Anisotremus virginicus

Famille : Haemulidae

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Texte © Giuseppe Mazza

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Anisotremus virginicus est une espèce très commune de la zone caribéenne jusqu'au Brésil. Côté Nord elle a été introduite aux Bermudes

Anisotremus virginicus est une espèce très commune de la zone caribéenne jusqu’au Brésil. Côté Nord elle a été introduite aux Bermudes © Allison & Carlos Estape

L’Anisotremus virginicus (Linnaeus, 1758), connu en français sous le nom de Lippu rondeau, appartient à la classe des Actinopterygii, les poissons aux nageoires rayonnées, à l’ordre des Perciformes et à la famille des Haemulidae qui compte 23 genres et 135 espèces.

Ce sont  pour la plupart des poissons de mer ou d’eaux saumâtres dont l’aspect rappelle à première vue celui des Sparidae ou des Sciaenidae.

Toutes ces espèces dépassent rarement 60 cm de long et jouent parfois un rôle important dans l’alimentation humaine.

Le nom du genre Anisotremus vient du grec “Άνισος” (anisos) = différent, inégal et “Τρέμα” (trema) = orifice, et fait allusion aux deux orifices sensitifs qu’il possède sur le menton sous la mandibule. Le nom latin de l’espèce virginicus =  des îles Vierges mentionne l’un des endroits où cette espèce est très fréquente.

Le jour il est social et il est facile de le rencontrer au milieu de bancs qui se reposent, presque immobiles, souvent le long des surplombs des parois rocheuses et des récifs

Le jour il est social et il est facile de le rencontrer au milieu de bancs qui se reposent, presque immobiles, souvent le long des surplombs des parois rocheuses et des récifs © Allison & Carlos Estape

Zoogéographie

L’Anisotremus virginicus est une espèce commune dans les eaux tropicales de l’Ouest de l’océan Atlantique. On le trouve, entre autres, le long des côtes de la Floride et dans le golfe du Mexique, à Cuba, à Haïti, dans la République Dominicaine, à Porto Rico et sur toutes les côtes de la mer des Caraïbes jusqu’au-delà du Venezuela, à Guyana et pour finir au Brésil. Au Nord il a été introduit aux Bermudes.

Écologie-Habitat

Il vit dans des eaux relativement proches de la surface et nage entre 2 et 20 m de profondeur. On le rencontre souvent parmi des bancs qui se reposent le jour, presque immobiles, le long des surplombs des parois rocheuses et des récifs ou à l’entrée de grottes. Il ne s’éloigne presque jamais des côtes de plus de 50 m.

Il chasse la nuit en solitaire et se nourrit de vers, de petits crustacés, de mollusques, d'étoiles de mer et d'oursins. Il n'a pas d’incisives mais de solides mâchoires

Il chasse la nuit en solitaire et se nourrit de vers, de petits crustacés, de mollusques, d’étoiles de mer et d’oursins. Il n’a pas d’incisives mais de solides mâchoires © Giuseppe Mazza

Morphophysiologie

Bien qu’il soit souvent de dimensions plus modestes c’est un poisson qui peut atteindre 40 cm de long et un poids de 900 g. Son corps, aplati sur les côtés, a un dos élevé et convexe. La nageoire dorsale possède 12 rayons épineux et 16 à 18 rayons inermes alors que la nageoire anale a 3 épines  et 9 rayons mous. Les nageoires pectorales sont inermes et ont 17 rayons. La nageoire caudale est fourchue.

Comme c’est le cas pour le Plectorhincus chaetodonoides et le Plectorhincus lineatus il existe une grande différence entre la livrée des juvéniles et celle des adultes.

Les adultes ont un fond de couleur bleu clair avec des reflets argentés qui est traversé par des bandes brillantes de couleur jaune, de même que les nageoires et le front, mais on remarque surtout deux bandes noires très nettes dont la première est oblique et traverse l’oeil alors que la seconde est presque verticale et se situe à la hauteur de l’opercule.

Sur le menton on remarque deux petits orifices qui sont des détecteurs de mouvement très sensibles capables de localiser même les vers qui se déplacent sous le sable

Sur le menton on remarque deux petits orifices qui sont des détecteurs de mouvement très sensibles capables de localiser même les vers qui se déplacent sous le sable © Giuseppe Mazza

Les juvéniles n’ont pas ces bandes noires mais présentent deux lignes horizontales disposées sur un fond blanc et un oeil factice de couleur noire sur le pédoncule caudal destiné à tromper les prédateurs. Le camouflage qui recouvre l’oeil tout comme un oeil factice situé vers la queue sont des stratégies très fréquentes dans l’univers des poissons, la tête étant un organe vital alors que la queue peut repousser. Il existe aussi sur la terre ferme certains reptiles, comme par exemple chez les Scincidae le Scincus scincus, la Tiliqua rugosa ou la Egernia stokesii, qui désorientent les prédateurs suivant le même procédé.

