Famille : Cucurbitaceae
Texte © Pietro Puccio
Traduction en français par Michel Olivié
Cette espèce est originaire des forêts tropicales humides, du niveau de la mer jusqu’à environ 1.000 m d’altitude, d’Afrique (Angola, Bénin, Burundi, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Gambie, Ghana, Kenya, Liberia, Madagascar, Malawi, Mali, Mozambique, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Tanzanie, Ouganda, Zambie et Zimbabwe), d’Asie (Chine, Cambodge, Philippines, Inde, Indonésie, Népal, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Sri Lanka, Thaïlande et Vietnam), d’Australie (Queensland) et d’îles du Pacifique (Fidji et Polynésie française).
Le nom du genre vient du verbe latin “mordeo” (au parfait “momordi”) = mordre, saisir avec les dents, par référence aux graines dont la surface rayée et les bords dentelés semblent être le résultat d’une morsure. Le nom de l’espèce est celui sous lequel elle était connue et que Linné a conservé.
Noms communs : balsam-apple, balsam-pear, bitter gourd, bitter melon, bitter-cucumber, carilla gourd, leprosy pear, leprosy gourd, wild balsam (anglais), ku gua (transcription du chinois), concombre africain, concombre amer, margose, momordique (français), karela, kerela, tita kerala (hindi), momordica amara, pomo meraviglia (italien), balsamina longa, erva de lavadiera, melao de Sao Gaetano, melao de Sao Tano, melaozinho, pepino de Sae Gregoria (portugais), balsamo, balsamina, balsamito, calabaza africana, cundeamor, momordica amarga, pepino amargo (espagnol), Balsambirne, Balsamgurke, Bittergurke (allemand).
La Momordica charantia L. (1753) est une plante herbacée grimpante annuelle à l’odeur pénétrante et plutôt désagréable, aux racines pivotantes et aux tiges anguleuses, ramifiées, longues jusqu’à 3 à 4 m, qui s’accrochent par des vrilles axillaires longues jusqu’à environ 15 cm.
Les feuilles, portées sur des pétioles longs de 2 à 5 cm, sont alternes, palmées, plus ou moins pubescentes comme les tiges, longues de 3 à 8 cm et larges de 4 à 12 cm, profondément divisées en 5 à 9 lobes oblongs, ovés ou obovés, plus étroits à leur base et aux bords ondulés.
L’espèce est monoïque et a des fleurs mâles et femelles, d’une couleur allant du jaune pâle au jaune orangé, disposées en nœuds séparés et axillaires. Les fleurs mâles, portées sur un pédoncule long de 3 à 5 cm, sont longues de 2 à 6 cm avec une bractée réniforme verte de 0,5 à 1 cm de diamètre à la base du pédicelle et une corolle à cinq lobes obovés, longs de 1 à 2 cm et larges de 1 à 1,5 cm. Les fleurs femelles, portées sur un pédoncule long de 1 à 6 cm, sont longues de 1 à 8 cm, elles aussi avec une bractée de 0,1 à 1 cm de diamètre à la base du pédicelle et une corolle généralement plus petite que celle des fleurs mâles.
Le fruit est une baie pendante, ovoïde ou oblongue, creuse, de couleur blanche ou verte tendant vers le jaune orangé à maturité, longue de 3 à 8 cm (chez les variétés cultivées jusqu’à 30 cm et plus), à la surface parcourue par 8 à 10 nervures longitudinales avec des tubercules triangulaires. Le fruit s’ouvre spontanément à maturité (il est déhiscent) en trois valves depuis l’extrémité inférieure et découvre alors 10 à 30 graines longues de 0,5 à 1 cm et larges de 0,3 à 0,6 cm, de couleur marron ou noire, recouvertes d’un arille constitué d’une pulpe humide et douce (contrairement au fruit qui est très amer et immangeable à ce stade), de couleur rouge vif , qui, en attirant les oiseaux et les petits mammifères, a pour rôle de favoriser la dispersion des graines. On reproduit cette plante au moyen de ses graines que l’on met directement en terre à une profondeur de 1 à 2 cm. La floraison débute 4 à 6 semaines après la germination. Du fait de la facilité de sa reproduction elle est considérée dans de nombreuses zones comme une plante invasive.
Cette espèce est cultivée depuis des temps reculés tant pour son usage alimentaire que pour ses divers emplois dans la médecine populaire.
Elle se cultive dans les zones aux climat tropical et subtropical à la pluviosité élevée sur des sols bien drainés, en plein soleil ou sous un léger ombrage. À cause de sa croissance rapide elle parvient à recouvrir en très peu de temps la végétation ou les supports auxquels elle s’accroche.
Dans de nombreux pays de l’Asie et de l’Amérique du Sud où elle a été naturalisée on consomme diversement ses feuilles ainsi que ses fruits qui sont récoltés avant leur complète maturation quand ils n’ont pas encore commencé à changer de couleur (les fruits mûrs sont immangeables et toxiques). Pour atténuer leur goût amer dû principalement à une substance appelée momordicine les fruits sont d’ordinaire plongés dans de l’eau salée et, en outre, on enlève la couche superficielle avec les tubercules où cette substance se concentre pour l’essentiel. Les fleurs et les jeunes pousses sont également utilisées pour aromatiser divers plats et, tout comme les feuilles, sont consommées cuites comme légume.
Les fruits contiennent des hydrates de carbone, des protéines, des vitamines (en particulier les vitamines A et C) et des minéraux. Leurs extraits présentent des propriétés antioxydantes, antimicrobiennes et antivirales.
Son utilisation comme plante médicinale pour diverses pathologies est ancien, en particulier comme agent hypoglycémique dans les cas de diabète sucré. Toutefois son usage excessif provoque de graves effets collatéraux. D’après certaines recherches en laboratoire il semble que des substances qu’elle contient seraient potentiellement utilisables pour le traitement de certaines tumeurs.
Cette plante connaît aussi une utilisation ornementale limitée, en particulier à cause de son feuillage et de ses curieux fruits. Du fait de la rapidité de sa croissance et de ses feuilles plutôt grandes elle peut aussi avantageusement être employée pour créer des écrans pare-soleil temporaires en période estivale.
Synonymes : Momordica indica L. (1754); Momordica elegans Salisb. (1796); Momordica operculata Vell. (1827); Momordica charantia var. abbreviata Ser. (1828); Cucumis intermedius M.Roem. (1846); Momordica chinensis Spreng. (18??); Momordica sinensis Spreng. (18??); Sicyos fauriei H. Lév. (1911); Cucumis argyi H. Lév. (1916).
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