Famille : Asparagaceae
Texte © Eugenio Zanotti
Traduction en français par Claude Leray
D’après certains auteurs, le genre Convallaria ne comprend qu’une seule espèce, le muguet (Convallaria majalis L. 1753) et trois variétés (Convallaria majalis var. Keiseki de Chine et du Japon, Convallaria majalis var. montana, des États-Unis et Convallaria majalis var. transcaucasica) pour d’autres espèces devenues indépendantes.
Il a une distribution circumboréale (zones froides et tempérées froides d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord) et dans les zones euro-asiatiques.
Le nom de genre vient du latin «Lilium convallium», le muguet des vallées ou le muguet des pentes ; le nom d’espèce majalis signifie «de mai» en raison de sa période de floraison dans les pays du nord de l’Europe (dans le centre-sud de l’Europe, il fleurit en avril).
Le nom commun fait référence à l’odeur intense des fleurs rappelant celle du musc de cerf, substance émise par les mâles de divers petits cerfs originaires d’Asie de l’Est du genre Moschus, pour attirer les femelles.
Le muguet est une plante herbacée pérenne, glabre, de (10) 20 à 30 cm de hauteur, à rhizome stolonifère oblique ou horizontal, mince et très ramifié, enveloppé de gaines rougies. La tige est érigée, simple, sub-cylindrique. Deux feuilles basales (rarement trois) elliptiques et aiguës : 5-6 (9) cm de large et 13-15 (24) cm de long, enveloppent la tige à la base.
L’inflorescence forme une grappe de 6-12 fleurs, et plus encore chez les espèces ornementales cultivées, inclinée, unilatérale, plus courtes que les feuilles. Les fleurs sont très parfumées, retombantes, portées par des pédoncules arqués de 0,5-1,5 cm. Les bractées sont hyalines de 4-7 mm, le périanthe est blanchâtre, urcéolé (7 x 7 mm), avec six étamines et six petites dents.
La fructification a lieu de juillet à octobre ; le fruit est une baie rouge triloculaire sub-sphérique contenant de 2 à 6 (<10) graines de forme trigonale, sub-sphérique ou ovale, brillante, striée, jaune-brunâtre de 1,5-4 x 1,5-4 mm. Les fruits sont mangés par les oiseaux et par les petits rongeurs qui assurent leur dispersion. Le muguet est une plante auto-stérile, donc les individus issus d’un seul clone ne produisent pas de graines ; c’est généralement une espèce grégaire, mésophile et semi-ombrophile vivant dans les bois, en particulier les feuillus (chênes et hêtres), les fourrés, les arbustes et les sols pierreux humides, les prairies et les endroits ombragés, principalement sur des substrats sablo-limoneux à pH neutre, légèrement acide ou de préférence alcalin. Il pousse du niveau de la mer jusqu’à 1200-1500 (<1800) m d’altitude.
Le muguet est une plante largement cultivée dans les jardins grâce à son élégance, sa beauté et le parfum de ses fleurs, en dépit d’être une plante très toxique. Plusieurs cultivars à fleurs doubles ont été obtenus (Convallaria majalis ‘Flore pleno’), teintées de rose (Convallaria majalis ‘Rosea’), ou à feuillage panaché (Convallaria majalis ‘Albostriata’), etc.
Dans le langage des fleurs, le muguet signifie le bonheur qui revient et souvent ses inflorescences sont utilisées pour créer les bouquets de mariées.
Dans les peintures représentant la nativité et la crucifixion de Jésus et dans les principaux événements de la vie de nombreux saints, les fleurs de cette plante étaient souvent présentes comme emblème de la pureté. Une légende chrétienne raconte que les muguets seraient nés des larmes de Notre-Dame au pied de la croix.
