Famille : Asteraceae
Texte © Eugenio Zanotti
Traduction en français par Michel Olivié
Le genre Artemisia comprend, suivant les diverses interprétations taxonomiques, de 200 à 400 espèces de plantes herbacées et arbustives riches en huiles essentielles et à la saveur assez amère due à la présence de terpénoïdes et de lactones sesquiterpéniques.
Elles vivent surtout dans les climats tempérés des deux hémisphères, principalement l’hémisphère boréal, et principalement dans les milieux secs ou semi-arides. Leur pollinisation est anémophile. De nombreuses espèces abritent, en tant que plantes nourricières, diverses larves de lépidoptères.
L’étymologie du nom du genre est incertaine : pour certains auteurs il dérive d’Artémise II, l’épouse de Mausole, roi de Carie; pour d’autres il est plus vraisemblable qu’il se rapporte à Artémis, déesse de la chasse; pour d’autres encore au mot grec “artamos” = sain, par allusion aux propriétés bénéfiques de nombreuses espèces d’ Artemisia.
Le nom de l’espèce dérive du latin “absinthium”, nom par lequel on la désignait et qui tire son origine du grec “absinthion” = amer (privé de douceur) en référence à la saveur très amère de cette plante.
La Grande absinthe (Artemisia absinthium L. 1753) est une plante herbacée pérenne dotée d’un rhizome ramifié, généralement subfruticuleuse, aux tiges droites, subligneuses à leur base, hautes de 30 à 120 cm (en moyenne de 40 à 90 cm) et recouvertes d’un duvet soyeux blanc argenté (trichomes à forme de T ou Y avec des bras latéraux présentant un angle inférieur à 180 °) . Elle a une forte odeur de vermouth et une saveur très amère. Les feuilles sont alternes. Les feuilles basilaires sont pétiolées (2) 3 pennatiséquées avec des sections larges de 3 à 4 mm et arrondies à l’apex ; les feuilles caulinaires sont plus petites (3 à 4 cm) et subsessiles. Les capitules floraux, au nombre de 30 à 60, sont hémisphériques (3 x 3 mm), inclinés, réunis dans des panicules terminaux feuillus et plus ou moins unilatéraux. La floraison se concentre dans la période d’août/septembre. Le pollen est allergénique. Les fleurs sont jaunes ou brunes (2 mm).
Les fruits (des akènes) sont glabres, dépourvus de pappus, de forme ellipsoïde/ comprimée, légèrement courbes et longs de 1,5 mm.La grande absinthe croît de 0 à 1.100 m environ d’altitude dans les lieux incultes et arides, au bord des routes, dans les talus ensoleillés, les endroits rocheux ou pierreux impropres à la culture, les haies, les lisières, etc…tant sur les terrains calcaires que sur les terrains siliceux, avec un Ph de préférence alcalin. C’est une espèce cultivée et naturalisée.
Le Professeur Sandro Pignatti, dans son magnifique ouvrage sur la flore de l’Italie, écrit au sujet de la répartition de cette espèce indiquée comme étant Est-européenne (?) et devenue subcosmopolite : “En Italie on a partout l’impression qu’il s’agit d’une espèce introduite et naturalisée depuis longtemps (archéophyte) et qu’elle ne peut pas s’intégrer dans la végétation naturelle. La patrie d’origine n’a pas été identifiée à ce jour mais on suppose qu’elle vient du Proche-Orient.; déjà signalé par les Égyptiens et les Grecs son usage comme plante médicinale, aromatique et vermifuge s’est déjà diffusé à l’époque pré-romaine dans toute l’Europe”.
En phytothérapie on utilise les feuilles récoltées au mois de mai et les sommités fleuries en juillet/août (Absenthii folia et summitates) . Elles contiennent des huiles essentielles ainsi que le thyone monoterpène, le thujol et de nombreux composants apparentés à ce dernier : phellandrène sesquiterpène et absinthol et que des glucosides amers : absinthine, anabsinthine, artabsine, anabsine, anabsinine, matricine, des flavonoïdes, des acides organiques, des résines et des tannins.
Ses préparations (on l’utilise surtout en teintures et en vins médicamenteux) ont de nettes propriétés apéritives, stomachiques, eupeptiques, toniques/stimulantes, diurétiques, cholagogues emménagogues, fébrifuges (inflam- mations rhumatismales et fièvres grippales) et vermifuges. Elle a aussi une action antitoxique dans les cas de saturnisme (empoi- sonnement dû à l’exposition au plomb). Les préparations à base d’absinthe sont contre-indiquées dans les cas d’ulcères gastriques et intestinaux et aussi pendant la grossesse et la période d’allaitement. En usage externe sa décoction est un bon antiseptique pour le soin des plaies et des ulcères. Récemment une action acaricide et insecticide a également été reconnue. Les principes amers exercent une action notable sur les sécrétions gastriques et sur la sécrétion de la bile et sont de ce fait conseillés en cas de manque d’appétit, en période de convalescence et pour les légers troubles gastriques, intestinaux et biliaires y compris aussi les spasmes.
L’huile essentielle d’absinthe (connue aussi sous le nom de “fée verte”) a une toxicité élevée due à la présence du thuyone; elle est présente dans la liqueur d’absinthe, une boisson alcoolisée bien connue, qui contient aussi d’autres extraits végétaux : anis, fenouil, graines d’angélique, mélisse, hysope, véronique, etc… Son abus chronique menait à absinthisme qui était répandu au XIXème siècle dans la France méridionale , comme le rappellent le tableau de Manet “Le buveur d’absinthe” et celui de Degas “L’absinthe”, et qui entraînait des troubles de la personnalité.
La production de cette liqueur fut autrefois longtemps interdite. Actuellement elle est de nouveau tolérée dans certains pays mais avec des taux de thuyone variant en fonction du degré alcoolique. Dans les campagnes où l’absinthe est fréquente on utilisait sa décoction en l’appliquant sur la peau pour éloigner les moustiques et les taons. On en faisait d’autre part des bouquets que l’on suspendait près des portes et des fenêtres et dans les armoires pour chasser les mouches et les mites. Les principaux pays producteurs d’absinthe sont les pays de l’Europe de l’ Est et des Balkans.Préparations:
Vin médicamenteux d’absinthe
Faire macérer dans un litre de vin blanc doux 30 grammes de sommités florales sèches d’absinthe pendant 4 jours en remuant de temps en temps, filtrer et bien presser le résidu. Il faut boire 25 ml de cette boisson une demi-heure avant les repas.
Synonymes : Absinthium majus Garsault (1764); Artemisia inodora Mill. (1768); Absinthium vulgare Lam. (1779); Absinthium bipedale Gilib. (1782); Artemisia pendula Salisb. (1796); Absinthium officinale Brot. (1804); Artemisia absinthia St.-Lag. (1880); Artemisia doonense Royle (1835); Artemisia kulbadica Boiss. & Buhse (1860); Artemisia rhaetica Brügger (1886); Artemisia baldaccii (1908); Artemisia rehan Chiov. (1912); Artemisia arborescens var. cupaniana Chiov. is (1932); Artemisia arborescens f. rehan (Chiov.) Chiov. (1932).
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