Famille : Poaceae
Texte © Dr. Salvatore Cambria
Traduction en français par Michel Olivié
Avena barbata Link est une plante herbacée de taille moyenne appartenant à la famille des Poaceae, mieux connue sous le nom de Graminacées. Il s’agit d’un très vaste groupe de plantes existant dans le monde entier et présentant une grande diversification de caractéristiques morphologiques et d’habitats colonisés.
Avena barbata a été décrite par le botaniste allemand Johann Heinrich Friedrich Link en 1799 dans la publication “Schrader’s Journal für die Botanik” (Schrad. Journ. ii. 315).
En ce qui concerne l’étymologie le nom du genre Avena qui lui a été donné par Linné est le nom latin employé par les Romains pour désigner cette plante cultivée depuis l’Antiquité et peut-être dérivé du sanskrit “avasa” = nourriture, fourrage.
L’épithète de l’espèce barbata fait allusion, également en latin, à son inflorescence dotée de barbes.
C’est une plante annuelle qui fleurit de mai à juillet, qui est haute de 30 à 80 cm, dont le port est érigé et qui a des racines fasciculées adventives.
Comme pour les autres graminacées la tige herbacée est appelée “chaume” et est en général solitaire, glabre, ascendante et élancée.
Des noeuds situés le long du chaume partent les feuilles qui ont une disposition alterne et distique, c’est-à-dire qu’elles se suivent une à droite et une à gauche en se répartissant donc sur deux rangées.
La feuille est constituée de la gaine, la partie basale de la feuille qui entoure la tige, de la ligule, une excroissance membraneuse de la gaine foliaire tournée vers l’intérieur à la limite entre la gaine et le limbe, et du limbe qui est la partie la plus large de la feuille.
Celle-ci est caractérisée par des nervures parallélinervées. Elle est relativement aplatie, possède un apex acuminé et a une longueur de 14 à 30 cm et une largeur de 2 à 4 mm. Sa surface est glabre. Il n’y a pas de papilles. Les bords sont ciliés.
La ligule des feuilles les plus basses est pointue et longue de 3 à 4 mm alors que celle des feuilles du haut est tronquée et longue seulement de 2 mm.
L’épi ( l’inflorescence primaire) a la forme d’un panicule grand et fourni, long de 10 à 30 cm et composé de divers épillets disposés sur un seul côté. Il est caractérisé par un long pédoncule de 1 à 3 cm et des rameaux érigés-orthogonaux, ceux situés en partie basse portant 1 à 3 épillets retombants.
L’épillet (l’inflorescence secondaire) est long de 18 à 30 mm et porte 2 ou 3 fleurs. Il est constitué d’un axe appelé rachéole qui a à sa base des bractées entourant les fleurs, désignées sous le nom de glumes, qui se répartissent en glumes supérieures et inférieures et sont en général de tailles légèrement différentes et longues d’environ 15 à 30 mm.
À la base de chaque fleur il y a deux bractées (les glumelles) : la paléole et la lemme. La paléole a une forme lancéolée et des nervures et des bords ciliés. La lemme, longue de 13 à 20 mm, est bifide dans sa partie distale et comporte deux soies aristées. Dans sa partie inférieure elle est hispide et porte des poils drus et rigides alors qu’elle a sur le dos une arête longue de 30 à 50 mm. À maturité la cassure de la rachéole entraîne la désarticulation de l’épillet.
Les fleurs fertiles sont actinomorphes, c’est-à-dire qu’elles présentent une symétrie en rayons, et formées de 3 verticelles : un périanthe réduit, un androcée et un gynécée. Le périanthe est réduit à deux lodicules, c’est-à-dire à des écailles translucides et peu visibles qui sont peut-être le vestige d’un verticelle de 3 sépales. Les lodicules sont membraneuses et non vascularisées.
L’androcée est formé de 3 étamines chacun et doté d’un court filament libre, d’une anthère sagittée et de deux thèques. Le gynécée est composé de 2 ou 3 carpelles soudés entre eux et formant un ovaire supère. L’ovaire, qui est pubescent à l’apex, a une seule loge qui de même contient un seul ovule. Le style est court et comporte deux stigmates papilleux et dissemblables. Le fruit est un caryoside, un fruit sec indéhiscent (ce qui veut dire qu’il ne s’ouvre pas spontanément à maturité pour disperser ses graines) qui contient une seule graine fusionnée avec le péricarpe, ce qui est typique de la famille des Poaceae.
Avena barbata est largement répandue dans les territoires euro-méditerranéens et s’étend vers l’Est au Moyen-Orient et jusqu’à l’Asie centrale. Dans les zones méditerranéennes c’est en général une plante très commune alors qu’elle est occasionnelle dans les régions froides et les zones montagneuses. De plus cette espèce a été introduite et naturalisée aussi dans d’autres habitats au climat méditerranéen comme ceux qui existent en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Afrique du Sud, en Argentine, au Chili, au Brésil, en Uruguay et en Californie.
Avena barbata est une espèce autotétraploïde diplodisée (2n=4x=28) dont les ancêtres diploïdes sont Avena hirtula Lag. et Avena wiestii Steud.
Il est parfois possible de rencontrer des populations de Avena barbata mêlées à ces deux autres espèces bien que leur différenciation du point de vue morphologique soit difficile et que les auteurs ne soient pas tous enclins à les considérer comme des espèces différentes.
Ses habitats préférés sont ceux qui sont ouverts, ensoleillés et aux sols calcaires et arides quoique cette espèce soit aussi présente sur des sols siliceux aux pH neutres. Elle est fréquente dans les prairies, les friches et les terres cultivées de 0 à 1200 m.
Sur le plan phytosociologique cette espèce fait partie des populations invasives de la classe des Stellarietea mediae dans lesquelles sont inclus les formes de végétation annuelle nitrophile typiques de milieux anthropisés. En particulier cette espèce est considérée comme étant caractéristique de l’alliance Echio plantaginei-Galactition tomentosae qui comprend des populations annuelles subnitrophiles de taille moyenne répandues dans l’Ouest de la Méditerranée.
Ces formes sont plus fréquentes dans les champs, les friches arides, les talus, le long du bord des routes, les jardins et les terres cultivées où Avena barbata est accompagnée de diverses autres espèces dont quali Echium plantagineum, Adonis annua, Dasypyrum villosum, Bromus diandrus, Bromus hordeaceus, Lolium rigidum, Papaver rhoeas, Galactites tomentosa, Plantago lagopus, Sherardia arvensis, Silene fuscata, etc..
Les graines de Avena barbata sont comestibles bien que cette espèce soit rarement cultivée en comparaison de l’avoine commune (Avena sativa L.) et surtout comme culture fourragère.
Synonymes
Sinonimi: Avena hirsuta Roth (1802); Avena wiestii sensu Pignatti.
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