Famille : Monacanthidae
Texte © Giuseppe Mazza
Traduction en français par Michel Olivié
Pervagor janthinosoma (Bleeker, 1854) appartient à la classe des Actinopterygii, les poissons aux nageoires rayonnées, à l’ordre multiforme des Tetraodontiformes, le même que celui des Balistes, des Poissons-coffre, des Poissons-globe et de l’énorme Poisson-lune (Mola mola) et à la famille des Monacanthidae qui compte 28 genres et plus d’une centaine d’espèces, vulgairement connues sous le nom de Poissons-limes à cause de la rugosité de leur peau qui est recouverte, comme chez les Balistidae, de plaquettes osseuses, bien que petites.
Le nom du genre Pervagor vient du latin “vagor” = errer, vagabonder, aller çà et là joint au préfixe “per” qui renforce le nom qui le suit et fait référence à sa façon indécise de nager. Le nom de l’espèce janthinosoma vient du latin “janthinus” = violet et du grec “soma” = corps, un terme souvent emprunté au latin scientifique par référence à sa livrée en grande partie violacée et à sa bande violet foncé caractéristique située entre la partie postérieure de l’œil et la base de la nageoire pectorale près de l’opercule.
Zoogéographie
Pervagor janthinosoma est l’espèce de son genre la plus commune et a une aire de répartition très vaste dans les eaux tropicales du bassin Indo-Pacifique.
À tire d’exemple il est présent de l’Afrique du Sud à la Tanzanie puis on le trouve à la Réunion, à l’île Maurice, aux îles Chagos et aux Maldives. Côté Est il atteint l’Australie, le Timor oriental, l’Indonésie, les Philippines, le Vietnam, Taïwan, les îles RyuKyu et le Japon qui marque la limite Nord de l’espèce. Au Sud il a colonisé les récifs de Lord Howe et côté Est, après la Nouvelle-Calédonie, ceux des Tonga et des Samoa.
Écologie-Habitat
Il évolue dans des eaux peu profondes parmi les madrépores et les rochers où existent en abondance les crevasses où il peut se cacher, d’ordinaire entre 8 et 20 m de profondeur. Il vit en couple mais on en voit souvent qui sont seuls parce que ce sont des poissons très timides et que lorsqu’un plongeur en trouve un l’autre s’est déjà enfui.
Morphophysiologie
Pervagor janthinosoma peut atteindre 13 à 14 cm de long. Son corps est plat et recouvert des épines minuscules typiques des poissons-limes.
Au-dessus des yeux qui ont en général un iris marron foncé la première nageoire dorsale forme, comme chez les Balistes, un petit poignard érectile qui est tenu replié pendant la nage dans un logement particulier. Constituant une épine dans l’estomac des prédateurs il est dressé devant les importuns tandis que le dessous de la gorge se dilate jusqu’aux minuscules nageoires pelviennes atrophiées afin d’augmenter visuellement la taille du poisson.
La zone de la tête et la zone ventrale ont une couleur gris violacé alors que le dos et la partie postérieure du poisson tendent à avoir une teinte verdâtre.
La nageoire caudale, très souvent repliée, est très belle : elle est de couleur orange et comporte des points jaunes et des lignes violettes sur les bords. La partie postérieure de la première nageoire dorsale est mise en évidence par un trait jaune qui, quand elle est redressée et que la lumière est faible, sert à signaler immédiatement aux prédateurs la présence du poignard.
La livrée présente un léger dimorphisme sexuel. Chez les femelles la nageoire anale porte seulement de discrètes petites taches bleues entre chaque rayon alors que chez les mâles celles-ci sont beaucoup plus nettes, tout comme d’ailleurs toutes leurs couleurs, et séparées entre elles par des lignes jaune orangé. Les mâles possèdent de plus à la base du pédoncule caudal une zone rappelant la forme d’une barbichette qui est constituée d’ appendices glandulaires de la peau.
Éthologie-Biologie reproductive
Pervagor janthinosoma se nourrit de petits invertébrés et d’algues benthiques, bref de tout ce qu’il trouve d’appétissant en explorant sans cesse les crevasses.
Quand elle est prête à se reproduire la femelle suivie du mâle cherche un endroit sûr pour pondre, en général au-dessus d’algues toxiques évitées par les herbivores. Après la fécondation les œufs sont surveillés jusqu’à leur éclosion par les deux parents.
Malgré leur petite taille et leur superbe livrée les Pervagor janthinosoma ne conviennent pas aux aquariums domestiques. Mis à part les problèmes d’alimentation ils ont besoin d’un milieu paisible, sans va-et-vient à proximité, et ils pourraient d’autre part grignoter les coraux vivants et d’autres invertébrés de l’aquarium.
À cause de leur revêtement épineux il est de plus difficile de les changer de bassin. On ne peut pas en effet les repêcher avec une épuisette parce qu’ils se prennent entre les mailles ce qui génère un stress sévère et cause des blessures quand on les détache ensuite de force avec les mains. Il faut les faire entrer délicatement dans un récipient et les sortir en même temps que l’eau.
Par chance ce n’est pas une espèce menacée. Son énorme diffusion mise à part sa résilience est très bonne, ses populations pouvant doubler en moins de 15 mois. Son indice de vulnérabilité à la pêche est très faible et s’établit à peine à 10 sur une échelle de 100. Ses populations sont stables et il figure dans la Liste Rouge en “Least concern“.
Synonymes
Monacanthus janthinosoma Bleeker, 1854; Monacanthus nitens Hollard, 1854; Pervagor scanleni Smith, 1957.