, les espèces de ce genre sont communément appelées Sapajou (du grec Kébos, “singe à longue queue”) ou Capucins en raison de la couleur de leur pelage, qui ressemble à la robe d’un moine franciscain.
Toutes les espèces du genre ont des habitudes diurnes et arboricoles ; leur régime alimentaire est essentiellement basé sur les fruits et les graines, complétés par des oiseaux et leurs œufs, des insectes et des petits vertébrés.
Les Cebus vivent en groupes plus ou moins importants de 6 à 40 membres, et ont des habitudes sociales remarquablement similaires à celles des singes de l’Ancien Monde (Catarrhinés) ; il s’agit probablement d’un cas de convergence évolutive dû à des modes de vie similaires sur les deux continents.
Les femelles se reproduisent généralement tous les deux ans et, après une période de gestation d’environ six mois, donnent naissance à un seul petit, qu’elles portent d’abord attaché à leur poitrine.
Considéré comme l’un des plus intelligents des Platyrrhiniens, le capucin est capable d’utiliser des outils, tels que des pierres et des morceaux de bois, pour fendre les enveloppes de graines ou d’autres matériaux dont il se nourrit.
Parmi les 14 espèces actuellement attribuées au genre, il convient de mentionner les suivantes :
le Capucin équatorien (Cebus aequatorialis Allen, 1914), qui habite les milieux forestiers de la côte pacifique de l’Équateur, le Capucin à front blanc (Cebus albifrons (Humboldt, 1812)), qui vit dans les forêts pluviales primaires et secondaires des régions du nord-ouest de l’Amérique du Sud, le Sapajou capucin (Cebus capucinus (Linnaeus, 1758)), qui occupe une vaste aire de répartition du Honduras au centre-ouest du Brésil, et le Capucin à front blanc varié (Cebus versicolor (Pucheran, 1845)), une espèce répandue en Colombie.
Saimiri
Il s’agit d’un genre répandu dans la forêt tropicale d’Amérique centrale et du Sud. Il regroupe des espèces connues sous différents noms, comme les Singes écureuils et les Saïmiris; ils sont également appelés Singes à tête de mort en raison de l’apparence particulière que leur donne la coloration de leur face, qui présente un museau et des yeux noirs avec un masque blanc caractéristique autour des yeux.
Les singes Saïmiris mesurent entre 60 et 75 cm et pèsent entre 800 et 1 200 g. Leur queue est généralement plus longue que leur corps et facilite leur équilibre lors de leurs déplacements entre les branches.
En général, les femelles possèdent un pseudo-pénis qu’elles exhibent comme moyen d’intimidation lors de manifestations de domination.
De mœurs diurnes et arboricoles, les Saïmiris vivent en groupes généralement très importants, composés de mâles et de femelles en proportions variables. Animaux omnivores, ils se nourrissent principalement de fruits et d’insectes et, occasionnellement, de petits vertébrés. Ils se reproduisent de manière saisonnière, de sorte qu’après environ cinq mois de grossesse, la naissance de l’unique petit peut avoir lieu pendant la saison des pluies ; la femelle est la seule à s’occuper du petit.
Actuellement, cinq espèces sont attribuées au genre. Elles se distinguent les unes des autres par la forme du masque autour des yeux. Citons le Saïmiri, également connu sous le nom de Saïmiri commun ou Singe-écureuil commun (Saimiri sciureus (Linnaeus, 1758)), répandu dans la majeure partie de l’Amérique du Sud tropicale, du Venezuela au nord de l’Argentine, et le Sapajou à dos rouge ou Singe-écureuil à dos rouge, ou Saïmiri à dos roux, ou encore Saïmiri d’Amérique centrale (Saimiri oerstedii (Reinhardt, 1872)), qui vit sur la côte pacifique de l’Amérique centrale.
Sapajus
Il s’agit d’un genre de Cebidae dont les membres sont très semblables en apparence aux singes capucins du genre Cebus dont ils se distinguent principalement par leur taille plus robuste ; en réalité, la validité taxonomique du genre reste à définir en termes de caractères distinctifs.
Sapajus est actuellement divisé en 7-8 espèces, dont le Capucin brun (Sapajus apella (Linnaeus 1758)), également connu sous le nom Sapajou apelle, Sajou noir, Sajou apelle ou encore Capucin à houppe noire, qui est répandu dans le bassin amazonien, le Sapajou fauve (Sapajus flavius (Schreber, 1774)), qui vit dans les zones côtières du nord-est du Brésil, et Sajou lascif ou Sapajou à barbe (Sapajus libidinosus Spix, 1923), qui fractionné en plusieurs sous-espèces, est répandu dans les territoires centraux orientaux de l’Amérique du Sud.
Les autres espèces du genre comprennent le Sapajou à grosse tête (Sapajus macrocephalus (Spix, 1823)) que l’on observe dans la forêt pluviale des contreforts à l’est des Andes, le sajou (Sapajus nigritus (Goldfuss, 1809)) du sud-est du Brésil et du nord de l’Argentine, et le Sapajou robuste (Sapajus robustus Kuhl, 1820), une espèce endémique des territoires de la forêt atlantique du sud-est du Brésil. Enfin, le Capucin à poitrine jaune ou Sapajou à poitrine jaune (Sapajus xanthosternos Wied-Neuwied, 1826) est actuellement confiné aux territoires du sud-est de l’État brésilien de Bahia.
Douroucouli (Aotidae)
Les représentants de cette famille sont appelés ainsi, sur base du mot latin signifiant « sans oreille », en raison du fait qu’à première vue, ils semblent être dépourvus d’oreille externe, cette dernière, au contraire, est très réduite et cachée par des poils.
Les autres noms sous lesquels ces Singes Platyrrhiniens sont communément connus sont ceux de Douroucoulis, de Singes de nuit, de Singes nocturnes, de Singes-chouettes ou encore de Nyctipithèque.
Les Aotidae constituent une famille de Platyrrhiniens aux caractéristiques plutôt primitives, répandue en Amérique centrale et du Sud, entre le Panama et les territoires les plus septentrionaux de l’Argentine. Ce sont des singes de taille modeste, dont la longueur du corps varie généralement de 25 à moins de 50 cm et dont la queue est environ une fois et demie plus longue que le reste du corps.
Leurs yeux sont très grands, en rapport avec leurs habitudes nocturnes. La couleur de leur pelage est très variée, en fonction de leur situation géographique.
Animaux arboricoles, les Aotidae vivent dans ou près des forêts tropicales et des savanes où ils se nourrissent principalement de fruits, de feuilles et d’insectes. Ils se reproduisent une fois par an et la femelle donne naissance à un seul petit qui est d’abord soigné par sa mère, puis par son père. Ils vivent en petits groupes familiaux et forment généralement des couples stables.
La famille ne comprend que le genre Aotus, auquel certains auteurs rattachent actuellement une dizaine d’espèces. Cependant, cette position systématique ne fait pas consensus, car des chercheurs sont favorables au maintien de l’ancienne classification, considérant toutes les autres espèces comme de simples variétés locales, tandis que d’autres spécialistes ne reconnaissent que la validité spécifique du Douroucouli commun (Aotus trivirgatus Humboldt, 1811), qui vit dans les forêts pluviales chaudes du Venezuela et des territoires du centre-nord du Brésil, et du Douroucouli d’Azara (Aotus azarae (Humboldt, 1811)), qui fréquentes le centre de l’Amérique du Sud.
Atelidés (Atelidae)
Ils constituent une famille de Singes Platyrrhiniens dont les représentants vivent en Amérique centrale et du Sud.
Ce sont des animaux dont la taille, selon les espèces, varie de 35 cm pour certains Singes-araignées (Ateles) à plus de 90 cm pour les Singes-hurleurs (Alouatta) et ceux du genre Brachyteles.
Les Atélidés comprennent des espèces dotées de longues queues préhensiles qu’elles utilisent comme un cinquième membre pour une meilleure préhension entre les branches.
Les deux premiers doigts des mains sont opposables aux trois autres.
La plupart des espèces ont des habitudes diurnes et vivent généralement dans les arbres de la forêt tropicale, mais on les trouve aussi dans la savane arborée.
Ils se nourrissent principalement de feuilles et de fruits, mais aussi d’insectes.
Animaux polygames, les Atélidés vivent généralement en grands groupes pouvant compter jusqu’à vingt adultes ou plus.
Il n’est pas rare qu’un seul mâle ait tendance à dominer et à chasser les autres, formant ainsi un harem.
Les femelles, après une période de gestation de 6-7 mois, donnent naissance à un seul petit.
Un total d’environ 25 espèces est actuellement attribué à la famille, réparties dans les genres Alouatta, Ateles, Brachyteles, Lagothrix et Oreonax.
Alouatta
Alouatta est un genre d’Atelidae dont les espèces habitent les forêts pluviales d’Amérique centrale et du Sud. Ce sont des Platyrrhiniens dont la taille varie, selon les espèces, de 50 à plus de 90 cm pour un poids de plus de 10 kg. La queue, aussi longue que le reste du corps, est préhensile.
L’habitude d’utiliser intensivement la communication vocale, particulièrement puissante, a valu aux espèces du genre le nom de Singes-hurleurs. Cette caractéristique est liée à la présence d’un os hyoïde de forme unique qui leur permet d’émettre des sons particuliers, semblables à des rugissements chez les mâles et à des grognements chez les femelles. Ces cris ont également une fonction de démarcation et de revendication de territoire. Amplifiés par leur larynx élargi et en forme de sac, les cris des Singes-hurleurs sont audibles jusqu’à plus de 5 km de distance.
De mœurs diurnes, contrairement aux autres Platyrrhiniens, les espèces du genre ont une vision des couleurs.
Les Singes-hurleurs se nourrissent exclusivement de plantes, principalement de feuilles. Animaux plutôt lents, ils passent une grande partie de leur temps dans un état d’inactivité totale.
Une douzaine d’espèces sont attribuées au genre, dont le Singe-hurleur noir (Alouatta caraya Humboldt, 1812), qui vit dans les forêts pluviales du Brésil, de la Bolivie, du Paraguay et du nord de l’Argentine, le Hurleur du Guatemala ou le Hurleur à manteau (Alouatta palliata Gray, 1849), qui a une fourrure uniformément noire et est répandu dans les environnements forestiers entre le sud du Mexique et l’ouest de l’Équateur, le Singe-hurleur du Guatemala (Alouatta pigra Lawrence,1933) du sud-est du Mexique et, enfin, le Hurleur aux mains rousses ou ouarabi (Alouatta belzebul (Linnaeus,1766)) du nord et de l’est du Brésil.
