Famille : Accipitridae
Texte © Dr. Gianfranco Colombo
Traduction en français par Catherine Collin
Le Busautour des sauterelles ou buse de la savane (Butastur rufipennis Sundevall, 1851) comme on l’appelle souvent en Afrique, appartient à l’ordre Accipitriformes et à la famille Accipitridae.
Quand Sundevall le célèbre ornithologue suédois qui classifia cet oiseau eut l’occasion de contrôler la collection du plus célèbre ornithologue africain de l’époque, Johan August Wahlberg, il nota que cet oiseau montrait des caractéristiques structurelles particulières qui incluaient des particularités rencontrées chez certains oiseaux paléarctiques.
En fait, il choisit le terme scientifique de Butastur pour indiquer la dualité, comme le dit l’étymologie grecque, “Buteo” = Buse et “Astur” = Autour et rufipennis pour la caractéristique coloration rougeâtre des couvertures alaires.
Les interprétations ont été nombreuses concernant cette affectation, avec l’insistance de certains qui voulaient le classer dans le genre Buteo, d’autres dans le genre Kaupifalco, d’autres dans le genre Accipiter mais en fin de compte la classification historique a été confirmée.
Aujourd’hui encore, les noms vernaculaires européens, certainement dérivés de la dénomination scientifique puisque cet oiseau ne s’est jamais installé sur notre continent, mettent en évidence ses caractéristiques comportementales, reprenant le dilemme de Sundevall sur la véritable morphologie de cet oiseau. En anglais Grasshopper Buzzard, Buzzard-Eagle, Buzzard-Hawk ; en italien Poiana delle cavalette ; en allemand Heuschreckenteesa ; en espagnol Azor ou Busardo langostero et en Swahili Shakivale Bawa-jekundu.
Zoogéographie
Ce buse-autour occupe une large partie du territoire africain qui s’étend dans la bande subsaharienne de la côte Atlantique au Soudan et au sud jusqu’à la Tanzanie, étant totalement absent de la partie centrale, Sud et Sud-Ouest du continent. La limite Sud se situe dans la savane de Tanzanie. Il est beaucoup plus commun dans la partie occidentale du continent et sa présence se raréfie en allant vers l’Est.
Migrateur partiel avec des mouvements liés à la saison des pluies, le moment où abondent les sauterelles, un de ses aliments principaux, il se déplace généralement dans le sens Nord-Sud restant toujours à l’intérieur de la bande décrite ci-dessus. C’est un oiseau attentif à éviter les périodes de fortes pluies, qu’il ne semble pas supporter, mais aussi extrêmement prompt à profiter du moment où la nature commence à reverdir. Bien qu’il ne soit pas présent en grand nombre le busautour est très répandu et n’est pas considéré comme espèce en danger même si dans les dernières années on a assisté à un léger déclin de la population globale. La population africaine totale à été estimée à environ 10 000 individus (Thiollay-2000). Très grégaire en dehors de la période de nidification, on peut le rencontrer en groupes comprenant quelques individus occupés ensemble à chasser. Au contraire, il s’isole et défend vigoureusement son territoire quand il niche. Espèce monotypique en Afrique, il a en revanche trois espèces congénères qui vivent en Asie.
Écologie-Habitat
Il est souvent considéré comme le gardien de la savane, quand imperturbable et jour après jour, toujours sur le même arbuste, il se perche attendant le bon moment pour attraper ses proies. Il effectue de longs vols planés à faible hauteur, étudiant en détail la zone traversée et effectuant ces virages rapides qui rappellent le vol des busards Saint-Martin, pour ensuite retourner sur l’un des arbustes choisis pour contrôler son territoire. Ce comportement, typique du sujet qui a pris possession d’un territoire n’est pas manifesté en dehors de la période de nidification.
Il habite les savanes herbeuses où pâturent de grands troupeaux de bovins qu’il suit souvent dans leurs déplacements pour fondre sur les insectes que les animaux déplacent dans leurs mouvements. On les voit également souvent lors des incendies, fréquents à la fin de la saison sèche, alors qu’ils survolent en grand nombre la ligne de feu, voletant à la recherche d’insectes en fuite. Naturellement, comme le dit son nom, il se nourrit de gros insectes, plus particulièrement de sauterelles.Il ne supporte pas les aires densément boisées ni les forêts épaisses même entrecoupées de petits espaces de savane. Il s’élève parfois dans le ciel jusqu’à 1 000 m de hauteur effectuant de larges courbes, comme s’il voulait respirer de l’air frais après avoir séjourné un long moment dans la chaleur de la savane, pour ensuite retourner, imperturbable, sur la branche d’où il s’était envolé.
Morpho-physiologie
Les busautours sont des oiseaux de petite taille si on les compare aux rapaces fréquentant habituellement la savane. Le busautour des sauterelles a des ailes pointues, une queue relativement prononcée et un vol assez léger et différent comparé à celui des buses communes. Les pattes sont relativement courtes, vu leur usage, mais pourvues de bonnes serres. Le bec non plus n’est pas très robuste. Il est de couleur jaune vif avec une pointe noirâtre.
La livrée dans la partie supérieure du corps est grisâtre-marron avec la tête plus foncée et avec les couvertures des ailes rouge brique, bien visibles lorsque l’oiseau vole. La partie inférieure est couleur noisette légèrement plus claire que la partie supérieure, tacheté de roussâtre et contrastant nettement avec le reste de la livrée et le dessous de l’aile qui lui est complètement blanchâtre. Ses yeux sont d’un jaune brillant très éclatant, avec un iris très noir. Les juvéniles sont d’une couleur similaire à celle des adultes mais montrent une coloration plus roussâtre en particulier sur la tête. Il a une longueur totale d’environ 40 cm pour une envergure de 100 cm et un poids d’environ 500 g. La femelle est légèrement plus grande que le mâle et ne montre aucun dimorphisme sexuel au niveau de la livrée.
Biologie reproductive
Le Busautour des sauterelles niche uniquement dans la partie nord de son aire de répartition au niveau du Sahel subsaharien. Il bâtit un nid avec des rameaux secs et en garnit l’intérieur avec des feuilles fraîches. Le nid est assez petit vu sa structure, jusqu’à ressembler à celui d’un passériforme ou d’un sturnidé. La coupe centrale ne dépasse pas les 20 cm de diamètre et quand il couve, l’oiseau s’y installe en s’y aplatissant exagérément. Le nid est placé à quelques mètres du sol généralement sur des acacias épineux et inaccessibles ou parfois sur l’unique gros arbre disponible sur son territoire. Il pond généralement 3 œufs blanchâtres tachetés de rougeâtre qui sont couvés pendant 30 jours environ. Les petits restent au nid pendant environ 6 à 8 semaines.
Synonyme
Buteo rufipennis Wolf, 1850.
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