Famille : Nymphaeaceae
Texte © Pietro Puccio
Traduction en français par Michel Olivié
Cette espèce est originaire du Canada, des Caraïbes, du Salvador, du Honduras, du Mexique, du Nicaragua et des États-Unis où elle pousse au bord des lacs, des étangs, des marais et, de façon générale, des eaux calmes d’une profondeur allant jusqu’à 2 m, en couvrant de vastes superficies du printemps à l’automne.
Le nom du genre dérive du latin “nymphae” = nymphes, divinités qui dans la mythologie latine habitaient les bois, les mers, les fleuves et les lacs; le nom de l’espèce est le terme latin “odorata” = odorante, par allusion à ses fleurs parfumées.
Noms communs : fragrant water-lily, sweet water lily, white water-lily (anglais), nymphéa odorant (français), nenufar oloroso, nenufar perfumado, nenufar blanco americano, ninféa blanca (espagnol), wohlriechende Seerose (allemand).
La Nymphaea odorata Aiton (1789) est une plante herbacée pérenne des eaux douces qui a un rhizome horizontal ramifié de 2 à 3 cm de diamètre enraciné dans les sédiments du fond. Elle a des feuilles solitaires placées à l’extrémité d’un pétiole long et flexible, de couleur verte ou pourpre, parcouru de canaux longitudinaux où se trouve de l’air qui assure la flottaison et le transport de l’oxygène, du dioxyde de carbone et du méthane entre les feuilles et les racines. Ces feuilles, qui flottent grâce à la présence de tissus particuliers où de l’air est présent dans les espaces intercellulaires, sont ovées ou presque circulaires, de 10 à 35 cm de diamètre, avec une marge entière et la classique fente en V, resserrée ou entrouverte, qui se termine à la jointure du pétiole. La face supérieure est verte, cireuse et hydrofuge; celle du bas est rosâtre ou de couleur pourpre.
Les fleurs, solitaires, ont de 6 à 18 cm de diamètre; elles sont portées sur un pédoncule lui aussi doté de canaux où se trouve de l’air et flottent à la surface de l’eau ou se situent légèrement au-dessus. Elles ont 4 sépales verts et de 15 à 40 pétales lancéolés, pointus à l’apex, blancs, rarement roses, qui entourent 35 à 120 étamines jaunes.
Ces fleurs, qui s’ouvrent le matin pour une durée d’environ 6 heures et pendant 3 à 4 jours consécutifs, présentent le phénomène de la protérogynie : le stigmate est réceptif seulement le premier jour tandis que le pollen est relâché les jours suivants, ce qui empêche l’auto-fécondation et favorise la fécondation croisée. Les pollinisateurs sont principalement des insectes, dont les abeilles et les coléoptères.
À la fin de la floraison le pédoncule s’enroule en spirale et héberge le fruit en formation à sa base où il achève sa maturation.
Les fruits sont des capsules déprimées-globuleuses de 2,5 à 3 cm de diamètre qui contiennent jusqu’à 35 graines ovoïdes de couleur verte, longues de 1,5 à 2,3 mm, qui, au début, flottent grâce à la présence d’air contenu dans l’arille (l’involucre charnu qui entoure la graine en totalité ou en partie) jusqu’à ce que celui-ci se disjoigne et les laisse se déposer sur le fond. Pendant la période de flottaison les graines sont dispersées par les courants, le vent ou les canards qui les avalent.
On reproduit cette plante au moyen de ses graines que l’on dépose dans l’eau sur un substrat sableux riche en substances organiques et en présence de lumière. La première floraison débute la troisième année. La reproduction s’effectue aussi, plus facilement, par division du rhizome. La plante a besoin d’une exposition en plein soleil et d’eaux limpides, calmes ou en léger mouvement, de préférence faiblement acides ou neutres (pH compris entre 6 et 7), même si elle supporte une légère alcalinité, et de sédiments riches en substances organiques.
On peut la cultiver dans une grande variété de climats étant donné l’ampleur de son aire d’origine qui va de l’Alaska à l’Amérique centrale. Dans certaines zones où elle s’est naturalisée elle est devenue envahissante en couvrant de sa végétation dense de grandes surfaces, ce qui empêche la pénétration de la lumière et a pour conséquence d’altérer les caractéristiques du milieu aquatique et de compromettre la survie des espèces animales et végétales indigènes.
Les rhizomes, qui sont utilisés dans la médecine traditionnelle par les populations autochtones pour diverses pathologies, ont des propriétés astringentes, antibiotiques, antispasmodiques et antiseptiques mais sont vénéneux à fortes doses.
Synonymes : Nymphaea parkeriana Lehm. (1853).
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