Famille : Pomacentridae
Texte © Giuseppe Mazza
Traduction en français par Michel Olivié
Dascyllus abudafur est présent en mer Rouge et dans les eaux tropicales et subtropicales de l’océan Indien jusqu’à Sumatra et la mer de Java © Jean-Marie Gradot
Côté Est, dans le Pacifique, vit par contre Dascyllus aruanus, une espèce aujourd’hui considérée comme sœur, représentée ici, qui se distingue par sa nageoire caudale et la zone adjacente du pédoncule d’un blanc lumineux et translucide alors que chez Dascyllus abudafur (voir photo au-dessus) celle-ci est en général noire ou grisâtre © François Libert
Dascyllus abudafur (Forsskal, 1775), connu en France sous le nom de Demoiselle à trois bandes noires de l’océan Indien, appartient à la classe des Actinopterygii, les poissons aux nageoires rayonnées, à l’ordre des Perciformes et à la famille des Pomacentridae qui compte 30 genres et plus de 400 espèces dont les bien connus poissons-clowns. Le nom du genre Dascylllus vient du grec “daskillos”, un poisson dont parle Aristote, tandis que le nom de l’espèce abudafur est simplement le nom arabe de ce poisson.
Zoogéographie
Dascyllus abudafur est présent en mer Rouge et dans les eaux tropicales et subtropicales de l’océan Indien jusqu’à la Thaïlande, la Malaisie, Sumatra et la mer de Java.
Écologie-Habitat
Dascyllus abudafur vit dans de petits groupes constitués d’un mâle dominant qui a un petit harem protégé par un madrépore riche en cachettes. Parfois, en présence de grandes formations madréporiques, cette communauté peut se fondre dans des groupes de 30 à 40 individus avec plusieurs mâles qui surveillent les limites du territoire © Jean-Marie Gradot
La Demoiselle à trois bandes noires de l’océan Indien nage aussi dans 50 cm d’eau et ne descend pas en général en dessous de 12 m.
On la trouve presque toujours à proximité de madrépores riches en ramifications et en cachettes comme la Pocillopora damicornis qui est présente dans presque toute son aire de distribution ou des espèces du genre Acropora qui ont des pointes coupantes qui dissuadent les prédateurs.
Morphophysiologie
Dascyllus abudafur est un petit poisson qui ne dépasse pas 10 cm. Il a une forme trapue, un dos élevé et arqué et un ventre proéminent.
Sa couleur de fond est le blanc et s’accompagne de trois larges bandes noires verticales mimétiques qui se rejoignent en haut sur la nageoire dorsale dont les 3 à 5 premiers rayons sont échancrés.
La première bande masque l’oeil et le museau exception faite d’une grande tache circulaire entre les yeux. La deuxième se situe au niveau des nageoires pelviennes qui sont également noires et ont un liseré antérieur bleu électrique. La troisième qui part de la nageoire anale a elle aussi un fin liseré bleu électrique et recouvre la première partie du pédoncule caudal avant de rejoindre la zone aux rayons mous de la nageoire dorsale.
La première partie de la nageoire caudale et celle adjacente au pédoncule caudal tout de suite après la bande blanche ont une couleur gris noirâtre, ce qui distingue cette espèce du Dascylllus aruanus du Pacifique dont la nageoire caudale est totalement translucide.
Il faut toutefois observer que ce n’est pas un détail parfaitement fiable car certains Dascyllus aruanus peuvent aussi avoir une nageoire caudale aux teintes légèrement grisâtres. Ce qui importe aujourd’hui c’est l’analyse moléculaire qui a distingué les deux espèces.
Comme beaucoup de poissons Dascyllus abudafur possède enfin une livrée mimétique nocturne où la tache blanche frontale disparaît et devient noire tandis que les parties blanches prennent en partie des teintes brun violacé.
La Demoiselle à trois bandes noires est une espèce diurne qui se nourrit de plancton, de petits invertébrés et d’algues mais elle ne dédaigne pas, si l’occasion se présente, les oeufs des autres poissons, y compris des larves et des alevins. Elle vit en général dans des groupes pouvant compter jusqu’à 8 individus qui contrôlent un petit territoire.
Dascyllus abudafur peut se reproduire toute l’année. Le mâle dominant choisit sur le fond un lieu convenant pour le nid et attire l’attention des femelles prêtes à pondre en dansant en haut et en bas dans la colonne d’eau au-dessus. Puis, les fécondations terminées, il monte la garde devant un nid regorgeant d’oeufs jusqu’à leur éclosion © Giuseppe Mazza
Celui-ci est défendu par un mâle dominant qui possède un harem organisé hiérarchiquement par taille mais on trouve aussi des rassemblements plus importants qui comptent 30 à 40 individus dont plusieurs mâles qui surveillent les limites du territoire parfois aussi avec l’aide des femelles les plus grandes. Dascyllus abudafur, de fait, est une espèce hermaphrodite protogyne dont les femelles en grandissant peuvent se transformer en mâles.
Pour ce qui concerne la reproduction, qui peut s’effectuer toute l’année, le mâle dominant choisit avec soin sur le fond un emplacement convenant pour le nid et attire l’attention des femelles par une danse faite de déplacements rapides en haut et en bas dans la colonne d’eau située au-dessus. C’est le signal qu’attendent les femelles prêtes à pondre.
Il s’accouple alors tout d’abord avec la femelle dominante, puis avec les autres, et monte alors la garde devant un nid regorgeant d’oeufs qu’il défend contre les intrus jusqu’à leur éclosion.
Les juvéniles ressemblent aux adultes mais leur nageoire dorsale est proportionnellement plus haute et différente avec les rayons épineux qui forment un triangle © François Libert
La vie larvaire dure un peu plus de 20 jours. Les post-larves sont noires pour la plupart puis, en grandissant, les bandes caractéristiques aux teintes bleu ciel apparaissent. Les juvéniles qui se déplacent ensemble pour limiter les risques de prédation colonisent un madrépore protecteur où ne se trouve aucun hôte, y compris des congénères, qui pourrait les attaquer. Leur livrée prend peu à peu l’aspect de celle des adultes mais leur nageoire dorsale est différente : triangulaire, plus haute au niveau des rayons épineux et comportant des rayons mous nettement plus hauts que le dernier rayon épineux.
Peu coûteux, robuste et facile à nourrir Dascyllus abudafur est un hôte fréquent des aquariums domestiques et n’est pas une espèce menacée. Les populations décimées par des catastrophes peuvent doubler leurs effectifs en moins de 15 mois et l’indice de vulnérabilité à la pêche s’établit à peine à 10 sur une échelle de 100.
Synonymes
Chaetodon abudafur Forsskål, 1775.