Famille : Moraceae
Texte © Dr Claudio Littardi
Traduction en français par Michel Olivié
Le Figuier commun (Ficus carica L.) appartient à la famille des Moraceae(ordre des Urticales).
Le genre Ficus regroupe plus de 600 espèces qui sont localisées pour la plupart dans les régions les plus chaudes du globe. On est en présence d’une famille archaïque qui était déjà présente sous diverses formes au Crétacé et au Jurassique et qui remonte donc aux premiers temps des plantes à fleurs.
Dans l’aire méditerranéenne c’est parmi les espèces fructifères celle du figuier domestique (Ficus carica var. domestica) qui est répandue et et cultivée. Elle est présente en Italie dans toutes les régions.
Le nom du genre est celui que les Latins ont donné au figuier alors que le nom de l’espèce fait référence à la Carie, une région de l’Asie mineure dont on la croyait originaire. En grec la figue comestible était appelée “sykon”, d’où le terme de botanique sycone qui désigne le faux fruit.
Le “fruit” communément appelé figue est en réalité un “réceptacle” charnu, creux, tapissé à l’intérieur de petites fleurs et communiquant avec l’extérieur grâce à une ouverture minuscule (l’ostiole).
L’arbre est de dimensions moyennement grandes. Il pousse rapidement. Ses branches s’étalent largement parfois en se courbant jusqu’au sol, ce qui donne à cette plante une forme irrégulière.
Ses racines sont vigoureuses et cherchent à recouvrir de vastes surfaces de terrain. Son tronc, tortueux et ramifié, a une écorce lisse de couleur cendrée.
Ses feuilles sont grandes, épaisses, rugueuses, pubescentes en partie basse, cordiformes à leur base, rarement entières, presque toujours divisées en trois à sept lobes inégaux et fortement dentées sur les bords.
Une fréquent hétérophyllie caractérise les feuilles, un phénomène que l’on peut souvent observer sur le même arbre avec la présence de feuilles unilobées et polylobées. Le nombre des lobes et leurs dimensions sont liés à la variété.
Sur le figuier domestique les bourgeons à fleurs se trouvent sur les branches de l’année dans leur partie terminale alors que sur les branches de deux ans ou plus on trouve les bourgeons à bois qui se développent vigoureusement quand la branche de l’année précédente a été coupée au moment de la taille.
Les branches de l’année comportent toujours un ou deux bourgeons terminaux à bois qui sont acuminés et recouverts d’écailles.
Sous le bourgeon terminal on observe entre les courts entre-noeuds de larges cicatrices qui marquent le point d’insertion de la feuille de l’année précédente alors que des cicatrices voisines, plus petites, montrent le point où les figues étaient implantées.
Au milieu de ces marques émerge un petit bourgeon ovale, pointu, à bois, souvent accompagné d’un bourgeon à fruit de forme arrondie. La fructification du figuier varie en fonction des cultivars mais est aussi influencée par les conditions environnementales.
On a des “variétés unifères”, c’est-à-dire qui produisent des fruits une seule fois par an, appelées “fiorini” (figues-fleurs) au début de l’été ou “forniti” (tardives) en automne. D’autres variétés, appelées “bifères”, produisent deux fructifications par an, à savoir des “fiorini” et des “forniti”. Il y a enfin les “trifères” qui produisent trois fois par an des “fiorini”, des “forniti” et des “cimaruoli”. Ces dernières, quand les années sont très favorables, subsistent parfois jusqu’au printemps suivant.
Le Figuier commun comporte deux types biologiques, le Figuier et le Figuier sauvage ou Caprifiguier qui pendant des siècles ont suscité de la curiosité et bien des doutes parmi les botanistes.
Les illustrations anciennes montrent déjà le figuier sous ses deux différentes formes, l’une avec des figues comestibles et l’autre avec des fruits non comestibles parce que desséchés et coriaces.
Le nom de Caprifiguier (du latin “caprificus”, de “ficus” et de “capra”, c’est-à-dire figue des chèvres) vient du fait que cette plante pousse en général dans des terrains inaccessibles et aussi dans des fissures de rochers et de murs.
Chez le Caprifiguier trois types d’inflorescences (les sycones) se succèdent au cours de l’année.
Une première production apparaît en octobre et est représentée par les “mamme” qui subsistent tout l’hiver jusqu’au mois d’avril et sont fixées au-dessus des cicatrices laissées par les feuilles qui sont tombées. Cette phase correspond aux “cimaruoli” des variétés “trifères” du figuier domestique.
La deuxième génération est constituée par les “profichi” qui mûrissent en juin et juillet et poussent dans la partie terminale de la branche, sur le bois de la nouvelle génération, au-dessus des “mamme”. Ils correspondent aux “fiorini” du figuier domestique.
Les “mammoni” se forment en été. Leur présence sur l’arbre s’étend jusqu’à la fin de l’été. Ils correspondent aux figues “forniti”.
