Famille : Labridae
Texte © Giuseppe Mazza
Traduction en français par Michel Olivié
Le Choerodon anchorago (Bloch, 1791) appartient à la classe des Actinopterygii, les poissons aux nageoires rayonnées, à l’ordre des Perciformes et à la famille multicolore des Labridae, qui compte 71 genres et 549 espèces, dont les livrées surprenantes sont souvent liées à des dimorphismes sexuels très prononcés et à des changements de sexe.
Le nom Choerodon attribué à 26 espèces de cette famille vient des termes grecs “Χοιρός” (khoiros) = porc, cochon et “ὀδών” (odon) = dent, par allusion à leurs canines saillantes qui rappellent un peu celles des sangliers. Le nom de l’espèce anchorago semble faire référence au motif inhabituel qu’elle possède sur les côtés et qui ressemble à une ancre.
Zoogéographie
Il est présent dans le bassin Indo-Pacifique tropical. On le trouve, entre autres, en Inde et au Sri Lanka, aux îles Andaman, en Thaïlande, en Malaisie, en Indonésie, aux Palaos, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Australie. Côté Nord il est présent aux Philippines, au Vietnam, en Chine, à Taïwan et aux îles Ryukyu dans le Sud du Japon. Côté Sud-Est on le retrouve en Micronésie, dans les eaux de l’archipel du Vanuatu et de la Nouvelle-Calédonie qui marque la limite Sud de l’espèce alors qu’à l’Est il a colonisé les Tonga, l’île Niue et la Polynésie française.
Écologie-Habitat
Il vit parmi les formations madréporiques à une profondeur ne dépassant pas 25 m. il nage dans les prairies sous-marines et dans des zones sableuses, souvent parmi les rochers et les débris de madrépores, mais aussi sur le talus extérieur des récifs au milieu des madrépores et des coraux mous. Les juvéniles sont fréquents dans les estuaires et parmi les racines des mangroves qui leur offrent de la nourriture et des abris.
Morphophysiologie
Le Choerodon anchorago peut atteindre une longueur de 50 cm. Son corps est relativement trapu. Sa tête présente un profil convexe au-dessus des yeux et 4 effrayantes canines saillantes. La nageoire dorsale possède 12 à 13 rayons épineux et 7 rayons mous. La nageoire anale a 3 rayons épineux et 9 rayons inermes. Les nageoires pectorales, jaunâtres et translucides, ont 15 à 16 rayons mous. La nageoire caudale est plus ou moins tronquée.
La livrée est un “tableau de Picasso”. Le corps semble coupé en deux par une bande jaune verticale, plus ou moins vive, jaunâtre à orange, qui s’étend en forme de triangle et s’élargit en direction de la zone ventrale qui est de couleur blanche jusqu’à la queue.
En haut, sur les côtés et le dos, la livrée est gris verdâtre avec de petites taches orange vers la tête et très foncée vers la queue où elle forme un carré noir bien net qui se réduit à un simple trait horizontal à la base de la selle blanche ou jaunâtre sur le pédoncule caudal.
La nageoire dorsale a une couleur qui tend vers le verdâtre et qui est parsemée de points avec un petit liseré vert turquoise tout comme la nageoire anale qui toutefois est jaune et comporte des motifs orange. Les nageoires pectorales sont jaunâtres et les nageoires pelviennes portent des bandes orange et turquoise. À la base des nageoires pectorales se trouve une grande tache d’un bleu noirâtre. Il faut cependant ajouter que suivant les lieux et l’humeur du poisson toutes ces couleurs peuvent être également très délavées.
Éthologie-Biologie reproductive
Le Choerodon anchorago se nourrit de tout ce qu’il réussit à trouver, quitte au besoin à retourner avec ses dents de petits rochers et des morceaux de madrépores présents sur les fonds marins. Il cherche et trouve souvent sur la partie cachée des mollusques, des crustacés, des petits vers, des étoiles de mer et des petits oursins. On a remarqué qu’il brise parfois la coquille des bivalves en les projetant à plusieurs reprises contre un rocher qu’il utilise donc de façon surprenante comme un outil, à la manière d’un marteau.
Les juvéniles nagent en formant de petits bancs alors que les adultes qui sont territoriaux vivent généralement seuls sauf pendant la période de reproduction qui survient entre janvier et mars et qui donne lieu à des noces collectives. Les œufs sont confiés aux courants.
Pêché pour les aquariums mais surtout pour les marchés locaux aux poissons le Choerodon anchorago est malheureusement victime d’une baisse de ses effectifs. Ses populations peuvent en théorie doubler dans un délai de 1,4 à 4,4 ans mais sont souvent éloignées les unes des autres. L’indice de vulnérabilité à la pêche de cette espèce s’établit déjà à 40 sur une échelle de 100.
Synonymes
Sparus anchorago Bloch, 1791; Labrus macrodontus Lacepède, 1801; Cossyphus macrodon Bleeker, 1849; Choerops meleagris Rüppell, 1852; Labrus chlorodus Gronow, 1854; Crenilabrus leucozona Bleeker, 1858; Choerops maeander Cartier, 1874; Choerodon weberi Ogilby, 1911.