Famille : Orchidaceae
Texte © Prof. Pietro Pavone
Traduction en français par Michel Olivié
Coelogyne mooreana Rolfe (1907) est une espèce de la famille des Orchidaceae, de la sous-famille des Epidendroideae, de la tribu des Arethuseae et de la sous-tribu des Coelogyninae originaire du Vietnam où elle pousse dans les forêts pluviales de montagne à une altitude de 1300 à 2000 m.
Le genre Coelogyne a été décrit par John Lindley (1799-1865) qui se basa sur une plante provenant du Népal qu’il appela Coelogyne punctulata Lindl.
Il comprend environ 200 espèces qui occupent une vaste aire de distribution géographique. Elles sont, en effet, présentes en Inde, dans le Sud de la Chine, en Indonésie et dans les îles Fidji.
Ces espèces ont des pseudo-bulbes protubérants qui ont une ou deux feuilles apicales et qui sont chez certains regroupés au-dessus de courts rhizomes alors que chez d’autres ils sont éloignés les uns des autres. Les caractéristiques qui différencient ce genre des orchidées similaires sont le sépale dorsal, au-dessus du labelle, qui est concave, le labelle trilobé dont les lobes latéraux sont dressés sur les côtés de la colonne et 4 ou 5 lamelles (ou carènes) fimbrées qui s’étendent sur une grande partie du lobe médian.
Les études moléculaires ont démontré que Coelogyne est de nature poly- et paraphylétique et qu’il constitue par conséquent un groupe non naturel. Des données moléculaires il ressort également qu’il existe au niveau de la morphologie florale des phénomènes de convergence qui correspondent à une adaptation à différents pollinisateurs, ce qui rend la taxonomie traditionnelle sujette à discussion. Il est toutefois nécessaire pour établir une classification différente d’effectuer d’autres recherches.
Coelogyne mooreana a été découverte pour la première fois dans la chaîne du Lang Bian à 1300 m d’altitude. Le Lang Bian ou Langbian, parfois orthographié Lang Biang, est une montagne de 2167 m qui domine le haut-plateau du même nom et est située à 12 km de Dàlat, dans la province Lâm Dông au Sud du Vietnam.
En 2015 la région de Lang Bian où se trouvent de nombreuses espèces en voie de disparition qui figurent dans les listes rouges internationales a été agréée en tant que “Réserve de la Biosphère” par l’UNESCO (United Nations Educational Scientific and Cultural Organization).
C’est Wilhelm Micholitz (1854-1932) qui l’a recueillie en 1904 pour le pépiniériste Henry Frederick Conrad Sander (1847-1920) connu sous le nom de “roi des orchidées” de Saint Albans (Hertfordshire, Angleterre). Ce personnage, avec la collaboration du paysagiste et botaniste anglais Henry George Moon ( 1857-1908), fut aussi le concepteur de l’ouvrage en quatre volumes Reichenbachia Orchids Illustrated and Description dans lequel près de deux cents orchidées ont été illustrées en grandeur nature et décrites en anglais, français et allemand.
Ces volumes furent ainsi appelés en hommage au grand orchidologue allemand Heinrich Gustav Reichenbach (1823-1889).
Coelogyne mooreana fleurit en 1906. Robert Allen Rolfe (1855-1921) en donna une bonne description dans la revue Bulletin of miscellaneous information Royal Botanic Garden, Kew (Bull. Misc. Inform. Kew 129 (1907).
Rolfe fut le premier conservateur de l’herbier des orchidées du Royal Botanic Gardens de Kew et le fondateur de la revue mensuelle “The Orchid Review”qui a produit et édité 28 volumes.
Le premier numéro parut le 1er janvier 1893. Cette revue était consacrée à la culture et à l’hybridation des orchidées. Rolfe et Charles Chamberlain Hurst (1870-1947) publièrent en 1909 le supplément à la revue “The Orchid Stud Book” dans lequel tous les hybrides enregistrés jusqu’à fin 1907 furent répertoriés ainsi que les espèces progénitrices avec en plus leurs synonymes éventuels, des références et de nombreuses photographies.
