Anguilla anguilla

Famille : Anguillidae

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Texte © D. Sc. Giuliano Russini – Biologiste Zoologiste

 

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Traduction en français par Serge Forestier

 

Anguilla anguilla peut dépasser l’âge de 50 ans et un poids de 10 kg © Giuseppe Mazza

Anguilla anguilla peut dépasser l’âge de 50 ans et un poids de 10 kg © Giuseppe Mazza

L’ordre des Anguilliformes (Anguilliformes) compte 300 espèces de poissons, parmi lesquels les anguilles et les murènes.

Il existe deux espèces principales d’anguilles, la souche de l’Anguille européenne (Anguilla anguilla Linnaeus, 1758) et la souche de l’Anguille américaine (Anguilla rostrata Lesueur, 1817).

Différentes races ou sous-espèces doivent également être prises en considération.

Ces poissons font partie de l’importante classe des Ostéichthyens (Osteichthyes les poissons osseux.

L’importance économique de l’anguille, d’un point de vue alimentaire, est considérable : la pêche industrielle, pratiquée au moyen de bassins spéciaux de pêche appelés “lavorieri”, est florissante en Italie, notamment dans la région de Comacchio.

Les grosses femelles non migrantes y sont élevées ; elles peuvent atteindre un poids de 10 kg et vivre 50 ans.

L’ensemble des techniques et des principes qui sont à la base de l’élevage des anguilles, est connu sous le nom particulier de “vallicoltura”, et s’applique également à l’élevage des mulets.

La “vallicoltura” est une pratique d’élevage qui fait partie, plus généralement, de la pisciculture et de l’aquaculture.

Zoogéographie

La distribution de ces poissons est cosmopolite, bien que les biologistes, au moyen d’analyses zoogéographiques et génétiques des populations, semblent enclins à considérer l’Atlantique occidental comme leur centre d’origine (à la fois pour Anguilla anguilla et Anguilla rostrata).

Écologie-Habitat

Comme les saumons (espèces anadromes), ces poissons ont une double vie, puisqu’ils passent une partie de leur vie en rivières, sous la forme d’un organisme apte à vivre en eau douce.

Mais comme le dit le grand ichtyologiste biologiste américain N.B. Marshall, il s’agit de poissons ayant également une nature “catadrome”, car, contrairement au saumon qui se reproduit en rejoignant sa rivière d’origine, Anguilla anguilla et Anguilla rostrata, ont un cycle vital inverse, c’est à dire qu’elles descendent les rivières, pour atteindre et se reproduire dans la même zone de la mer que celle où elles sont nées (Atlantique occidental, Mer des Sargasses). Mais le biologiste américain va plus loin, en les définissant, lors de ses études dans les années 50 du vingtième siècle, comme des poissons “potamodromes” et “thalassodromes”, parce que le “Leptocéphale”, la larve en cours de métamorphose, à l’aspect de ruban transparent, (les anguilles, poissons au développement indirecte, passent par un stade larvaire, l’embryon), qui est formé à partir du zygote résultant des ovules fécondés, migre dans les différentes rivières où ses parents ont passé la majeure partie de leur vie, pour grandir, se développer et se métamorphoser.

Et comme, pour compléter chacune de ces étapes, y compris la maturation sexuelle, qui les conduiront à descendre les rivières pour aller se reproduire, elles se sont bien nourries dans les rivières, afin d’acquérir la bonne charge en protéines, acides gras et glucides, Marshall pense qu’elles devraient donc être qualifiées de “potamodromes” : c’est-à-dire qui se nourrit en rivière. Et pour finir, étant donné que la reproduction a lieu en mer, et qu’il s’agit du moment le plus important de la vie, celui qui déclenche la perpétuation et la propagation sans fin de leurs allèles ou gènes par la progéniture, elles devraient également être qualifiées de “thalassodromes”. En substance, pour le biologiste américain N.B. Marshall, Anguilla anguilla aussi bien qu’ Anguilla rostrata sont des espèces de poissons osseux : catadromes, potamodromes et thalassodromes, (pour plus d’informations, ainsi que sur le mécanisme de Homing, voir l’introduction aux PISCES).

On les trouve dans toutes les rivières à travers le monde, y compris italiennes, atteignant également des zones de rivières à proximité du Cercle Polaire Arctique. En eau douce des rivières, elles préfèrent les zones calmes, riches en végétation, aux fond boueux, évitant ainsi les sources. Elles restent tapies pendant la journée et sortent la nuit à la recherche de proies. Elles sont très voraces. Elles se nourrissent principalement de poissons, de crustacés, de mollusques et d’insectes aquatiques, mais aussi d’animaux terrestres, comme des mollusques, des vers, des insectes, etc., y compris des charognes.

Hors de leur élément, elles sont très résistantes, grâce à la présence de chambres péri branchiales, dans lesquelles un certain volume d’eau et d’oxygène est emmagasiné ; leur mélange leur permettra ainsi de vivre, pendant quelque temps, dans un environnement subaérien. Ceci est bien connu des poissonniers : quand, par hasard, une anguille tombe sur le sol, elle s’échappe très agilement et la rattraper devient un véritable défi. Cette particularité leur permet, dans la nature, de partir à la recherche d’autres bassins hydriques, couvrant ainsi des distances très importantes dans l’environnement terrestre, réussissant à surmonter des obstacles de toutes sortes, jusqu’à grimper à des arbustes de taille moyenne! Ces déplacements dans l’environnement subaérien surviennent surtout pendant la saison des pluies, ou au moins dans des conditions de forte humidité. Les anguilles hibernent enveloppées dans la boue humide.

