Famille : Triozidae
Texte © Prof. Santi Longo
Traduction en français par Michel Olivié
Dans le cadre de la superfamille Psylloidea l’entomologiste Low créa en 1879 la famille Triozidae dans laquelle il inclut les espèces dont la nervure basale des ailes antérieures est trifourchue à la différence de celles de la famille Psyllidae Latreille 1807 où la nervure basale est bifourchue.
Les adultes des homoptères Psylloidés sont des insectes de petites dimensions dont la longueur varie de 1,5 à 4,5 mm.
Il y a souvent sur leur tête deux excroissances genae-frontales dites “cônes frontaux” et trois yeux. Les antennes sont constituées de 10 articles. Dans l’appareil buccal qui est du type piqueur-suceur la lèvre inférieure appelée rostre est trimère, c’est-à-dire formée de trois articles.
Le mésothorax et le métathorax contiennent les ailes membraneuses qui sont disposées au repos en forme de toit et ont des nervures simples.
Les tarses des pattes comportent deux articles. Les pattes antérieures et médianes sont déambulatoires alors que les pattes postérieures sont plus développées et aptes au saut. Le neuvième urite abdominal est grand et porte sur le côté dorsal le dixième urite où se trouve l’ouverture anale.
Chez les femelles l’appareil génito-anal est constitué de deux éléments sclérifiés allongés de façon différente : un dorsal et l’autre ventral qui sont creusés en sillon et qui contiennent l’ovopositeur morphologique.
Dans l’abdomen du mâle l’appareil génital est relié à l’anus et constitué du proctiger (formé du dixième et du onzième segment), de la plaque sous-génitale, de deux paramères et de l’organe copulateur ou édéage.
La couleur de la livrée des adultes est variable : elle est normalement claire chez ceux des générations printanières alors qu’elle est plus foncée chez ceux des générations hivernales.
Les œufs possèdent un pédoncule.
Le développement post-embryonnaire comporte deux stades de néanides qui sont dépourvus d’ébauches alaires et trois stades nymphaux ou bien trois stades de néanides et deux de nymphes. Leur corps est très aplati. Au repos ils disposent leurs appendices buccaux à l’extérieur. Une caractéristique morphologique spécifique est constituée par le pygidium qui est formé de la fusion des derniers segments de l’abdomen.
À tous les stades juvéniles ils produisent un miellat abondant et une cire qui recouvre et protège leur corps. D’autre part avec leur salive ils provoquent la déformation des feuilles ce qui incite les tissus de la plante à former des galles alors que le miellat et la sécrétion cireuse tachent la végétation.
Le genre Lauritrioza créé par Conci et Tamanini en 1986 comprend, en plus de Lauritrioza alacris (Flor. 1861), Lauritrioza laurisilvae (Hodkinson, 1990).
Son nom fait référence à la fois à la plante-hôte et à la famille d’appartenance alors que le nom de l’espèce alacris veut dire en latin vif, allègre, adroit, impétueux ou vigoureux.
Zoogéographie
Ce phytomyze originaire du bassin méditerranéen a été introduit au Moyen-Orient (Jordanie, Israël et Syrie), dans le Nord de l’Europe ( Belgique, Hongrie, Grande-Bretagne, Suède et Finlande) ainsi qu’en Amérique du Nord et du Sud (États-Unis, Canada, Chili, Argentine et Brésil). Dans ce dernier pays où cette espèce a été signalée en 1949 on a enregistré de graves attaques dans les pépinières de laurier.
Écologie-Habitat
Cette psylle qui vit essentiellement sur Laureus nobilis a été observée sur Laureus novocanariensis et Persea indica. Son habitat idéal est constitué par les plantes jeunes et à la végétation luxuriante et surtout par les haies qui sont fréquemment taillées pour préserver leur forme et reçoivent des apports d’engrais abondants ce qui provoque la formation d’une végétation nouvelle qui à son tour favorise l’explosion démographique de la Psylle.
Les lauriers poussant dans les pépinières et ceux qui sont cultivés dans un but décoratif subissent d’importants dégâts du fait de la déformation de leurs extrémités végétatives, du ralentissement de leur développement et surtout des fumagines qui se développent sur le miellat et salissent le feuillage qui prend une teinte noire inesthétique.
Morphophysiologie
Le corps des adultes de Lauritrioza alacris mesurent de 3.5 à 4 mm. La couleur de ces insectes varie fortement suivant la période à laquelle ils naissent et avec l’âge. Sur le dos le tégument, d’abord jaune, tend à s’assombrir jusqu’à devenir noir avec des lignes longitudinales et transversales plus claires.
Les deux derniers segments des antennes sont foncés. Les ailes sont longues et pointues. Leur nervure externe est courte et recourbée.
La couleur du corps des stades juvéniles varie du rose jaunâtre au vert jaunâtre. Ils vivent à l’intérieur des galles souvent plongés dans le miellat qu’ils produisent et protégés par leurs épaisses sécrétions cireuses.
Éthologie-Biologie reproductive
Les adultes passent la saison la plus froide en se réfugiant le plus souvent sur le feuillage des plants de laurier.
Lors de la reprise végétative de leurs hôtes ils migrent sur les bourgeons et grâce à leur appareil buccal piqueur-suceur ils se nourrissent et injectent dans les tissus tendres leur salive qui provoque l’enroulement du bord des feuilles sur la face inférieure et la formation d’une cavité à l’intérieur de laquelle ils pondent leurs œufs.
La partie enroulée prend un aspect boursouflé et une teinte blanc jaunâtre.
Chaque femelle pond en moyenne une centaine d’œufs sous les bords repliés de la feuille.
Après une incubation de quelques jours dont la durée varie en fonction de la température ambiante les néanides naissent et commencent à s’alimenter en piquant les parois de la galle où ils injectent une autre salive riche en substances auxiniques qui accélèrent les phénomènes hyperplastiques des cellules.
C’est ainsi que se forment les galles boursouflées caractéristiques.
Les néanides et les nymphes recouvertes des sécrétions cireuses de couleur blanche vivent à l’intérieur. Les derniers stades nymphaux quittent la galle et effectuent leur dernière mue sur le feuillage. Les galles abandonnées prennent avec le temps une teinte marron caractéristique avant la chute des feuilles.
Agents de limitation naturels
Tous les stades biologiques de la Psylle du laurier sont activement chassés par des Mantidés, des Coléoptères et diverses espèces de Rhynchotes hétéroptères dont la plus active est l’Anthocoride Anthocoris nemoralis (Fabricius, 1794) que l’on a même élevé dans des insectariums commerciaux et utilisés dans les vergers de poiriers pour le contrôle biologique au moyen de la méthode “inondative” ou de celle dite “augmentative” de la nuisible Psylle du poirier (Cacopsylla pyri) (Linnaeus, 1761).
Synonymes
Cette espèce est connue sous le nom de Laurel psyllid en anglais, de Laurbaerbladloppe en danois, de Lorbeerblattfloh en allemand et de Lagerbladoppa en suédois. Elle a été décrite sous le nom de Trioza alacris par l’entomologiste allemand Gustav Flor en 1861 et replacée en 1986 dans le genre Lautitrioza.
→ Pour apprécier la biodiversité des HEMIPTÈRES cliquez ici.