Bdallophytum andrieuxii

Famille : Cytinaceae


Texte © Prof. Pietro Pavone

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Endémique du centre et Sud-Ouest du Mexique Bdallophytum andrieuxii n'a pas de feuilles vertes pour faire la photosynthèse et vit en parasite en s'attaquant aux racines de diverses espèces des genres Bursera et Juniperus.

Endémique du centre et Sud-Ouest du Mexique Bdallophytum andrieuxii n’a pas de feuilles vertes pour faire la photosynthèse et vit en parasite en s’attaquant aux racines de diverses espèces des genres Bursera et Juniperus © Eugenio Padilla

Bdallophytum andrieuxii Eichler est une plante parasite n’ayant pas la capacité d’effectuer la photosynthèse (holoparasite) qui appartient à la famille des Cytinaceae A. Rich de l’ordre des Malvales.

Cette famille était autrefois incluse dans l’ordre des Rafflesiales mais des études moléculaires ont démontré qu’elle devait être insérée dans l’ordre des Malvales (APG III, 2009).

Bdallophytum andrieuxii est une espèce endémique du centre et du Sud-Ouest du Mexique. On la trouve dans les États de Guerrero, de Michoacan de Ocampo, de Morales, de Puebla et d’Oaxaca.

Elle pousse dans les forêts tropicales décidues et le maquis xérique à des altitudes comprises entre 650 et 1750 m.

Elle a été décrite en 1872 par August Wilhelm Eichler (1839-1887) dans la revue illustrée Botanische Zeitung de Berlin (Bot. Zeitung Berlin 30 : 715 ; 1872).

Eichler était un botaniste allemand, chargé de cours en 1865 à l’Université de Munich, professeur en 1871 à la Technische Hochschule de Graz (Autriche) puis en 1872 à l’Université de Kiel (Allemagne) où il resta jusqu’en 1878,  date à laquelle il devint directeur de l’Herbarium auprès de l’Université de Berlin.

En plus d’avoir décrit un nombre important de Spermatophytes il a créé un système de classification des plantes basé sur des données phylogénétiques à la lumière des idées évolutionnistes.

Ce système de classification des plantes qu’il a mis au point en 1886 fut adopté et développé par Adolf Engler (1844-1930) dans le système de classification naturelle des plantes “Die natürlichen  Pflanzenfamilien” (Les familles des plantes naturelles) qui a été adopté dans le  monde entier.

On ne l'aperçoit qu'à partir du mois de mai quand les inflorescences voyantes de Bdallophytum andrieuxii, alimentées par une dense ramification dans les tissus de l'hôte, émergent du sous-sol.

On ne l’aperçoit qu’à partir du mois de mai quand ses inflorescences voyantes, alimentées par une dense ramification dans les tissus de l’hôte, émergent du sous-sol © Iván Bravo Ramírez

Le nom du genre Bdallophytum vient du grec ancien “bdallo”, sucer et “phyton”, plante parce qu’il comprend des plantes vivant aux dépens d’autres végétaux.

L’épithète de l’espèce andrieuxii rend hommage à G. Andrieux, un commerçant d’origine française qui fut un grand explorateur et un collecteur de plantes dans le Sud du Mexique.

Elles peuvent compter plus de 40 fleurs. On reconnaît de suite les plantes mâles de Bdallophytum andrieuxii car elles sont plus longues et fines.

Elles peuvent compter plus de 40 fleurs. On reconnaît de suite les plantes mâles car elles sont plus longues et fines © Cristian Morales Cruz

Le Professeur Mario Sousa Sanchez (1940-2017), un botaniste mexicain, rapporte dans ses écrits que ce collecteur n’a pas fourni d’informations sinon celles qui proviennent des étiquettes des herbiers qu’il a constitués et qui furent vendus à différentes institutions botaniques.

Sa première série se trouve aujourd’hui au Musée de Paris qui à son tour l’a reçue de l’Herbarium B. Delessert de Paris.

D’autres spécimens furent vendus à Genève au célèbre botaniste Augustin Pyrame de Candolle ( 1778-1841) et d’autres encore furent acquis par le botaniste William Jackson Hooker (1785-1865) qui, après avoir été nommé directeur du Royal Botanic Gardens de Kew en 1841, en fit don au Kew Herbarium.

D’autres spécimens, en plus petit nombre, existent dans d’autres institutions telles que le Komarov Botanical Institute of the Russian Academy of Sciences de Russie, l’Université d’Oxford en Angleterre, le Muséum National d’Histoire Naturelle en France et le Naturhistorisches Museum de Vienne en Autriche.

La valeur de la collection entière de G. Andrieux ne repose pas sur le nombre des spécimens récoltés mais sur les lieux et la date (1834) où elle fut constituée et aussi sur le fait que ces spécimens furent étudiés par d’éminent botanistes de l’époque.

Noms communs : au Mexique, dans les États de Guerrero et de Michoacan, cette plante est appelée “flor de tierra” et dans l’État de Morales “mojon de ganan”.

