Famille : Nymphalidae
Texte © Dr. Gianfranco Colombo
Traduction en français par Michel Olivié
La Petite violette (Clossiana dia Linnaeus, 1767) appartient à l’ordre des Lepidoptera et à la famille des Nymphalidae.
Comme cela a déjà été indiqué on range habituellement dans cette famille plus de 6.000 espèces de papillons répandues dans le monde entier de sorte qu’elle est considérée comme la plus importante de celles qui regroupent les lépidoptères diurnes.
C’est un papillon très similaire à ceux appartenant aux genres Melitaea, Boloria et Brenthis avec qui il a en commun à la fois la couleur et l’habitat et avec lesquels on peut de ce fait facilement le confondre. À ce sujet voir Clossiana titania.
Les papillons du genre Clossiana pratiquent habituellement un vol très énergique caractérisé par des battements d’ailes très rapides et très vifs dans lesquels s’intercalent des vols planés très fréquents et de courte durée effectués à vive allure.
Leurs dimensions les rapprochent également des Melitaea mais un examen de près révèle la présence sur leurs ailes de motifs assez différents.
Toutes les Clossiana ont sur la face supérieure de gros points nettement marqués, noirs et ronds et ne présentent presque jamais le quadrillage très caractéristique des Melitaea. La face inférieure de l’aile postérieure joue d’autre part un rôle déterminant dans la subdivision des deux genres : des couleurs différentes et des motifs caractéristiques sont autant de critères spécifiques.
Beaucoup rangent le genre Clossiana dans celui des Boloria, ce dernier demeurant toutefois cité parmi les noms scientifiques synonymes de cette espèce. Clossiana vient du nom d’un musicologue belge du XIXe siècle, Closson, à qui Reuss a dédié ce genre de papillon en 1920. L’appellation de l’espèce Dia vient de l’ancien nom de l’île de Naxos ou bien du nom d’une déesse d’une beauté paradisiaque qui semble avoir été la fille de Déionée et l’épouse d’Ixion.
Le nom scientifique Boloria est, quant à lui, lié à une interprétation assez particulière faite par Moore en 1900. Il vient du grec “bolos” = filet de pêche et désigne le motif réticulé présent sur les ailes, une caractéristique tout-à-fait inexacte étant donné que, comme on le verra, si l’on regarde bien, les ailes portent seulement une nombreuse suite de points et de taches et sont totalement dépourvues de quelque quadrillage que ce soit.
Les noms vulgaires donnés à ce papillon sont : Magerrasen (ou Hainveilchen)– Perlmutterfalter en allemand, Paarse parelmoervlinder en néerlandais, Donzela violeta en espagnol, Dia en italien et Weaver’s Fritillary ou Violet Fritillary en anglais. Le nom donné en Angleterre à la Petite violette a été dédié à Richard Weaver, un marchand d’insectes du XIXe siècle qui le premier à récolté et classé ce papillon au Royaume-Uni.
Zoogéographie
Ce papillon est commun en Europe mais est cependant totalement absent de l’Angleterre et des régions septentrionales. Dans les régions situées dans l’extrême Sud il est souvent absent ou seulement présent avec des effectifs peu nombreux et des colonies relativement réduites.
C’est une espèce eurasiatique qui atteint, en suivant la bande au climat tempéré via la Turquie, le Caucase et la mer Caspienne et s’étend jusqu’à la Mongolie, la Sibérie et le Nord de la Chine. Il aime les prés ensoleillés et herbeux, les forêts ouvertes et les zones collinaires jusqu’à 1.400 m d’altitude.
Morphophysiologie
La Petite violette est un petit papillon dont l’envergure alaire est d’environ 34 mm. Il n’existe pas de différence particulière entre les sexes si ce n’est une légère accentuation des motifs alaires chez la femelle.
Comme toutes les fritillaires elle vole sur de longues périodes depuis le début du mois d’avril jusqu’à fin octobre.
Elle est de couleur brun orangé. Cette caractéristique la rend similaire à de très nombreuses espèces qui partagent son habitat. La face supérieure de ses ailes antérieures est nettement ponctuée de motifs noirs de formes variées qui sont accompagnés d’une série de taches rondes de couleur noirâtre disposées en long et traversant en totalité la zone post-discale des deux ailes depuis la côte jusqu’au bord postérieur. La même série se retrouve de façon plus nette sur l’aile postérieure avec six taches bien nettes qui entourent en totalité la surface alaire.
La zone basale de l’aile postérieure comporte un duvet noirâtre et épais qui forme une grande couronne de forme circulaire. Au centre de cette couronne on aperçoit en partie un ocelle bordé de noir et doté d’une grosse pupille noire en partie centrale. Le dos de l’aile antérieure reprend en partie le motif situé sur la face supérieure alors que l’aile postérieure est très particulière et fait apparaître les caractéristiques prédominantes de cette espèce.
Sa couleur de base est le violet qu’accompagne une série de six ocelles nettement bordés de noir dans la zone post-discale et dont se distingue le quatrième à partir du haut qui est complètement décoloré et dépourvu de contour. Il existe ensuite une bande de petits carrés de couleur blanc perlé qui recouvrent en totalité la zone discale. Une caractéristique unique parmi ses congénères du genre Clossiana consiste dans l’angle très aigu de l’aile postérieure vers le bord supérieur et non pas arrondi comme chez les autres espèces. Elle possède des antennes longues et clavées qui comportent des segments alternativement blancs et noirs. Plusieurs sous-espèces ont été répertoriées en fonction des caractéristiques rencontrées dans les endroits où elles sont présentes. C’est un papillon qui est toujours en mouvement et dont il est difficile de s’approcher et plus encore d’observer attentivement. Il retourne rarement se poser sur la fleur qu’il vient de visiter.
Biologie reproductive
La Petite violette est un papillon très prolifique qui en moyenne donne le jour à trois générations par an. Elle pond ses œufs directement sur les plantes-hôtes ou sur un support placé à proximité. Après une courte incubation les chenilles se dispersent à la recherche de leurs essences de prédilection. La chenille est de couleur noire et recouverte de petites épines de couleur blanchâtre. Le papillon hiverne au stade larvaire puis s’alimente à nouveau et poursuit jusqu’au bout son développement quand apparaissent les premières chaleurs du printemps suivant. C’est une espèce très précoce qui s’envole déjà à la fin du mois d’avril où elle entame un nouveau cycle. La chrysalide est fixée aux tiges desséchées des plantes-hôtes ou aux petites branches situées à proximité et reste à ce stade pendant environ trois semaines. La chrysalide est relativement petite et a une belle couleur orange qu’entourent deux bandes jaunâtres correspondant aux deux ailes. Les plantes-hôtes appartiennent aux genres Viola et Rubus.
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