Famille : Arecaceae
Texte © Pietro Puccio
Traduction en français par Michel Olivié
Cette espèce est originaire de l’Argentine (Misiones), du Brésil (Alagoas, Bahia, Ceara, District fédéral de Brasilia, Espirito Santo, Fernando de Noronha, Goias, Maranhao, Mato Grosso, Mato Grosso do Sul, Minas Gerais, Paraiba, Parana, Pernambuco, Piaui, Rio de Janeiro, Rio Grande do Norte, Rio Grande do Sul, Santa Catarina, Sao Paulo, Sergipe et Trindade) et du Paraguay où elle vit dans les forêts atlantiques côtières jusqu’à environ 1.000 m d’altitude.
Le nom du genre est celui de la Muse de la musique dans la mythologie grecque. Il est composé du préfixe “eu” = bien et du verbe “terpo” = charmer, réjouir. Ce nom convient parfaitement à ce genre qui inclut des espèces comptant parmi les plus élégantes de la famille des palmiers. Le nom de l’espèce est l’adjectif latin “edulis” = bon à manger, comestible, par allusion à ses fruits et surtout à ses apex végétatifs (les”cœurs de palmier”).
Noms communs : assai palm, heart-of-palm tree, jussara palm (anglais), coco de palmito, palmito, palmita yeyhi (Argentine), açai-do-sul, ensarova, içara, jiçara, inçara juçara, palmiteiro, palmito-juçara, palmito-doce, palmito-vermelho, ripa, ripeira (Brésil), palmito, yayi (Paraguay).
L’ Euterpe edulis Mart. (1824) est une espèce monoïque, solitaire, rarement cespiteuse, inerme, au tronc cylindrique droit haut jusqu’à environ 20 m, de 15 cm de diamètre, de couleur grisâtre, sur lequel on peut distinguer les anneaux qui constituent la trace de l’implantation des feuilles tombées et qui sont distants entre eux de 7 à 10 cm, à la base légèrement élargie et avec un cône de racines rougeâtres bien apparentes.
Les feuilles, portées sur un pétiole long d’environ 30 cm, sont pennées, longues jusqu’à 3 m et ont une base foliaire qui enveloppe entièrement le tronc sur une hauteur d’environ 1 m en formant une sorte de chapiteau tubulaire de couleur vert foncé parfois teintée de jaune rougeâtre. Les folioles, au nombre de 70 à 80 par côté et étroitement serrées le long du rachis, sont linéaires avec un apex pointu, longues de 60 à 90 cm et larges de 2 à 3 cm dans leur partie médiane, pendantes, de couleur vert clair et brillantes.
Les inflorescences, ramifiées, longues d’environ 70 cm, portées sur un court pédoncule, renfermées lors de leur phase initiale de croissance dans une spathe caduque, sont placées sous les feuilles et portent des fleurs jaunâtres des deux sexes disposées en forme de triade caractéristique (une fleur femelle au milieu de deux fleurs mâles), en paires ou uniquement mâles dans la partie terminale.
Les fruits, nombreux, sont des drupes sphériques de couleur pourpre noirâtre à maturité, de 1 à à 1,3 cm de diamètre, qui contiennent une seule graine sphérique et sont très recherchés par la faune forestière, en particulier les oiseaux et les mammifères qui contribuent à la dissémination de l’espèce. On reproduit cette plante au moyen de ses graines, dont la capacité à germer est de courte durée, en les semant, après les avoir débarrassées de leur pulpe et plongées dans de l’eau tiède pendant trois jours, dans un substrat aéré et drainant à la température de 24 à 26 °C. La germination est assez lente, 2 à 5 mois ou plus. La première feuillaison est pennée. Ce palmier, qui est un des plus décoratifs et des plus élégants et dont la croissance est relativement rapide, est cultivé dans les régions aux climat tropical et subtropical humides. On peut essayer de le cultiver dans des climats tempérés chauds très doux où il peut résister, une fois adulte, à des températures proches de 0 °C, à condition qu’elles soient exceptionnelles et de très courte durée. Il a besoin d’une exposition en plein soleil ou légèrement ombragée, en particulier pendant sa phase de jeunesse, et de sols drainants, riches en substances organiques, acides et maintenus constamment humides. D’une grande valeur paysagère sous forme de spécimen isolé ou en groupes de hauteurs différentes dans les parcs et jardins, on peut aussi le cultiver en pot pour la décoration des espaces ouverts et des intérieurs lumineux.
Le tronc était utilisé par les populations locales dans les constructions et les feuilles comme couvertures et, aujourd’hui encore, pour fabriquer des objets artisanaux d’usage courant mais la partie la plus utilisée et la plus appréciée est l’apex végétatif et la partie la plus tendre et la plus interne des bases foliaires engainées, le cœur de palmier, qui est consommé cru ou le plus souvent en conserve et qui a représenté un aliment et une source de revenus presque exclusive de nombreuses communautés de la forêt atlantique mais dont la récolte entraîne la mort de l’arbre, ce qui, du fait de coupes inconsidérées, a causé sa disparition dans de nombreuses zones dont il était originaire. D’une plante adulte d’au moins 8 à 12 ans on peut extraire seulement 400 à 600 g de produit.
La production des cœurs de palmier de l’ Euterpe edulis au Brésil, qui en est le plus grand producteur, consommateur et exportateur, est règlementée par les lois fédérales et aujourd’hui, afin de sauvegarder l’espèce, on a recours en partie à l’Euterpe oleracea, dont la coupe, si elle est programmée correctement, ne compromet pas la survie de l’arbre, vu qu’il est cespiteux, et aux plants cultivés de Bactris gasipes, qui toutefois fournissent un produit d’une qualité légèrement inférieure. On extrait d’autre part des fruits un jus au goût très agréable et très apprécié, semblable à celui qui est extrait de ceux de l’ Euterpe oleracea (l’açai) de la forêt amazonienne.
Synonymes : Euterpe egusquizae Bertoni ex Hauman (1919); Euterpe espiritosantensis H.Q.B.Fern. (1990).
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