Le nom du genre Coelogyne est issu des termes grecs “koilos”, vide, creux et “gyné”, femme, avec la signification de femelle à cause de la forme creuse de la partie supérieure du pistil (le stigmate).
L’épithète de l’espèce rend hommage à Frederick William Moore (1857-1949) qui est reconnu comme étant le principal horticulteur d’Irlande et fut le président de la Royal Horticultural Society d’Irlande et le conservateur du Royal Botanical Gardens de Dublin de 1879 à 1922.
Son nom commun est “Coelogyne de Moore” mais dans les pays anglo-saxons on l’appelle “The Queen of Coelogynes”
Coelogyne mooreana est un épiphyte sympodial de dimensions moyennes (30 à 45 cm) qui a des racines fines, bien développées et recouvertes d’un vélamen de couleur blanche. Les pseudo-bulbes sont regroupés, ovoïdaux, arrondis et légèrement rainurés. Il portent deux feuilles apicales longues jusqu’à 35 cm, repliées, vertes, brillantes et entièrement linéaires-oblancéolées qui ont sept nervures, bien visibles sur la face inférieure, et une base rétrécie qui forme un pétiole long et arqué.
Les inflorescences apparaissent avant la formation des pseudo-bulbes. En effet Coelogyne mooreana est une espèce protéranthe. L’inflorescence, érigée, racémeuse et longue de 30 à 40 cm (15 au minimum), est formée de 4 à 8 fleurs (12 au maximum) qui apparaissent au printemps et au début de l’été. Les fleurs éclosent presque simultanément. Elle sont grandes (de 7 à 10 cm), parfumées et bien espacées le long de l’axe de l’inflorescence. Les sépales et les pétales sont de couleur blanche et ont une forme lancéolée vers leur extrémité qui est pointue. Le labelle, blanc lui aussi, trilobé et long de 3 à 3,5 cm a une base concave-sacciforme, des lobes latéraux oblongs et recourbés qui entourent la colonne et un lobe médian ové et obtus qui a un disque souvent poilu-papilleux aux poils fins, longs de 3 à 4 mm et de couleur or ou orange. La colonne mesure environ 2 à 5 cm et a de nombreuses ailes. La floraison dure en général de quatre à six semaines. Les pollinies sont au nombre de deux.
Coelogyne mooreana est exclue du commerce et inscrite comme telle dans l’Appendice II de la Convention de Washington (CITES) qui s’est donné pour but de protéger les espèces animales et végétales menacées d’extinction en interdisant leur exportation et leur détention.
Coelogyne mooreana est une espèce très plaisante du fait de sa floraison spectaculaire et facile à cultiver bien qu’on ne la trouve plus facilement sur le marché que depuis peu.
Quand elle est cultivée par des amateurs cette plante peut fleurir à des époques différentes de celles de sa floraison dans la nature. C’est une bonne chose car les floraisons estivales sont en général affectées par les températures élevées de nos climats alors que celles entre la fin septembre et la totalité du mois d’octobre produisent habituellement des fleurs parfaites.
Coelogyne mooreana, en été, pousse dans ses régions d’origine sous un lourde couverture nuageuse, ce qui signifie qu’il est nécessaire de mettre ces plantes à l’ombre du printemps à l’automne. L’hiver est dans son habitat la saison la plus lumineuse. Il faut donc lui fournir davantage de lumière (25.000 lux ou plus) mais il faut veiller à ne jamais brûler les feuilles. On doit de plus assurer constamment à cette plante une aération efficace.
Bien qu’elle se trouve dans des zones tropicales cette espèce pousse à des altitudes élevées où l’été est chaud et humide et l’hiver froid et sec.
Dans ses régions d’origine, d’autre part , la température diurne moyenne est de 25 à 26 °C et la nuit de 17 °C avec une différence journalière de 6 à 8 °C. Au printemps la température diurne moyenne est de 27 à 28 °C. L’hiver la température diurne moyenne est de 25 à 26 °C et descend la nuit à 12 ou 13 °C avec une amplitude journalière de 13 à 14 °C.