Les parties végétatives de Bdallophytum andrieuxii sont filamenteuses et ressemblent à des hyphes fongiques. Elles poussent à l’intérieur des racines d’espèces du genre Bursera comme Bursera linanoe (La Llave) Rzed. Calderon § Medina, un petit arbre haut de 5 à 7 m, aux tiges ligneuses et succulentes grâce auxquelles il parvient à emmagasiner de l’eau afin de survivre pendant la longue saison sèche.

Bdallophytum andrieuxii est également un parasite de certaines espèces de genévrier (Juniperus).

Bdallophytum andrieuxii est une plante herbacée, holoparasite, dioïque, haute de 10 à 12 cm (25 cm au maximum), qui a une tige succulente et des écailles de 1,6 à 4,5 mm (4,8 mm au maximum) sur 1,4 à 3,8 mm, de couleur marron ou violette, glandulaires, de forme ovée à lancéolée et au bord irrégulièrement denté ou parfois entier.

On peut l’apercevoir à partir du mois de mai. Elle disparaît avec la fructification au plus tard en novembre. Les inflorescences comptent un nombre élevé de fleurs (jusqu’à 40 ou plus) et sont dimorphiques : les fleurs mâles sont plus longues et plus fines que les fleurs femelles

Une inflorescence femelle de Bdallophytum andrieuxii. Chez les deux sexes les fleurs dégagent une odeur de fruit pourri. Elles attirent les fourmis, les mouches de charognes et les papillons.

Une inflorescence femelle. Chez les deux sexes les fleurs dégagent une odeur de fruit pourri. Elles attirent les fourmis, les mouches de charognes et les papillons © Alejandro Flores-Palacios

Les tépales des fleurs sont connés à leur base et portent des poils glandulaires unisériés du côté du dos. Chez les fleurs mâles les bractées mesurent 4,2 à 6,6 mm (2,1 au minimum) sur 1,3 à 3,8 mm (5,6 mm au maximum) et sont ovées à spatulées avec un bord denté.

Le périgone comporte 5 à 7 segments. Il est haut de 2,9 à 3, 8 mm avec une base de 3,2 à 3,5 mm. Il est de couleur rougeâtre à violette et a une colonne staminale longue de 1 à 3 mm.

Les fleurs femelles de Bdallophytum andrieuxii ont des périgones de 7 ou 8 segments rouges ou violet foncé, des styles longs de 0,9 à 1,5 mm et des stigmates de 8 à 12 lobe. Les pollinisateurs peuvent être des fourmis, des mouches et des papillons.

Les fleurs femelles ont des périgones de 7 ou 8 segments rouges ou violet foncé, des styles longs de 0,9 à 1,5 mm et des stigmates de 8 à 12 lobes. Les pollinisateurs peuvent être des fourmis, des mouches et des papillons © Alejandro Flores-Palacios

Les anthères, au nombre de 5 à 14 ( 18 au maximum), sont longues de 1 à 2 mm, normalement recourbées, disposées de façon irrégulière à l’extrémité de la colonne staminale avec des appendices conjonctifs peu visibles et très réduites par rapport à celles de Bdallophytum americanum.

Les fleurs femelles ont des bractées de 3,3 à 5,5 mm sur 1,8 à 4 mm au bord denté, un périgone qui est constitué de 5 à 7 segments haut de 3 à 4,5 mm, rouge à violet foncé, des styles longs de 0,9 à 1,5 mm et des stigmates au nombre de 8 à 12, lobes, oblongs et généralement jaunes.

Les fleurs mâles et femelles dégagent une odeur de fruit pourri.

Les fruits sont des baies concrescentes. De couleur marron elles mesurent de 0,8 à 1,2 mm et contiennent des graines longues de 0,3 à 0,4 mm.

Une étude sur le terrain (Brasilian Journal of Botany 45 3 1047-1055 ; 2022) a démontré que les fleurs produisent du nectar seulement aux heures les plus chaudes de la journée dans des quantités et des concentrations semblables pour les fleurs mâles et les fleurs femelles.

D’autre part leurs parties reproductives ont une température supérieure à celle de l’air ambiant (thermogenèse).

Les pollinisateurs peuvent être des fourmis, des mouches de charognes et des papillons. Leurs visites sont plus nombreuses quand la concentration de nectar est la plus grande.

En ce qui les concerne les papillons qui sont les visiteurs les plus fréquents utilisent les inflorescences mâles et femelles pour se nourrir et en même temps ils touchent les organes reproducteurs des fleurs. De plus durant leurs visites ils pondent leurs œufs sur les tissus des fleurs. En effet on a trouvé des chenilles de lépidoptères du genre Cissia dans toutes les inflorescences qui ont été examinées.

Après la fécondation les ovaires de Bdallophytum andrieuxii grossissent. Les fruits concrescents contiennent de nombreuses graines.

Après la fécondation les ovaires grossissent. Les fruits concrescents contiennent de nombreuses graines © Par Ana Nuño

On a cependant constaté que bien que les chenilles se développent en même temps que les fleurs et les graines elles n’ont pas d’effet sur la germination des graines.

Dans la médecine populaire cette plante était utilisée autrefois pour soigner la lèpre, les plaies, le cancer et les boutons.

Synonymes : Cytinus andrieuxii (Eichler) Hemsl. (1882); Hypocistis andrieuxii (Eichler) Kuntze (1891); Scytanthus andrieuxii (Eichler) Solms (1901).