Buphagus erythrorhynchus

Famille : Buphagidae

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Texte © Dr. Gianfranco Colombo

 

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Traduction en français par Catherine Collin

 

Le Pique-bœuf à bec rouge (Buphagus erythrorhynchus) occupe l'Afrique de l'Est, le long de la vallée du Rift.

Le Pique-bœuf à bec rouge (Buphagus erythrorhynchus) occupe l’Afrique de l’Est, le long de la vallée du Rift © Gianfranco Colombo

Le Pique-bœuf à bec rouge serait resté inconnu du plus grand nombre si les nombreux documentaires animaliers tournés en Afrique ne l’avaient montré à l’œuvre sur la croupe de gros animaux, solidement agrippé au pelage d’un hôte inconscient de sa présence, en équilibre de guingois lorsqu’il se fait transporter à travers la savane.

L’étrangeté d’un tel spectacle a bien sûr attiré l’attention des téléspectateurs, imprimant cette scène dans leurs souvenirs de façon indélébile.

C’est ainsi qu’un oiseau relégué dans des endroits reculés et sauvages, que personne n’aurait pu observer si ce n’est par l’intermédiaire des médias ou pour les plus fortunés lors d’un safari touristique, est désormais connu de tous.

Évidemment peu de gens connaissent son nom scientifique ni même son espèce mais tous savent qu’il se tient sur le dos d’animaux sauvages à picorer les tiques les infestant et qu’il fait partie intégrante du paysage africain qui défile sur l’écran.

Le Pique-bœuf à bec rouge (Buphagus erythrorhynchus Stanley, 1814), également appelé en Italie Oiseau tiques, appartient à l’ordre Passeriformes et à la famille des  Buphagidae même si certains scientifiques l’ont considéré, et certains le considèrent encore, comme appartenant à la grande famille des Sturnidae.

Auparavant, on pensait que sa relation avec son hôte quadrupède, coopération certainement appréciée vu la minutieuse désinfestation à laquelle se livre cet oiseau, était une assistance mutuelle finalisée dans ce but.

De fait, le Pique-bœuf à bec rouge cherche dans le pelage des animaux les parasites, les larves d’insectes mais surtout les tiques, en particulier celles du genre Boophilus communes dans les pays tropicaux, en mangeant une grande quantité.

Des études plus poussées ont montré que cet oiseau ne se contente pas d’arracher la tique de la peau mais provoque aussi une légère blessure permettant ainsi la sortie de quelques gouttes de sang dont il se nourrit avec avidité.

En Italie on le nomme aussi Oiseau tiques pour les parasites qu’il recherche dans le pelage de ses hôtes, sans dédaigner les poux, les larves de diptères, mucus, exsudat et même les excréments et le sang. dont il se nourrit avec avidité. Parfois il provoque aussi une légère blessure permettant ainsi la sortie de quelques gouttes de sang.

En Italie on le nomme aussi Oiseau tiques pour les parasites qu’il recherche dans le pelage de ses hôtes, sans dédaigner les poux, les larves de diptères, mucus, exsudat et même les excréments et le sang. dont il se nourrit avec avidité. Parfois il provoque aussi une légère blessure permettant ainsi la sortie de quelques gouttes de sang © Gianfranco Colombo

De plus, ces oiseaux ou d’autres de passage, ne laissent pas se refermer la blessure puisqu’ils reviennent souvent aspirer du sang à cette lésion.

C’est une espèce hématophage, un suceur de sang comme l’est le Pinson vampire de Darwin des îles Galápagos (Geospiza nebulosa) ou la chauve-souris Vampire commun (Desmodus rotundus).

Le bec rouge, robuste, conique et pointu, long de 2 cm, saisit avec force la tique à détacher, lacérant aisément avec sa pointe aiguisée la peau épaisse et coriace des hippopotames et des rhinocéros.

Le bec rouge, robuste, conique et pointu, long de 2 cm, saisit avec force la tique à détacher, lacérant aisément avec sa pointe aiguisée la peau épaisse et coriace des hippopotames et des rhinocéros © Gianfranco Colombo

On est en droit de se demander si les téléspectateurs éprouveraient la même sympathie pour cet oiseau s’ils avaient connaissance de cette particularité.

Comme on l’a dit, en Italie on le nomme génériquement Oiseau tiques, en réalité ce nom commun indique deux espèces très semblables, aussi bien dans la morphologie que dans le comportement, partageant exactement la même aire de répartition.

L’autre espèce est le Pique-bœuf à bec jaune, classifiée comme Buphagus africanus Linnaeus, 1766.

L’étymologie du binôme scientifique Buphagus erythrorhynchus a différentes interprétations.

La plus rigoureuse montre une origine grecque «bous» = bœuf et «phagein» = manger, mangeur de bœuf donc, en rapport avec son habitude de picorer l’animal sur lequel il se pose et de le faire saigner.

Puis il y a la version mythologique en rapport avec la Grèce antique qui identifie en Buphagus, fils de Japet, un héros d’Arcadie qui donna l’hospitalité à Iphiclès, frère d’Hercule, blessé, qu’il soigna jusqu’à sa mort. Buphagus fut à son tour tué par Artémis qui le considérait comme le monstre «mangeur de bœufs».