Il faut également mentionner le Hurleur roux (Alouatta seniculus (Linnaeus, 1766)) qui, divisé en plusieurs sous-espèces, vit dans les mangroves et les forêts tropicales des territoires du nord de l’Amérique du Sud.
Ateles
Il s’agit d’un genre de singes Atélidés auquel sont attribuées des espèces caractérisées par des pattes particulièrement longues, les pattes antérieures étant plus longues que les pattes postérieures ; les mains ont un pouce non opposable et 4 doigts longs, recourbés et crochus ; les pieds disposent de 5 orteils.
Communément appelées Atèles ou, en référence à leur apparence, Singes-araignées, les espèces du genre se caractérisent par une tête plutôt petite et des narines très espacées.
La taille moyenne est de plus ou moins 70 cm de long et le poids est d’environ 6 kg. La queue, qui peut atteindre 90 cm de long, est préhensile et particulièrement musclée. Elle sert de cinquième membre pour se déplacer entre les branches et d’équilibre lors des déplacements au sol.
Très répandus dans les forêts pluviales primaires d’Amérique centrale et du Sud, les Singes-araignées ou atèles vivent en groupes de 15 à 25 individus dirigés par une femelle dominante. Parmi les plus intelligents de l’ordre, contrairement aux Singes-hurleurs, les Singes-araignées communiquent entre eux en adoptant différentes postures, plutôt que par des vocalisations.
Actuellement, il n’existe toujours pas de consensus sur la répartition spécifique du genre. Certains chercheurs attribuent 7 espèces à Ateles, parmi lesquelles le Singe-araignée à ventre blanc (Ateles belzebuth (É. Geoffroy, 1806)), vivant dans les forêts pluviales du nord de l’Amazonie, et le Singe araignée de Geoffroy (Ateles geoffroyi Kuhl, 1820), dont l’aire de répartition s’étend du Mexique à une partie de la Colombie.
Brachyteles
Communément désignés par les noms de Brachytèles ou de Brachyteles, en relation avec leur taille considérable, ou encore de Muriqui, terme par lequel on désigne localement les plus grands singes, les représentants de ce genre vivent relégués dans les forêts du versant atlantique du Brésil.
Ils se distinguent des Singes-araignées du genre Ateles, auxquels ils étaient initialement rattachés en une seule espèce l’Atèle arachnoïde (Ateles arachnoides (É. Geoffroy, 1806)) par leur taille plus grande et leur ventre plus proéminent. En outre, les deux sexes ont des organes génitaux volumineux et, chez les mâles, le pénis est pourvu d’un os pénien (baculum), contrairement aux Singes-araignées communs, qui en sont dépourvus.
Animaux diurnes et essentiellement arboricoles, les Brachytèles se nourrissent de matières végétales, principalement de feuilles, et de fruits.
Ils vivent en groupes, composés d’un nombre variable de mâles et de femelles. La gestation dure en moyenne huit mois, au terme de laquelle naît un seul petit, dont les femelles s’occuperont principalement. Vers l’âge de deux ans, après le sevrage, les mâles restent dans le groupe, tandis que les femelles partent à la recherche d’un nouveau groupe.
Deux espèces, toutes deux endémiques, sont attribuées au genre, le Murichi du sud, ou Brachytèle araignée, ou Singe-araignée laineux (Brachyteles arachnoides (É. Geoffroy,1806)), localement aussi connu sous le nom de Singe charbonnier en raison de sa face noire de suie, et le Murichi du nord, (Brachyteles hypoxanthus Kuhl,1820), une espèce reléguée dans des zones territoriales restreintes et considérée aujourd’hui comme l’un des singes les plus rares et les plus menacés.
Lagothrix
Ils forment un genre comprenant les singes dits laineux ou lagotriches répandus dans les forêts tropicales d’Amérique du Sud.
Comme les espèces du genre Oreonax, ces singes doivent leur nom commun à leur fourrure épaisse et laineuse, dont la couleur varie généralement du roux au brun en passant par le gris.
En général, les arcades sourcilières sont très proéminentes. Ils mesurent en moyenne 120 cm de long, pour un poids maximum d’environ 10 kg ; la queue est longue et préhensile et est utilisée comme cinquième membre pour se déplacer entre les cimes des arbres.
Les lagotriches vivent en groupes de plusieurs familles ; animaux diurnes et principalement arboricoles. Ils ont des habitudes essentiellement frugivores, mais se nourrissent également de graines et de feuilles, d’insectes et de petits vertébrés.
Le genre comprend actuellement cinq espèces, autrefois considérées comme des sous-espèces de Lagothrix lagotricha, qui se distinguent les unes des autres principalement par la couleur de leur fourrure.
Le Lagotriche commun (Lagothrix lagotricha (Humboldt, 1812)), qui vit dans la forêt pluviale primaire où il peut atteindre une altitude de 3000 m dans le nord de l’Amérique du Sud, le Singe laineux colombien (Lagothrix lugens Elliot,1907) qui habite le cours moyen du Rio Magdalena en Colombie et au Venezuela, et le Singe laineux argenté (Lagothrix poeppigii Schinz,1844), qui préfère les zones de forêt pluviale primaire, à des altitudes allant jusqu’à 3000 m, dans la zone frontalière entre le Brésil, l’Équateur et le Pérou.
Oreonax
Genre actuellement représenté uniquement par le Singe laineux à queue jaune ou Lagotriche à queue jaune (Oreonax flavicauda Humboldt, 1812), il comprend une espèce endémique d’une petite zone de forêt tropicale dans les Andes du Pérou.
Anciennement classé sous le nom de Lagothrix flavicauda, ce singe doit son nom spécifique à la présence d’une large bande jaune à l’extrémité de sa queue.
Long de 50 à 70 cm, pesant jusqu’à 10 kg et doté d’une queue préhensile de 60 à 70 cm, le Singe laineux à queue jaune doit son nom vernaculaire à l’épaisse fourrure laineuse de couleur rouge-brun qui le protège des températures rigoureuses de son habitat de montagne. Sa face est glabre et noire, à l’exception d’une tache blanchâtre autour de la bouche.
Animal arboricole et diurne, il se nourrit principalement de fruits, de fleurs, de pousses et de feuilles.
Il vit en petits groupes de 4 à 13 individus.
De mœurs polygames, les femelles de cette espèce donnent naissance à un seul petit tous les un à deux ans.
Pitheciidés (Pitheciidae)
Actuellement élevés au rang de famille, les Pitheciidae sont répandus en Amérique du Sud avec plus de quarante espèces, communément connues sous les noms de Titis, Sakis et Ouakaris.
Ce sont des singes de taille petite à moyenne, dont la taille du corps varie de 20 cm pour les Callicebus à 50 cm pour les Cacajao. La queue, généralement de la même longueur que le corps, n’est pas préhensile.
De mœurs diurnes et arboricoles, ils se nourrissent principalement de matières végétales, comme les fruits, les feuilles, les graines et les pousses, mais aussi de petits arthropodes. Ils vivent en groupes de tailles différentes selon les espèces.
Tous les membres de la famille ne donnent naissance qu’à un seul petit à la fois.
La subdivision des Pithecidae en genres, espèces et sous-espèces a fait l’objet de plusieurs révisions, notamment à la suite d’expéditions dans des territoires inexplorés ou mal connus du bassin amazonien qui ont conduit à la découverte de nouvelles espèces.
Callicebus
Au genre Callicebus sont attribuées les espèces, actuellement plus de 30, communément appelées Tití, répandues principalement dans la forêt amazonienne du sud de la Colombie, du Pérou, du Brésil et du nord du Paraguay.
Ce sont des singes de taille moyenne dont la longueur totale varie entre 50 cm et 90 cm, pesant environ un kilogramme.
Leur queue, partiellement préhensile, est plus longue que leur corps et recouverte de fourrure.
Les Callicebus ont des habitudes diurnes et arboricoles et préfèrent les habitats de forêt dense près des cours d’eau.
Particulièrement agiles et actifs, ils utilisent leurs pattes arrière, légèrement plus longues que les pattes avant, pour sauter de branche en branche, d’où le nom de singes sauteurs.
Ils se nourrissent de végétaux, principalement de fruits mûrs, mais aussi d’animaux tels que des insectes et autres arthropodes, de petits vertébrés et de leurs œufs,
Ils forment généralement des couples monogames de longue durée.
Après une période de gestation d’environ cinq mois, les femelles donnent naissance à un seul petit, très rarement deux, dont le père s’occupe principalement.
À la suite de révisions successives, plus de 30 espèces sont actuellement attribuées au genre Callicebus, qui est lui-même divisé en deux sous-genres (Callicebus et Torquatus) et cinq groupes (clades). La plupart des espèces sont exclusives à des aires de répartition plus ou moins restreintes.
Les espèces les plus connues sont mentionnées ci-dessous.
Le Callicebus ou Titi rouge (Callicebus cupreus (Spix, 1823)), vivant au Pérou dans des zones de forêt assez dense près de sources d’eau permanentes, Titi molock (Callicebus moloch (Hoffmannsegg, 1807)), répandu dans une zone assez large au sud des embouchures de l’Amazone, le Titi d’Orbigny (Callicebus donacophilus (d’Orbigny, 1836)), se trouve dans l’est de la Bolivie, le centre-sud du Brésil et les territoires les plus septentrionaux du Paraguay.
Les autres espèces du genre sont le, le Callicèbe à fraise, Titi à collier ou encore Titi à fraise (Callicebus torquatus (Hoffmannsegg, 1807)), qui occupe la zone de la forêt amazonienne à la frontière entre le Brésil et la Colombie, et le Titi Madidi (Callicebus aureipalatii (Wallace et al., 2005)), une espèce exclusive au parc national Madidi en Bolivie.
Cacajao
Un autre genre de la famille est le Cacajao, qui regroupe des espèces qui vivent dans le bassin supérieur de l’Amazone, sur les deux rives du Rio Japurá, et qui, cas unique parmi les Platyrrhiniens, se caractérisent par une queue très courte, d’une dizaine de centimètres seulement.
Connus sous le nom vernaculaire d’Ouakaris, ces singes, qui mesurent environ 50 cm, se distinguent par une face dépourvu de poils jusqu’au sommet de la face et des tempes qui ressemblent à un crâne humain.
La bouche possède des incisives inférieures particulièrement longues et pointues.
Apparemment maladroits, les Ouakaris sont des singes très agiles et actifs, capables de faire des bonds de six mètres de long.
