Famille : Fabaceae
Texte © Prof. Pietro Pavone
Traduction en français par Michel Olivié
Delonix regia (Bojer ex Hook.) Raf. est une espèce de la famille des Fabaceae et de la sous-famille des Caesalpinioideae originaire de la forêt sèche d’arbres à feuilles caduques de Madagascar où on la rencontre sur des terrains karstiques et des escarpements calcaires et aussi sur des terrains sablonneux. Aujourd’hui à cause de son exploitation excessive par les populations locales cette espèce est menacée d’extinction dans ses régions d’origine.
Le genre Delonix est originaire du Sud-Ouest de Madagascar où l’on peut faire remonter son apparition à environ 18 à 24 millions d’années. Il est probable que les espèces africaines actuelles en sont issues du fait de sa dispersion hors de Madagascar et que celle-ci s’est produite pendant le Miocène grâce à l’aptitude à flotter de ses gousses qui sont longues et plates.
Delonix regia, en raison de la beauté de sa floraison, a été introduite par l’homme dans de nombreuses régions tropicales et subtropicales où elle s’est souvent naturalisée et devenue cosmopolite. En Australie, sur l’île Christmas et dans certaines îles du Pacifique elle est même devenue invasive et empêche la reproduction des espèces autochtones.
Elle peut supporter des conditions de sécheresse et la présence de sel dans le sol. La pluviosité moyenne annuelle des milieux où elle pousse est de 700 à 1800 mm. La température maximale varie de 22 à 35 °C et la température minimale de 6 à 18°C. Dans certains régions tropicales on l’a implantée jusqu’à une altitude d’environ 2000 m.
Elle est présente en Floride, dans la vallée du Rio Grande (Sud du Texas) et dans le Sud de l’Arizona et de la Californie. On la rencontre également dans la République Dominicaine, à Cuba, à Haïti, aux îles Hawaï, au Mexique (surtout dans la péninsule du Yucatan), au Nicaragua, à Porto Rico, aux îles Vierges américaines et en Israël. Elle pousse aussi dans tout le Sud du Brésil dont le Rio Grande do Sul (Canoas et Porto Alegre).
Elle est présente au Paraguay, au Pérou, dans les Caraïbes, en Afrique, dans le Nord de l’Australie, à Hong-Kong, aux Canaries, à Chypre, à Malte, en Thaïlande, au Vietnam, aux Philippines, à Taïwan et dans le Sud de la Chine. Elle est l’arbre officiel des îles Mariannes du Nord.
En Italie elle ne pousse que dans les endroits où la température la plus basse ne descend pas au-dessous de la limite minimale de 6 °C, comme par exemple dans les régions du Sud de la Sicile.
L’île de Florès qui fait partie des petites îles de la Sonde ou îles Nusa Tenggara doit son nom aux marchands portugais ayant atteint cette île au XVIe siècle en raison de la floraison spectaculaire de Delonix regia qu’ils découvrirent au cap Kopondai dans la partie Est de l’île et qu’ils appelèrent Capo de Flores (“Cap des fleurs”).
Le nom de cette espèce a été publiée pour le première fois par Constantin Samuel Rafinesque-Schmaltz (1783-1840) dans Flora Telluriana (Fl. Tellur. 2:92, 1837).
Le nom du genre Delonix vient des termes grecs “delos”, apparent, et “onyx”, griffe, et fait allusion à la forme des pétales qui sont fortement griffus. Le nom de l’espèce regia vient du latin “regia”, puissance royale, royauté, en raison de la beauté des fleurs.
En 2011 cette espèce a été insérée dans la catégorie “Préoccupation mineure” (LC, Least concern) de la Liste Rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
Dans ses régions d’origine elle a été protégée du commerce et inscrite comme telle dans l’Appendice II de la Convention de Washington (CITES) qui a pour but de protéger les espèces animales et végétales menacées d’extinction en empêchant leur exportation et leur détention.
La plupart de ses noms vulgaires proviennent de ses grandes fleurs rouge feu. Les noms vulgaires les plus répandus, en effet, sont en italien “Albero de fuoco” et en anglais “Gul Mohr”, “Peacock flower” et “Royal Poincinia”. En français on lui a donné le nom de “Flamboyant”à cause de sa floraison éclatante qui survient d’un seul coup, la couronne toute entière se recouvrant d’une multitude de fleurs de couleur rouge feu avant même l’apparition des feuilles.
En bengali (Bangladesh) cette espèce est appelée “Rakta chura” ou “Radha chura”, en langue tamoul (Sud de l’Inde) “Mayarum” et en langue malayalam ( Sud-Ouest de l’Inde) “Alasippu”.
