Famille : Haemulidae
Texte © Giuseppe Mazza
Traduction en français par Michel Olivié
Endémique des îles Galapagos où il est appelé en anglais Black-striped salema, c’est-à-dire Saupe rayée noire à cause d’une certaine ressemblance avec la Sarpa salpa, une espèce de la famille des Sparidae commune en Méditerranée, et présent également le long des côtes Est de l’Atlantique, puis, dans l’océan Indien, jusqu’à Madagascar Brachygenys jessiae (Jordan et Bollman, 1890) appartient en réalité à la famille des Haemulidae. Il s’agit donc d’une gorette comme la Gorette à la petite bouche (Brachygenys chrysargyreum), une espèce analogue et plus répandue.
Le nom du genre Brachygenys vient du grec “brachys”, court et “genys”, menton, par allusion à sa bouche minuscule alors que le nom de l’espèce jessiae, de Jessica en latin, rend hommage à Jessie Knight Jordan, la seconde épouse de David Starr Jordan, le coauteur de sa description.
Zoogéographie
Brachygenys jessiae est principalement présent dans la partie centrale et la partie Ouest de l’archipel.
Selon de récentes estimations son aire de répartition serait d’au moins 500 km2 mais certainement inférieure à 2.000 km2.
Écologie-Habitat
Brachygenys jessiae forme en général pendant les heures du jour des bancs compacts le long des gros rochers pentus qui bordent les formations coralliennes.
Il part ensuite chasser le zooplancton dans les eaux de surface entre 3 et 11 m de profondeur bien qu’il puisse descendre exceptionnellement jusqu’aux environs de 18 à 20 m.
Ce mode d’alimentation est son point faible car bien que ce soit une espèce relativement prolifique qui forme des bancs immenses elle est périodiquement sujette à des hécatombes quand la nourriture vient à manquer à cause du fort et brusque réchauffement des eaux de surface.
Ce réchauffement est dû à un phénomène appelé ENSO ( El Nino-Southern Oscillation) qui survient en moyenne tous les 3 à 7 ans entre décembre et janvier mais qui tend malheureusement à s’intensifier à cause des changements climatiques.
Cette espèce, d’autre part, est pêchée pour la consommation locale et comme appât pour la pêche au thon.
Morphophysiologie
Brachygenys jessiae atteint 30 cm de long. Son corps, comprimé et allongé, a une tête conique, également plate, et de grand yeux. Sa bouche, oblique et courte, a une mâchoire inférieure légèrement saillante.
Il existe deux nageoires dorsales. La première a 10 rayons épineux et la seconde 1 rayon épineux et 13 ou 14 rayons inermes tandis que la nageoire anale a 3 petites épines et 10 ou 11 rayons mous. Les nageoires pectorales sont inermes. La nageoire caudale est fourchue.
Sa livrée a une couleur argentée et comporte environ 7 raies longitudinales noires sur les côtés.
Éthologie-Biologie reproductive
Dans les rassemblements pour la reproduction la fécondation ne s’effectue pas en groupe comme on pourrait le croire mais est le fait de couples distincts. Les oeufs sont confiés aux courants.
Sa résilience est moyenne, le temps minimal nécessaire au doublement de ses effectifs étant de 1,4 à 4,4 ans. Sa vulnérabilité à la pêche est faible et s’établit à peine à 20 sur une échelle de 100.
Le talon d’Achille de cette espèce reste donc l’hécatombe soudaine du zooplancton à cause de ENSO et pour cette raison, en plus du fait que son aire de répartition est modeste, les biologistes de la Liste Rouge de l’UICN des espèces menacées ont placé en 2022 Brachygenys jessiae dans la catégorie “(VU) Vulnerable”.
Synonymes
Xenocys jessiae Jordan & Bollman, 1890.