Beccariophoenix madagascariensis

Famille : Arecaceae


Texte © Pietro Puccio

 

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Traduction en français par Serge Forestier

 

Semblable à Beccariophoenix fenestralis mais sans le fenêtrage caractéristique à proximité du rachis des feuilles des plantes jeunes, Beccariophoenix madagascariensis est un palmier rare de Madagascar, à croissance lente et menacé d'extinction dans la nature, où la tige atteint 15 m de hauteur © G. Mazza

Semblable à Beccariophoenix fenestralis mais sans le fenêtrage caractéristique à proximité du rachis des feuilles des plantes jeunes, Beccariophoenix madagascariensis est un palmier rare de Madagascar, à croissance lente et menacé d'extinction dans la nature, où la tige atteint 15 m de hauteur © G. Mazza

L’espèce est originaire de l’est de Madagascar où elle est présente à un nombre réduit d’exemplaires dans les forêts pluviales sub-montagneuses, principalement sur des sols pauvres et sablonneux, jusqu’à environ 1200 m d’altitude.

Le nom de genre est la combinaison du nom du botaniste et naturaliste italien Odoardo Beccari (1843-1920), dont les palmiers étaient l’un des principaux centres d’intérêt, et du genre Phoenix ; le nom spécifique est l’adjectif latin “madagascariensis” = de Madagascar, en référence au lieu d’origine.

Noms communs : manarano palm (anglais) ; manarano, manara, maroala (malgache).

Beccariophoenix madagascariensis Jum. & H.Perrier (1915) est une espèce monoïque inerme à stipe unique, dressé, mesurant jusqu’à environ 15 m de hauteur et 35 cm de diamètre, de couleur gris-brun sur laquelle sont visibles les traces annulaires des feuilles caduques distantes entre elles d’environ 5 cm. Les feuilles sont pennées, longues de 4-5 m, à environ 130 paires de folioles linéaires-lancéolées disposées régulièrement le long du rachis, mesurant dans la partie médiane jusqu’à environ 170 cm de longueur et 4,5 cm de largeur, de couleur vert brillant ; la base foliaire aux marges fibreuses, mesurant jusqu’à environ 1,5 m de longueur, ne recouvre que partiellement le stipe. Les inflorescences, sur un robuste pédoncule mesurant jusqu’à 1 m de longueur, prenant naissance entre les feuilles (interfoliaires), sont longues d’environ 1,2 m, avec des ramifications du premier (rarement du second) ordre ; elles sont d’abord enfermées dans une bractée ligneuse, longue d’environ 70 cm, recouverte d’un tomentum de couleur brun rougeâtre. Fleurs unisexuelles disposées en triades (une fleur femelle entre deux fleurs mâles), sauf dans la partie terminale où seules des fleurs mâles sont présentes, solitaires ou par paires. Fruits ovoïdes à apex pointu, d’environ 3,5 cm de longueur et 2,5 cm de diamètre, de couleur pourpre foncé, contenant une seule graine ellipsoïde, d’environ 2,4 cm de longueur et 2 cm de diamètre.

La reproduction se fait à partir des graines, préalablement immergées dans l’eau pendant deux jours, placées dans un sol sablonneux riche en matière organique maintenu humide à une température de 26-28 °C, avec un temps de germination de 1-3 mois.

Considéré comme éteint depuis de nombreuses années, l’espèce a été ‘’redécouverte’’ en 1986, suscitant, par ses caractéristiques remarquables, l’intérêt des botanistes et des collectionneurs avec une demande immédiate de graines, qui ont été distribuées et commercialisées à partir de 1990. Au départ, les graines récoltées dans différents endroits, et toutes distribuées sous le nom de Beccariophoenix madagascariensis, ont donné naissance à deux types de plantes, l’un avec un fenêtrage évident dans les jeunes feuilles et l’autre qui en était privé, qui ont ensuite été spécifiés et commercialisés en tant que B. madagascariensis “windows form” et B. madagascariensis “no windows”. Cette anomalie, ainsi que d’autres particularités, ont faire soupçonner que l’on était en présence de deux espèces distinctes ; la confirmation est venue lorsqu’il a été possible de détecter des différences significatives dans les inflorescences (infrafoliaires chez “windows form” et interfoliaires chez “no windows”), dans les fleurs et les fruits qui ont conduit les botanistes John Dransfield et Mijoro Rakotoarinivo en 2014 à décrire la “windows form” comme nouvelle espèce sous le nom de Beccariophoenix fenestralis, distincte de Beccariophoenix madagascariensis. Palmier imposant à croissance relativement lente, cultivé dans les régions au climat tropical, subtropical et marginalement tempéré chaud, où il peut résister à des valeurs minimales de température, si elles sont exceptionnelles et de courte durée, jusqu’à environ -2 °C, en plein soleil et sur des sols même pauvres, drainants, de préférence sablonneux, acides ou neutres. Il nécessite des arrosages fréquents, surtout pendant les périodes sèches en présence de températures élevées, et une fertilisation avec des produits équilibrés contenant des oligo-éléments sous forme de chélates, en particulier ferreux, car il est facilement sujet à la chlorose.

Les stipes sont utilisés dans les constructions, les jeunes feuilles pour réaliser divers objets d’artisanat, en particulier pour confectionner un couvre-chef bien connu (“manarano”) ; localement l’apex végétatif est consommé (“cœur de palmier”), une utilisation qui est découragée car elle implique la mort de la plante.

En raison du fort morcellement de la population, du nombre réduit de spécimens, de la pression anthropique et de l’utilisation alimentaire susmentionnée, l’espèce a été inscrite sur la liste rouge de l’IUCN (International Union for the Conservation of Nature) comme “vulnerabile” (espèce menacée d’extinction dans la nature).

 

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