Famille : Poaceae
Texte © Pietro Puccio
Traduction en français par Michel Olivié
Cette espèce est originaire de l’Assam, de l’Arunachal Pradesh, du Bangladesh, de Bornéo, du Bouthan, du Cambodge, de la Chine (Anhui, Chongqing, Fujian, Guangdong, Guangxi, Guizhou, Hainan, Henan, Hong Kong, Hubei, Hunan, Jiangsu, Jiangxi, Kin-Men, Macao, Ma-tsu-Pai-chuan, Shanghai, Sichuan, Tibet, Yunnan et Zhejiang), du Darjiling, des Philippines, de l’Himachal Pradesh, de l’Inde, des îles Andaman, des îles Nicobar, du Jammu-et-Cachemire, du Laos, de la Malaisie, du Myanmar, du Sikkim, du Sri Lanka, de Taïwan, de la Thaïlande, de l’Uttaranchal et du Vietnam où elle pousse le long des rives des fleuves et dans des zones marécageuses jusqu’à environ 2.000 m d’altitude.
Le nom du genre est d’origine grecque et apparaît dans les œuvres de Théophraste (Ive-IIIe av. J.C.) où il est attribué à un palmier. Le nom de l’espèce est la combinaison du substantif latin “lacryma” = larme et de Job qui est le nom d’un personnage de la Bible, ce qui donne par conséquent “larme de Job”, par allusion à la forme de l’utricule qui est l’involucre renfermant les fruits.
Noms communs : adlay, adlay millet, coix millet, indian beads, Job’s tears, tear grass (anglais), amadrayan, dami ayub (arabe), kaurimani (assamais), gurgur (bengali), chuan gu, shan yi mu, yi mi, yiyi (chinois), larme-de-Job, herbe à rosaire, larmille (français), juzudama (japonais), sankru (hindi), lacrima di Giobbe, lacrima di Gesù (italien), capim-de-contas, capim rosario, lacrima de Nossa Senhora (portugais-Brésil), gavethu (sanscrit), lagrimas de Job, lagrimas de San Pedro (espagnol), Hiobsträne (allemand), kattu kandumani (tamoul), adavi guriginja (télougou) duai (thaïlandais), bo bo, cuom gao (vietnamien).
La Coix lacryma-jobi L. (1753) est une espèce herbacée pérenne mais souvent cultivée comme plante annuelle, aux tiges robustes (les chaumes), droites, ramifiées en partie supérieure, hautes de 1 à 3 m et aux feuilles simples, alternes, linéaires-lancéolées avec un apex pointu et des bords rugueux, longues de 10 à 60 cm et larges de 2 à 7 cm avec une gaine foliaire entourant le chaume plus courte que les entre-noeuds.
Elle a de nombreuses inflorescences situées à l’aisselle supérieure des feuilles. Ces inflorescences sont droites ou pendantes, longues d’environ 8 cm, sous-tendues par un involucre (une gaine foliaire modifiée) sphérique, dur, appelé utricule, et composées d’un racème femelle sessile situé à l’intérieur de l’utricule et d’un racème mâle qui émerge des fleurs, long de 2 à 5 cm et composé d’épillets imbriqués longs d’environ 0,7 cm, disposés par paires avec une triade terminale. Le faux-fruit constitué de l’utricule renfermant le caryopse (un fruit sec indéhiscent typique de la famille des Poaceae), est ovoïde, de 0,5 à 1,2 cm de long et de 0,6 à 1 cm de diamètre, brillant, de couleur blanche, bleuâtre, gris perle ou noire et a en général la consistance de la pierre. Les caryopses sont orbiculaires, canaliculés en partie centrale et longs d’environ 0,5 cm. Cette espèce s’auto-dissémine facilement en devenant souvent envahissante dans des conditions favorables.
On reproduit cette plante en semant ses graines au printemps dans un terreau maintenu constamment humide à la température de 22 à 24 °C. La durée de germination est de 2 à 4 semaines et le cycle végétatif dure en général de 4 à 6 mois. On peut aussi la reproduire par division.
Cette espèce est cultivée depuis des temps reculés dans ses aires d’origine et s’est répandue, souvent en se naturalisant, dans divers pays tropicaux et subtropicaux. Elle a besoin d’une exposition en plein soleil ou sous un léger ombrage et n’est pas particulièrement exigeante en ce qui concerne les sols, qui peuvent même être pauvres, mais sa fructification est plus abondante dans ceux qui sont fertiles, légèrement acides à légèrement alcalins et maintenus humides. Elle résiste aux rétentions d’eau mais pas à de longues périodes de sécheresse.En dehors des zones aux climats tropical et subtropical elle est exploitée en tant que plante annuelle. Malgré ses très bonnes caractéristiques nutritionnelles elle est, à cause de la dureté particulière de son faux-fruit, cultivée comme céréale dans une mesure nettement moindre que le riz et le mais, mais principalement comme plante fourragère, ornementale et surtout médicinale, en particulier en Chine où son utilisation pour diverses pathologies fait l’objet d’une longue tradition.
Des études en laboratoire ont confirmé la présence de nombreuses substances bio-actives qui peuvent avoir des effets anti-oxydants, anti-inflammatoires, hypolipidémiants et anti-cancéreux et qui nécessitent de nouvelles recherches en vue de leur possible utilisation dans la pharmacopée officielle. Seules les variétés dont l’involucre est plus tendre et facile à décortiquer, dont la plus répandue est la Coix lacryma-jobi var. ma-yuen (Rom.Caill.) Stapf (1896) , sont utilisées comme aliment.
Les caryopses qui ont un contenu en protéines particulièrement élevé et ne contiennent pas de gluten peuvent être consommés crus mais sont habituellement séchés ou grillés et consommés bouillis, en remplacement du riz ou réduits en farine pour la préparation de différents plats avec ajout de farine de blé ou autre céréale pour donner de la consistance au mélange étant donné l’absence de gluten. Des caryopses fermentés on extrait d’autre part diverses boissons alcoolisées.
Chez les variétés dont l’involucre des caryopses a la consistance de la pierre et dure très longtemps les faux-fruits sont utilisés dans un but décoratif pour réaliser des chapelets, des colliers, des rideaux, des sacoches, des décorations en général et autres objets artisanaux, en les perçant de part en part. Enfin il ne faut pas sous-estimer l’aspect ornemental de l’ensemble de cette plante qui fait qu’elle est souvent utilisée dans les parcs et jardins en groupes ou pour former des bordures, éventuellement mixtes.
Synonymes : Coix lacryma L. (1759); Lithagrostis lacryma-jobi (L.) Gaertn. (1788); Coix agrestis Lour. (1790); Coix arundinacea Lam. (1792); Coix pendula Salisb. (1796); Coix ovata Stokes (1812); Coix exaltata Jacq. (1820); Coix gigantea J.Jacq. (1820); Coix exaltata Jacq. ex Spreng. (1824); Coix pumila Roxb. (1832); Coix stigmatosa K.Koch & Bouché (1855); Sphaerium lacryma (L.) Kuntze (1891); Coix lacryma-jobi var. maxima Makino (1906); Coix lacryma-jobi var. novoguineensis Pilg. (1914); Coix ouwehandii Koord. (1918); Coix palustris Koord. (1918); Coix agrestis var. maxima (Makino) Nakai (1932).
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