Famille : Accipitridae
Texte © Dr. Gianfranco Colombo
Traduction en français par Catherine Collin
La Buse de Harris (Parabuteo unicinctus Temminck, 1824) est un rapace du nouveau monde qui appartient à l’ordre Accipitriformes et à la famille Accipitridae.
Cette buse installée depuis toujours sur le continent américain est devenue ces dernières années un des rapaces les plus connus, pas tant pour sa diffusion naturelle, mais pour le fait qu’elle est choisie par de très nombreux fauconniers comme l’oiseau le plus adapté à cet art. Il n’y a pas de programme télévisé ou de démonstration de fauconnerie qui ne propose la présence de cet animal particulier très docile.
Même si beaucoup le considère, à l’état sauvage, comme un rapace acharné et cruel, cet oiseau s’il est correctement éduqué montre un attachement affectif envers son instructeur qui parfois dépasse les limites habituelles des rapports entre animal et humain.
Pour ces caractéristiques on lui a donné différents surnoms qui mettent en évidence son caractère et son comportement. À l’état sauvage, la Buse de Harris est souvent appelée faucon loup pour sa façon de chasser en groupe alors qu’en captivité on a simplement changé de référence passant du loup au chien. Il semble qu’elle s’attache à son propriétaire comme un chien docile à son maître et qu’elle se comporte comme tel.
Elle est souvent utilisée comme moyen de dissuasion contre les pigeons et les mouettes dans les villes et dans les aéroports. Cette buse, seule espèce du genre Parabuteo, a bien peu du faucon mais n’est pas tout à fait une buse non plus, même si morphologiquement elle en est plus proche. À tel point que Temminck lorsqu’il la classa, opta pour une solution intermédiaire qui tient toujours du point de vue scientifique.
Parabuteo vient du grec “para” = semblable, ressemblant et du latin “buteo” = buse, confirmant son dilemme et unicinctus de “uni” = une et “cinctus” = bande pour l’unique et large bande noire qui traverse longitudinalement sa queue très blanche.
Dans le monde animal, elle est certainement plus connue sous le nom de Buse de Harris, un nom donné par le célèbre ornithologue Audubon en l’honneur du naturaliste Edward Harris, ami et partenaire financier de diverses campagnes effectuées ensemble sur le sol nord-américain.
Les divers noms vulgaires qui lui sont donnés dans différents pays reflètent cela. En anglais Harris’Hawk; en italien Poiana di Harris; en espagnol Busardo/Aguililla de Harris et en Allemand Wüstenbussard.
Zoogéographie
Cette espèce est originaire du continent américain et occupe une aire extrêmement vaste allant du Texas à l’Argentine. Plus particulièrement, elle habite les régions du Sud-Ouest des États-Unis et passant par l’Amérique centrale toute entière elle occupe la quasi totalité de la partie Sud du continent jusqu’à la Patagonie et le Chili. Ce n’est pas un oiseau migrateur même si parfois il est sujet à des mouvements plutôt saisonniers, à la recherche de proies. La Buse de Harris vit indifféremment dans les aires tempérées ou tropicales s’adaptant aisément aux diverses conditions météo.
Écologie-Habitat
C’est un rapace de plaine qui fréquente les savanes et les forêts broussailleuses, de préférence des lieux arides et pré-désertiques mais qui ne dédaigne pas, dans le Sud de son aire de répartition, fréquenter les cours d’eau ou des bois plus denses. Elle n’aime pas monter à des altitudes supérieures à 1 000 m.
L’habitat qu’elle préfère et qui est souvent associé à sa présence scénographique, est composé de plaines arides avec des buissons épineux épars, de hauts cactus saguaro et de palo verde, ces lieux étant très appréciés pour la nidification.
Ces cactus extrêmement épineux qui les protègent des attaques venant du sol sont aussi leurs postes d’observation préférés pour surveiller leur territoire et sont utilisés pour la chasse en groupe. Comme les loups, les buses de Harris se réunissent en grandes familles qui peuvent comporter jusqu’à 15 individus et ensemble elles pratiquent une chasse acharnée à leurs victimes. Il s’agit généralement de rongeurs, de gros lézards, de lièvres et de lapins de garennes et assez souvent de serpents.
