Famille : Nymphalidae
Texte © Dr. Gianfranco Colombo
Traduction en français par Claude Leray
Le Fadet commun (Coenonympha pamphilus Linnaeus, 1758) est le plus petit des Coenonympha et certainement le plus commun de tous.
Il appartient à l’ordre des Lepidoptera, à la famille des Nymphalidae et à la sous-famille des Satyrinae (certains l’ont placé directement dans la famille des Satyridae), ensemble de papillons communément appelés “bruns”, car il comprend généralement des papillons de nuit de cette couleur.
C’est un papillon très commun dans la zone tempérée fraîche et on peut le voir voler inlassablement dans tous les prés même s’il n’est jamais en grand nombre, mais il est constamment présent dans tous les coins. De plus, ayant de nombreuses générations, sa présence est constante de mars à fin octobre.
C’est un petit papillon insignifiant en soi, mais qui égaye nos pays en volant constamment, même dans des conditions météorologiques défavorables.
Il supporte facilement des températures plutôt fraîches et considérées comme impropres au vol d’un papillon, cela le rend unique dans notre habitat.
Coenonympha est présent en Europe avec une dizaine d’espèces qui chevauchent parfois leur aire de répartition mais qui ont généralement comme caractéristique un habitat différent en plus, bien sûr, d’une morphologie différente.
L’étymologie du nom scientifique Coenonympha vient du grec «koinos» = en commun, et «numphe» = nymphe, pour indiquer un genre réunissant de nombreuses espèces largement diffusées ; le nom de l’espèce pamphilus rappelle l’un des 50 fils d’Aegyptus.
«Pamphilus» était très utilisé comme nom propre par les Romains pour désigner quelqu’un aimé de tous, du grec «pan» = tout et «philos» = aimé, cher.
Panfilo est le nom dérivé pour les Italiens.
Il est possible que cette deuxième version ait été présente à l’esprit de Linné lors du premier classement.
Voici quelques noms communs européens : small heath, en anglais ; Kleine Wesenvogelchen, en allemand ; Fadet commun ou Procris, en français ; Kamgrasfjaril, en suédois ; Hooibeestjie, en néerlandais.
Zoogéographie
Cette espèce, largement répandue en Europe, occupe avec diverses sous-espèces une vaste zone qui couvre la majeure partie de l’Asie. En Afrique du Nord, elle est fréquente dans la partie ouest de la région méditerranéenne et en Europe du Nord elle occupe largement toute la péninsule scandinave.
Ecologie-Habitat
On la retrouve du niveau de la mer jusqu’à 2000 m, altitude qu’elle atteint facilement lors de ses errances continues, mais uniquement dans les zones sud de son aire de répartition.
Elle n’a aucune difficulté à vivre dans des habitats aux conditions météorologiques défavorables, mais elle est invariablement conditionnée par la présence de prairies de graminées du genre Poa, Festuca et Agrostis qui se révèlent essentielles à sa survie. En nombre réduit et accidentellement, elle peut également être trouvée sur des sols sablonneux sans végétation herbacée, mais on pense que ce sont des spécimens en déplacement simple d’une zone à une autre dans leur habitat traditionnel. Dans certaines régions du Royaume-Uni, ce papillon est en fort déclin même si aucun bouleversement de l’habitat fréquenté ne s’est produit. Des études approfondies sont actuellement en cours pour en comprendre la raison.
Morpho-physiologie
Le Fadet commun est un minuscule papillon dépassant à peine les 30 mm d’envergure, uniformément de couleur orange terne avec une légère strie sur la face inférieure des ailes.
La face supérieure est uniformément de la même couleur, avec une légère bordure plus foncée sur les marges des deux ailes.
L’aile antérieure a un très petit point sombre dans la zone post-discale proche de la côte qui se manifeste plus clairement sur la face inférieure concernée, avec un ocelle noir bordé de jaune et avec un petit point blanc brillant au centre.
La face inférieure de l’aile postérieure est beaucoup plus foncée que la précédente et est traversée par une ceinture jaunâtre placée dans la zone post-discal.
Comme dans la classification des insectes vivant dans de très vastes zones, on a aussi décrit chez le Fadet commun de nombreuses sous-espèces, le plus souvent en se référant aux différentes zones habitées et à l’habitat.
C’est un papillon en mouvement continu avec un vol lent et plutôt saccadé. Lorsque deux mâles se rencontrent, ils commencent une poursuite antagoniste avec un vol rapide et en zigzag les conduisant à une hauteur remarquable du sol, puis ils abandonnent la poursuite et reviennent à la danse traditionnelle sur les pelouses herbeuses. La femelle, au contraire, préfère voler en rasant le sol en se déplaçant élégamment parmi les longues tiges des prairies herbeuses. La particularité du Coenonympha est le fait que ce papillon, lorsqu’il se perche, ne montre jamais la face supérieure des ailes, mais les maintient repliées verticalement sur le corps, portant instinctivement la face inférieure vers le soleil et inclinant le corps de manière à profiter au maximum de l’ensoleillement.
Biologie reproductive
Dans des habitats particulièrement favorables et dans des situations climatiques optimales, ce papillon peut avoir jusqu’à quatre générations par an. L’abondance des essences hôtes et la forte résistance aux conditions climatiques de ce petit papillon sont sûrement les conditions le plaçant parmi les plus répandus de notre continent. C’est un papillon déjà visible fin mars, lorsque la luxuriance végétative n’a pas encore commencé mais, néanmoins, il est capable en peu de temps de prendre vie, de frayer et de commencer un nouveau cycle. En fait, les chenilles hibernantes atteignent rapidement la maturité et après une courte période comme chrysalide, qui peut durer une dizaine de jours, on aura un papillon immédiatement prêt à produire une nouvelle génération.
Il se reproduit directement sur la tige séchée de la plante hôte ou également sur différentes plantes, mais toujours proches de celles-ci, en petits groupes généralement avec un petit nombre d’oeufs même si très souvent il préfère les pondre individuellement sur chaque support. Les œufs, très petits, sont d’abord vert pâle puis deviennent en peu de temps de la même couleur que la tige séchée. Les chenilles sont vert pâle et difficiles à trouver dans l’herbe. De plus, les chrysalides sont fortement camouflées ayant des teintes verdâtres et sont disposées suspendues tête en bas sur les tiges, mais normalement au niveau du sol. Les principales plantes hôtes sont des genres Festuca, Poa, Anthoxanthum et Agrostis.
Synonyme
Coenonympha lyllus Esper 1805.
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