Famille : Dioscoreaceae
Texte © Eugenio Zanotti
Traduction en français par Michel Olivié
Le Tamier commun (Dioscorea communis (L.) Caddick & Wilkin, (2002) ex Tamus communis L. 1753) est une plante géophyte à la diffusion euro-méditerranéenne dont l’aire correspond à la diffusion de la vigne, c’est-à-dire, pour l’essentiel, celle des pays qui bordent la Méditerranée mais avec une extension vers le Nord et l’ Est.
Le genre Dioscorea comprend plus de 600 espèces réparties dans les régions tropicales et tempérées chaudes du globe.
Beaucoup sont connues sous le nom d’ignames pour leur importance sur le plan alimentaire.
L’origine du nom précédent du genre Tamus (aujourd’hui la plante a été reclassée par les botanistes systématiciens en raison des résultats d’analyses morphologiques et moléculaires dans le genre Dioscorea) remonte à l’époque de la Rome antique : Pline l’Ancien (23-79 après J.C.) et ensuite Columelle (1er siècle après J.C.) avaient désigné sous le nom de ‘taminia” une plante grimpante ou une variété de vigne (liseron noir, clématite paonazza ou bryone dioïque).
Le nom de l’espèce vient du latin “communis”, et veut dire commune, répandue, connue.
Le genre Dioscorea quant à lui, a été dédié à Pedanius Dioscoride Anazarbeus (d’Anazarbus, une ville de la Cilicie en Asie Mineure), célèbre botaniste et médecin herboriste de culture grecque qui a vécu au Ier siècle après J.C.
C’est une plante herbacée, glabre, pérenne, lianeuse, avec une racine souterraine grosse, fragile, charnue/tubéreuse, enfoncée profondément dans la terre, cylindrique-ovoïde (jusqu’ à 4 à 5 cm) mais souvent irrégulière avec une peau noire ou grisâtre et, à l’intérieur, une pulpe blanche mucilagineuse et visqueuse. Les tiges sont cylindriques, volubiles, dextrogyres, lisses et cannelées longitudinalement, flexueuses, rampantes ou grimpantes, parfois rameuses et longues de 1 à 3 m (4 au maximum) Les feuilles sont alternes avec un pétiole de 2 à 10 cm et dotées à leur base de deux glandes. Le limbe est de forme variable : 3 à 8 (18 au maximum) x 5 à 10 (15 au maximum) cm, de hasté-cordiforme à réniforme, cordé-subtrilobé, acuminé, mou, vert foncé et brillant au-dessus avec 3 à 7 (9 au maximum) nervures primaires convergentes et des nervures secondaires anastomosées en réseau.
Les fleurs sont petites, d’une couleur jaune verdâtre, avec un périgone profondément découpé en 6 laciniations sub-égales, campanulées-persistantes et disposées en racèmes axillaires. Les racèmes mâles sont allongés (5 à 16 cm), isolés ou en petits groupes de 2 à 3. Les racèmes femelles sont courts (1 cm) et en petits groupes de 3 à 5. Les fruits, rassemblés en guirlandes décoratives, sont des baies sphériques (vénéneuses) d’1 cm qui subsistent jusqu’à la fin de la saison hivernale (s’ils ne sont pas consommés par les oiseaux qui assurent la dissémination de cette espèce sur une grande distance) avec les vestiges du périgone, Ils sont luisants, d’abord verts puis rouge écarlate à maturité.
Chaque baie contient 3 à 6 graines globuleuses de couleur rouge brique ou brunâtre.
C’est une espèce répandue dans les bois touffus, les taillis, les maquis, les clairières et les broussailles surtout dans les collines et sur des terrains calcaires depuis la plaine jusqu’à 800 m d’altitude (jusqu’à 1.400 m en Sicile).
Les bourgeons du tamier, qui sont souvent de couleur bronze comme les tiges et les jeunes feuilles, sont récoltés dans de nombreuses régions, comme ceux du houblon qui se différencie surtout du tamier par la section non cylindrique de ses tiges et par ses feuilles opposées et rugueuses (si elles sont pressées entre les doigts du bas vers le haut), et consommés après avoir été bouillis.
Bien qu’une grande partie de la toxicité de la plante et de son goût amer soit éliminée par la cuisson, il semble cependant que l’on doive conseiller d’en limiter l’usage en quantité comme en fréquence d’utilisation et recommander de la faire bouillir de façon convenable.
En phytothérapie on utilise la racine qui est récoltée en septembre-octobre et qui contient de l’amidon, des oxalates de calcium et de potassium, du phénanthrène, de la batatasine I, une substance analogue à l’histamine, des saponines stéroïdes, de la diosgénine (une molécule dont la structure est semblable à celle de la progestérone), de la yamogénine, de la vitamine C et des traces de tanins.
Sous forme de décoction, d’extrait ou de teinture elle a une action anti-inflammatoire sur l’appareil urinaire et elle est diurétique, émétique, purgative, hémolytique et vulnéraire.
L’usage interne de cette plante, en fait presque abandonné, doit être soumis à un strict contrôle médical étant donné la toxicité et les propriétés irritantes de certains de ses composants alors qu’en usage externe certaines préparations topiques-révulsives peuvent être employées en remplacement de celles à base d’Arnica montana, pour provoquer des vasodilatations locales qui favorisent l’élimination des états inflammatoires en augmentant l’afflux de sang, pour les défenses phagocitaires et la stimulation du système nerveux périphérique.
Ces préparations (décoction et teinture d’arnica, extrait de pulpe de racine de tamier) sont utilisées pour soulager les douleurs rhumatismales et arthritiques et aussi dans la thérapie des contusions et des ecchymoses.
En France le tamier est également connu sous le nom populaire d’ “herbe aux femmes battues”, à cause, précisément, des usages curatifs de ses racines tubériformes. Le contact avec la pulpe des racines ou des fruits mûrs peut provoquer des dermatites à cause de la pénétration, dans des peaux délicates et sensibles, de cristaux en forme d’aiguille d’oxalate de calcium ainsi que de la présence d’histamine.
Préparation :
Extrait hydro-alcoolique de tamier à appliquer avec des compresses sur les parties atteintes par des ecchymoses
Préparer 100 g de pulpe écrasée de racine entière (radix et cortex concisa) macérée dans de l’alcool éthylique à 80° pendant 4 jours.
Synonymes : Tamus communis L. (1753); Tamus racemosa Gouan (1764); Tamus elephantipes L’Her. (1789); Tamus cordifolia Stokes (1812); Tamus norsa Lowe R.T. (1838); Tamus canariensis Willd. Ex Kunth (1850); Tamus smilacifolia Jullien ex Boreau (1857); Tamus communis L. subsp. cretica (L.) Nyman (1882); Tamus baccifera St.-Lag. (1889); Tamus communis L. var. smilacifolia (Jullien ex Boreau) Rouy (1912); Tamus nepalensis Jacquem. Ex Prain & Burkill (1914); Tamus edulis Lowe (2012).
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