Famille : Heliconiaceae
Texte © Pietro Puccio
Traduction en français par Marc Longhi
L’espèce est originaire de la Bolivie, du Brésil (Acre, Amazonas, Amapá, Pará, Roraima, Rondônia et Tocantins), de la Colombie, de l’Équateur, du Guyana, du Pérou, du Suriname et du Vénézuela où elle pousse dans les forêts humides à basse ou moyenne altitude.
Le nom du genre est dérivé du latin “Heliconius, a, um” = de Helicon, montagne consacrée à Apollon et ses muses dans la mythologie grecque ; le nom d’espèce est l’adjectif latin “strictus, a, um” = étroit, compact, par allusion à l’inflorescence.
Noms communs: red lobster claw, small lobster claw (anglais); caetê-sanguíneo (portugais – Brésil); platanillo (espagnol).
L’ Heliconia stricta Huber (1906) est une espèce herbacée dressée, rhizomateuse, pérenne et sempervirente qui forme des souches denses d’une hauteur de 1,5 à 3 m de haut.
Les feuilles disposent d’un pétiole d’une longueur de 25 à 90 cm. Elles sont basales, alternes, distiques, simples et entières d’une forme ovale ou obovale à l’extrémité pointue et dont la nervure centrale est habituellement rougeâtre et proéminente sur la face inférieure, de 0,45 à 1,5 m de long et de 20 à 30 cm de large avec les bases foliaires tubulaires engainantes qui forment une pseudo tige de 40 à 70 cm de long.
L’inflorescence est un épis terminal dressé et sessile, d’une longueur de 20 à 40 cm au rachis rougeâtre et glabre et de 5 à 9 bractées rapprochées, distiques, coriaces, à l’extrémité pointue, d’une longueur à la base de 15 à 25 cm, diminuant progressivement vers l’extrémité, de couleur rouge et d’une mince bordure vert jaunâtre, dans laquelle s’accumule l’eau et les détritus qui attirent les oiseaux et les petits animaux. Les bractées rassemblent de 15 à 22 fleurs, sur un pédicelle blanc d’une longueur de 0,5 cm, tubulaire, sigmoïde, d’environ 5 cm de long, blanc à la base, d’un vert intense dans sa partie médiane et blanc à l’extrémité et à ouverture successive. Les fleurs sont zygomorphes (symétrie bilatérale), hermaphrodites, à 3 sépales, dont deux soudées et une libre, et 3 pétales soudées, avec peu de différenciation entre elles, 5 étamines fertiles et un staminode opposé au sépale libre ; les fleurs sont pollinisées par les colibris. Les fruits sont des drupes globuleuses d’un bleu foncé et qui contiennent de 1 à 3 graines.
C’est une plante que l’on peut reproduire par semis, les graines préalablement scarifiées, et maintenues dans l’eau pendant 3 jours afin d’en ramollir le tégument, dans un substrat organique complété de sable siliceux ou de perlite pour 30% du total, maintenu humide à une température de 26-28 °C. Les délais de germination sont variables pouvant aller de quelques mois à une année, on recourt cependant facilement à la division des rhizomes au printemps, à partir de toute section dotée de plusieurs bourgeons végétatifs.
C’est une espèce d’une grande valeur ornementale et paysagère pour son feuillage luxuriant et ses inflorescences spectaculaires, et à partir de laquelle ont été sélectionnées de nombreuses variétés aux tonalités et couleurs diverses et de dimension réduite – moins d’un mètre – (la plus cultivée est par exemple la ‘Dwarf Jamaican’). On peut la cultiver dans les régions au climat tropical et subtropical humide en plein soleil ou sous une ombre légère.
Cette espèce exige des sols riches en substances organiques, acides ou neutres, bien drainés, maintenus dans une humidité quasi constante mais sans eau stagnante et des lieux protégés du vent. Dans les régions aux périodes de sécheresse prolongées elle doit être fréquemment et abondement arrosée, en particulier au cours des mois les plus chauds.
Elle se cultive aussi en pot, en particulier les variétés aux dimensions réduites en utilisant un substrat organique particulièrement drainant et aéré, pour la décoration des patios et des terrasses ou pour être entretenue dans des serres, des vérandas et des jardins d’hiver particulièrement lumineux, où le climat ne permet pas l’exposition en plein air pendant les mois d’hiver, avec un taux important d’humidité ambiante et plus et des températures diurnes idéales entre 24 et 26 °C, et des minima nocturnes jamais inférieurs à 15 °C.
Les arrosages doivent être réguliers et abondants en été, en laissant sécher en partie le substrat avant de ré-arroser et d’éviter la stagnation qui peut facilement causer des pourritures. Les arrosages doivent être plus espacés en hiver, mais sans faire dessécher complètement le substrat. Les apports nutritionnels doivent être constitués de préférence de produits équilibrés à libération lente avec l’ajout d’oligoéléments. C’est une plante qui est facilement sujette à des attaques d’acariens et de cochenilles qu’il s’agit de traiter dans les cas les plus graves avec des produits spécifiques.
Les inflorescences coupées ont une durée de vie d’une douzaine de jours et sont particulièrement appréciées dans les compositions florales. Les feuilles sont utilisées par les populations indigènes pour envelopper et transporter les aliments et pour la cuisson à la vapeur.
Synonymes : Heliconia biahij Vell. (1827) ; Heliconia aureo-striata Bull. (1881) ; Bihaia bourgeauana Kuntze (1891) ; Bihai stricta (Huber) Griggs (1915) ; Heliconia tricolor Abalo & G.Morales (1985).