Famille : Pentatomidae
Texte © Prof. Santi Longo
Traduction en français par Michel Olivié
La Punaise verte puante, Nezara viridula (Linnaeus, 1758), est un Rhynchote Hétéroptère de la famille des Pentatomidae ainsi appelée en raison de la forme sous-pentagonale du corps des quelque 5.000 espèces qu’elle renferme et dont beaucoup ont des livrées vives et métalliques.
Sa tête comporte en plus des yeux composés deux yeux simples ou ocelles.
Ses antennes sont formées de cinq articles dit antennomères.
L’appareil buccal, de type piqueur-suceur, est constitué d’un labre supérieur allongé, d’un labre inférieur ou rostre, charnu et fendu, qui renferme les stylets buccaux maxillaires et mandibulaires ainsi que l’hypopharinx relié au tube pharingé ou salivaire
Une caractéristique spécifique est constituée par la présence de glandes répulsives qui émettent une odeur âcre par laquelle elles signalent aux prédateurs le goût désagréable de leur corps. De nombreuses espèces ont un régime alimentaire phytophage. Les espèces zoophages qui chassent aussi d’autres punaises sont relativement peu nombreuses.
Les adultes de certains pentatomidés effectuent des migrations plus ou moins longues.
Le nom du genre Nezara, créé par Amyot et Serville en 1843, vient des termes hébraïques “azar” et “nezar” qui signifient respectivement “ceinture” et “entouré d’une corde” alors que le nom de l’espèce, viridula, donné par Linné à la Punaise verte, rappelle en latin la couleur verte des adultes.
Zoogéographie
Considérée comme étant originaire de la Corne de l’Afrique cette espèce est aujourd’hui cosmopolite car depuis des temps reculés elle a été répandue involontairement à cause du transport des plantes-hôtes par des agriculteurs et des voyageurs dans les régions agricoles du monde entier.
Écologie-Habitat
La polyphage Nezara viridula peut infester diverses plantes spontanées et des cultures industrielles de plein champ telles que les tomates, les choux, les betteraves, le soja, le tournesol, le tabac, le maïs, le riz et le sorgho. On a observé des dégâts sur des plantes arborées telles que des agrumes et les noisetiers ainsi que sur des plantes d’ornement et d’intérêt paysager.
Morphophysiologie
Le corps des adultes est long de 14 à 16 m, de couleur vert clair ou vert jaunâtre et comporte trois taches claires caractéristiques à la base du scutellum (l’écusson) qui aident à les distinguer de ceux d’espèces à la livrée macroscopiquement similaires tels que Palomena prasina (Linnaeus, 1761) et Piezodurus lituratus (Fabricius, 1794).
Le lobe médian de la tête est séparé et n’est pas recouvert par les lobes latéraux.
Les antennes sont vertes. La partie distale des trois articles distaux est noire. Elles présentent rarement des variantes chromatiques avec un tégument rouge alors que les livrées foncées vertes ou marron des adultes appelés à hiverner sont fréquentes.
Fabricius en 1775 a décrit les deux formes : Nezara viridula smaragdula qui est totalement verte et Nezara viridula torquata où la partie antérieure aux yeux composés et du pronotum ainsi que le bord des ailes antérieures est de couleur crème plus ou moins rosée.
Les oeufs sont subcylindriques et mesurent environ 1,4 x 1 à 1,2 mm. Fraîchement pondus ils sont blanchâtres puis deviennent jaune orangé et quand le développement embryonnaire est avancé on aperçoit l’embryon par transparence.
Avant leur éclosion ils prennent une couleur chair. Le chorion est aréolé et il existe au bord de l’opercule de courtes formations sétiformes arrondies.
Les larves sont dépourvues d’ébauches alaires. Leur corps a des couleurs qui varient du jaune rougeâtre au vert et jusqu’au marron.
Le dos de celles du premier stade, à peine sorties de l’oeuf, est jaunâtre et porte des taches plus pâles près des côtés du premier segment thoracique et sur les bords de ceux de l’abdomen.
Le dos du thorax des larves du second stade est de couleur verte avec de petites taches noires ou marron.
L’abdomen qui a souvent des teintes marron présente deux rangées sous-dorsales de taches blanches et rouges.
Les nymphes sont en général vertes et suivant leur âge la partie dorsale de leur thorax peut être de couleur noirâtre ou verdâtre. Le reste de leur corps est de couleur verte plus ou moins foncée à l’exception d’une région dorsale au centre de l’abdomen qui présente deux rangées de taches blanches et d’autres secondaires qui sont de couleur rouge et flanquées vers l’intérieur d’une rangée de taches blanches.
Éthologie-Biologie reproductive
Les adultes de Nezara viridula, dans les régions au climat tempéré, hivernent dans divers abris : au pied des plantes, parmi des feuilles mortes, dans les crevasses des écorces, dans les buissons, etc…
Au printemps, dès que le climat le permet, les adultes reprennent leur activité et, après s’être alimentés, s’accouplent.
Les femelles pondent sur la face inférieure des feuilles, sur des cosses et dans d’autres parties de nombreuses plantes-hôtes herbacées et arborées, tant sauvages que cultivées, en donnant naissance à la première génération annuelle.
En fonction de l’échelonnement des pontes et de l’éclosion des oeufs les différents stades biologiques de larves, de nymphes et d’adultes existent habituellement sur place simultanément.
Cette espèce est généralement homodyname et par conséquent plusieurs générations peuvent apparaître au cours de l’année.
Habituellement dans des milieux au climat tempéré il existe en moyenne deux ou trois cycles biologiques.
Des grappes d’oeufs disposées en rang et désignées sous le nom d’ovatures sont pondues pour la plupart sur la face inférieure des feuilles, moins souvent sur la face supérieure ou dans d’autres organes végétaux.
Les ovatures renferment un nombre d’unités d’oeufs qui varie de 42 à 114 (le plus souvent 78).
Les larves éclosent après une incubation de 5 à 10 jours et après avoir accompli cinq stades pré-imaginaux les adultes apparaissent en juillet.
Ceux-ci, après s’être alimentés pendant 15 à 30 jours, atteignent leur maturité sexuelle et pondent les oeufs de la seconde génération au cours de l’été.
Les formes juvéniles qui en sont issues causent les principaux dégâts aux cultures de tomates, de coton et de soja.
À cause des piqûres faites pour leurs besoins alimentaires les noisettes et les pistaches en formation avortent (avortement traumatique) tandis qu’elles transmettent leur odeur désagréable, dite “punaisée”, aux fruits formés, ce qui les rend invendables.
Les adultes poursuivent leur activité trophique jusqu’aux premiers froids. Ils se mettent ensuite à l’abri pour surmonter les rigueurs de l’hiver.
Des insectes parasitoïdes actifs qui ne parviennent toutefois pas à réduire de façon significative la densité des populations du Pentatomide sont constitués d’Hyménoptères Scelionidés du genre Telenomus et d’Encyrtidés du genre Ooencyrtus.
Il a été démontré que les plantes de Vicia faba et de Phaseolus vulgaris, à la suite de piqûres de ponte et d’alimentation, émettent des composés volatils qui attirent l’ooparasitoïde Trissolcus basalis qui est élevé dans des laboratoires bio et utilisé dans des programmes de contrôle biologique.
Les adultes de la Punaise verte sont parasités par des Diptères Tachinidés du genre Tricopoda.
Synonymes
Cimex viridula Linnaeus, 1758; Cimex torquatus Fabricius, 1775; Cimex smaragdulus Fabricius 1775.
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