A noter que Buphagus est aussi l’un des très nombreux surnoms donnés à Hercule. Intrigues d’une autre époque assez peu compréhensibles pour nous mais tellement appréciées par les anciennes cultures mythologiques.

Le nom d’espèce Erythrorhynchus vient aussi du grec «eruthros» = rouge et «rhunkhos» = bec, référence claire à la couleur de son bec.

En anglais on le nomme Red-billed Oxpecker, en allemand Rotschnabel-Madenhacker, en espagnol Picabueyes Piquirrojo, en italien Bùfaga dal becco rosso, en portugais Pica boi de bico vermeil, en néerlandais d’un imprononçable Roodsnavelossenpikker et en japonais d’un très sympathique Akahashiushitsutsuki.

Zoogéographie

Mais l’effet secondaire est une petite blessure qui fait couler quelques gouttes de sang dont Buphagus erythrorhynchus se nourrit avidement. Il est rejoint par des confrères, très intéressés par cette source facile de nourriture, mais la lésion risque ensuite de s’étendre et de devenir permanente. Et ainsi le pique-bœuf, qui semblait être un bienfaiteur, devient un vampire.

Mais l’effet secondaire est une petite blessure qui fait couler quelques gouttes de sang dont il se nourrit avidement. Il est rejoint par des confrères, très intéressés par cette source facile de nourriture, mais la lésion risque ensuite de s’étendre et de devenir permanente. Et ainsi le pique-bœuf, qui semblait être un bienfaiteur, devient un vampire © Daniel France

Buphagus erythrorhynchus occupe l’Afrique de l’Est le long de la vallée du Rift du Nord au Sud dans toute sa longueur. Il est présent au Soudan et dans la corne de l’Afrique jusqu’à la partie nord-est de l’Afrique du Sud occupant toute les prairies et les savanes du continent.

Toutefois sa présence n’est pas constante et uniformément répandue mais plutôt concentrée dans certaines aires plus que dans d’autres, montrant des espaces d’où il est complètement absent. Il suit généralement le cours des fleuves, les vallées et les prairies densément habitées par les troupeaux.

Le nid de Buphagus erythrorhynchus, placé dans la cavité d’un arbre, est un amas désordonné d’herbes sèches, de radicelles et de poils d’animaux. De 3 à 5 œufs de couleur crème fortement tachetés de rougeâtre y sont pondus. L’incubation dure environ deux semaines, et les petits, qui naissent nus et aveugles, revêtent un léger duvet blanchâtre.

Le nid, placé dans la cavité d’un arbre, est un amas désordonné d’herbes sèches, de radicelles et de poils d’animaux. De 3 à 5 œufs de couleur crème fortement tachetés de rougeâtre y sont pondus. L’incubation dure environ deux semaines, et les petits, qui naissent nus et aveugles, revêtent un léger duvet blanchâtre © Giuseppe Mazza

Buphagus erythrorhynchus est sédentaire et limite ses déplacements à vadrouiller sur son territoire en suivant la brève migration des troupeaux.

C’est un oiseau très sociable et il effectue régulièrement des mouvements vespéraux afin de rejoindre les dortoirs communs parfois même à bonne distance des lieux d’alimentation.

Ecologie-Habitat

Voici un oisillon de Buphagus erythrorhynchus désormais grand, montrant un plumage juvénile, qui demande encore de la nourriture à ses parents.

Voici un oisillon désormais grand, montrant un plumage juvénile, qui demande encore de la nourriture à ses parents © Alan Manson

Buphagus erythrorhynchus aime les espaces ouverts, les pâturages, les savanes et fuit les forêts, aires trop arborées pour lui ainsi que les zones prédésertiques. Son habitat de prédilection est représenté par les immenses prairies d’Afrique de l’Est habitées par ces immenses troupeaux d’herbivores desquels sa subsistance dépend même si les victimes de ses excursions ne sont pas seulement des animaux sauvages mais aussi des animaux domestiques pour peu qu’ils soient infestés de tiques ou de larves hématophages.

Il n’est pas rare de le voir perché sur des vaches, des chèvres ou des ânes au pâturage, agrippé comme un pic sur un tronc, inspectant à fond chaque angle du manteau sans oublier les pavillons des oreilles, le bord des yeux, les aisselles et le dessous de la queue.

La becquée ne se fait pas attendre mais il devra bientôt apprendre à se nourrir en suivant maman et papa sur le manteau des herbivores.

La becquée ne se fait pas attendre mais il devra bientôt apprendre à se nourrir en suivant maman et papa sur le manteau des herbivores © Peter McIntyre

En général, tous les grands herbivores de la savane sont l’objet de ces visites, avec certaines préférences en relation avec l’infestation parasitaire des différentes espèces.