Animaux sociaux, ils forment des colonies pouvant compter jusqu’à une centaine d’individus.
Ils se nourrissent de fruits, de graines, de feuilles et de pousses.
Les espèces actuellement attribuées au genre sont le Cacajao ayresi Boubli et al., 2008, une espèce récemment découverte au Brésil dans le bassin du Rio Aracá, affluent du Rio Negro, l’Ouakari chauve (Cacajao calvus (Geoffroy, 1847)), signalé dans les zones de forêts pluviales au nord de l’Amazone entre l’ouest du Brésil et le Pérou, et l’Ouakari à tête noire (Cacajao melanocephalus (Humboldt, 1812)) répandu dans la forêt inondée du bassin du Rio Negro entre la Colombie et le Venezuela.
Enfin, une quatrième espèce pourrait être ajoutée, le Cacajao hosomi Boubli et al., 2008, actuellement signalé du Pico da Neblina, à la frontière entre le Brésil et le Venezuela, mais les caractères discriminants manquent encore.
Pithecia
Pithecia est un genre auquel sont rangés les singes connus sous le nom vernaculaire de Saki qui vivent en Amérique du Sud, du sud de la Colombie au nord de la Bolivie. On attribue aux Pithecia des espèces atteignant la taille d’un mètre, avec une queue non préhensile aussi longue que le corps. Animaux arboricoles et diurnes, ils se nourrissent principalement de fruits, mais aussi de fleurs, de feuilles, d’insectes et parfois de petits vertébrés.
Ils vivent en groupes familiaux composés de couples strictement monogames, avec leurs petits. Après six mois de gestation, les femelles donnent naissance à un seul petit. Les cinq espèces suivantes sont actuellement attribuées au genre.
Le Saki à face pâle ou Saki à face blanche (Pithecia pithecia (Linnaeus, 1766)), appelé ainsi en raison de la fourrure blanche qui entoure le visage des mâles, est une espèce que l’on trouve dans les forêts pluviales de plaine et de montagne au nord du fleuve Amazone.
Le Saki à perruque (Pithecia aequatorialis Hershkovitz, 1987), qui doit son nom commun à la couleur rougeâtre de la barbiche des mâles, vit dans la forêt pluviale des contreforts orientaux des Andes, entre l’Equateur et le Pérou.
Le Saki chamois (Pithecia albicans Gray, 1860), nommé d’après la couleur blanc rosé de ses mains, est une espèce reléguée à une zone restreinte de la forêt tropicale au sud de l’Amazonie.
Le Saki du Rio Tapajós (Pithecia irrorata Gray, 1842), dont le nom commun fait référence à la présence d’une tache blanche sur la calotte, habite les zones de forêts pluviales primaires de la zone frontalière entre le nord de la Bolivie et le centre-ouest du Brésil. Le Saki moine (Pithecia monachus (É Geoffroy, 1812)), caractérisé par un pelage aux poils longs, soyeux, brun noirâtre et grisâtre sur le devant et les côtés du crâne, se trouve dans la forêt tropicale, à l’est des Andes.
Les Catarhiniens ou Catarrhiniens (Catarrhini)
Également connus sous le nom de Singes de l’Ancien Monde car originaires d’Afrique, et également présents en Asie et sur le rocher de Gibraltar à l’extrême limite de l’Europe, ces primates doivent leur nom à la caractéristique de posséder une cloison nasale étroite avec les narines rapprochées et plus ou moins ouvertes vers le bas.
Ces singes sont, en moyenne, plus grands que les Platyrrhiniens, parfois même très grands, comme dans le cas des anthropomorphes, familles Hylobatidae et Hominidae.
Comme déjà mentionné, les Catarrhiniens représentent une branche évolutive dont la différenciation de l’autre branche, celle des Platyrrhiniens, a commencé à l’Oligocène, après la séparation de l’Afrique et de l’Amérique du Sud et leur dérive vers leurs emplacements actuels.
La plupart des espèces de Catarrhiniens ont de larges coussinets graisseux sur les fesses, ce qui leur permet de s’asseoir et de dormir sur des branches étroites en position verticale sans tomber. La queue, si elle est présente, n’est jamais préhensile. Le pouce est toujours opposable. Animaux essentiellement arboricoles, à l’exception des membres de la famille des Hominidés, ils sont d’excellents grimpeurs.
La distribution actuelle des Catarrhiniens comprend la ceinture tropicale de l’Afrique et de l’Asie, bien que certaines espèces s’aventurent également à des latitudes plus septentrionales, comme dans le cas du Macaque japonais, ou Macaque à face rouge (Macaca fuscata Blith, 1875), que l’on trouve dans presque tout l’archipel japonais, ou à des altitudes très élevésQuatre, comme le Macaque du Tibet (Macaca thibetana Milne-Edwards, 1870) qui, répandu dans le sud de la Chine, atteint le plateau tibétain.
Trois familles sont incluses dans le groupe des Catarrhiniens, les Cercopithecidae, les Hylobatidae et les Hominidae, mais même dans ce cas, l’unanimité ne se fait pas entre les spécialistes.
Cercopithèques (Cercopithecidae)
Ils constituent la plus grande famille de singes Catarrhiniens et comprennent des espèces dotées d’une queue généralement longue, mais courte chez les Macaques et absente chez les Bertuccia ; dans tous les cas, la queue n’est jamais préhensile.
Ce sont des animaux dont la longueur varie en moyenne de 30 à un peu plus de 100 cm, avec une tête arrondie et une face glabre ; le museau est plus ou moins proéminent, le nez est généralement aplati et avec des narines étroites, la bouche possède 32 dents.
De mœurs principalement arboricoles, les Cercopithèques ont des membres antérieurs plus courts que les membres postérieurs, à l’exception des espèces qui mènent une vie terrestre, des mains plus courtes que les pieds et des ongles plats, parfois carénés.
Leur fourrure est généralement discrète, leur couleur variant du vert foncé au brun en passant par le gris ; chez certaines espèces, elle peut également être brillante.
Animal grégaire, il vit généralement en groupes familiaux polygames, mais se regroupe parfois en très grandes bandes.
Les femelles donnent naissance à 1 ou 2 petits après une période de gestation qui, selon les espèces, varie de 140 à 210 jours, jusqu’à 270 jours comme chez le Mandrill.
Les Cercopithèques ont des habitudes essentiellement omnivores, avec plusieurs espèces montrant une forte prépondérance ou exclusivité pour la nourriture d’origine végétale.
La famille comprend une soixantaine d’espèces regroupées en 23 genres, dont la plupart vivent dans de grandes forêts tropicales. Certaines espèces vivent dans des savanes et des milieux rocheux, quelques-unes s’aventurent même dans des territoires montagneux. Compte tenu du grand nombre de membres de la famille, nous limiterons ici notre attention aux genres qui comprennent les espèces les plus connues ou les plus intéressantes.
Cercopithecus
Communément connues sous le nom collectif de cercopithèques , les espèces de ce genre sont limitées à l’Afrique au sud du Sahara où elles vivent principalement dans les forêts ; quelques espèces sont également rencontrées dans la savane. Ce sont des singes dont la taille varie de 30 à 70 cm, qui pèsent jusqu’à 10 kg et dont la tête est ronde. Essentiellement arboricoles, mais aussi terrestres, les Cercopithèques ont une activité diurne et se nourrissent principalement de fruits et d’autres plantes, mais aussi d’œufs, d’insectes et de petits vertébrés.
Ce sont des animaux territoriaux et grégaires qui vivent en groupes familiaux composés généralement de 10 à 30 individus, mais qui peuvent parfois compter jusqu’à 200 membres. A l’heure actuelle, environ 22 espèces ont été décrites dans le genre, se distinguant les unes des autres essentiellement par le motif coloré de leur pelage. Il faut toutefois garder à l’esprit que, pour certaines d’entre elles, le statut d’espèce est quelque peu discutable.
Les espèces les plus représentatives sont les suivantes : le Cercopithèque à gorge blanche ou Cercopithèque de Sykes (Cercopithecus albogularis (Sykes, 1831)) se rencontre principalement dans les habitats forestiers de l’Afrique orientale et australe, à l’est de la vallée du Rift ; le Cercopithecus doggetti Pocock, 1907, répandu dans l’est du Congo, le sud de l’Ouganda et le nord-ouest de la Tanzanie ; le Singe bleu, ou Singe argenté, ou encore Singe de Stuhlmann, ou Cercopithèque à diadème (Cercopithecus mitis Wolf, 1822), observé sporadiquement dans des régions d’Afrique centrale dans des habitats caractérisés par la présence d’arbres et la proximité de l’eau.
Et enfin, le Cercopithèque ou Singe mona (Cercopithecus mona Schreber, 1774), distribué dans une large aire de répartition s’étendant jusqu’en Afrique de l’Ouest dans les habitats forestiers, le Cercopithèque de Brazza ou Singe de Brazza (Cercopithecus neglectus Schlegel, 1876), une espèce présente dans les habitats de forêts pluviales d’Afrique centrale, et le Cercopithèque pogonias (Cercopithecus pogonias Bennett, 1833), qui vit dans les forêts pluviales tropicales d’Afrique centrale et occidentale.
Chlorocebus
Genre de la famille dont les représentants, désignés par le nom collectif Cercopithèque comme d’ailleurs toutes les espèces de Cercopithecus, sont plus spécifiquement connus sous le nom de Singes verts, en référence à la couleur du pelage du dos où le vert prédomine. Il s’agit de singes de taille moyenne, les mâles mesurant environ 40 cm de long et pesant un peu plus de 4 kg, tandis que les femelles sont légèrement plus petites, mesurant généralement environ 35 cm de long et pesant environ 3 kg.
La queue est aussi longue que le reste du corps. Une bande blanche caractéristique est présente sur le front. Le pelage, composé de poils pas très longs sur le dos, est de couleur variable selon les espèces, allant du gris verdâtre au jaune clair en passant par le brun foncé ; le ventrale et la barbe, plus ou moins développée, ainsi que les moustaches sont jaune crème. Le museau, les mains et les pieds sont glabres et de couleur noire. Les mâles ont une coloration du scrotum bleu vif typique qui contraste avec la couleur rouge vif du pénis.
Animaux terrestres au comportement diurne, ces singes sont plus actifs en début de matinée et en fin d’après-midi, tandis qu’ils consacrent les heures les plus chaudes de la journée à se reposer et à nettoyer leur corps (toilettage). Le soir, ils grimpent aux arbres pour passer la nuit. Leur régime alimentaire est principalement omnivore, composé surtout de fruits et d’autres matières végétales ; il est complété également par des insectes et de petits vertébrés.
