Famille : Brassicaceae
Texte © Prof. Pietro Pavone
Traduction en français par Michel Olivié
Anastatica hierochuntica L. est une espèce de la tribu Anastaticeae, famille Brassicaceae, originaire des zones arides et sableuses du Moyen-Orient, du désert du Sahara et de certaines parties de l’Afrique du Nord : Iran, Égypte, Palestine, Israël, Irak, Jordanie et Pakistan.
Elle porte divers noms vulgaires. Dans toute la péninsule arabique et les pays voisins on l’appelle “Kaff-e-Maryam” (main de Marie) par référence à la Vierge Marie qui, alors qu’elle était en voyage vers Nazareth, s’est désaltérée avec l’eau contenue dans cette plante et qui, en témoignage de gratitude, l’aurait bénie et rendue immortelle.
Une autre légende affirme que lorsque naquit Jésus tous les plantes de cette espèce s’épanouirent et fleurirent et le font encore en souvenir de cet événement.
Une autre dit que cette plante fleurissait régulièrement quand Jésus était en vie mais qu’au moment de sa mort sur la croix elle se dessécha mystérieusement pour ensuite renaître lors de sa résurrection, d’où le nom de “plante de la résurrection”.
Cette plante est aussi appelée “rose de Jéricho”. Ceci est évoqué dans la Bible. En effet, dans le Siracide, on lit au sujet du don de la Sagesse au peuple d’Israël de la part de Dieu” : La Sagesse grandit… comme un palmier à Engaddi, comme les plants de roses à Jéricho, comme un olivier majestueux dans la plaine…(Siracide 24-14) bien que, probablement, la plante mentionnée ne soit pas A. hierochuntica mais une autre espèce, peut-être l’oléandre (Nerium oleander L.).
Le nom du genre Anastatica vient du grec Anastasis, résurrection, parce que quand elle est sèche, si on la met dans de l’eau, elle s’ouvre et retrouve sa forme initiale comme si elle renaissait. L’épithète hierochuntica fait référence à l’ancien nom de la ville de Jéricho.
Anastatica hierochuntica est une espèce annuelle haute d’environ 5 à 10 cm (15 cm au maximum). Elle a une tige ramifiée depuis la base et des branches généralement ascendantes, souvent enroulées vers l’intérieur par temps sec et densément pubescentes avec des poils en étoile. Les feuilles sont longues de 10 à 20 mm, larges de 5 à 10 mm, spatolées, dotées de 3 à 5 lobes vers l’apex ou entières et soutenues par un court pétiole. Les fleurs apparaissent aux mois de mars et d’avril. Elle sont petites, d’un diamètre d’environ 2 mm, axillaires, subsessiles, de couleur blanche, hermaphrodites et dotées de glandes nectarifères latérales disposées par paires et toutes en forme de demi-lune.
Les sépales, qui sont plus courts que les pétales, sont longs de 1,5 mm. Les pétales atteignent une longueur de 2 mm. Les étamines sont au nombre de six et longues de 1,5 à 1,7 mm. L’ovaire est sphérique, biloculaire avec 2 ovules par loge. Le style est aussi long que l’ovaire. Le fruit est une silique sphérique d’environ 4 mm qui a un bec et des appendices latéraux en forme de coupe. Les graines ont une forme ovoïdale et sont longues d’environ 1,5 mm.
La dispersion des graines s’effectue au moyen d’un mécanisme très particulier mais efficace. À la saison sèche la plante meurt et les rameaux qui renferment les fruits se referment en formant une boule qui, sous l’action du vent, se détache de la tige et roule dans le sable parfois sur de longues distances.
Quand les rameaux desséchés sont mouillés par la rosée ou la pluie ils s’étalent et mettent les graines à découvert. L’enroulement et le déploiement des rameaux sont des phénomènes purement mécaniques (mouvement d’hygrocastie) et n’impliquent pas une tolérance au dessèchement des cellules comme c’est le cas d’autres plantes qui retrouvent leurs fonctions vitales après leur déshydratation. Les graines, en fait, sont détachées par la force des gouttes de pluie et par l’enroulement et le déploiement répétés des rameaux, toute la plante participant à la dispersion et la préservation des graines.
La quantité de graines dispersées dépend de l’intensité des précipitations. En effet, après de fortes pluies, la plupart des graines sont relâchées et transportées vers de petites dépressions peu profondes qui collectent les eaux d’écoulement, ce qui permet leur germination immédiate et leur future croissance.
A. hierochuntica est une plante typique du désert extrême. Elle est commune dans les zones où la pluviosité annuelle moyenne est inférieure à 70 mm. On la rencontre dans des zones sableuses, des endroits rocheux et dans les plaines argileuses.
Dans leur habitat les plantes desséchées réussissent à “attendre” la prochaine pluie pendant 5 à 10 mois sans que cela crée de dommage pour les graines. Il est intéressant de noter que seule une pluie de plus de 10 mm fera que les tiges internes absorbent suffisamment d’eau et puissent s’ouvrir. Une pluie en plus petite quantité n’entraîne aucune ouverture. En effet la plante-mère morte est un calculateur d’eau qui s’ouvre et disperse ses graines vivantes seulement quand il y a assez d’eau pour qu’elles puissent germer, fleurir et fructifier. Un vrai miracle du désert extrême. A. hierochuntica est considérée comme une ancienne plante du désert qui n’ a aucun proche parent dans sa famille.
Toutes les parties de A. hierochuntica sont largement consommées sous forme de boisson dans les pays arabes.
Elle est aussi utilisée dans la médecine traditionnelle pour le traitement de divers problèmes de santé. La plante entière, réduite en poudre et mélangée à du miel, sert de remède pour les accouchements difficiles et les hémorragies utérines.
La plante entière, bouillie dans de l’eau, est employée sous forme de compresses pelviennes pour le traitement de la stérilité. En décoction on l’utilise aussi pour soigner l’asthme, les troubles gastro-intestinaux, la dépression, l’hypertension, les indigestions, la migraine, le rhume, la fièvre, le paludisme, l’épilepsie, la fatigue, le diabète et les maladies cardiaques.
De récentes études ont révélé la composition chimique et les propriétés de A. hierochuntica qui confirment les effets bénéfiques de la tradition populaire.
Dans les bourgeons foliaires, la tige et la racine on a découvert la présence d’au moins huit minéraux (Mg, Ca, Cr, Mn, Fe, Co, Cu et Zn) et de composés phénoliques. On a découvert également des propriétés anti-oxydantes et la présence d’anti-radicaux libres.
On a observé que cette plante a des propriétés hépatoprotectrices car elle peut réduire de façon significative l’action des transaminases et de la phosphatase alcaline. On a constaté aussi sa capacité à activer les phagocytes et à avoir un effet antimicrobien. Enfin il a été prouvé que des extraits de la plante entière ont in vitro des propriétés spécifiques anti-tumorales qui agissent sur les cellules cancérigènes du sein.
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