Passer hispaniolensis

Familia : Passeridae

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Texte © Dr. Gianfranco Colombo

 

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Traduction en français par Catherine Collin

 

Passer hispaniolensis mâle se distingue de Passer domesticus par une large rayure noire qui partant de la mandibule inférieure, où elle forme une très petite bavette, s'étale en descendant sur la poitrine © Vincenzo Sciumè

Passer hispaniolensis mâle se distingue de Passer domesticus par une large rayure noire qui partant de la mandibule inférieure, où elle forme une très petite bavette, s’étale en descendant sur la poitrine © Vincenzo Sciumè

Le Moineau espagnol (Passer hispaniolensis Temminck, 1820) appartient à l’ordre des Passeriformes et à la famille Passeridae. C’est l’une des trois espèces appartenant au genre Passer présentes en Italie.

La question du nombre des espèces présentes en Italie est encore débattue puisqu’à l’heure actuelle on penche pour le fait qu’il y en aurait plutôt quatre, même si beaucoup persistent à n’en compter que trois.

Dans les faits, en Italie le Moineau domestique (Passer domesticus) est totalement remplacé par une sous-espèce autochtone le Moineau cisalpin (Passer domesticus italiae) qui occupe au millimètre près tout le territoire, reléguant l’holotype au seul bord extérieur de la chaîne des Alpes. Comme nous l’avons dit, beaucoup considèrent cette sous-espèce comme appartenant au niveau supérieur, vu sa façon exclusive d’occuper l’aire de répartition, mais dans le même temps nous assistons à des hybridations entre le Moineau cisalpin et le Moineau domestique, sur la frange septentrionale du territoire mais également avec le Moineau espagnol, dont nous parlons ici, dans l’aire méridionale et pour rendre les choses encore plus compliquées, entre le Moineau domestique et le Moineau espagnol sur les côtes d’Afrique du Nord proches de la péninsule italienne.

En tenant compte de la présence dans la péninsule d’une telle variabilité et de tant de mélanges, on peut affirmer que l’Italie est sûrement un carrefour crucial pour ces espèces. A titre indicatif, la dernière espèce, le Moineau friquet (Passer montanus) est la plus pure et la plus éloignée de tous ces mélanges et hybridations.

L’étymologie du nom scientifique est assez simple : le genre Passer d’après le mot latin homonyme pour moineau et l’espèce hispaniolensis, toujours du latin, pour indiquer l’Espagne d’où Temminck avait rapporté le premier individu, un endroit d’ailleurs où ce moineau n’est pas abondamment répandu.

La différence entre les femelles de ces deux espèces est au contraire quasi nulle, à part quelques petites taches marron sur la poitrine et le sourcil blanchâtre légèrement plus marqué © Mario Maggiordomo

La différence entre les femelles de ces deux espèces est quasi nulle, à part quelques petites taches marron sur la poitrine et le sourcil blanchâtre légèrement plus marqué © Mario Maggiordomo

Voici certains de ses noms communs européens : en anglais Spanish Sparrow, en allemand Weidensperling, en espagnol Gorrión Moruno, en italien Passera sarda, en portugais Pardal-espanhol, en danois Spansk Spurv et en néerlandais Spaanse Mus. À noter qu’en espagnol le nom commun ne reprend pas le nom de « moineau d’Espagne ».

Zoogéographie

Il n’est pas facile de décrire avec exactitude le territoire occupé par le Moineau espagnol puisqu’il n’y a pas une aire de répartition bien définie, un territoire vaste et continu, une aire dans laquelle on le retrouve en permanence et bien diffusé. À titre d’exemple, le bassin méditerranéen, où il n’est que rarement présent dans le Sud de l’Italie dont il partage l’aire et s’hybride avec le Moineau cisalpin alors qu’en Sardaigne ses effectifs sont importants et il y est presque pur, tandis qu’il est absent de pratiquement toute la Corse voisine.

In taluni esemplari, specie al sud dell’areale della specie, queste striature si fanno dense, coprendo quasi totalmente il petto fino al ventre e i fianchi © Aldo Contu

Chez certains individus, surtout au Sud de l’aire occupée par l’espèce, ces rayures sont plus fournies couvrant presque totalement la poitrine jusqu’au ventre et aux flancs © Aldo Contu

Toujours en Italie, certaines colonies s’éloignent notablement de leurs aires traditionnelles du Sud, allant jusqu’à coloniser de petites aires de Romagne et du Gargano. Le Moineau espagnol est présent dans les zones du Centre Sud-ouest de la péninsule ibérique évitant le Portugal et, étrangement, toute la partie au Nord de Madrid. On le retrouve l’hiver, dans l’extrême Sud de l’Espagne à proximité des côtes africaines.

On constate sa présence dans les îles de la Macaronésie où il est génétiquement pur, puis sur la côte africaine, du Maroc à la Lybie, où il s’hybride avec Passer domesticus. On le retrouve aussi dans la partie méridionale de la péninsule balkanique et à travers toute l’Anatolie ainsi que dans une partie du Moyen-Orient, jusqu’en Ouzbékistan en Asie.

