Texte © Giuseppe Mazza
Traduction en français par Serge Forestier
Les Araceae constituent une famille de monocotylédones pantropicales ayant quelques représentants dans les zones tempérées. Plantes herbacées, parfois tuberculeuses ou rhizomateuses, grimpantes aux racines adventives, épiphytes et même plantes flottantes aquatiques, comme les minuscules espèces appartenant au genre Lemna ou la spectaculaire Pistia stratiotes qui, aujourd’hui, a envahi les tropiques.
Dans les forêts pluviales les vieilles tiges durcissent et ainsi, du point de vue de l’évolution, petit à petit, sont également nées dans cette grande famille quelques rares plantes grimpantes ligneuses. Beaucoup d’espèces ont élaboré des poisons comme les Dieffenbachia, plantes d’appartement bien connues, au latex irritant dans la tige et dans les feuilles qui, à une époque, était introduit dans la bouche des esclaves hurlants pour leur paralyser, pendant quelques jours, les cordes vocales.
Quand une graine de Philodendron tombe sur un arbre de la forêt, la petite plante se fixe comme elle peut au support et développe immédiatement une racine aérienne qui atteint le sol pour s’enraciner dans l’humus du sous-bois. Et si c’est sous l’eau ? Pas de problème. Car comme mon Monstera qui joue le rôle d’une tapisserie bioactive au-dessus de mon aquarium domestique plein de poissons, la racine aérienne développera en quelques jours un enchevêtrement de racines hydroponiques qui nourriront la plante.
Dans le grand laboratoire de la forêt pluviale, la limite entre espèces épiphytes et espèces terrestres est vraiment ténue et les racines de certaines Aracee développent des tissus spéciaux pour capter l’humidité de l’air, un peu comme cela se produit dans la famille stupéfiante des orchidées avec le velamen.
La structure de l’inflorescence est unique : une spathe voyante qui attire les pollinisateurs et protège une sorte de colonne, appelée spadice, tapissée d’innombrables petites fleurs sans tige.
En partant du bas, le spadice montre une zone avec des fleurs femelles, suivie d’un anneau de fleurs stériles, puis une zone de fleurs mâles et, de nouveau, un anneau de fleurs stériles. Celles-ci, transformées en poils bien disposés, permettent à Arum italicum, à Dracunculus vulgaris et aux espèces apparentées, d’emprisonner des mouches jusqu’à l’accomplissement de la pollinisation, en les attirant mieux qu’avec une spathe lumineuse, par une élévation de la température de l’inflorescence et une odeur irrésistible de viande pourrie qui plaît beaucoup aux hôtes.
Les fleurs sont vraiment minuscules, mesurant parfois moins de 1 mm, comme celles de la célèbre Wolffia arrhiza qui détient le record de la plus petite corolle du monde des fleurs. Elles peuvent être hermaphrodites ou monosexuées, portées par la même plante, comme nous l’avons vu pour Arum, ou par des plantes de sexes différents, dites dioïques, comme cela se passe dans le genre Arisema.
La formule florale comprend un périanthe (absent chez Lemna ) formé de 4 à 6 éléments, un androcée avec 1 à 6 étamines, et un gynécée formé, en général, de 3 carpelles connés (parfois deux, et un seul chez Lemna) à l’ovaire supère. Les fruits sont, en général, des baies colorées pour attirer principalement les oiseaux et quelques mammifères qui se chargeront de la dispersion des graines.
Sous les tropiques, les tubercules de certaines Araceae finissent en cuisine, mais l’intérêt de l’homme pour ces plantes est principalement horticole en raison de la splendeur des inflorescences et de la beauté sculpturale des feuilles. Les espèces qui croissent dans les sous-bois font, en général, de bonnes plantes d’appartement car elles s’adaptent à la luminosité réduite dans nos domiciles.
Bien sûr, elles aiment une humidité élevée, mais à part certaines espèces difficiles, comme [Caladium bicolor, ce sont des plantes robustes qui font de leur mieux pour vivre : pensons aux genres Philodendron, Monstera, Epipremnum, Aglaonema, Alocasia, et Dieffenbachia, pour leur beau feuillage, ou aux inflorescences voyantes des Anthurium et Spathiphyllum, utilisés également souvent comme fleurs coupées dans les compositions florales.
Alocasia macrorrhizos aux feuilles majestueuses pousse bien, même dans les jardins tempérés chauds et Zantedeschia aethiopica en plus de faire plaisir aux fleuristes, s’adapte parfaitement au climat méditerranéen.
Beaucoup de jardins tropicaux, mais également ceux sous serre, un peu partout dans le monde, sont en concurrence pour la culture de Amorphophallus titanum qui, avec son inflorescence phallique de 3 m a, à une époque, étonné les indigènes et fait, aujourd’hui, accourir les touristes.
La famille des Araceae compte actuellement (2015) les genres suivants :
Aglaodorum, Aglaonema, Alloschemone, Alocasia, Ambrosina, Amorphophallus, Amydrium, Anadendrum, Anaphyllopsis, Anaphyllum, Anchomanes, Anthurium, Anubias, Apoballis, Aridarum, Ariopsis, Arisaema, Arisarum, Arophyton, Arum, Asterostigma, Bakoa, Biarum, Bognera, Bucephalandra, Caladium, Calla, Callopsis, Carlephyton, Cercestis, Chlorospatha, Colletogyne, Colocasia, Croatiella, Cryptocoryne, Culcasia, Cyrtosperma, Dieffenbachia, Dracontioides, Dracontium, Dracunculus, Eminium, Epipremnum, Filarum, Furtadoa, Gearum, Gonatopus, Gorgonidium, Gymnostachys, Hapaline, Helicodiceros, Hestia, Heteropsis, Holochlamys, Homalomena, Incarum, Jasarum, Lagenandra, Lasia, Lasimorpha, Lemna, Lysichiton, Lysichitum, Mangonia, Monstera, Montrichardia, Nephthytis, Ooia, Orontium, Pedicellarum, Peltandra, Philodendron, Philonotion, Phymatarum, Pichinia, Pinellia, Piptospatha, Pistia, Podolasia, Pothoidium, Pothos, Protarum, Pseudodracontium, Pseudohydrosme, Pycnospatha, Remusatia, Rhaphidophora, Rhodospatha, Sauromatum, Scaphispatha, Schismatoglottis, Schottariella, Scindapsus, Spathantheum, Spathicarpa, Spathiphyllum, Spirodela, Stenospermation, Steudnera, Stylochaeton, Stylochiton, Symplocarpus, Synandrospadix, Syngonium, Taccarum, Theriophonum, Typhonium, Typhonodorum, Ulearum, Urospatha, Wolffia, Wolffiella, Xanthosoma, Zamioculcas, Zantedeschia, Zomicarpa, Zomicarpella.
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