Famille : Nymphalidae
Texte © Dr. Gianfranco Colombo
Traduction en français par Michel Olivié
Le Grand nacré ou Aglaé ( Mesoacidalia aglaja Linnaeus, 1758) appartient à l’ordre des Lepidoptera et à la famille des Nymphalidae.
On inclut habituellement dans cette famille plus de 6.000 espèces de papillons répandus dans le monde entier, ce qui fait qu’elle est considérée comme la plus importante parmi celles qui regroupent les lépidoptères diurnes. Il est difficile d’identifier cette espèce en observant seulement le dessin situé sur le côté supérieur des ailes. Sa forte ressemblance avec Fabriciana adippe et Fabriciana niobe fait qu’il est presque impossible de la différencier.
Elle se distingue de Fabriciana adippe par le verso de l’aile postérieure qui est habituellement davantage teinté de vert et par les taches argentées qui sont plus petites. De plus elle n’a pas dans la zone post-discale de taches argentées avec un contour rougeâtre alors qu’elles sont présentes tant chez Fabriciana adippe que chez Fabriciana niobe.
Fabriciana niobe comporte une nuance de vert uniquement dans la zone basale et une tache blanchâtre avec un point noir dans l’alvéole qui n’existe pas chez les deux autres espèces.
La Mesoacidalia aglaja a un vol rapide et se rencontre habituellement en terrain découvert et, occasionnellement, dans les bois.
Le nom scientifique du genre a été modifié plusieurs fois au cours des années (voir les synonymes) et aujourd’hui encore il reste fluctuant. Bien que de nombreux auteurs considèrent Mesoacidalia comme le genre où elle doit être rangée d’autres la classent parmi les Argynnis.
Le nom “mesoacidalia” résulte de l’union de deux termes grecs “mesos” = au milieu et Acidalia, une célèbre fontaine de la Grèce antique située près d’Orchomène de Béotie où Aphrodite se baignait en compagnie des trois Grâces. Pour l’étymologie du genre Argynnis voir le texte de Argynnis paphia. “Aglaja”, le nom donné à l’espèce, se rapporte, quant à lui, à Aglaé, l’une des trois Grâces. Les noms vulgaires européens sont assez différents mais tous attribuent une note d’élégance à ce papillon beau et coloré. Dans certains cas ils font directement référence aux couleurs verte et argentée présentes dans sa livrée. En anglais Dark Green Fritillary, en français Grand nacré ou Aglaé, en italien Aglaia, en allemand Grosser Perlmutterfalter, en néerlandais Grote Parelmoervlinder, en catalan Argentada de muntanyia.
Zoogéographie
Le Grand nacré est très répandu dans toute l’Europe et jusqu’au Cap Nord et rejoint la Chine et le Japon en traversant toute la zone tempérée de l’Asie. Il est présent, même s’il n’est pas très fréquent, en Afrique du Nord mais est absent de la Sardaigne, de la Corse et de diverses îles de la Méditerranée. En Angleterre il est souvent cantonné à l’intérieur des terres dans les pâturages herbus alors qu’il est très commun sur les côtes.
À la différence de la paphia dont l’habitat idéal est associé aux bois le Grand nacré vit presque exclusivement dans les prairies herbues et passent seulement de façon fortuite dans les zones plantées d’arbres. C’est un papillon qui demeure continuellement sur son territoire durant de longues périodes et on peut par conséquent le retrouver immanquablement toute l’année au même endroit.
Il est présent depuis le niveau de la mer jusqu’à 1.500 m d’altitude et même à des altitudes plus élevées en périodes favorables, son habitat idéal se situant entre 300 et 800 m.
Morphophysiologie
La Mesoacidalia aglaja est un papillon dont l’envergure alaire, de taille modérée, peut atteindre 6 cm, et qui se situe parmi les plus grandes des fritillaires bien qu’il soit nettement plus petit que la paphia. Il a de brillantes couleurs orangées/dorées sur le côté antérieur des ailes, des tachetures et des rayures noirâtres entrecoupées de taches noires parfaitement rondes ainsi que des lunettes de différentes tailles entourant les bords des ailes. Il a des antennes bien formées et robustes de couleur brun jaunâtre avec une extrémité foncée, aplatie et arrondie.
Sur le verso de son aile antérieure sont reproduits des dessins plus ou moins nets de couleur noire placés sur un fond orangé peu vif comportant une légère teinte verdâtre à l’extrémité. Sur le verso de l’aile inférieure ces dessins disparaissent et sont remplacés par des taches argentées aux limites bien nettes et brillantes disposées sur un fond verdâtre bien marqué. Sur tout le bord se trouvent de petites lunettes argentées qui sont plus réduites que celles de la Fabriciana adippe, l’espèce la plus ressemblante avec laquelle on peut le confondre. Comme déjà indiqué le Grand nacré n’ a pas d’autre part sur la bande post-discale les petites taches argentées bordées de rouge particulières à la adippe et à la niobe, une caractéristique essentielle pour son identification.
Il existe un léger dimorphisme entre les deux sexes dans la mesure où le mâle présente sur le côté supérieur des ailes des couleurs orangées plus nettes que la femelle chez qui ces couleurs sont partiellement estompées.
Ce papillon vole pendant les mois les plus chauds, de juin à fin août, et comme toutes les fritillaires il aime une très grande variété de fleurs dont les Buddleja, Aster, Zinnia et Rubus.
Il a des mouvements rapides et un vol puissant qu’il interrompt brusquement dès qu’il a vu une fleur qui lui plaît. C’est un papillon très vif et au vol nerveux qu’il n’est pas toujours facile d’approcher et d’observer, pas même quand il se nourrit.
Biologie reproductive
C’est une espèce monovoltine. Les chenilles du Grand nacré peuvent facilement être distinguées de celles de la paphia, beaucoup plus que les adultes eux-mêmes.
Elle sont noires et ont deux lignes blanches parallèles qui courent sur le dos et des côtés parsemés de taches rouges entourées de petites épines noirâtres. La tête aussi est de couleur noire. Les chenilles naissent au mois de septembre et hivernent quand elles sont encore très petites. Elles ne commencent pas à s’alimenter avant le printemps suivant. Pendant le jour elles restent cachées à une certaine distance de la plante nourricière et se déplacent habituellement au crépuscule pour rejoindre leur lieu d’alimentation. Leur croissance pendant la phase juvénile est progressive et constante mais plutôt lente comparativement à celle des petites fritillaires. Les larves se transforment en chrysalide au cours d’une métamorphose qui dure de 15 à 20 jours. Plantes-hôtes : Viola palustris et Viola tricolor mais aussi d’autres espèces du genre Viola.
Synonymes
Papilio aglaja Linnaeus, 1758; Papilio pasinhoe Linnaeus, 1767; Papilio charlotta Haworth, 1802; Argynnis aglaja Wahlberg; Speyera aglaja Speyer, 1880.
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