On peut donc considérer cette espèce comme ayant des exigences thermiques modérées. Pendant l’époque des moussons d’été qui dure de 4 à 6 mois les précipitations sont très abondantes alors que la mousson d’hiver qui peut durer plusieurs mois fait baisser la température et n’apporte pas de pluie. Quand elles sont cultivées ces plantes ont de ce fait besoin d’une humidité de près de 85 % en été et au début du printemps et de 60 à 70 % au début de l’hiver. On peut fixer Coelogyne mooreana à des morceaux de fougère arborescente ou à des planches de liège mais il est possible aussi de la planter dans des corbeilles en utilisant un substrat meuble pouvant sécher rapidement. Les substrats qui conviennent le mieux sont des écorces de petites et moyennes dimensions, des fibres de fougère ou des mélanges auxquels on ajoute du charbon de bois, de la perlite ou de la mousse de sphaigne.
On peut procéder à un rempotage quand la plante pousse hors de la corbeille mais il ne faut pas abîmer les racines. Cette précaution est utile à sa croissance car cette espèce ne supporte pas les rempotages et quand cela se produit il lui faut beaucoup de temps (de 2 à 3 ans) pour récupérer.
Si le rempotage est nécessaire il faut l’effectuer quand les nouvelles racines commencent à pousser afin de leur assurer un ancrage plus rapide.
Pendant la période de croissance Coelogyne mooreana a besoin d’arrosages abondants mais on doit la laisser sécher entre deux arrosages. Quand l’automne arrive la quantité d’eau doit être réduite progressivement et en hiver de petits arrosages effectués de temps à autre et des vaporisations matinales sont suffisants. Au cours de leur période de forte croissance il faut fertiliser ces plantes chaque semaine en employant le quart ou la moitié de la dose recommandée pour les orchidées.
Il est possible d’utiliser des engrais ayant un faible taux d’azote à la fin de l’été et en automne et contenant plus de phosphore afin d’améliorer la floraison lors de la saison suivante et de stimuler la nouvelle croissance avant l’hiver. Pour éviter que les dépôts minéraux résultant des apports d’engrais ne s’accumulent il est conseillé de rincer les récipients de temps en temps. Si les extrémités des feuilles sont sèches et que les pseudo-bulbes se racornissent il faut augmenter la quantité d’eau fournie. Les feuilles des pseudo-bulbes les plus âgés se dessèchent naturellement mais il est normal que les pseudo-bulbes jeunes puissent présenter de petites flétrissures à condition qu’elles ne soient pas excessives car cela signifierait un manque d’eau important. Si, d’autre part, les arrosages sont excessifs la plante pourrait ne pas fleurir.
Il existe en culture de nombreux hybrides. En 1950 on rendit hommage à Micholitz en personne avec un très bel hybride enregistré à son nom sous l’appellation de Coelogyne Memoria W. Micholitz, Sanders (St Albans) et aux grandes fleurs de couleur marron ou blanche qui a été obtenu par le croisement entre Coelogyne lawrenceana x Coelogyne mooreana.