Le séquençage phénologique du caprifiguier est d’une précision rigoureuse et étroitement liée à la biologie étrange et en même temps complexe d’une petite guêpe (Blastophaga psenes L.) qui joue le rôle de pollinisateur. Dans les régions méditerranéennes, à la fin du printemps, aux heures les plus chaudes de la journée, il est parfois possible d’observer ces minuscules “moucherons noirs” qui volent près des caprifiguiers et cherchent, au prix de beaucoup d’efforts, à atteindre la cavité de l’ostiole.
Le figuier ne peut être pollinisé naturellement que par ce petit insecte qui, à son tour, ne peut se reproduire que grâce aux réceptacles des figues. Chacun des deux a donc besoin de l’autre pour assurer sa reproduction naturelle.
Chaque espèce du genre Ficus a recours à un insecte pollinisateur spécifique qui effectue cette tâche pour les besoins de sa reproduction.
Chez le caprifiguier la Blastophaga psenes se livre à cette introduction de force pour pouvoir pondre ses oeufs dans les fleurs internes femelles qui sont conçues pour accueillir sa ponte et permettre d’achever son cycle biologique à l’intérieur à partir des galles florales. Ce séquençage s’avère sans aucun doute complexe et s’effectue en fonction de la sexualité différente du figuier et du caprifiguier.
C’est pourquoi on trouve dans la nature deux types de figuier : l’un fonctionnellement mâle, pollinisateur et non comestible (le caprifiguier) et l’autre fonctionnellement femelle et comestible (le figuier domestique). En résumé le figuier est morphologiquement monoïque et fonctionnellement dioïque.
À ce sujet, pour mieux comprendre la complexité de l’interaction entre le figuier et l’insecte, il convient d’examiner la morphologie des petites fleurs situées à l’intérieur des sycones. Dans le même réceptacle on peut trouver des fleurs mâles et femelles. Ces dernières sont représentées par des fleurs dites “brévistyles” ou “galligènes” et des fleurs “longistyles” qui, suivant la variété, peuvent être stériles ou fertiles. Le Caprifiguier a des fleurs mâles et femelles à la différence du figuier domestique qui a seulement des fleurs femelles “longistyles”.
Chez le Caprifiguier les infrutescences “mamme” accueillent les minuscules blastophages qui pondent leurs oeufs dans les fleurs “brévistyles”. Les mâles de leurs larves grandissent dans les galles, fécondent les femelles et meurent dans le réceptacle sans en sortir. Les femelles essaiment en mai et s’envolent en direction des “profichi” pour pondre leurs oeufs dans les fleurs galligènes.
Vers le mois de juillet les femelles de la nouvelle génération sont prêtes à former des essaims qui s’envolent en direction des “mammoni” mais en traversant l’ostiole du sycone pour rejoindre la lumière elles se recouvrent du pollen des fleurs mâles qui est produit en grande quantité.
Les femelles pondent leurs oeufs à l’intérieur des “mammoni” mais, comme les “mammoni” sont aussi dotées de fleurs longistyles, celles-ci sont pollinisées involontairement par le pollen transporté par les insectes.
Pendant cette dernière phase de l’envol des blastophages en direction des “mammoni” il peut arriver qu’ils se trouvent à proximité de figuiers domestiques.
Dans ce cas les insectes peuvent pénétrer dans les réceptacles des “forniti” et polliniser les fleurs longistyles avec le pollen transporté depuis le Caprifiguier.
C’est de ce phénomène occasionnel qu’est né l’ancien procédé de la “caprification” qui consiste à placer sur les branches du figuier domestique des branches de caprifiguier qui ont des “profichi” abritant des blastophages pollinisateurs.
Ce procédé nécessite de cueillir des sycones entiers, en nombre variable, parfois jusqu’à 20, de les enfiler sur un bout de bois ou une ficelle de jute et de les suspendre aux branches de l’arbre que l’on veut “caprifier”.
Il n’est pas nécessaire pour la plupart des cultivars qui sont parthénocarpiques, c’est-à-dire ayant des fleurs longistyles stériles, et atteignent la maturité pomologique sans l’aide du blastophage pollinisateur.
Il y a cependant des variétés “bifères” qui, pour assurer la production de “forniti”, ont besoin de la caprification. Les fruits dans le cas contraire tombent prématurément.
D’autres figuiers peuvent tirer avantage de la caprification comme certaines variétés parthénocarpiques particulières qui améliorent de cette façon leurs qualités organoleptiques.
Il est intéressant de noter aussi que pour d’autres variétés la caprification peut au contraire avoir des incidences négatives sur la qualité des fruits.
La reproduction du figuier peut également être effectuée par marcottage, par des semis et par multiplication.
La bonne croissance du figuier est en général favorisée par des arrosages abondants en été et par d’importants apports d’engrais organiques.