Pour ce qui est des juvéniles d’Anisotremus virginicus où l’oeil factice est déjà présent au stade larvaire sous la forme d’un petit point on remarque qu’au début les nageoires sont transparentes et qu’il existe une seule rayure centrale de couleur foncée. Par la suite le développement du dos fait apparaître la seconde ligne horizontale mimétique alors que les nageoires se teintent peu à peu de jaune ainsi que la tête.

La bouche  des Anisotremus virginicus a des lèvres épaisses et est de taille relativement modeste. Elle est dotée de nombreuses dents coniques, petites et acérées mais il n’existe pas de canines et les dents palatines sont remplacées par des dents pharyngiennes.

Les juvéniles n’ont pas la bande verticale et la bande oblique qui masque l'œil mais deux lignes noires horizontales et un œil factice sur le pédoncule caudal apparaissent

Les juvéniles n’ont pas la bande verticale et la bande oblique qui masque l’œil mais deux lignes noires horizontales et un œil factice sur le pédoncule caudal apparaissent © Allison & Carlos Estape

Sous la mâchoire, sur le menton il existe deux petits orifices séparés par un sillon dont il est déjà fait mention dans l’étymologie. Ce sont des détecteurs de mouvement qui lui servent à localiser les petits crustacés et même les vers qui se déplacent sous le sable. Il peut d’autre part émettre des sons pour effrayer les importuns, une chose étrange mais pas du tout inhabituelle vu que cela se produit aussi dans d’autres familles de poissons comme les Pomacentridae, par exemple Hypsypops rubicundus ou Dascyllus trimaculatus. Pour cela il se sert de sa vessie natatoire comme d’une caisse de résonance et fait grincer en les frottant les unes contre les autres ses nombreuses petites dents pharyngiennes. En outre, comme chez tous les Haemulidae, l’intérieur de sa bouche est tapissé de rouge de sorte qu’en ouvrant grand ses mâchoires avec une attitude menaçante il fait souvent peur à ses adversaires.

Éthologie-Biologie reproductive

Anisotremus virginicus n’est actif que la nuit et explore alors avec ses détecteurs les fonds sableux et les prairies sous-marines à la recherche de proies. Alors que le jour c’est un poisson social qui se repose au milieu de groupes il préfère chasser seul. Il recherche des vers, de petites crevettes, des mollusques, des étoiles de mer et des oursins. Ses mâchoires sont très puissantes et brisent, en remplacement des canines, des coquilles et des carapaces.

Avec la croissance du dos la seconde ligne horizontale mimétique devient bien nette. La tête et les nageoires se teintent de jaune et on entrevoit les deux futures bandes

Avec la croissance du dos la seconde ligne horizontale mimétique devient bien nette. La tête et les nageoires se teintent de jaune et on entrevoit les deux futures bandes © Allison & Carlos Estape

Les juvéniles, comme c’est le cas d’autres espèces, se comportent souvent en “poissons nettoyeurs” en se nourrissant des ectoparasites d’espèces de grande taille. Ils sont aujourd’hui menacés dans les Caraïbes par l’invasion de Pterois volitans alors que les ennemis des adultes sont principalement les requins, les mérous et les Lutjanidae de grande taille.

La reproduction s’effectue en pleine eau. Les oeufs sont abandonnés aux courants. Les larves se réfugient et grandissent sur les fonds, souvent dans les prairies sous-marines.

L’Anisotremus virginicus est souvent pêché localement à des fins alimentaires mais sa chair est peu appréciée. Il est important de savoir que selon les zones et son type d’alimentation sa consommation peut provoquer une grave intoxication alimentaire connue sous le nom de ciguatera. Sa résilience est bonne vu qu’il suffit aux populations décimées par des catastrophes de 1,4 à 4,4 années pour doubler leurs effectifs. En 2020 l’indice de vulnérabilité à la pêche de cette espèce était modéré et s’établissait à 31 sur une échelle de 100.

Synonymes

Sparus virginicus Linnaeus, 1758.

 

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