L’habitat ideale della passera sarda è un luogo con estati calde, soggette a poche precipitazioni, con inverni dolci, senza bruschi abbassamenti termici © Vincenzo Sciumè

L’habitat idéal du Moineau espagnol est un endroit avec des étés chauds, peu de précipitations, des hivers doux, sans brusques baisses de températures © Vincenzo Sciumè

Une mosaïque de territoires donc, souvent partagés et où il est mêlé à d’autres espèces comparables avec lesquelles, en plus de coexister, il s’hybride créant ainsi de nouvelles sous-espèces qui exaltent ou perdent les caractères de leurs parents après quelques générations. Un véritable bouleversement généalogique !

Dans les lieux de superposition il est désormais difficile de distinguer une espèce d’une autre et encore moins de différencier les hybrides issus de ces unions.

Les sites d’hivernage sont eux aussi assez variés et distants. Généralement, le Moineau espagnol est sédentaire dans les territoires les plus méridionaux mais il est en revanche migrateur régulier dans de nombreuses autres aires, avec des déplacements de populations entières qui quittent les territoires de nidification pour se déplacer plus au Sud vers des aires plus adaptées pour y passer la mauvaise saison.

Due femmine che si contendono il boccone. L’alimentazione del Passer hispaniolensis è basata principalmente sul consumo di semi e granaglie, frutta e bacche selvatiche, germogli freschi ed erbe ma anche, come tutti gli altri passeri, su insetti, incluse le loro larve e crisalidi, specie nel delicato periodo della nidificazione © Vincenzo Sciumè

Deux femelles qui se disputent une bouchée. L’alimentation de Passer hispaniolensis est basée principalement sur la consommation de graines et de céréales, de fruits et de baies sauvages, de bourgeons frais et d’herbes mais aussi, comme tous les autres moineaux, d’insectes, particulièrement dans la délicate période de la nidification © Vincenzo Sciumè

Les populations des Balkans et d’Asie centrale en sont l’exemple puisqu’elles se réfugient jusqu’aux côtes méditerranéennes pour les premières et dans le haut golfe Persique et dans la vallée de l’Indus pour les secondes.

Écologie-Habitat

L’habitat idéal du Moineau espagnol est un lieu avec des étés chauds, peu sujets aux précipitations, avec des hivers doux, sans brusques baisses des températures ni longues périodes de couverture neigeuse mais en même temps ces oiseaux apprécient aussi les lieux sensiblement plus humides que ceux fréquentés par les moineaux domestiques avec lesquels ils cohabitent d’habitude.

La passera sarda è un uccello sociale, nidificante anche in colonie numerose, con maschi di sentinella che difendono l'insediamento a squarciagola, segnalandolo con loro insistente cinguettio © Giuseppe Mazza

Le Moineau espagnol est un oiseau sociable, pouvant nicher en colonies très peuplées, avec des mâles sentinelles qui défendent l’installation bruyamment, prévenant de leurs gazouillis insistants © G. Mazza

Les deux fréquentent les fermes et les lieux cultivés, aussi bien que les aires habitées et parfois même les centres urbains et ruraux.

Dans de nombreuses aires un accroissement des populations a été relevé suivant l’évolution de l’agriculture, notamment la culture de plus en plus importante de graminées et de graines variées très attrayantes pour le moineau. Il apprécie aussi les aires désertiques et les steppes, couvertes d’une basse végétation arbustive, comprenant des bosquets épars de petits arbres néanmoins entourés de vastes cultures herbacées y compris des cultures sur brûlis.

Morpho-physiologie

Laissant de côté la description des nombreuses variations morphologiques dérivant de croisements et d’hybridations inter-espèces qui seraient absolument impossibles à suivre, on peut dire que le Moineau espagnol présente les caractères typiques de Passer domesticus et en copie grandement la livrée.

Le plumage du mâle est en fait assez semblable avec une couverture alaire marron-noisette très vive et barrée de rayures noires très marquées ; la tête, châtain uni, ressemble beaucoup plus à celle du Moineau cisalpin qu’à celle du Moineau domestique, avec la face et les joues blanches traversées par une bride noire qui, partant du bec, rejoint la zone oculaire. Le bec est noir et les pattes jaune-rosé avec des griffes longues et bien effilées.

La couleur de la poitrine représente la partie déterminante pour la classification de ce moineau. Une large rayure diffuse qui, partant de la mandibule inférieure à partir de laquelle elle forme une bavette réduite, peut aller jusqu’à couvrir entièrement la poitrine jusqu’au ventre ainsi que les flancs, le fait souvent paraître totalement noir uni. Seul le dessous de la queue est dépourvu de raies. Il est de couleur crème.

On ne peut pratiquement pas distinguer la femelle du Moineau espagnol des autres femelles moineau quand on l’observe dans la nature.

