Famille : Nymphalidae
Texte © Dr. Gianfranco Colombo
Traduction en français par Claude Leray
Le céphale (Coenonympha arcania Linnaeus, 1761) appartient à l’ordre des Lépidoptères, à la famille des Nymphalidae et à la sous-famille des Satyrinae (dans le passé, on l’a placé directement dans la famille des Satyridae), un groupe de papillons appelés communément par les Britanniques «bruns», car il comprend des lépidoptères généralement de cette couleur.
C’est un papillon très similaire aux 13 conspécifiques présents en Europe et il en résulte qu’il n’est pas facile sur le terrain de déterminer l’espèce si on n’analyse pas la face inférieure des ailes.
Bien que se trouvant parmi les plus grands papillons composant le genre, et en raison du chevauchement de l’habitat par plusieurs espèces, une bonne expérience entomologique est nécessaire pour établir exactement son positionnement. En fait, il est facilement confondu avec Coenonympha dorus, Coenonympha tullia et Coenonympha hero, pour la taille ainsi que pour le dessin au verso de l’aile arrière et il est pratiquement indiscernable de tous les autres si on analyse uniquement la face supérieure des ailes. De plus, toutes les espèces appartenant au genre Coenonympha présentent très souvent des variations de couleurs et de tonalités ; elles sont parfois soumises à des formes de mélanisme et d’érythrisme légers ainsi qu’à des variations de taille remarquables, et il est par conséquent facile de se tromper dans la tentative de déterminer un sujet sur le terrain.
Le céphale est en montagne l’espèce correspondant à Coenonympha pamphilus. Ce dernier, même s’il ne dédaigne pas les crêtes vallonnées, préfère généralement les plaines jusqu’au niveau de la mer tandis que le céphale apparaît dès que l’altitude augmente même de quelques dizaines de mètres. Bien que chevauchant légèrement l’aire de répartition du Coenonympha pamphilus, le céphale prévaut immédiatement quand on entre dans son aire de répartition typique. Dans tous les cas, il est plus facile de trouver le céphale volant dans une zone où prédomine Coenonympha pamphilus que l’inverse.
L’étymologie du nom scientifique Coenonympha vient du grec «koinos» = en commun et «numphe» = nymphe, pour indiquer le genre commun à de nombreuses espèces largement diffusées.
Inversement, le nom de genre arcania vient du latin «arcanus» = secret, arcane, ancien.
Voici quelques noms communs européens : Pearly heath, en anglais ; Weissbindige Wiesenvogelchen ou Perlgrasfalter, en allemand ; céphale ou arcanie, en français, Lleonada de matollar, en portugais ; Tweekleurig hooibeestje, en néerlandais.
Zoogéographie
Le céphale est un papillon commun dans la zone Paléarctique et recoupe géographiquement l’étendue du fadet commun ou procris (Coenonympha pamphilus), papillon plus commun.Il est présent dans toute l’Europe à l’exception de la zone nord de la péninsule scandinave, de l’Angleterre, de la partie sud de la péninsule ibérique et des îles méditerranéennes. On le trouve en Russie jusqu’à l’Oural et, avec d’autres sous-espèces, jusqu’en Extrême-Orient. Il vit dans des habitats plus frais que ceux de ses congénères et est associé aux prairies herbeuses, aux lisières de bois, aux clairières et aux prairies fleuries.
Habitat-Ecologie
Espèce très commune et densément présente dans toutes les clairières en bordure des bois, sur les alpages et sur les pentes herbeuses. Il peut atteindre les 2000 mètres d’altitude, mais son habitat préféré se situe au niveau des collines de 500 à 1000 m d’altitude.
Morpho-physiologie
Le céphale est un papillon de taille moyenne avec environ 40 mm d’envergure, dimension qui le place parmi les plus grands des membres de son genre mais certaines de ses sous-espèces, comme le Coenonympha arcania darwiniana, habitant typique des Alpes, est remarquablement plus petit, car il dépasse à peine les 30 mm.
Ce papillon a la face supérieure des ailes généralement de couleur orange terne comme tous ses congénères, avec une bordure sombre sur toute la marge.
Les ailes antérieures ont une couleur plus vive et n’ont aucun dessin ni tache tandis que les ailes postérieures sont beaucoup plus foncées, presque brunes et laissent apercevoir deux des ocelles portés au verso.
La face inférieure des ailes, en particulier les postérieures, est déterminante pour la classification de l’espèce.
Alors qu’à l’avant on observe à nouveau la couleur orange avec la même tonalité que sur la face supérieure, à l’arrière on voit une ligne de cinq ocelles entourés de noir et entourés d’orange, dont deux beaucoup plus grandes, placés dans la zone sous-marginale à la limite d’une large ceinture blanche traversant l’aile dans la zone post-discale. Au-delà de cette ceinture, sur la marge bordant la zone discale, se trouve un sixième ocelle, petit mais bien mis en évidence par une bordure noire accentuée. Remarquable et assez belle, la ceinture argentée et étroite délimite la zone sous-marginale.
Les antennes sont petites mais robustes, avec des pointillés noirs et blancs et claviformes au sommet.
Comme pour le céphale, de nombreuses sous-espèces ont été classées en les associant au territoire qu’elles occupent.
Le papillon adulte se nourrit du nectar de diverses Astéracées mais ne dédaigne pas les fleurs d’arbustes et autres essences.
Les adultes aiment souvent se percher sur des arbustes en position haute et ensoleillée pour contrôler le territoire sous-jacent et vérifier le passage de partenaires potentiels.
Biologie de la reproduction
Le céphale est monovoltine et on ne peut que rarement assister à une deuxième génération. Il vole de mai à fin août, et même plus tard si la saison reste favorable. Il se reproduit directement sur les plantes hôtes et les chenilles passent l’hiver lorsqu’elles sont encore petites et incomplètes. Les œufs sont verdâtres mais prennent bientôt la même couleur que celle des tiges séchées des essences choisies. Parmi les plantes hôtes préférées figurent celles appartenant aux genres Festuca, Poa, Melica, Bromus et Agrostis.
Synonyme
Coenonympha amyntas Poda, 1761.
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