Ce sont des singes sociaux qui vivent en groupes organisés selon une structure hiérarchique rigide dans laquelle les individus dominants jouent un rôle privilégié, notamment en ce qui concerne la jouissance de la nourriture. Chaque groupe est composé d’un nombre variable d’individus des deux sexes, les femelles étant plus nombreuses que les mâles.
Les femelles en chaleur signalent qu’elles sont prêtes à s’accoupler en exhibant leur vulve gonflée aux mâles.
Habituellement, au début de la saison des pluies, lorsque la nourriture est suffisante, après une période de gestation de 160 jours, chaque femelle donne naissance à un seul petit. Elle s’en occupe jusqu’au sevrage, qui a lieu vers l’âge de 6 mois. Lorsqu’ils atteignent la maturité sexuelle, vers l’âge de 4-5 ans, les jeunes mâles quittent le groupe, alors que les jeunes femelles demeurent dans leur groupe.
Le genre est répandu sur le continent africain au sud du désert du Sahara, du Sénégal à l’Afrique du Sud. De petites populations introduites par l’homme vivent sur certaines îles des Caraïbes, notamment à la Barbade et aux Saint-Kitts-et-Nevis.
A l’heure actuelle, les six espèces suivantes sont attribuées au genre, autrefois considérées comme des sous-espèces de Chlorocebus aethiops (Linnaeus, 1758). En réalité, compte tenu de l’incertitude des caractères diagnostiques d’identification, tous les spécialistes ne sont pas d’accord sur la subdivision du genre en six espèces, aussi nous nous limiterons ici, indépendamment de leur valeur taxonomique, à fournir les éléments de référence essentiels. Le Grivet (Chlorocebus aethiops (Linnaeus, 1758)), appelé ainsi en raison de la couleur du dos de son pelage, qui est gris verdâtre, de son museau noir, avec des bandes blanches sur les joues ; on le trouve dans la Corne de l’Afrique (Djibouti, Érythrée, Éthiopie et Soudan).
Le Vervet vert ou Singe vert (Chlorocebus sabaeus (Linnaeus, 1766)), a un pelage qui prend une teinte jaune clair sur le dos, avec l’extrémité de la queue, l’arrière des cuisses et la fourrure des joues de couleur jaune doré. Largement répandu en Afrique de l’Ouest, du Sénégal à la Volta, ce singe a été introduit par l’homme dans certaines îles des Caraïbes.
Le Malbrouck (Chlorocebus cynosuros (Scopoli, 1786)) a un pelage gris-vert sur le dos et presque blanc sur le ventre. Il vit dans le sud-ouest de l’Afrique dans divers habitats, de la forêt à la savane, atteignant jusqu’à 4 500 m d’altitude dans les territoires montagneux.
Le Vervet montagnes de Bale (Chlorocebus djamdjamensis Neumann,1902) est caractérisé par un pelage brun foncé et une face entouré d’une barbe blanche ; il vit en Ethiopie dans les montagnes de Bale.
Le Vervet ou Vervet bleu (Chlorocebus pygerythrus Cuvier, 1821) a un manteau gris-vert sur le dos, blanchâtre sur le ventre ; son aire de répartition comprend divers habitats, de la savane à la forêt, en Afrique orientale et australe.
Le Cercopithèque ou Chlorocèbe tantale (Chlorocebus tantalus (Ogilby, 1841)) a un manteau gris-vert dorsalement, blanchâtre ventralement ; il vit en Afrique centrale dans divers habitats, de la forêt à la savane.
Erythrocebus
Singes Catarrhiniens connus sous le nom vernaculaire de Singes-patas ou d’Érythrocèbe en raison de la couleur de leur pelage, qui est rougeâtre sur le dos, il s’agit d’un genre d’espèces de taille moyenne dont le corps mesure entre 60 et 90 cm chez les mâles, alors que, chez les femelles, il atteint 50 cm. Le poids est d’environ 12 kg pour le mâle et environ la moitié pour la femelle.
La queue mesure à peu près autant que le reste du corps ; les bras et les jambes sont bien développés. La face présente un front et un nez noirs, la bouche étant soulignée de blanc, le bventre est blanc-gris. Le scrotum est bleu vif.
Animal diurne, l’Érythrocèbe est considéré comme l’un des singes les plus rapides du monde, capable d’atteindre 55 km/h. Ses longs membres le rendent très performant à la course et capable de rivaliser même avec les antilopes et les léopards.
Le régime alimentaire de ce singe est omnivore et se compose de végétaux, principalement d’acacias, ainsi que d’insectes et de petits vertébrés. L’Érythrocèbe vit en groupes composés d’un mâle et de plusieurs femelles, mais aussi en groupes avec plusieurs mâles. Les femelles donnent généralement naissance à un seul petit après une gestation d’environ 170 jours.
Le genre est répandu en Afrique centrale entre le désert du Sahara et les forêts équatoriales, où on le trouve principalement dans les espaces ouverts des zones semi-désertiques, mais il peut aussi se déplacer dans des habitats à la végétation riche, tout en restant proche des zones ouvertes.
Actuellement, le genre est subdivisé en trois espèces distinctes sur la base d’éléments diagnostiques significatifs et de la géographie qui les séparent.
Le Patas du Sud (Erythrocebus baumstarki Maschi, 1905) se distingue par sa face et son nez noirs. En danger critique d’extinction, cette espèce se cantonne actuellement exclusivement dans les forêts d’acacias semi-arides des zones protégées de Tanzanie et, de façon douteuse, du Kenya.
Le Patas (Erythrocebus patas (Schreber, 1775)), également connu sous le nom Singe rouge, ou de Singe roux ou encore de Singe pleureur, est répandu dans les zones de savane semi-arides d’Afrique centrale, occidentale et orientale ; il a également été introduit par l’homme sur l’île de Porto Rico, dans les Caraïbes.
Le Singe patas du Nil bleu ou Singe patas de Heuglin (Erythrocebus poliophaeus Reichenbach, 1862) vit le long de la vallée du Nil bleu, en Éthiopie, au Soudan et, de façon douteuse, au Sud-Soudan. Il se caractérise par une paire de moustaches blanches en forme d’haltères sur la lèvre supérieure.
Allochrocebus
Il s’agit d’un genre de Cercopithèques répandu dans les zones forestières montagneuses et de plaine d’Afrique centrale et orientale. Les membres se caractérisent se distinguent par une barbe dont la couleur varie du blanc au gris clair selon les espèces, et par l’articulation des bras et des jambes plus adaptée à un mode de vie plus terrestre que les autres membres de la famille. Allochrocebus, qui était autrefois considéré comme un sous-genre de Cercopihecus, est maintenant considéré comme un genre à part entière, phylogénétiquement lié aux Chlorocebus (Chlorocebus) et aux Erythrocebus (Erythrocebus). Trois espèces sont attribuées au genre, dont la plus connue est le Cercopithèque de l’Hoest (Allochrocebus lhoesti (Sclater, 1889)), qui se reconnaît à une belle collerette de poils blancs entourant sa face noire.
Miopithecus
Un autre genre de Cercopithecidae comprenant des petits singes, parmi les plus petits des Primates, d’où leur nom de Cercopithèques nains par lequel ils sont communément désignés. La longueur du corps de ces animaux est en effet comprise entre 30 et 45 cm pour un poids moyen de 1,2 kg pour les mâles et 0,8 kg pour les femelles.
Ils ont une tête ronde, un museau court et une face glabre.
Animal aux mœurs diurnes et arboricoles, le Cercopithèque nain se rassemble généralement en grands groupes de 60 à 100 individus et, contrairement au Cercopithèque proprement dit, n’est pas un singe territorial.
Bon nageur, il est omnivore et se nourrit de fruits, graines, plantes aquatiques, insectes, œufs, petits vertébrés et mollusques.
Les femelles, après une gestation d’environ 160 jours, donnent généralement naissance à un seul petit qui devient indépendant à l’âge de trois mois.
Deux espèces sont attribuées au genre. Elles sont répandues dans les forêts tropicales de l’Afrique centrale occidentale et dont les aires de répartition respectives sont séparées par le fleuve Congo ; au sud du fleuve vit le Talapoin du Sud ou Miopithèque talapoin ou encore Cercopithèque mignon (Miopithecus talapoin (Schreber, 1774)), reconnaissable à la couleur gris foncé de ses oreilles et de la partie supérieure de son museau, tandis qu’au nord du fleuve vit le Talapoin du Nord ou Miopithèque de l’Ogooué (Miopithecus ogouensis Kingdon, 1997), reconnaissable à la couleur orange de ses oreilles et de la partie supérieure de son museau. Cependant, il faut noter que plusieurs chercheurs ne considèrent pas Miopithecus ogouensis comme une espèce distincte de Miopithecus talapoin car ils estiment que les caractères sur lesquels leur séparation est basée sont trop incertains et manquent de pertinence taxonomique.
Pygathrix
Un genre de Cercopithecidae dont les espèces sont communément appelées « Douc ». Très répandus en Chine et en Indochine, les Pygathrix se trouvent dans une grande variété d’habitats forestiers, des plaines aux montagnes où ils peuvent atteindre des altitudes allant jusqu’à 2 000 mètres.
Le genre est actuellement divisé en trois espèces qui se distinguent les unes des autres principalement par la couleur différente de leurs membres postérieurs.
Le Douc ou Douc à pattes rouges, ou encore Langur de Douc (Pygathrix nemaeus (Linnaeus, 1771)) se caractérise principalement par la couleur amarante vif de ses pattes et la présence de zones rougeâtres autour des yeux.
Le Rhinopithèque aux pieds noirs ou Douc à pattes noires (Pygathrix nigripes (Milne-Edwards, 1871)), se distingue par la couleur noire des pattes et gris bleu de la face.
Le Douc à pattes grises (Pygathrix cinerea Nadler, 1997) a des pattes tachetées de gris et des rayures orange sur la face.
Semnopithecus
Genre de Cercopithecidae dont les espèces sont communément appelés Semnopithèques, ou Langurs, ou encore Entelles, probablement ainsi nommé d’après le héros mythique sicilien Entellus. Ce sont des singes de taille moyenne à grande, les mâles mesurant en moyenne 75 cm et les femelles 65 cm, avec une queue plus longue que le reste du corps.
