Famille : Clusiaceae
Texte © Pietro Puccio
Traduction en français par Michel Olivié
Cette espèce est originaire de l’Australie (Queensland et Territoire du Nord), de la Chine (Hainan), du Cambodge, des Comores, des Fidji, des Philippines, du Japon (îles Ryukyu), de Guam, de l’Inde, de l’Indonésie, des îles Cook, des îles Mariannes du Nord, des îles Marshall, du Kenya, de Madagascar, de la Malaisie, de l’île Maurice, de la Micronésie, du Mozambique, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, des îles Palaos, de la Polynésie française (îles de la Société, îles Marquises), des îles Samoa, des îles Seychelles, du Sri Lanka, de Taïwan, de la Tanzanie, de la Thaïlande et du Vietnam où elle pousse dans des espaces ouverts le long des côtes rocheuses et sableuses, où elle représente souvent l’espèce dominante, jusqu’à environ 100 m d’altitude. Les fruits flottants sont dispersés par les courants marins.
Le nom du genre est la combinaison de l’adjectif grec “καλός” (kalos) = beau et du substantif “φύλλον” (phyllon) = feuille, l’explication étant évidente. Le nom de l’espèce est la combinaison des substantifs grecs “ις, ινος” (is, inos) = fibre et “φύλλον” (phyllon) = feuille, par allusion aux nervures des feuilles.
Noms communs : alexandrian-laurel, Bali nut tree, balltree, beach calophyllum, beach touriga, beauty leaf, Bornéo-mahogany, Indian doomba oiltree, Indian-laurel, laurelwood, mastwood, portia tree, red poon, satin touriga, tacamahac-tree, tamanu (anglais), hai-tang-guo, hong hou ke, hu tong (chinois), bitaog, bitong, butulau, dangkalan (filipino), kamani (hawaïen), sultana-champa, sultan champa, surpan, surpunka (hindi), nyamplung (javanais), abrico (portugais-Brésil), nag champa (sanscrit), palo de Santa María, palo María, undi (espagnol), motondoo, mtondoo, mkanja (swahili), kating, kra thing (thaïlandais), cong, mù u (vietnamien).
Le Calophyllum inophyllum L. (1753) est un arbre sempervirent, haut de 5 à 20 m, à la couronne dense, à l’écorce brunâtre fissurée verticalement et à la sève laiteuse, blanchâtre, jaunâtre ou transparente qui suinte des blessures. Les feuilles, portées sur un pétiole long de 1 à 2,5 cm, sont opposées, simples, elliptiques à obovées-elliptiques, avec un apex obtus à rétus et un bord entier, de 8 à 20 cm de long et de 4 à 9 cm de large, coriaces et brillantes en partie supérieure comme en partie basse, avec une nervure centrale saillante et de couleur vert intense. Les inflorescences, situées aux aisselles supérieures, sont des panicules longues de 8 à 15 cm qui portent de 5 à 15 fleurs sur un pédicelle long de 2 à 4 cm, bissexuées, blanches et de 2 à 2,5 cm de diamètre. Elles ont 4 sépales pétaloïdes dont les deux situés à l’extérieur sont arrondis alors que les deux à l’intérieur sont obovés, 4 pétales obovés, longs de 1 à 1,2 cm, concaves, et une multitude (de 200 à 350) d’étamines libres de couleur jaune. Les fleurs dégagent un parfum intense et agréable.
Les fruits sont des drupes sphériques de couleur verte au début puis d’un jaune brunâtre à maturité, de 2,5 à 5 cm de diamètre, qui contiennent une seule graine sphérique de couleur marron et longue de 1,5 à 4 cm. Les fruits ne sont pas comestibles en raison de la présence de substances toxiques.
On reproduit cette plante en semant ses graines dans un terreau sableux maintenu humide à la température de 24 à 26 °C. Leur durée de germination, quand elles sont privées de l’endocarpe, est d’environ un mois. La croissance au début est lente et la première floraison survient au bout de 7 à 8 ans. Cet arbre qui est largement répandu dans la nature et qui a joué un rôle important dans la vie de nombreuses populations, en particulier celles du Pacifique, au point d’être considéré comme sacré par certaines d’entre elles, est fréquemment utilisé du fait de ses caractéristiques ornementales notables dans les parcs et jardins des pays tropicaux et subtropicaux, seul ou en groupe, comme arbre d’ombrage et dans les plantations en bordure de route. Il est également employé comme coupe-vent et pour stabiliser les sols. Il a besoin d’une exposition en plein soleil ou au maximum d’un léger ombrage et peut pousser dans une grande variété de sols, même rocheux, calcaires et salins, mais préfère ceux qui sont bien drainés, sableux et acides à légèrement alcalins. Il résiste d’autre part aux vents violents, aux embruns marins et aussi bien à des périodes de sécheresse qu’aux inondations, à condition qu’elles soient de courte durée, et ne supporte pas des températures inférieures à 8 °C.Toutes les parties de cette plante contiennent des substances toxiques. La sève est irritante pour la peau et les yeux et peut provoquer des réactions allergiques. Les graines séchées renferment jusqu’à un taux d’environ 70 % une huile visqueuse, qui est toxique quand elle n’est pas raffinée, constituée d’acides palmitique (15%), stéarique (13%), oléique (49%), linoléique (21%), linolinique (0,3%), arachidique (0,9%) et eicosénoïque (0,7%). L’huile raffinée est utilisée dans les industries des savons, cosmétique et pharmaceutique et, depuis des temps reculés, dans la médecine traditionnelle pour le traitement des maladies de peau, des arthrites, de la sciatique et la désinfection et la cicatrisation des blessures. Elle fait l’objet de recherches pharmacologiques, de même que d’autres parties de la plante, en raison des promesses qu’offrent ses propriétés anti-inflammatoires, antibactériennes, antifongiques, insecticides et cicatrisantes. Le bois, dur, lourd (560-800 kg/m3),et résistant aux termites est utilisé pour la construction d’embarcations et d’habitations et la fabrication de meubles, d’objets d’usage courant et d’instruments de musique. Les fleurs sont employées en Polynésie pour la confection de colliers caractéristiques et comme ornement pour les cheveux.
Synonymes : Balsamaria inophyllum Lour. (1790); Calophyllum ovatifolium Noronha (1790); Calophyllum spurium Choisy (1823); Calophyllum bingator Roxb. (1824); Calophyllum blumei Wight (1840); Calophyllum apetalum Blanco (1845); Calophyllum inophyllum f. oblongata Miq. (1854); Calophyllum inophyllum f. obovata Miq. (1854); Calophyllum wakamatsui Kaneh. (1934); Calophyllum inophyllum var. takamaka Fosberg (1974); Calophyllum inophyllum var. wakamatsui (Kaneh.) Fosberg & Sachet (1980).
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