La culture du muguet se fait dans des sols légers, frais et ombragés, mélangés à des terres de bruyère et de châtaigniers. Le semis est rarement utilisé, généralement il se multiplie par voie végétative au moyen de petits fragments de rhizome de 3-4 ans, espacés de 12-15 cm. Une quarantaine de glycosides cardioactifs ou cardénolides différents ont été identifiés (convallamarine, convallotoxine, convalloside, convallarine, mialine, locundioside, déglucocheirotoxine, vallatotoxine, majaloside, etc.) et huit flavonoïdes, outre la célidonine, l’asparagine, ainsi que des saponosides et l’acide aminé toxique azétidine-2-carboxylique. Les cardiotoniques exercent leur action principalement sur le muscle cardiaque dont ils renforcent la contraction de manière durable et effectuent en même temps une action sur l’activité contractile du cœur en régulant et en ralentissant ses mouvements.
En phytothérapie, on utilise les fleurs et les parties vertes (Flores et Herba Convallariae) récoltées en pleine floraison (temps balsamique). Dans les fleurs, on trouve une huile essentielle à laquelle est due l’odeur intense des fleurs fraîches extraites par l’industrie cosmétique pour la préparation des parfums. Les glycosides convallamarine (principalement présents dans les fleurs) et la convallotoxine sont des cardiotoniques, avec une action similaire à celle de la digitaline. Le rhizome et aussi les fleurs séchées, pulvérisées, ont été utilisés comme sternutatoires.
Les préparations à base de muguet sont utilisées dans l’insuffisance cardiaque de sévérité légère et moyenne entre les traitements par la digitaline et dans la bradycardie du cœur sénile. Le muguet, en raison de sa toxicité lorsqu’il est frais ou sec (en particulier les fleurs et les baies), doit être strictement exclu de l’usage familial.
Les intoxications sont généralement dues à l’ingestion de baies fraîches, en particulier par les enfants, et se caractérisent par un malaise général avec diarrhée, vomissements, forte diurèse, vertiges et confusion, faiblesse cardiaque, crampes et collapsus qui peuvent même causer la mort à moins que des traitements appropriés soit appliqués rapidement pour vider l’estomac, pour précipiter les glycosides avec des boissons tanniques et pour soutenir le cœur avec des médicaments antagonistes.
Synonymes: Lilium convallium Garsault (1764) ; Convallaria latifolia Mill. (1768) ; Polygonatum majale (L.) All. (1785) ; Convallaria linnaei Gaertn. (1790) ; Convallaria scaposa Gilib. (1792) ; Lilium-convallium majale (L.) Moench (1794) ; Convallaria mappii C.C.Gmel. (1806) ; Convallaria majalis var. BracteosaRchb (1830) ; Convallaria majalis var. rosea Rchb (1842) ; Convallaria majalis var. variegata Lowe (1864) ; Convallaria majalis var. prolificans Wittm. (1884) ;Convallaria majalis f. prolificans (Wittm.)Voss (1896) ; Convallaria majalis var. rubra auct. (1898) ; Convallaria majalis f. picta Wilczek (1903) ; Convallaria majalis var. latifolia (Mill.) Asch. & Graebn. (1905) ; Convallaria majalis f. angustifolia Zapal (1906) ;Convallaria majalis f. latior Zapal. (1906) ; Convallaria majalis var. laminaris F.Rosen (1916) ; Convallaria transcaucasica Utkin ex Grossh (1928) ; Convallaria majalis var. transcaucasica (Utkin ex Grossh.) Knorring (1935) ; Convallaria majalis L. var. montana H.E. (1964) ; Convallaria majalis f. laminaris (F.Rosen) (1975) ; Convallaria majalis f. mappii (C.C.Gmel.) (1975) ; Convallaria majalis f. abchasica Ponert (1975) ; Convallaria majalis L. f. laminaris (Rosen) Ponert (1975) ; Convallaria majalis L. convar. latifolia (Miller) Ponert (1975) ; Convallaria majalis L. f. mappi (Gmelin) Ponert (1975) ; Convallaria majalis L. convar. Silvaticoides (1975) ; Convallaria majalis L. var majuscula (Greene) Gandhi , Reveal & Zarucchi (2012).
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