Les membres du genre se caractérisent par leur pelage grisâtre et leur face glabre et noir, ainsi que leurs oreilles et la paume des mains et des pieds. Chez les espèces de la partie la plus septentrionale de l’aire de répartition, la fourrure est plus longue, offrant une bonne protection contre le froid des mois d’hiver. Les membres sont longs, les mains et les pieds étant caractérisés par un développement considérable des phalanges. Comme beaucoup de singes, les Entelles ont des callosités noires typiques sur leurs fesses. Le genre est très répandu et s’étend sur une grande partie du sous-continent indien où on le trouve dans différents environnements, des hautes vallées du massif himalayen aux forêts tropicales côtières, des terres arides aux savanes.
Les Entelles sont également communs dans les environnements urbains, où ils sont respectés et protégés par les hindous qui les considèrent comme des animaux sacrés.
Les sept espèces suivantes, autrefois considérées comme des sous-espèces du Semnopithecus entellus (Dufresne, 1797), sont actuellement attribuées au genre.
Semnopithecus ajax (Pocock, 1928) est une espèce arboricole et diurne répandue dans l’ouest de l’Inde, au Cachemire pakistanais et au Népal où elle se vit dans des zones boisées à des altitudes comprises entre 2000 et 4000 mètres.
Le Semnopithèque de Dussumier (Semnopithecus dussumieri I. Geoffroy, 1843), se rencontre dans la forêt tropicale du sud-ouest et du centre-ouest de l’Inde, mais s’aventure également dans les zones artificielles.
L’Entelle d’Hanuman, ou Entelle des Indes, ou Langur sacré, ou encore Langur gris (Semnopithecus entellus (Dufresne, 1797)), se retrouve dans les forêts sèches subtropicales et tropicales du Pakistan et de l’Inde centrale, mais certaines colonies se trouvent à proximité de centres habités, en contact étroit avec l’homme.
Le Semnopithecus hector (Pocock, 1928) dont le nom spécifique est dédié à Hector, le héros troyen de l’Iliade, subsiste dans le nord de l’Inde, où on le rencontre dans différents environnements, de la forêt tropicale à la broussaille et aux zones artificielles.
L’Entelle aux pieds noirs (Semnopithecus hypoleucos (Blyth, 1841)) est répandu principalement dans les zones de forêt tropicale du sud-ouest de l’Inde, le long de la bande côtière à la frontière entre les états du Karnataka et du Kerala ; il s’aventure également dans la brousse et les zones artificielles.
Le Langur gris touffeté, également connu sous le nom de Langur gris de Madras (Semnopithecus priam Blyth, 1844), espèce dédiée à Priam roi des Troyens dans l’Iliade, est présent dans le sud-est de l’Inde et au Sri Lanka où il colonise les zones de forêt de mousson, s’aventurant également dans la brousse peu dense et dans les zones fréquentées par l’homme.
Le Semnopithèque ardoisé ou Semnopithèque de l’Himalaya (Semnopithecus schistaceus Hodgson, 1840) est une espèce endémique du sud-est asiatique vivant au Népal, en Chine, en Inde et au Bhoutan.
Nasalis
Un autre genre de singes Cercopithèques auquel on n’attribue qu’une seule espèce, communément appelé Nasique, Long nez ou Singe à trompe, ou encore parfois Semnopithèque nasique (Nasalis larvatus (Wurmb, 1787)), ainsi appelé en raison d’un nez mobile, visible et pendant, élargi vers le milieu et traversé longitudinalement par une rainure. Cet organe est particulièrement développé chez les mâles adultes chez lesquels il prend l’apparence d’une petite trompe qui atteint la bouche, tandis que chez les femelles il est plus petit et tourné vers le haut. Les narines s’ouvrent vers le bas. La fonction d’un nez aussi grand chez les mâles n’est pas claire. Selon certains, il remplit une fonction de stimulation sexuelle, selon d’autres, il s’agit d’une structure de dispersion de la chaleur. En tout cas, le nez ainsi conformé fonctionne comme une caisse de résonance, donnant aux vocalisations des Nasiques mâles une intonation nasale profonde très caractéristique, semblable à celle d’une basse.
Le Nasique a une tête plus ou moins arrondie, avec de petites oreilles et des poils longs, ainsi qu’une barbe bien développée formant une collerette jaunâtre autour du cou. Les paumes sont sombres et glabres, tout comme les callosités ischiatiques.
Longs d’environ soixante-dix centimètres en moyenne chez les mâles et pesant entre 16 et 22 kg, à peine moins chez les femelles, les Nasiques ont une queue bien développée, aussi longue que le reste du corps, et sans toupet à l’extrémité.
Le corps est recouvert d’un pelage épais et souple, de couleur rouge brun sur la tête et les épaules, et jaune rougeâtre clair sur la poitrine et le ventre, avec une tache blanc grisâtre bien délimitée dans la région sacrée ; le dos et les flancs sont jaune pâle.
Les membres supérieurs apparaissent rouge jaunâtre, les inférieurs gris cendré, tout comme la longue queue. Les mâles ont un scrotum noir et un pénis rouge.
Espèce endémique de Bornéo ayant une préférence pour les zones côtières, le Nasique a des habitudes essentiellement arboricoles et préfère les plus hautes cimes des arbres gigantesques qui peuplent la forêt vierge de Bornéo, en particulier les forêts de mangroves proches des cours d’eau, où il se nourrit principalement de feuilles et de fruits, même les moins mûrs.
Plus actif le matin, il vit généralement en groupes familiaux formés d’un seul mâle accompagnant 2-7 femelles adultes avec les jeunes. La saison de reproduction s’étend du début du printemps à l’automne. Après une période de gestation d’environ 160 jours, les femelles donnent naissance à un seul petit qui est principalement pris en charge par sa mère pendant environ un an. En raison de l’intensification des activités anthropiques, en particulier la déforestation et la pratique de la mariculture de crevettes, cette espèce est actuellement en danger d’extinction.
Macaca
Les macaques, nom sous lequel les espèces de ce genre sont communément désignées, sont des Singes Catarrhiniens au museau proéminent et glabre, dont le caractère spécifique d’identification est la queue, qui chez certaines espèces est aussi longue que le corps, chez d’autres est courte, et chez d’autres encore est réduite à un organe vestigial comme chez le macaque de Barbarie. De taille moyenne, ils mesurent entre 40 et 75 cm et pèsent entre 2,5 et 18 kg ; les mâles sont environ deux fois plus grands que les femelles.
La couleur de leur pelage varie du brun au gris en passant par le noir. Ils ont des habitudes diurnes et effectuent leurs activités principalement au sol, mais sont également de bons grimpeurs. Ils se nourrissent principalement de fruits, mais aussi d’autres matières végétales, d’insectes et de petits vertébrés.
Animaux grégaires, les macaques vivent en groupes parfois très importants au sin desquels les femelles sont en moyenne trois à quatre fois plus nombreuses que les mâles. Les femelles donnent généralement naissance à un seul enfant après une période de gestation de 160-170 jours. La maturité sexuelle est atteinte à l’âge de 6-7 ans chez les mâles, à 3-4 ans chez les femelles.
Présents en Afrique et dans la région indonésienne, les macaques étaient répandus, durant le Plio-Pléistocène, sur un territoire beaucoup plus vaste, qui comprenait également une partie de l’Europe méridionale, comme en témoignent les restes fossiles dont ceux attribués au Macaca majori Schaub & Azzaroli, 1946 et au Macaca florentina Cocchi, 1872 trouvés respectivement en Sardaigne et en Toscane.
Parmi les 22 espèces actuellement attribuées au genre, la plus connue est le macaque de Barbarie également appelé magot ou macaque berbère (Macaca sylvanus (Linnaeus, 1758)), qui vit dans les forêts de moyenne montagne du nord-ouest de l’Afrique, en particulier au Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie). Un groupe d’un peu plus de 200 spécimens de cette espèce vit sur le rocher de Gibraltar, peut-être introduit pendant la domination islamique de l’Espagne.
Parmi les autres macaques, citons : – le Silène, également appelé Macaque à queue de lion, ou Ouandérou (Macaca silenus (Linnaeus, 1758)), une espèce au pelage noir brillant et à la crinière caractéristique de poils blanchâtres entourant la face, répandue dans la forêt tropicale des monts Malabar, dans le sud-ouest de l’Inde. – Le Macaque crabier ou macaque de Java, ou Macaque à face rouge, ou encore Macaque à longue queue (Macaca fascicularis (Raffles 1821)) est une espèce largement dsitribuée dans les forêts de plusieurs pays d’Asie du Sud-Est, où elle est considérée comme l’une des espèces envahissantes les plus nuisibles. – Le macaque nègre, ou Macaque noir, ou encore Cynopithèque nègre (Macaca nigra Desmarest, 1822), une espèce endémique des forêts pluviales de Sulawesi en Indonésie et des îles voisines avec une crête caractéristique de longs poils qui se dressent lorsque l’animal est éveillé. Citons aussi le Macaque du Tibet (Macaca thibetana (Milne-Edwards,1870)) qui vit dans les forêts pluviales et les forêts montagneuses jusqu’à plus de 2000 mètres d’altitude dans le sud de la Chine. – Le Macaque de Formose ou Macaque de Taïwan (Macaca cyclopis (Swinhoe, 1862)) est une espèce endémique de Taïwan où elle se rencontre dans les forêts tempérées et les zones rocheuses à végétation éparse.
Mandrillus
Il s’agit d’un genre de Cercopithecidae auquel sont actuellement attribuées deux espèces, communément appelées Mandrill et Drill, qui, en raison de leur forte ressemblance avec les Babouins, étaient auparavant incluses dans le genre Papio. Ce sont des animaux à comportement terrestre qui vivent principalement dans les forêts tropicales humides d’Afrique centrale ; leur régime alimentaire est omnivore et se compose principalement de fruits, d’autres matières végétales, d’insectes et de petits vertébrés. Animaux grégaires, ils vivent en général en grands groupes.
Les Mandrills (Mandrillus sphinx (Linnaeus, 1758)), se distinguent au premier coup d’œil par leur coloration voyante et aussi par le fait qu’ils sont les plus grands singes du monde, après les Hominidés. Leur taille peut varier de 60 à près de 80 cm, pour un poids moyen de 12 kg chez les femelles et environ le double chez les mâles.
Les Drills (Mandrillus leucophaeus (F. Cuvier, 1807) diffèrent des Mandrills en étant légèrement plus petits et aussi beaucoup moins colorés.
Papio
Il s’agit d’un genre auquel sont attribués les espèces communément appelées Babouins ou Cynocéphales. Ce sont des Singes cercopithèques dont la taille varie de 40 à 110 et dont le poids peut atteindre plus de 30 kg pour les plus grandes espèces.