Il sangue dell’anguilla è velenoso, ma il principio, altamente tossico, si disperde nella cottura © Giuseppe Mazza

Il sangue dell’anguilla è velenoso, ma il principio, altamente tossico, si disperde nella cottura © Giuseppe Mazza

Morphophysiologie

Le corps de l’anguille est serpentiforme ; de très petites écailles elliptiques sont intégrées dans la peau épaisse et visqueuse. Les nageoires sont inermes.

Il s’agit, en l’espèce, des nageoires dorsale et anale, liées à la caudale.

La tête a une forme allongée, où on distingue une paire de petits yeux.

Le sang d’ Anguilla anguilla contient un principe hautement toxique, qui, à partir d’expériences de laboratoire sur des cobayes, semblerait capable d’antagoniser le poison des vipères ! Mais il perd tout pouvoir à la cuisson (thermolabile).

Elle peut atteindre, notamment les femelles, une longueur de 1,50 m et peser plusieurs kilos. Une fois adulte, au bout d’environ six ans (selon certains biologistes. Selon d’autres, la maturité sexuelle intervient à environ 10 ou 12 ans), alternant les phases de vie dans l’eau et les moments de vie subaérienne, elle cesse complètement de se nourrir, subissant une atrophie des voies digestives. A ce stade, les mâles mesurent environ 50 cm, les femelles jusqu’à 1,50 m. En raison de l’instinct de reproduction, les mâles ainsi que les femelles, se déplacent, descendant le cours des rivières vers la mer. Pendant cette période, leur couleur initialement jaunâtre, est devenu argentée ; il est donc possible de savoir, en en prélevant des échantillons, si elles vont se reproduire.

Éthologie-Biologie reproductive

Une fois qu’ils ont atteint la mer, les membres des deux sexes se dirigent vers la Mer des Sargasses, couvrant, dans certains cas, une distance de près de 4000 km ! Arrivés là, à quelques centaines de mètres de profondeur, les femelles pondent de nombreux œufs, immédiatement inséminés par les mâles.

Les larves nouvellement écloses, les Leptocéphales, supposées être selon les biologistes, jusqu’au début des années 1900, un genre de poissons à part entière, de quelques millimètres de long, transparentes et en forme de petites feuilles lancéolées, ou dite également rubaniforme, commencent à mener leur propre vie. Deux à trois ans plus tard, se nourrissant de plancton, les larves d’ Anguilla anguilla atteignent les côtes européennes, transportées passivement par le Gulf Stream. À ce point, le leptocéphale subit une profonde métamorphose ; il prend une apparence similaire à celle de l’adulte et atteint une longueur d’environ 10 cm. A ce stade, les anguilles sont appelées, à tort, “aveugles”, bien qu’elles aient des yeux parfaitement fonctionnels. Les “aveugles” se tiennent tout d’abord à proximité des côtes, puis, dès qu’elles se sont regroupées en grand nombre à l’embouchure des fleuves, elles les remontent.

Bien que depuis l’époque d’Aristote le mystérieux cycle biologique de l’anguille ait fait l’objet de discussions, le rapport entre l’anguille et le leptocéphale, devant encore être exploré, a été clarifié à la fin du XIXe siècle, par le grand biologiste italien Giovan Battista Grassi, celui-là même qui déduisit et démontra que ce sont les femelles adultes du genre Anopheles qui transmettent la forme maligne du paludisme, causée par le sporozoaire Plasmodium falciparum.

D’autres recherches océanographiques sont en cours afin de clarifier complétement ce processus si complexe, qui, même pour les anciens philosophes grecs, tellement rationnels, semblait relever de la magie. Pour l’instant, l’UICN et la CITES ne pensent pas que nous soyons proches de l’extinction de la souche européenne de l’anguille (Anguilla anguilla), ni de celle de l’anguille américaine (Anguilla rostrata), bien que, sans aucun doute, il y ait eu, au fil des ans, depuis les années 70 du siècle dernier, une diminution significative. L’indice de vulnérabilité est actuellement de 64 sur une échelle de 100.

Synonymes

Anguilla acutirostris Risso, 1827 ; Anguilla aegyptiaca Kaup, 1856 ; Anguilla altirostris Kaup, 1856 ; Anguilla ancidda Kaup, 1856 ; Anguilla bibroni Kaup, 1856 ; Anguilla brevirostris Cisternas, 1877 ; Anguilla callensis Guichenot; Anguilla canariensis Valenciennes, 1843 ; Anguilla capitone Kaup, 1856 ; Anguilla cloacina Bonaparte ; Anguilla cuvieri Kaup, 1856 ; Anguilla eurystoma Heckel & Kner, 1858 ; Anguilla fluviatilis Heckel & Kner, 1858 ; Anguilla fluviatilis Anslijin, 1828 ; Anguilla hibernica Couch, 1865 ; Anguilla kieneri Kaup, 1856 ; Anguilla latirostris Risso, 1827 ; Anguilla linnei Malm, 1877 ; Anguilla marginata Kaup, 1856 ; Anguilla mediorostris Risso, 1827 ; Anguilla melanochir Kaup, 1856 ; Anguilla microptera Kaup, 1856 ; Anguilla migratoria Krøyer, 1846 ; Anguilla morena Kaup, 1856 ; Anguilla nilotica Heckel, 1846 ; Anguilla oblongirostris Blanchard, 1866 ; Anguilla platycephala Kaup, 1856 ; Anguilla platyrhynchus Costa, 1850 ; Anguilla savignyi Kaup, 1856 ; Anguilla vulgaris Shaw, 1803 ; Leptocephalus brevirostris Kaup, 1856 ; Muraena anguilla Linnaeus, 1758 ; Muraena oxyrhina Ekström, 1831; Muraena platyrhina Ekström, 1831.

 

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