Naso vlamingii

Famille : Acanthuridae

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Texte © Giuseppe Mazza

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Le Poisson unicorne de Vlaming (Naso vlamingii) a une très vaste aire de répartition dans les eaux de l'Indo-Pacifique tropical. Il peut atteindre 60 cm de long et a une livrée parfois éclatante comme sur cette photo spectaculaire. Le dessin bleu raffiné peut s'estomper suivant le milieu où il nage, son humeur et les nécessités du mimétisme.

Le Poisson unicorne de Vlaming (Naso vlamingii) a une très vaste aire de répartition dans les eaux de l’Indo-Pacifique tropical. Il peut atteindre 60 cm de long et a une livrée parfois éclatante comme sur cette photo spectaculaire. Le dessin bleu raffiné peut s’estomper suivant le milieu où il nage, son humeur et les nécessités du mimétisme © Florent Charpin

Naso vlamingii (Valenciennes, 1835), connu communément sous les noms de Poisson unicorne de Vlaming et de Nason zébré, appartient à la classe des Actinopterygii, les poissons aux nageoires rayonnées, à l’ordre des Perciformes et à la famille des Acanthuridae qui compte 6 genres et 84 espèces rassemblées en 3 sous-familles.

La plus grande est celle des Acanthurinae qui comprend le genre Acanthurus, dont les représentants sont appelés poissons-chirurgiens à cause de la lame tranchante située sur le pédoncule caudal, et les genres Ctenochaetus, Paracanthurus et Zebrasoma qui sont souvent les hôtes des aquariums comme Zebrasoma flavescens ou Paracanthurus hepatus. La sous-famille la plus petite est celle des Prionurinae avec seulement 7 espèces appartenant au genre Prionurus alors que les Nasinae qui comptent également un seul genre, le genre Naso, comptent une vingtaine d’espèces connues sous le nom de poissons unicornes à cause de l’étrange protubérance osseuse qui est située sur leur museau et qui est nettement visible chez Naso unicornis.

La couleur de la tête de Naso vlamingii, jaune moutarde, d'où ressortent en bleu les lèvres et le masque frontal caractéristique qui va en direction des yeux ne change généralement pas.

La couleur de la tête, jaune moutarde, d’où ressortent en bleu les lèvres et le masque frontal caractéristique qui va en direction des yeux ne change généralement pas © Florent Charpin

Cette bosse peut toutefois être absente comme chez Naso lituratus ou bien à peine marquée et ressembler plus à un nez qu’à une corne comme chez Naso vlamingii.                                                   

Le nom du genre Naso vient bien évidemment du mot latin “nasus”,nez. Celui de l’espèce vlamingii, littéralement en latin de Vlaming, rend, quant à lui, hommage à la mémoire de Willem Hesselsz de Vlamingh (1640-1698), un capitaine de navire hollandais qui explora la côte du centre Ouest de l’Australie,  débarqua dans l’actuelle ville de Perth et baptisa Swan , c’est-à-dire cygne, son fleuve sillonné par d’insolites cygnes noirs. Ce fut le premier Européen  à les voir et aujourd’hui encore le fleuve de la capitale de l’Australie occidentale porte ce nom.

Zoogéographie

Comme d’autres Nasinae, le Poisson unicorne de Vlaming possède une très vaste aire de répartition dans le bassin Indo-Pacifique tropical.

Ces poissons ont une protubérance osseuse ressemblant plus à un nez qu'à une véritable corne. Les points bleuâtres se réunissent vers le ventre en formant des zébrures.

Ces poissons ont une protubérance osseuse ressemblant plus à un nez qu’à une véritable corne. Les points bleuâtres se réunissent vers le ventre en formant des zébrures © Giuseppe Mazza

À titre indicatif, en partant de la Somalie, on le trouve le long de la côte africaine jusqu’à l’Afrique du Sud, à Madagascar, aux Comores, à la Réunion, à l’île Maurice, aux Seychelles et aux Maldives. Il est présent le long des côtes de l’Inde, de la Malaisie et de l’Indonésie et ensuite côté Nord au Vietnam, aux Philippines, à Taïwan et au Japon. En Océanie, après l’Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, il atteint la Nouvelle-Calédonie. En allant vers l’Est il a colonisé les îles Fidji, Tonga,Samoa, Cook, les  îles Hawaï, la Polynésie française et a même aujourd’hui rejoint en Amérique du Sud les îles Galapagos.

Écologie-Habitat

C’est un poisson diurne associé à des formations madréporiques qui se déplace dans des eaux peu profondes et ne descend jamais au-dessous de 50 m. On le trouve souvent dans les lagons mais aussi sur les bords extérieurs des récifs, dans les endroits  où se concentre le zooplancton transporté par les courants.

Un mâle de Naso vlamingii à la couleur de fond chatoyante. La nageoire caudale est légèrement arrondie et a une bande jaune et des lobes filamenteux bleus.

Un mâle à la couleur de fond chatoyante. La nageoire caudale est légèrement arrondie et a une bande jaune et des lobes filamenteux bleus © Paddy Ryan

Morphophysiologie

Naso vlamingii peut atteindre 60 cm de long. Le profil de son corps est ovale. Sa protubérance osseuse caractéristique se situe au-dessus de la bouche  qui est ornée d’un masque bleu élégant qui va jusqu’aux yeux.

Le pédoncule caudal est étroit et possède comme chez les autres poissons unicornes deux lames crochues de chaque côté. Elles sont de dimensions modestes et en rien comparables à celles de Naso elegans ou de Naso unicornis qui sont très apparentes.