Les Babouins se caractérisent par un dimorphisme sexuel prononcé, les mâles pesant environ deux fois plus que les femelles, ayant des canines plus développées et, chez certaines espèces, une crinière bien visible sur le cou et les épaules. Les deux sexes ont un « museau de chien » bien typé, des yeux rapprochés et une mâchoire forte ; la queue est longue et peut mesurer jusqu’à 80 cm. À l’exception du museau et des fesses, qui sont glabres, le corps est recouvert d’un pelage dont la couleur varie du jaunâtre, à l’olive, au brun et à l’argenté selon le sexe et l’espèce.
Le genre est présent dans presque toute l’Afrique et ne manque que dans la partie nord-ouest du continent. Seul le Babouin hamadryas ou Hamadryas (Papio hamadryas Linnaeus, 1758) vit également dans certaines parties de la péninsule arabique.
Les habitats préférés de ces singes sont les forêts clairsemées, mais ils fréquentent également les savanes, les steppes et les zones semi-désertiques ou rocheuses.
De mœurs diurnes, les babouins sont d’excellents grimpeurs, mais ils effectuent principalement leurs activités sur le sol où ils se déplacent avec une démarche quadrupède.
Ce sont des animaux omnivores, qui se nourrissent principalement de diverses plantes, mais aussi d’insectes et de petits vertébrés, y compris des mammifères.
Ils vivent en troupeaux, qui peuvent compter entre 5 et 250 individus selon l’espèce et les ressources disponibles. Les affrontements entre groupes pour l’accès aux ressources alimentaires ne sont pas rares et sont résolus par des combats entre mâles.
Les babouins communiquent entre eux grâce à des sons et même des gestes complexes.
Après une période de gestation d’environ sept mois, les femelles donnent généralement naissance à un seul petit qui est immédiatement capable de s’attacher à la fourrure ventrale de sa mère, qui peut ainsi le transporter facilement lors des déplacements du groupe.
En plus des mères, les jeunes sont également pris en charge par tous les membres du groupe et, en particulier, par les grands mâles adultes qui assurent la défense des individus les plus faibles.
Les espèces suivantes sont actuellement assignées au genre.
Le Babouin hamadryas ou Hamadryas (Papio hamadryas Linnaeus, 1758) est une espèce qui se caractérise par un dimorphisme sexuel marqué, les mâles ayant un épais pelage blanc grisâtre qui forme une véritable crinière sur le cou et les épaules. La face est glabre et noire, avec un museau canin. Les femelles, en revanche, sont plus petites que les mâles et ont un pelage aux poils courts et brunâtres.
Les deux sexes ont des épaules plus hautes que la croupe et des callosités ischiatiques bien développées et glabres. La queue mesure 40 à 60 cm de long.
Le Babouin hamadryas se rencontre dans les territoires situés entre les deux rives de la mer Rouge, notamment en Égypte, en Éthiopie, en Érythrée, en Somalie, au Yémen et en Arabie saoudite.
Le Babouin de Guinée (Papio papio Desmarest, 1820), la plus petite des espèces du genre, est répandu au sein d’une aire de répartition qui s’étend sur toute l’Afrique centrale occidentale, du Sénégal à la Sierra Leone.
Le Babouin olive également appelé Babouin doguéra, Babouin anubis, ou encore Babouin du Kenya (Papio anubis Lesson, 1827), dont le nom dérive d’Anubis, une ancienne divinité égyptienne, est un singe au corps robuste, au museau bien développé, long et pointu, armé de dents puissantes et à la queue terminée par une touffe de poils. En raison de ces caractéristiques et de sa démarche quadrupède, cette espèce ressemble quelque peu à un chien.
Chez cette espèce également, les mâles ont une crinière de longs poils sur le cou et les épaules.
L’Anubis est répandu dans les territoires centraux du continent africain et dans certaines régions montagneuses du désert du Sahara.
Le Babouin jaune (Papio cynocephalus Linnaeus, 1766), dont le nom scientifique issu du grec ancien κυνοκἐφαλος, signifiant tête de chien, fait référence à la tête trapue au long museau, ressemblant vaguement à celui d’un gros chien.
Le nom commun de babouin jaune, quant à lui, est dû à la fourrure jaune brun qui recouvre la majeure partie du corps, à l’exception des joues, qui sont ornées d’une touffe de favoris épais sur les côtés du museau, et de la surface intérieure des membres, qui est blanche.
Les callosités ischiatiques sont bien développées et de couleur noire. Les femelles donnent naissance à un seul petit à la fois après une gestation d’environ 170 jours.
L’espèce se rencontre dans les zones de savane et de forêt de l’Afrique centrale et orientale.
Le Chacma ou Babouin chacma (Papio ursinus Kerr, 1792) est la plus grande espèce du genre, atteignant une longueur de plus de 110 cm et un poids compris entre 15 et 31 kg ; la queue mesure en moyenne 70 cm.
Comme chez les autres espèces du genre, les mâles de cette espèce sont beaucoup plus grands que les femelles et ont des canines plus développées, mais, contrairement à ces dernières, ils n’ont pas de crinière sur les épaules. La couleur du pelage est brun foncé sur le dos et grisâtre sur le ventral ; les extrémités des membres sont généralement noires.
L’espèce est répandue en Afrique australe où elle préfère les environnements de savane steppique et de forêt ouverte.
Colobus
Il s’agit d’un genre de Cercopithecidae caractérisé par la forte réduction du pouce, d’où le nom scientifique tiré du grec “mutilé”, et par le contraste frappant entre le noir du pelage et le blanc de la queue, qui mesure environ 50 à 100 cm de long.
La taille des Colobes ne diffère pas sensiblement de celle des autres membres de leur famille et se situe en moyenne entre 45 et 70 cm, les mâles étant nettement plus grands que les femelles.
De mœurs diurnes et principalement arboricoles, les Colobes vivent en petits groupes territoriaux composés d’un mâle adulte, de 2 à 6 femelles et de leurs petits. Leur régime alimentaire est principalement à base de plantes, notamment de feuilles. Les femelles donnent généralement naissance à un seul petit à la fois, après une période de gestation de 150 à 180 jours.
Les colobes s’observent dans différents environnements en Afrique au sud du Sahara, telles que la forêt tropicale humide, la forêt de montagne jusqu’à 3000 m d’altitude et les mangroves.
Actuellement, les cinq espèces suivantes sont attribuées au genre :
Le Guéréza d’Angola, ou Colobe d’Angola, ou Colobe noir-et-blanc d’Angola, ou encore Colobe noir-et-blanc angolais (Colobus angolensis Sclater, 1860) des forêts de l’est et du sud de l’Afrique. -Le Colobe guereza, ou colobe guéréza, ou aussi Guéréza du Kilimandjaro (Colobus guereza Rüppell, 1835), également connu sous le nom de Guereza mantellata ou colobe d’Abyssinie, répandu dans toute l’Afrique équatoriale. – Le Colobe à longs poils ou Colobe à camail (Colobus polykomos (Zimmermann, 1780)), qui vit dans les forêts pluviales de plaine et de montagne d’une région restreinte entre la Gambie et la Côte d’Ivoire. – Le Colobe satan ou Guéréza noir (Colobus satanas Waterhouse, 1838) d’Afrique centrale occidentale. -Le Colobe magistrat, ou plus rarement Colobe de Geoffroy (Colobus vellerosus I. Geoffroy, 1834), répandu en Afrique occidentale.
Presbytis
Genre de Cercopithecidae qui réunit des singes plutôt petits et élancés, caractérisés par un museau particulièrement ridé qui leur donne l’apparence de vieillards, d’où le nom issu du grec scientifique (πρεσβύτης signifiant ” vieil homme “).
Notons que les espèces de Trachypithecus, un autre genre de la famille des Cercopithecidae, sont également surnommées Presbytes ou Presbythèques.
Ce sont des singes au pelage dont la couleur varie du brun au gris ou au noir sur les parties dorsales et au gris clair sur les parties ventrales, parfois même au rouge orangé. Chez certaines espèces, la fourrure est ornée de motifs distinctifs sur la tête ou les flancs.
Ils vivent dans les forêts de plaine des territoires du sud de la péninsule malaise, de Bornéo, de Java, de Sumatra et des îles voisines. Animaux arboricoles par excellence, les Presbytes de ce genre forment des groupes hiérarchisés de 4 à 15 individus dirigés par un seul mâle. Les femelles donnent généralement naissance à un seul petit à la fois après une période de gestation de 150 à 180 jours.
Principalement en raison de la réduction de leur habitat naturel à la suite de la déforestation par les activités humaines et aussi de la chasse dont elles font l’objet parce qu’elles dévastent les plantations, toutes les espèces du genre sont considérées comme plus ou moins menacées.
Actuellement, 17 espèces sont attribuées au genre, qui peuvent être distinguées les unes des autres principalement sur la base des motifs et des couleurs de leur fourrure, et qui, avec des aires de répartition très limitées, vivent principalement sur les grandes îles de l’archipel indonésien de Sumatra et de Bornéo.
Dans des aires de répartition restreintes sur Sumatra vivent le Presbytis bicolor Aimi et Bakar, 1992, le Semnopithèque mélalophe, ou Semnopithèque à huppe noire, ou Semnopithèque cimepaye, ou encore Cimepaye (Presbytis melalophos (Raffles, 1821)), le Presbytes ou Langur mitré (Presbytis mitrata Eschscholtz, 1821), le Presbytis sumatrana (Müller et Schlegel, 1841), le Semnopithèque de Thomas (Presbytis thomasi (Collett, 1893)) et le semnopithèque malais de l’est de Sumatra (Presbytis percura Lyon, 1908).
De nombreuses espèces du genre se trouvent également à Bornéo.
Certaines d’entre elles sont endémiques à la grande île comme le Semnopithèque à front blanc (Presbytis frontata Müller, 1838), le Semnopithèque de Miller (Presbytis canicrus Miller, 1934), qui est répandu dans la région orientale de même que le Semnopithèque chrysomèle (Presbytis chrysomelas (Müller, 1838)), le semnopithèque de Hose (Presbytis hosei (Thomas, 1889)) ainsi que le Semnopithèque rubicond (Presbytis rubicunda (Müller, 1838)).
Il faut également mentionner le Langur des îles Natuna (Presbytis natunae (Thomas & Hartet, 1894)), connu seulement des îles Natuna entre la péninsule malaise et Bornéo, et le Semnopithèque de Mentawai (Presbytis potenziani (Bonaparte, 1856)) exclusif aux îles Mentawai au large de Sumatra.