Celle-ci montre la classique couverture alaire crème, avec de légères veines plus foncées, contrastant avec les vexilles blanchâtres des couvertures et de certaines rémiges, la poitrine blanchâtre plus ou moins tachetée de marron et, comme unique point de reconnaissance, un sourcil blanchâtre habituellement plus marqué que chez les autres espèces.

Les jeunes ont une livrée très semblable à celle de la femelle mais montrent une commissure buccale jaune, évidente et bien marquée.

La grande variété d’hybridations a mené à la classification de diverses sous-espèces dont certaines ne sont pas encore vraiment acceptées.

Voici le nid. Il peut être installé sous les tuiles d'un toit, dans la fissure d'un mur mais aussi dans d'anciens nids d'hirondelles ou imbriqué dans les branches. Il contient de 3 à 7 œufs © Museo Civico di Lentate su Seveso

Voici le nid. Il peut être installé sous les tuiles d’un toit, dans la fissure d’un mur mais aussi dans d’anciens nids d’hirondelles ou imbriqué dans les branches. Il contient de 3 à 7 œufs © Museo Civico di Lentate

Passer hispaniolensis hispaniolensis répandu dans la partie occidentale de l’aire, de la Macaronésie jusqu’au Sud de l’Europe et à l’Afrique et Passer hispaniolensis transcaspicus du Moyen-Orient jusqu’à toute l’aire asiatique.

Passer hispaniolensis maltae qui occupe la partie centrale de la Méditerranée de la Sicile aux côtes africaines proches, même si elle est par beaucoup considérée comme sous-espèce, n’est vue par certains que comme une hybridation de Passer hispaniolensis et de Passer domesticus italiae.

Éthologie-Biologie reproductive

Les Moineaux espagnols sont des oiseaux sociables et nichent en colonies plus ou moins nombreuses, signalant leur présence par leurs incessants gazouillis.

Après s’être installés dans une aire, tous les membres sont impliqués, pour toute la période de reproduction, dans le contrôle et la protection du site choisi qui est constamment surveillé et maintenu dans la bonne humeur par un ou plusieurs moineaux gazouillant sans cesse, avec leur « cislip cislip cislip » infatigables et souvent fastidieux.

Il s’agit pourtant là d’une espèce qui ne tolère pas la présence d’autres congénères dans l’aire de nidification, encore moins dans la colonie qui est habituellement composée de membres d’une même espèce. Le nid est installé sous les tuiles d’un toit, dans la fissure d’un mur, dans d’anciens nids d’hirondelles, dans des trous de vieux murs mais aussi, dans une grande partie de l’aire, imbriqué dans les branches d’un arbre, dans les cimes touffues des palmiers, sur des fils électriques, dans des pigeonniers ou des granges.

Le nid est un amas sphérique composé d’herbes sèches avec une entrée latérale qui mène à une niche garnie de plumes et de crins mais peut aussi être une simple coupe sans couverture quand il est placé dans d’étroites fissures qui ne permettent pas l’accumulation de matériaux.

Les petits, comme toujours, sont constamment affamés et en cette période les parents vont et viennent sans cesse, chargés d'insectes pour un apport suffisant en protéines © Colombo

Les petits, comme toujours, sont constamment affamés et en cette période les parents vont et viennent sans cesse, chargés d’insectes pour un apport suffisant en protéines © Gianfranco Colombo

De 3 à 7 œufs de couleur crème pointillés de manière inégale de gris sont pondus puis couvés pendant environ douze jours et les petits, qui naissent aveugles et nus, prennent leur envol après deux semaines environ.

Le Moineau espagnol effectue au moins deux couvées par saison.

Le régime alimentaire du Moineau espagnol est principalement basé sur la consommation de graines et de céréales, de fruits et de baies sauvages, de pousses fraiches et d’herbes mais aussi d’insectes, de larves, de chrysalides en particulier en période de nidification puisqu’ils représentent l’alimentation principale pour la croissance de ses petits.

In Europa ha una diffusione frammentata e si ibrida spesso col passero comune. D'inverno è facile notare folti stormi che partono dai dormitori comuni in cerca di cibo © Gianfranco Colombo

En Europe sa répartition est morcelée et il s’hybride souvent avec le Moineau domestique. En hiver il est aisé d’en remarquer des volées denses quittant les dortoirs © Gianfranco Colombo

En Europe, les populations de ces moineaux ont montré des signes de faiblesse, avec une réduction certaine de ses effectifs en quelques endroits, à l’inverse de ce qui se produit en Asie où l’espèce s’est notablement renforcée. Grâce à cela l’espèce n’est pas considérée en danger.

Synonyme

Fringilla hispaniolensis Temminck, 1820.

Un’abbeverata per rinfrescarsi e poi via. Anche se alcune popolazioni europee mostrano segni di debolezza, nell'insieme il Passer hispaniolensis non è una specie a rischio © Gian Franco Depalmas

Une gorgée d’eau pour se rafraîchir et on repart. Dans l’ensemble Passer hispaniolensis n’est pas une espèce en danger © Gian Franco Depalmas

  

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