Delonix regia est un arbre haut de 3 à 15 m (18 au maximum) qui a des racines peu profondes et un tronc cylindrique épaissi vers sa base et d’un diamètre d’environ 50 cm. Sa couronne a la forme d’un parasol élargi du fait de ses longues branches horizontales. Cette plante apparaît donc plus large en diamètre plus qu’en hauteur.
Son écorce est lisse, parfois légèrement fissurée, et comporte des lenticelles.
Ses feuilles sont composées, paripennées et ont 10 à 24 (32 au maximum) paires de folioles opposées, longues de 7,5 à 10 mm, larges de 3,4 à 5 mm et finement pubescentes. À la base des feuilles il y a deux stipules aux dents longues et étroites en forme de peigne.
Delonix regia est une plante semi-persistante car elle perd ses feuilles pendant une brève période de l’année, en particulier dans les zones qui connaissent une saison sèche marquée.
En Inde elle n’a pas de feuilles de mars à mai et les nouvelles feuilles apparaissent à la fin de la saison chaude en mai ou juin. La floraison a lieu en avril et mai quand l’arbre est encore dépouillé et recouvre entièrement la couronne.
Au Vietnam la floraison a lieu de mai à juillet et coïncide avec la fin de l’année scolaire. Pour cette raison la fleur est appelée “flower of pupil” (fleurs des écoliers).
À Madagascar la floraison survient aux mois d’octobre à décembre (septembre au plus tôt et janvier au plus tard).
Dans les régions humides qui connaissent de fortes précipitations les feuilles se forment avant la floraison qui est réduite et moins spectaculaire.
Les fleurs, larges d’environ 10 cm, sont disposées sous forme d’inflorescences racémeuses, terminales ou axillaires, en corymbe, avec des axes longs jusqu’à 12 cm, non compris le pédoncule qui est faiblement pubescent. Chaque inflorescence est formée de 6 (3 au minimum) à 14 fleurs légèrement parfumées, riches en nectar, une source de nourriture pour les abeilles, et pollinisées aussi par de petits oiseaux comme la Nectarine de Souimanga (Cynniris sovimanga (J.F. Gmelin, 1788), Nectariniidae).
Les sépales, de couleur verte, sont longs de 1,8 à 3 cm, lancéolés à oblongs, glabres ou peu pubescents.
Les pétales sont griffus, en forme de cuillère et ont des bords distaux ondulés. Ils sont longs de 4,2 à 6,5 cm ( 7,4 cm au maximum). Les quatre du bas sont sub-égaux alors que celui du haut est légèrement plus long que les autres et a un onglet plus large. Ils sont en général de couleur rouge écarlate, parfois orange ou jaune, surtout le pétale du haut qui peut être tacheté de rouge.
Les pétales sont riches en acide ascorbique et ont une saveur agréable, aigre douce et sont de ce fait mangés surtout par les singes, parfois par les enfants, et utilisés par les indigènes pour réaliser des desserts mais aussi pour teindre les tissus.
L’ovaire est plus ou moins sessile, appressé-pubescent et a des poils longs mais normalement rares. Les étamines sont au nombre de dix et ont des filaments longs de 3,5 à 4,5 mm (5 au maximum) et plus courts que les pétales.
Les fruits sont des gousses qui mesurent 30 à 70 cm (20 au minimum) x 3,6 à 5,8 cm et sont ligneuses à maturité.
Les graines sont enfoncées dans des cavités transversales de l’endocarpe ligneux. Elles mûrissent à la saison des pluies et subsistent longtemps sur l’arbre souvent même jusqu’à la fin de la saison suivante. Les graines qui mesurent 2,0 x 0,6 x 0,4 cm sont nombreuses (40 à 50 ou plus par gousse), de forme linéaire ellipsoïdale, tachetées et ont une couleur marron qui devient plus claire sur les bords. Leur récolte s’effectue aux mois de décembre et de janvier.
Les natifs des Caraïbes utilisent les gousses et les graines mûres comme instruments de musique à percussion connus sous le nom de shak-shak.
Delonix regia est un arbre très décoratif qui est largement utilisé dans les parcs et jardins des régions tropicales et là où les températures ne descendent pas au-dessous de 6 °C.
Il aime les sols légers, sableux, même salins, mais ne supporte pas les rétentions d’eau et les gelées.
Cette plante, étant donné ses racines peu profondes, ne convient pas pour les plantations d’arbres le long des routes car elle peut tomber sans préavis comme cela est déjà arrivé en Afrique du Sud.