Piliocolobus
Dans le passé, toutes les espèces attribuées à ce genre, également désignées par le nom vernaculaire Colobe, étaient placées dans le genre Colobus et ce n’est que récemment, à la suite d’une révision taxonomique, qu’elles ont été assignées à un genre distinct Piliocolobus.
Quelque 17 espèces sont actuellement attribuées à ce genre.
Certaines d’entre elles, elles-mêmes divisées en sous-espèces, se distinguent essentiellement par la différence de couleur de leur pelage, dont la teinte de base est le rouge, d’où le nom commun de Colobe rouge.
Les espèces de Piliocolobus sont répandues en Afrique centrale dans les zones de forêt tropicale, près des cours d’eau permanents, mais aussi dans les savanes et les mangroves.
Trachypithecus
Également connus sous le nom de Semnopithèque, d’Entelles ou de Langur, ou encore sous le sobriquet indonésien de « Lutung », les espèces de ce genre sont des singes Cercopithecidés de taille plutôt élancée atteignant une longueur de 40-80 cm et un poids de 5-15 kg, les mâles étant souvent plus grands que les femelles.
Généralement, les bras de ces singes sont plus courts que les jambes et les mains ont des pouces réduits. La queue est longue.
Le pelage est de couleur variable selon les espèces, allant du noir et gris au jaune-orange, parfois très multicolore, tandis que les parties ventrales sont plus pâles. Les poils de la tête délimitent une sorte de capuchon.
Les espèces de ce genre sont arboricoles aux habitudes diurnes et fréquentent les forêts pluviales, mais on peut aussi les rencontrer dans les forêts de montagne.
Ils se nourrissent de matières végétales, notamment de feuilles, de fruits et de pousses. Animaux territoriaux, ils vivent en groupes composés d’un mâle et de quelques femelles. Après une période de gestation d’environ sept mois, un seul petit, rarement deux, naît, qui est pris en charge par la mère et les autres femelles du harem.
Le genre, auquel 17-18 espèces sont actuellement attribuées, est largement répandu dans une région qui s’étend sur une grande partie de l’Asie du Sud-Est et sur l’extrémité sud de l’Inde et du Sri Lanka.
Parmi les espèces les plus représentatives, on trouve les suivantes :
Le Langur de Java ou Semnopithèque noir (Trachypithecus auratus (È. Geoffroy, 1812)) vit dans les zones intérieures et périphériques des forêts tropicales. – Le Semnopithèque à crête ou Budeng (Trachypithecus cristatus (Raffle, 1913)) se rencontre dans les forêts de mangroves côtières de la Birmanie à l’Indochine et à Bornéo. – Le semnopithèque de François ou Langur de François (Trachypithecus francoisi (Pousargues, 1898)) est répandu dans les zones de forêts pluviales de mousson du nord du Vietnam, du centre du Laos et du sud de la Chine.
Le Trachypithecus laotum (Thomas, 1911)) est endémique des forêts sèches subtropicales ou tropicales du centre du Laos ; le Semnopithèque obscur (Trachypithecus obscurus (Reid, 1837)), peuple, avec de nombreuses sous-espèces, des zones de forêts humides en Malaisie, au Myanmar et au Thaïlande. Citons aussi le Semnopithèque de Cat Ba (Trachypithecus poliocephalus (Trouessart, 1911)), qui vit au Vietnam, sur l’île de Cat Ba, ainsi que le Semnopithèque blanchâtre (Trachypithecus vetulus( Erxleben, 1777)), dont l’aire de répartition s’est énormément réduite en raison des activités anthropiques et qui est actuellement relégué dans les montagnes du parc national de Horton Plains ou dans la forêt tropicale de Kitulgala et Galle.
Hylobatidés (Hylobatidae)
Ils forment une famille de Singes Catarrhiniens dont les membres se caractérisent, outre leur petite taille, principalement par la longueur considérable de leurs bras par rapport à leur taille corporelle, par leurs habitudes exclusivement arboricoles et par l’utilisation de la brachiation comme principal mode de locomotion.
Communément appelés Gibbons, ce sont des singes qui, comme les Hominidés, n’ont pas de queue. Ils ont également des callosités ischiatiques et adoptent généralement une posture droite. Les espèces du genre Hylobates n’ont pas de poches dans les joues.
Le corps est recouvert d’une fourrure dont la couleur varie, selon l’espèce, le sexe et l’âge, du noir au gris, au brun ou au blanc. Parfois, le pelage est orné de taches de couleurs variées.
Les Gibbons mènent une vie diurne et se nourrissent principalement de fruits, de feuilles et d’invertébrés.
Animaux sociaux, ils vivent en petits groupes familiaux, composés en moyenne d’un couple monogame et de sa progéniture. Ils ont un sens prononcé de la territorialité et protègent activement leur territoire au moyen d’une série de manifestations, principalement vocales.
Certaines espèces possèdent un grand sac laryngé à l’avant du cou, qui se gonfle pour servir de caisse de résonance et amplifier les appels sonores.
La famille est répandue en Asie du Sud-Est et dans l’archipel malais dans les habitats de forêts tropicales et subtropicales humides, principalement dans les zones de basse altitude.
Seize espèces lui sont actuellement attribuées, réparties dans quatre genres distingués par leur nombre de chromosomes : Hoolock (2n=38), Hylobates (2n=44), Symphalangus (2n=50) et Nomascus (2n=52).
Toutes les espèces de cette famille sont menacées d’extinction en raison de l’anthropisation croissante de l’Asie du Sud-Est, qui entraîne la dégradation et la fragmentation de leur habitat.
Hoolock
Communément appelés Houlocks ou Gibbons houlock, les espèces du genre atteignent une taille de 60-90 cm, avec une envergure de 180 cm et un poids variant généralement de 6 à 9 kg.
Outre le nombre de chromosomes (19 paires), les Houlocks se caractérisent par un dimorphisme sexuel marqué concernant la couleur de leur fourrure, noire avec une bande blanche sur le front chez les mâles, gris-brun, plus sombre sur le cou et le thorax chez les femelles.
Les deux sexes ont des anneaux de fourrure blanche autour des yeux et de la bouche qui ressemblent à un masque.
Singes d’habitudes diurnes et arboricoles, les Houlocks ont un régime alimentaire composé principalement de fruits, d’insectes et de feuilles.
Ce sont des animaux sociaux, qui utilisent une série complexe de vocalisations pour communiquer, et qui forment des couples monogames. Les femelles, après une gestation de sept mois, donnent naissance à des petits au pelage blanc crème qui n’acquièrent leur couleur foncée définitive que lorsqu’ils atteignent leur maturité sexuelle, entre 8 et 9 ans.
Le genre comprend deux espèces appelées le Gibbon hoolock occidental (Hoolock hoolock (Harlan, 1834)) et Gibbon houlock oriental (Hoolock leuconedys (Groves, 1967)), a une aire de répartition fractionnée s’étendant du nord-est de l’Inde au Myanmar (Birmanie) et avec des populations éparses également au Bangladesh et dans la partie orientale du sud-ouest de la Chine.
Hylobates
Communément désignées par le terme collectif de Gibbons, les espèces de ce genre sont des Hylobatidae caractérisés par un jeu de 22 paires de chromosomes.
Pesant entre 4,5 et 7 kg, les gibbons sont les plus petits membres de la famille. La couleur de leur fourrure varie du noir au brun ou au gris jaunâtre. Les Gibbons mènent une vie principalement arboricole et descendent rarement au sol.
Ils vivent en petits groupes familiaux, composés de couples monogames et de leur progéniture, avec leur propre territoire bien défini.
Les Gibbons sont connus pour émettre des chants élaborés ayant différentes fonctions, principalement liées au contrôle territorial et à la consolidation des liens familiaux.
Animaux omnivores, ils se nourrissent principalement de fruits, mais aussi de feuilles et de pousses ainsi que de petits animaux.
Les femelles, après une période de gestation d’environ sept mois, donnent généralement naissance à un seul petit, qui est élevé pendant deux ans et atteint sa maturité sexuelle à un âge variant entre 6 et 8 ans.
Le genre Hylobates est largement distribué dans les forêts tropicales riveraines de l’Asie du Sud-Est, du sud de la Chine à Bornéo, de Sumatra aux territoires occidentaux de Java.
Actuellement, le genre comprend environ six espèces, parmi lesquelles il faut mentionner le Gibbon commun ou à mains blanches (Hylobates lar (Linnaeus, 1771)), le Gibbon cendré, appelé parfois Gibbon argenté, Gibbon moloch, ou encore Gibbon de Java (Hylobates moloch (Audebert, 1798)) et le rare Gibbon agile (Hylobates agilis Cuvier, 1821).
Nomascus
Il correspond à un genre d’Hylobatidae auquel on attribue actuellement des espèces, également connues sous le nom vernaculaire de Gibbons. Il est caractérisée par un jeu de 26 paires de chromosomes.
Les Nomascus mesurent environ 60 cm et pèsent de 7 à 8 kg.
Ils présentent un dimorphisme sexuel marqué dans la couleur de leur fourrure, qui est principalement noire chez les mâles, tandis que chez les femelles, elle prend une teinte brun-jaune avec une tache noire au sommet de la tête.
Les Gibbons Nomascus mènent une vie arboricole et diurne, se nourrissant principalement de fruits et d’autres aliments végétaux et occasionnellement d’insectes.
Ils vivent en groupes familiaux composés de couples monogames et de leur progéniture.
Le genre est répandu dans les zones de forêt tropicale humide du sud de la Chine, du Vietnam, du Laos et de l’est du Cambodge.
Actuellement, 6 espèces lui sont attribuées, dont le gibbon noir (Nomascus concolor (Harlan, 1826)), le Gibbon à favoris roux du Sud, ou Gibbon à joues jaunes, ou encore Gibbon de Gabrielle (Nomascus gabriellae (Thomas, 1909)), relégué à l’extrême sud du Laos, au sud du Vietnam et à l’est du Cambodge, et le Nomascus annamensis Thinh et al, 2010.
Symphalangus
Distingué sur la base d’un jeu de 26 paires de chromosomes, Symphalangus est un genre d’Hylobatidae répandu dans les forêts d’Indonésie, de Malaisie et de Thaïlande et ne comprenant actuellement qu’une seule espèce, le Siamang (Symphalangus syndactylus (Raffles, 1821)).
Il est la plus grande espèce existante de Gibbon, atteignant un mètre de hauteur et pesant jusqu’à 14 kg ; l’envergure des bras peut atteindre 2 mètres.