Il semblerait que certains ruminants soient moins infestés que d’autres par les tiques, c’est pourquoi ils n’ont que rarement la visite du Pique-bœuf à fins de nettoyage. Artiodactyles et Périssodactyles de la taille de l’impala jusqu’à celle de la girafe, le buffle et le rhinocéros, l’hippopotame et le zèbre sont les destinations habituelles de ses haltes. L’éléphant semble au contraire ne pas souffrir sa présence et le chasse dès qu’il se pose sur son dos.

Une mère de Buphagus erythrorhynchus et ses petits récalcitrants, à l’école, sur le dos d'un zèbre, afin d'apprendre le métier.

Une mère et ses petits récalcitrants, à l’école, sur le dos d’un zèbre, afin d’apprendre le métier © Gianfraco Colombo

Morpho-physiologie

Les caractéristiques comportementales de cet oiseau sont très semblables à celles d’un étourneau (Sturnus sp.) ou d’un martin (Acridotheres sp.), un comportement tapageur, une grande sociabilité, des dortoirs communs et une étroite relation avec des animaux.

La livrée est peu voyante et présente un plumage uniforme gris-marron plus prononcé sur les ailes, la queue, la tête ainsi qu’une partie du cou, tirant sur le crème clair sur la poitrine, le ventre et le croupion. Unique touche de couleur, le bec rouge écarlate, robuste, conique et pointu est très fort et long de deux centimètres. Un bec capable de pincer fortement la tique à détacher ou de lacérer de la pointe la peau coriace dans laquelle cette tique est attachée.

Buphagus erythrorhynchus présente aussi de robustes pattes pourvues de bonnes griffes, lui permettant de rester agrippé au poil de l’animal sur lequel il est posé. Le vol est rapide et puissant, un peu ondulé et presque toujours accompagné de son typique cri de rappel «dric biss dric biss», répété de façon continue.

Son congénère le Pique-bœuf à bec jaune présente exactement la même livrée, seul son bec est différent, jaune avec la pointe rouge au lieu d’être totalement rouge comme chez le Pique-bœuf à bec rouge. Bien que le Pique-bœuf à bec jaune soit beaucoup moins commun, les deux partagent la même aire de répartition, et c’est ainsi qu’on les voit chasser ensemble sur le même animal et parfois fréquenter des dortoirs communs. Seule une observation attentive, afin de remarquer cette particularité, permet de différencier précisément les deux espèces.

Le Pique-bœuf à bec rouge mesure environ 23 cm de long, pour une envergure de 30 cm et un poids d’environ 60/70 g. Il n’y a pas de dimorphisme sexuel chez les adultes, les jeunes ont un plumage très semblable à celui des adultes.

Éthologie-Biologie reproductive

Le couple est monogame et dure tout le temps d’une saison de reproduction. Le Pique-bœuf à bec rouge nidifie pendant la saison des pluies ou vers la fin de cette période, quand l’humidité est à son maximum et favorise la croissance des insectes infestant les animaux de la savane. Le nid qui est placé dans le creux d’un arbre est garni de façon désordonnée d’herbes sèches, de petites racines ainsi que de poils. De 3 à 5 œufs de couleur crème densément tachetés de rougeâtre y sont pondus.

Dans les régions arides où Buphagus erythrorhynchus vit le nettoyage se fait à sec, soulevant des nuages de poussière.

Dans les régions arides où il vit le nettoyage se fait à sec, soulevant des nuages de poussière © Gianfranco Colombo

L’incubation dure deux semaines et les petits naissent nus et aveugles mais se couvrent rapidement d’un léger duvet blanchâtre qui sera vite remplacé par leur plumage juvénile. Les soins fournis par les deux parents permettent aux poussins d’être prêts à l’envol après 3 semaines mais ceux-ci resteront auprès de leurs parents pendant longtemps encore demeurant proches jusqu’à la prochaine nidification. Il arrive souvent que les jeunes adultes de la précédente nichée aident les parents à élever la suivante.

Buphagus erythrorhynchus se nourrit d’insectes hématophages, de diptères, de poux, de larves qu’ils trouvent dans le pelage de ses hôtes mais aussi du cérumen produit par les oreilles et par les yeux des animaux, de mucus, d’exsudat, de peaux mortes ainsi que de petites quantités d’excréments qu’il prélève directement sur le corps du sujet avec les petites larves qui y sont cachées.

Mais quand il y a un cours d’eau, ces oiseaux sociaux bruyants en profitent gaiement. Buphagus erythrorhynchus n’est pas une espèce en danger.

Mais quand il y a un cours d’eau, ces oiseaux sociaux bruyants en profitent gaiement. Buphagus erythrorhynchus n’est pas une espèce en danger © Magda StLucia

Une curiosité particulière : la parade nuptiale et l’accouplement se produisent inévitablement à bord de quelque animal, nous démontrant ainsi que leur monde se limite pratiquement à ce milieu. Un amour favorisé par un témoin de noces inconscient qui berce de sa démarche dégingandée l’amour naissant de deux petits oiseaux inconnus. Un peu de romantisme au milieu de la dureté de la vie dans la savane.

Buphagus erythrorhynchus n’est pas une espèce en danger.

Synonyme

Tanagra erythrorhyncha Stanley, 1814.

 

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