D’autres hybrides de Coelogyne mooreana enregistrés jusqu’en 2020 dans “The International Orchisd Register” sont
Altri ibridi di Coelogyne mooreana registrati fino al 2020 in “The International Orchid Register” sono:
Coelogyne Edward Pearce, R Pearce, 1995 (Coelogyne fragrans × Coelogyne mooreana);
Coelogyne G. Beryl Read, Dennis Read, 2008 (Coelogyne salmonicolor × Coelogyne mooreana);
Coelogyne Jannine Banks, David Banks 1995 (Coelogyne mooreana × Coelogyne flaccida);
Coelogyne Joel Strandberg, J.Ritchie 2006 (Coelogyne confusa × Coelogyne mooreana)
Coelogyne John Leathers, R. Hamilton 2008 (Coelogyne corymbosa × Coelogyne mooreana);
Coelogyne Keith Spence, P.Spence 2009 (Coelogyne Andreé Millar × Coelogyne mooreana );
Coelogyne Linda Buckley, R.Hull 1989 (Coelogyne mooreana × Coelogyne cristata);
Coelogyne Memoria Louis Forget, P.Sander 1994 (Coelogyne speciosa × Coelogyne mooreana);
Coelogyne Kirribilli Sarah Jean, K.Dawes 2015 (Coelogyne mooreana × Coelogyne ovalis);
Coelogyne Kirribilli Marie, K.Dawes 2013 (Coelogyne mooreana × Coelogyne usitana);
Coelogyne Kirribilli Ellen, K.Dawes 2014 (Coelogyne mooreana × Coelogyne assamica);
Coelogyne Andrew Banks, Hills Dist. 2015 (Coelogyne stricta × Coelogyne mooreana);
Coelogyne Lynette Banks, Hills Dist. 2015 (Coelogyne Mem. W. Micholitz × Coelogyne mooreana);
Coelogyne Rachael Banks, Hills Dist. 2015 (Coelogyne Mem. Louis Forget × Coelogyne mooreana);
Coelogyne Kirribilli Gillian, K.Dawes 2015 (Coelogyne mooreana × Coelogyne huettneriana);
Coelogyne Kirribilli Charlie, K.Dawes 2016 (Coelogyne Amber × Coelogyne mooreana);
Coelogyne Kirribilli Megan, K.Dawes 2016 (Coelogyne mooreana × Coelogyne marmorata);
Coelogyne Kirribilli Stephanie, K.Dawes 2014 (Coelogyne mooreana × Coelogyne brachyptera);
Coelogyne Kirribilli Jimmy, K.Dawes 2019 (Coelogyne calcicola × Coelogyne mooreana);
Coelogyne Kirribilli Janet Dixon-Smith, K.Dawes 2017 (Coelogyne mooreana × Coelogyne celebensis).
Coelogyne mooreana-ochracea 2020 (Coelogyne mooreana × Coelogyne ochracea (syn. Coelogyne nitida)
Les hybrides secondaires qui ont été enregistrés sont :
Coelogyne Kirribilli Colin, K.Dawes 2016, en utilisant Coelogyne Memoria W. Micholitz (Coelogyne mooreana × Coelogyne lawrenceana) × Coelogyne usitana ‘Golden Gate’); Coelogyne Kirribilli Jennifer O’Brien, K.Dawes 2017 (Coelogyne mooreana ‘Brockhurst’ × Coelogyne Unchained Melody ‘Alba’).
Il existe aussi de nombreux cultivars. Le cultivar Coelogyne mooreana ‘Westonbirt’ a été enregistré en 1908 et a obtenu un diplôme de mérite agricole de la Royal Horticultural Society (CCC/RHS). C’est l’hybrideur britannique H. G. Alexander (1879-1972) qui l’a sélectionné alors qu’il travaillait pour Sir George Lindsay Holford (1860-1926) à la Westonbirt House, Gloucestershire (Angleterre).
Les derniers cultivars qui ont été primés sont : Coelogyne mooreana ‘Wössen’ (4 premi dal 2013 al 2016); Coelogyne mooreana ‘Brockhurst’ (3 premi dal 1984 al 1998); Coelogyne mooreana ‘Keri’ (2 premi nel 2012); Coelogyne mooreana f. alba ‘Günther’ (2018); Coelogyne mooreana ‘Ingrid’ (2017); Coelogyne mooreana f. alba ‘Reinhold’ (2016); Coelogyne mooreana ‘Franz’ (2016); Coelogyne mooreana ‘Deggendorf’ (2014); Coelogyne mooreana f. alba ‘Mirjam’ (2013); Coelogyne mooreana ‘White Star’ (2001); Coelogyne mooreana h.v. Brockhurst ‘Wylde’ (1997); Coelogyne mooreana ‘Crestwood’ (1983).
Synonymes : Coelogyne mooreana f. alba Roeth & O.Gruss (2001); Coelogyne psectrantha Gagnep. (1930).
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