Cardamine amara

Famille : Brassicaceae

Texte © Prof. Pietro Pavone

 

Traduction en français par Michel Olivié

 

C’est une espèce très variable sur le plan morphologique et répandue dans la majeure partie de l’Europe, y compris la Grande-Bretagne, jusqu’aux Balkans et à l’Ouest de l’Asie. Elle pousse près des sources, des marais, des bords des ruisseaux et des fossés et même dans l’eau entre 600 et 2500 m environ. On la trouve rarement à des altitudes plus basses.

On suppose que le nom du genre Cardamine viendrait des deux mots grecs “kardia” = cœur et “amyno” = protéger en raison des vertus médicinales (cardiotoniques) que l’on attribuait autrefois aux plantes de ce genre. L’épithète de l’espèce amara fait référence à la saveur amère et acre des  feuilles.

Cette espèce est connue communément sous le nom de “cresson amer”.

Cardamine amara L. appartient à la tribu Cardamineae qui compte 15 genres où la radicule demeure en général fixée aux deux cotylédons et pousse le long de la ligne de séparation de ceux-ci qui sont pour cette raison appelés “cotylédons accombants”.

C’est une espèce pérenne et herbacée qui a un rhizome oblique et des stolons drageonnants recouverts de poils d’où sortent des tiges ascendantes, cylindriques, rarement ramifiées, creuses et glabres. Les feuilles caulinaires sont alternes, imparipennées, portées par un long pétiole qui est très réduit chez les feuilles du haut. Le limbe foliaire comporte 5 à 7 segments de forme identique, elliptiques, glabres, aux bords dentés ou recourbés, de couleur verte et brillants. Les inflorescences sont des racèmes apicaux flasques qui s’allongent lors de la fructification.

Les fleurs sont régulières (actinomorphes) et pédonculées et comportent un calice formé de 4 sépales jaunâtres dont les deux sur les côtés sont bursiformes.

La corolle, longue d’environ 1,5 cm, a 4 pétales blancs parfois mouchetés de rose ou de violet et disposés en croix. Les étamines sont au nombre de 6, soit 4 longues et 2 courtes (tétradynames). Les anthères sont de couleur violette. Le style, unique et simple, comporte un stigmate dépourvu de renflement latéraux (capité) et placé sur un ovaire supère, syncarpique et bicarpellaire.

Cette plante fleurit de mai à août. Le fruit est une silique érigée, plate, non articulée et longue de 2 à 3 cm qui comporte deux valves plates avec une ouverture  dans le sens de la longueur d’où s’échappent de nombreuses graines.

En Europe on a identifié au sein de cette espèce, sur la base de récentes études taxonomiques, cinq sous-espèces. Quatre d’entre elles sont diploïdes (2n = 16) : Cardamine amara L. subsp. amara, C. amara subsp. balcanica Marhold & al., C. amara subsp. opicii (J. Presl & C. Presl) Celak, C. amara subsp. pyrenaea Semen alors qu’une est tétraploïde (2n = 32) : C. amara L. subsp. austriaca  Marhold.

Ces sous-espèces sont bien caractérisées et se différencient les unes des autres tant sur le plan morphologique que sur le plan géographique. La sous-espèce diploïde type C. amara subsp. amara est la plus connue et la plus répandue et on la rencontre dans une grande partie de son aire de répartition.  La sous-espèce C. amara subsp. austriaca Marhold se rencontre dans les Alpes orientales et les zones limitrophes. Les recherches morphométriques et moléculaires ont démontré qu’il s’agit probablement d’un autotétraploïde de C. amara subsp. amara. On rencontre cette sous-espèce là où en général C. amara subsp. amara est absente. Toutes les deux cependant partagent leur aire de répartition mais seulement de façon marginale dans les parties occidentale (Est de la Suisse) et septentrionale (Sud de la Bohème). Elles se ressemblent beaucoup et ce n’est que le nombre des chromosomes et la combinaison de différentes caractéristiques morphologiques comme le nombre de feuilles, la longueur des sépales, la ramification de la tige et surtout le diamètre des grains de pollen qui révèlent leur différence.

Les autres sous-espèces diploïdes sont cantonnées aux chaînes de montagne de l’Europe centrale. C. amara subsp. opicii (J. Presl & C. Presl) Celak se rencontre dans les montagnes des Sudètes et dans les Carpathes. C. amara subsp. balcanica Marhold, Ancev & Kit Tan est présente dans les montagnes du Sud-Ouest de la Bulgarie et du Nord-Est de la Grèce. C. amara subsp. pyrenaea Semen se trouve dans l’Est des Pyrénées. En Slovénie on trouve C. amara avec les deux sous-espèces C. amara subsp. amara et C. amara subsp. austriaca. La limite Sud de cette dernière semble se situer dans cette région.

On rencontre aussi C . amara en Finlande qui marque la limite Nord de son aire de répartition. C. amara est également présente dans les régions de l’Italie du Nord, en Toscane et au Molise.

On se servait, surtout au printemps, des feuilles basales de C. amara pour aromatiser les salades et les potages en raison de leur saveur piquante qui ressemble à celle du cresson.

En phytothérapie on utilisait autrefois cette plante, sous forme d’infusion, comme dépuratif, diurétique et antianémique. On a de fait reconnu à C. amara des propriétés antianémiques, antiscorbutiques, diurétiques, reminéralisantes, antidiabétiques, dépuratives , hépatiques et décongestionnantes  du système respiratoire.

Synonymes : Cardamine amara subsp. barbareoides (Halácsy) Maire & Petitm.; Cardamine amara subsp. olotensis O. Bolòs; Cardamine amara subsp. siifolia Sennen; Cardamine amara var. grandiflora Bertol.; Cardamine amara var. parviflora Cadevall; Cardamine amara var. subalpina W.D.J. Koch; Cardamine bielzii Schur; Cardamine opicii J. Presl & C. Presl.

 

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