On la reproduit facilement au moyen de ses graines qui, du fait de leur longue dormance, peuvent exiger jusqu’à un an pour germer. Les graines doivent être scarifiées avant d’être semées et plongées dans de l’eau pendant 24 heures pour qu’elles s’humidifient et deviennent aptes à germer. Quand elles sont humidifiées elles doublent de taille et leur couleur passe du marron foncé au rouge lie-de-vin. À partir de ce moment on peut les mettre en terre. La période la plus indiquée pour les semailles est la saison du printemps et celle de l’automne. On peut aussi la reproduire avec une bouture de branche. Les arbres plantés peuvent fleurir au bout de 4 à 5 ans.
C’est un arbre d’ombrage qui aide à maintenir l’humidité et à réduire la température du sol. Dans les secteurs érodés on l’utilise pour maîtriser l’érosion et restaurer les sols grâce à sa capacité à fixer l’azote atmosphérique qui enrichit la terre.
Delonix regia a des propriétés antimicrobiennes, antifongiques et antioxydantes.
Les pétales contiennent des pigments biologiquement actifs: des anthocyanes et des caroténoïdes. On a relevé en particulier la présence de sept caroténoïdes, cinq anthocyanes et divers pigments aux propriétés antioxydantes (astaxanthine, péonidine 3-0-Bêta-D glucoside et pétunidine 3-0-glucoside). L’astaxanthine a également des propriétés antidiabétiques et anti-obésité.
Ces substances occupent une place spéciale dans le marché pharmaceutique à cause de leurs nombreux bienfaits pour la santé.
Au Mexique (Puebla et Veracruz) l’écorce est macérée et appliquée sur les articulations pour calmer les douleurs causées par les rhumatismes. Toujours au Mexique mais au Michoacan on administre par voie orale la décoction des fleurs en cas de problèmes respiratoires tels que la toux et l’asthme.
Les graines, riches en flavonoïdes, servent dans l’Amérique tropicale d’agent curatif pour les blessures survenant à la maison. Les feuilles et les fleurs ont un effet herbicide sur Mikania micrantha Kunth, une plante grimpante invasive. Grâce à leur décorticage mécanisé on peut utiliser les graines sur une grande échelle comme nourriture (farine) pour les animaux de ferme et pour la production de biocombustible (biogazole).
L’huile extraite des graines a la capacité de réguler le charançon du maïs (Sitophilus zeamais (Motschulsky, 1855) qui infeste les caryopses des plantes sur pied . Ce charançon attaque aussi les fruits secs, les châtaignes, les légumineuses à cosses, les arachides et les graines de tournesol. L’adulte est capable de perforer les emballages des produits finis (pâtes, biscottes, pain, etc.). En conséquence cette huile, par son action insecticide, facilite aussi le stockage de ces produits.
Delonix regia peut être attaqué par des insectes isoptères (les termites) et foreurs. En Inde, au Bangladesh, au Sri Lanka et en Indonésie la phalène Pteroma plagiophleps Hampson, 1892 (de la famille des Psychidae) attaque les arbres qui poussent en bordure des rues.
En Israël on a été confronté à une grave épidémie causée par le bostrichidé Sinoxylon anale Lesne, 1897. De même, au Nagaland (Inde), des larves du noctuidé Pericyma cruegeri (Butler,1886) ont provoqué de graves défoliations de ces arbres. Une défoliation analogue a été observée au Kenya et a été causée par les larves de Bourgognea reimeri Gaede, 1886), de petits lépidoptères répandus en Afrique de l’Est. Dans le Nord de la Guinée on a observé des cas de pourrissements racinaires dus au champignon Fusarium oxysporum von Schlechtendal.
En Inde l’ascomycète Pleiochaeta setosa (Kirchn.) S. Hugues a été vu sur des cotylédons en cours de germination et sur les feuilles de jeunes plantes ce qui a provoqué leur flétrissement et leur chute. Corallomycetella elegans (C. Herrera & P. Chaverri, 2013), un parasite du cacaoyer et du théier, peut attaquer Delonix regia en causant la maladie dite des “racines malodorantes”. L’infection est transmise par des spores transportées par l’eau en contact avec les racines.
Delonix regia est l’hôte principal du nématode phytopathogène Helicotylencus dihyistera Sher, 1961.
Synonymes : Caesalpinia regia (Bojer ex Hook.) D.Dietr. ; Delonix regia var. genuina Stehlé; Poinciana regia Bojer ex Hook.; Delonix regia var. flavida Stehlé.
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