Il s’agit d’un singe qui se distingue des autres Gibbons par le deuxième et le troisième orteils partiellement réunis par une membrane, d’où son nom spécifique, ainsi que par la présence, chez les deux sexes, d’une grande poche glabre sous la gorge. Elle est capable de se gonfler jusqu’à la taille de la tête elle-même et elle facilite l’émission de sons aigus et résonnants ou de chants.
Le Siamang se distingue également par un front bas, des orbites très creuses et un nez large et plat avec de grandes narines latérales. En outre, la bouche est particulièrement large et le menton paraît fuyant. La face est pratiquement glabre, à l’exception d’une paire de fines moustaches. Le pelage est noir.
De mœurs arboricoles, les Siamangs se nourrissent principalement de matières végétales, notamment de fruits mûrs et de feuilles tendres, mais aussi de fleurs et de petits animaux, principalement des insectes.
Les Siamangs sont monogames et forment généralement des groupes familiaux composés des parents et de leurs petits qui demeurent dans le groupe jusqu’à leur maturité. La femelle met bas après une période de gestation de 6-7 mois ; les jeunes sont soignés par les deux parents.
Hominidés (Hominidae)
Il s’agit d’une famille de Singes Catarrhiniens à laquelle, jusqu’à il y a quelques décennies, seule l’espèce humaine (Homo sapiens) était rangée. De nos jours, elle comprend également la plupart des singes dits anthropomorphes, tels que les Orangs-outans, les Gorilles et les Chimpanzés, qui faisaient autrefois partie de la famille des Pongidés et qui ont été rétrogradés en une sous-famille des Hominidés, les Ponginae.
La famille des Hominidés est à son tour divisée en quatre genres : Pongo, Gorilla, Pan et Homo.
Toutefois, à cet égard, il convient de noter que certains biologistes, estimant que la distinction entre les genres Homo et Pan n’est pas étayée par des éléments significatifs suffisants et, sur la base de similitudes génétiques évidentes, proposent de reclasser le chimpanzé commun en Homo troglodytes et le bonobo en Homo paniscus.
Dans l’attente d’études approfondies sur le sujet, les taxons représentatifs des quatre genres mentionnés ci-dessus seront illustrés ici, car il est encore prématuré de faire des considérations systématiques.
Pongo
Représenté par les grands singes, c’est un genre dont le nom scientifique dérive de mpungu, qui signifie grand singe des forêts dans la langue locale. Les espèces sont plus communément appelés Orango ou Orangotango, terme dérivé des mots malais orang, “homme” et hutan, “forêt”, c’est-à-dire « homme de la forêt ».
Seuls grands primates que l’on trouve actuellement en dehors du continent africain, les Orangs-outans vivent dans les forêts humides marécageuses à végétation dense de Bornéo et de Sumatra.
Ce sont des Singes Catarrhiniens aux habitudes solitaires et arboricoles qui se nourrissent principalement de plantes, mais aussi d’insectes, d’œufs d’oiseaux et de petits vertébrés.
Comme les Chimpanzés et les Bonobos, les Orangs-outans utilisent des outils et, sont dotés d’excellentes compétences en matière de relations avec l’Homme, sont capables d’apprendre et de répéter certaines actions, comme planter des clous ou couper un morceau de bois avec une scie.
Actuellement, le genre est divisé en 3 espèces vivantes, qui se distinguent les unes des autres principalement sur la base de l’ADN mitochondrial.
L’Orang-outan de Bornéo (Pongo pygmaeus (Linnaeus, 1760)), une espèce endémique de Bornéo où elle vit dans les forêts tropicales chaudes et humides et également près des marais côtiers ; l’Orang-outan de Sumatra (Pongo abelii Lesson, 1827), relégué dans la partie nord de l’île indonésienne de Sumatra ; et l’Orang-outan Tapanuli (Pongo tapanuliensis Nurcahyo, Meijaard, Nowak, Fredriksson & Groves, 2017), signalé comme habitant les forêts tropicales à feuilles caduques du nord de Sumatra. Cette dernière espèce est physiquement très proche de l’Orang-outan de Sumatra, dont elle diffère principalement par les poils de son pelage plus ondulés et de couleur moins rougeâtre. L’Orang-outan de Tapanuli est particulièrement rare et menacé.
Gorilla
Il s’agit d’un genre de la famille des Hominidés dont les membres se distinguent au premier coup d’œil par leur carrure particulièrement robuste et trapue ainsi que par leur pelage gris noirâtre.
Avec une taille moyenne comprise entre 1,25 et 1,75 mètre, les gorilles présentent un dimorphisme sexuel marqué. Les mâles peuvent peser jusqu’à 200 kilos, alors que les femelles atteignent un poids variant entre 70 et 90 kilos. Les bras sont considérablement plus longs que les jambes et ont une envergure allant de 2 et à plus de 2,75 mètres. Les mains et les pieds sont très larges, avec de grands pouces et des orteils généralement opposables.
Grimpeurs relativement agiles, les gorilles sont des animaux essentiellement terrestres. Au sol, ils se déplacent à quatre pattes sur leurs articulations, c’est-à-dire qu’ils font peser leur corps sur leurs deuxième et troisième phalanges. Comme les autres primates, les gorilles ont une empreinte digitale distinctive et, comme tous les autres membres de la famille, ils n’ont pas de queue.
Très répandus dans les régions centrales de l’Afrique, tous les Gorilles étaient jusqu’à un passé récent réunis en une seule espèce. Aujourd’hui, on reconnaît deux espèces qui se distinguent l’une de l’autre par leur morphologie, leur comportement et la couleur de leur fourrure : le gorille des plaines occidentales (Gorilla gorilla Savage, 1847) avec un pelage gris-brunâtre et le gorille des montagnes (Gorilla beringei Matschie, 1903) avec un pelage noir typique. A leur tour, les deux espèces sont divisées en deux sous-espèces.
Pan
Il est considéré comme un genre d’Hominidés dont les représentants actuels, le Chimpanzé et le Bonobo, jusqu’ici connus respectivement sous les noms de Pan troglodytes (Blumenbach, 1775) et Pan paniscus (Schwarz, 1929), sont génétiquement si proches de l’espèce humaine (Homo sapiens Linnaeus, 1758) que plusieurs scientifiques les ont inclus dans le genre Homo.
En effet, il a été démontré que le chimpanzé, le bonobo et l’homme sont extrêmement proches en termes d’ADN, partageant un pourcentage très élevé de leur patrimoine génétique.
À l’état naturel, les Chimpanzés de l’espèce Pan troglodytes vivent, divisés en quatre sous-espèces, uniquement dans la forêt tropicale de la zone équatoriale du centre-ouest de l’Afrique. Ce sont des singes de grande taille, qui chez les femelles peuvent atteindre 130 cm de hauteur et un poids de 45 kg, tandis que les mâles peuvent mesurer jusqu’à 160 cm et peser jusqu’à 65 kg. La couleur de leur pelage est généralement très foncée et tend vers le noir, bien que des cas exceptionnels de chimpanzés albinos aient été enregistrés. Essentiellement arboricoles, ils vivent en groupe plus ou moins nombreux composés de mâles, de femelles et de petits.
Le Bonobo (Pan paniscus Schwarz, 1929), également connu sous le nom de Chimpanzé pygmée ou Chimpanzé nain, se distingue du Chimpanzé commun par ses pattes relativement longues, sa tête avec des touffes de poils sur le dessus et sa face sombre aux lèvres roses ; les jeunes ont une queue dont l’extrémité ressemble à un plumet jusqu’à l’âge adulte. De type arboricole et également terrestre, ce singe est capable de marcher debout, une caractéristique qui, associée aux traits de sa face, lui donne une apparence plus humaine que le Chimpanzé commun.
Le Bonobo vit dans les forêts pluviales primaires et secondaires d’Afrique centrale, généralement entre 300 et 700 mètres au-dessus du niveau de la mer. Occasionnellement, on peut aussi le trouver dans des zones non forestières ou des savanes.
Homo
Traditionnellement, il constitue un genre auquel seule l’espèce représentée par l’Homme moderne, Homo sapiens (Linnaeus, 1758), est attribuée. En fait, comme nous l’avons déjà mentionné, les différences génétiques minimes constatées entre l’Homme, le Chimpanzé et le Bonobo ont conduit certains scientifiques à reconsidérer le schéma original de Linné et à émettre l’hypothèse de leur attribution au même genre Homo.
Mais, d’un autre côté, il faut aussi rappeler que selon d’autres chercheurs, c’est plutôt le binom Homo sapiens qui paraît inadéquat et que notre espèce devrait être reclassée dans le genre Pan, donc comme Pan sapiens. Cette diversité de points de vue fait que l’affiliation systématique du Chimpanzé, du Bonobo et de l’Homme reste toujours une question ouverte.
C’est pourquoi, en attendant que l’une ou l’autre des deux hypothèses supérieures soit étayée par des arguments supplémentaires et valables, nous suivrons ici la tradition qui attribue à Homo le statut de genre et au laquel appartient l’espèce actuelle (Homo sapiens Linnaeus, 1758), ainsi qu’une vingtaine d’autres espèces toutes éteintes.
Cependant, en partie à cause du manque de preuves fossiles, le parcours évolutif de cette branche de nos ancêtres les plus directs et son fractionnement spécifique ne sont pas encore tout à fait clairs. Nous nous limiterons donc à mentionner quelques-uns des plus intéressants, comme l’Homme de Néandertal (Homo neanderthalensis King, 1864), dont l’extinction est datée entre 25 000 et 30 000 ans, l’Homme de Florès (Homo floresiensis P. Brown et al., 2004), dont le statut spécifique est douteux et qui aurait survécu jusqu’à 12 000 ans ; et l’Homo denisovensis ou ‘Homme de Denisova, ou Dénisovien, dont l’existence a été supposée en 2010 sur la base d’une analyse de l’ADN mitochondrial effectuée sur les restes d’un doigt trouvé en Sibérie, dans la chaîne de l’Altaï, et qui aurait vécu entre 70. 000 à 40 000 ans. Et encore, l’Homo habilis (Leakey et alii, 1964) est une espèce d’hominidé éteinte qui est apparue au Pléistocène et a vécu il y a environ 2,4 à 1,44 millions d’années.
Enfin, il convient de mentionner le Pithecanthropus ou Homme de Java (Homo erectus Dubois, 1894), considéré comme le premier hominidé capable de préparer et d’utiliser des outils en pierre taillée, d’utiliser le feu et probablement aussi de tanner et de travailler les peaux, ainsi que de faire un usage plus élaboré de la nourriture que les humains primitifs précédents.
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