La bouche est petite et a des lèvres bleues et des dents coniques dont les pointes sont émoussées ou dentelées, ce qui permet au poisson de mieux couper les algues qui font partie de son régime alimentaire.

Naso vlamingii vit seul, en couple ou en petits groupes. Chez le mâle majestueux au premier plan on aperçoit les deux lames tranchantes et crochues du pédoncule caudal

Naso vlamingii vit seul, en couple ou en petits groupes. Chez le mâle majestueux au premier plan on aperçoit les deux lames tranchantes et crochues du pédoncule caudal © Paddy Ryan

Il n’existe qu’une seule nageoire dorsale, longue et très apparente, d’une hauteur inhabituelle pour le genre Naso, qui comporte 6 rayons épineux et 26 ou 27 rayons mous. D’une couleur très variable qui va du marron au bleu elle a dans tous les cas toujours un liseré bleu turquoise. La nageoire anale, dont l’aspect est similaire, est symétrique et comporte 3 rayons épineux et 27 à 29 rayons inermes.

Les nageoires pectorales sont en général bleues et ont 17 à 19 rayons mous alors que les nageoires pelviennes, jaunes et pointues, ont un rayon épineux et 3 rayons inermes.

La nageoire caudale est bleuâtre, à peu près trapézoïdale, et a un bord  de couleur jaune souvent légèrement arrondi et des lobes filamenteux bleus qui chez les mâles grandissent de façon démesurée avec l’âge et constituent,  joints aux  lames caudales plus développées, un petit dimorphisme sexuel.

Les nageoires dorsale et anale de Naso vlamingii sont beaucoup plus hautes que chez leurs congénères. La bouche a des dents dentelées pour couper les algues qui complètent une alimentation omnivore, basée principalement sur le zooplancton, mais qui ne néglige pas les restes organiques qui se déposent sur les fonds.

Les nageoires dorsale et anale sont beaucoup plus hautes que chez leurs congénères. La bouche a des dents dentelées pour couper les algues qui complètent une alimentation omnivore, basée principalement sur le zooplancton, mais qui ne néglige pas les restes organiques qui se déposent sur les fonds © Giuseppe Mazza

Il semble de plus que les mâles aient des chromatophores plus efficaces que ceux des femelles pour s’adapter rapidement au milieu et surtout pour manifester par leurs livrées éclatantes leurs états d’âme.

Mis à part la tête qui est jaune moutarde avec des points bleus la couleur de fond du corps peut en fait varier du jaunâtre et du rougeâtre au bleu azur clair et comporte une série de points bleus qui se réunissent vers le ventre sous forme de zébrures. Il se forme ainsi un motif caractéristique qui peut toutefois s’estomper instantanément jusqu’à presque disparaître et qui est masqué la nuit par une livrée mimétique riche en teintes claires et foncées.

Les juvéniles ont un profil arrondi, une couleur marron/jaune moutarde et des taches foncées éparses qui avec la croissance se colorent progressivement de bleu.

Rare photo de nuit qui montre le “pyjama mimétique” de Naso vlamingii foisonnant de teintes claires et foncées afin de dormir tranquille.

Rare photo de nuit qui montre le “pyjama mimétique” de cette espèce foisonnant de teintes claires et foncées afin de dormir tranquille © Keoki Stender

Éthologie-Biologie reproductive

Le Poisson unicorne de Vlaming vit seul, en couple ou au sein de petits groupes et se nourrit principalement de zooplancton mais aussi d’algues, appartenant aux genres Cladophora, Dictyota, Padina, Tubinaria, Jania et Laurencia, et des restes organiques qui se déposent sur les fonds.

C’est donc un omnivore qui est moins attiré que ses congénères par un régime végétarien.

Les œufs, fécondés alors qu’il nage, sont confiés aux courants. La phase larvaire dure longtemps. Les juvéniles de ce fait grandissent dans des lieux souvent éloignés en colonisant de nouveaux récifs comme le démontre l’énorme diffusion de l’espèce.

Juvéniles de Naso vlamingii. Les petits, au début avec un profil arrondi, sont marron/jaune moutarde et ont de petites taches foncées. Par la suite, quand leur corps s’allonge, celles-ci deviennent bleu clair, se rassemblent en lignes, et le motif typique des adultes apparaît © Jose Luis Bello Arranz © Joe Shields, Reef Life Survey.

Juvéniles. Les petits, au début avec un profil arrondi, sont marron/jaune moutarde et ont de petites taches foncées. Par la suite, quand leur corps s’allonge, celles-ci deviennent bleu clair, se rassemblent en lignes, et le motif typique des adultes apparaît © Jose Luis Bello Arranz © Joe Shields, Reef Life Survey © Florent Charpin

Naso vlamingii est souvent l’hôte des grands aquariums publics, les seuls qui puissent lui assurer, compte tenu de son alimentation et de sa taille, une vie décente.

La résilience de l’espèce est faible, étant donné qu’il faut 4,5 à 14 ans pour reconstituer les populations décimées par les événements, mais l’indice de vulnérabilité à la pêche n’atteint que 38 sur une échelle de 100.

Les populations sont en diminution, mais compte tenu de l’abondance de la nourriture et de sa vaste aire de répartition, depuis 2012 Naso vlamingii est répertorié comme “LC, Leaast Concern” ​​c’est-à-dire “Préoccupation mineure” dans la Liste Rouge de l’UICN des espèces menacées.

Synonymes 

Naseus vlamingii Valenciennes, 1835.

 

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