Quand une proie est repérée, le chef de meute, généralement un mâle, se lance à l’attaque en piqué et comme il arrive souvent que la victime se réfugie dans les bas buissons, ceux-ci sont alors encerclés par tous les participants qui s’y engouffrent, prêts à la débusquer. Tous participent au repas selon l’ordre hiérarchique.C’est un oiseau qui ne vole pas à de grandes hauteurs effectuant plutôt de basses glissades partant de son poste préféré pour en rejoindre un autre.
Comme pour tant de rapaces, il semble que ses effectifs soient en baisse à cause de la réduction de son habitat mais la Buse de Harris paraît également gagner de nouveaux territoires conquérant des aires cultivées et habitées.
Morpho-physiologie
La Buse de Harris est un rapace de taille moyenne avec une capacité et une dextérité en vol exceptionnelles et c’est sûrement ce qui a motivé son utilisation en fauconnerie.
Elle dépasse les 50 cm de long pour une envergure de 130 cm et un poids entre 800 et 1200 g pour la femelle qui est sensiblement plus grande comme chez tous les rapaces diurnes.
Le vol de cet oiseaux ne comprend pas les frétillements ardents des autours mais ayant des ailes plutôt allongées il réussit à effectuer des arrêts et des virages impromptus de qualité. Son courage est secondé par des serres très longues et puissantes qui l’autorisent à bloquer inflexiblement les proies.
Les adultes ont le corps entièrement marron foncé avec des couvertures d’une belle couleur châtain roussâtre bien visibles en vol et qui contrastent avec les rémiges noires. La queue, le bas-ventre et le croupion sont en revanche d’un blanc très lumineux.
La queue est traversée, à la moitié, par une large bande noire d’environ 10 cm qui laisse une partie terminale blanche de quelques centimètres. Les juvéniles ont une livrée semblable à celle des adultes, montrant eux-aussi une poitrine sombre mais tachetée de blanc. La Buse de Harris a un bec très crochu avec un rostre bien pointu de couleur jaune avec une pointe noirâtre et des pattes complètement jaunes. Ses yeux sont foncés. La cire jaune est bien évidente.S Trois sous-espèces ont été classifiées distinctement, liées aux territoires occupés et à leur taille. Il s’agit de Parabuteo unicinctus superior, Parabuteo unicinctus harrisi et Parabuteo unicinctus unicinctus, se rapportant respectivement à la partie Nord, à la partie centrale et à la partie méridionale du continent américain.
Biologie reproductive
Comme nous l’avons dit le Saguaro d’Amérique du Nord semble être son site de prédilection pour l’installation de son nid. Ailleurs, elle choisit en général de petits arbres sur lesquels elle bâtit un nid plutôt compact formé de petites branches et garni avec des herbes sèches et douces. Ce rapace atteint la majorité sexuelle vers sa troisième année. C’est un oiseau très sociable qui vit en communautés structurées hiérarchiquement que ce soit pour la chasse ou pour la nidification. En fait, la structure sociale, cas unique parmi les rapaces, prévoit une assistance mutuelle durant la nidification.
À l’intérieur des groupes, on relève des cas de familles nicheuses formées d’une femelle et de deux mâles ou plus qui collaborent pour la défense et pour l’élevage de la portée. Il s’agit sûrement là d’une forme de polyandrie.Cette buse pond de deux à quatre œufs généralement blanc-bleu ciel avec de petites taches grises qui sont couvés pendant 35 jours, habituellement par la femelle. Les petits s’envolent aux environs de 50 jours.
Autre situation que l’on ne rencontre pas d’habitude chez les rapaces et qui peut être due à la présence d’une famille élargie : cette buse peut nicher plusieurs fois dans l’année sans aucune interruption.
Au sein du groupe un seul couple est préposé à la nidification puisque l’on pense que les oiseaux composant le groupe sont issus de la même souche familiale.
Le nid est sujet au pillage, principalement de la part d’aigles, de hiboux grands-ducs et à de multiples attaques de la part des corbeaux. Quand elle est à terre le coyote est son plus grand ennemi.
La longévité maximum rencontrée chez cet oiseau est de presque 15 ans.
C’est un oiseau protégé et là où il ne l’est pas encore il mérite certainement une protection puisqu’il participe activement à la chasse aux rongeurs qui sont nuisibles à l’agriculture.
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