Famille : Bromeliaceae
Texte © Pietro Puccio
Traduction en français par Michel Olivié
Aechmea fasciata (Lindl.) Baker (1879) est originaire des forêts pluviales de l’État de Rio de Janeiro (Brésil) où elle pousse entre 500 et 1.200 m d’altitude.
Le nom du genre vient du grec “aichme” = pointe de lance, par allusion aux extrémités épineuses des sépales et des bractées florales. Le nom latin de l’espèce est l’adjectif “fasciata ” = dotée de bandes, par allusion aux bandes horizontales présentes sur les feuilles.
Noms communs : living vase, silver vase plant, urn plant (anglais), aechméa, vase d’argent (français), billbergia (italien), aechméia prateada, aequimea, caranguata, bromélia-aequimea, vaso-prateado (portugais), aecmea, lengua de suegra, pinuela (espagnol), Lanzenrosette (allemand).
C’est une espèce herbacée sempervirente, monocarpique (elle ne fructifie qu’une fois et meurt ensuite), acaule et épiphyte. Elle est dotée d’une rosette tubulaire à infundibuliforme de feuilles recourbées élégamment et disposées de manière à former une cavité centrale habituellement remplie d’eau.
Les feuilles de couleur gris vert en raison de la présence de minuscules écailles grises réparties uniformément ou en bandes et comportant sur les bords des épines marron longues d’environ 4 mm sont linéaires et longues jusqu’à environ 60 cm et larges de 6 à 8 cm avec un apex arrondi mais ayant une épine longue d’environ 4 mm.
L’inflorescence au centre de la rosette est constituée d’un scape floral long d’environ 40 cm, de couleur brun rougeâtre, recouvert d’un épais duvet blanc et comportant des bractées aux bords épineux qui sont, à la base du scape, de couleur blanc verdâtre à rose pâle, longues d’environ 5 cm et larges de 10 à 15 mm alors qu’en partie supérieure, à la base de l’inflorescence, elles sont enveloppantes, longues de 7 à 9 cm, larges de 10 à 20 mm et de couleur rose. Le scape se termine par une abondante inflorescence pyramidale qui dure longtemps, jusqu’à six mois, constituée d’un racème composé, ce qui veut dire qu’elle est formée de plusieurs racèmes partant d’un axe central.
Les bractées situées sous chaque racème sont de la même couleur que celles placées à l’extrémité du scape et plus larges que les grappes de fleurs alors que celles de chacune des fleurs sont triangulaires, pointues et épineuses sur les bords, longues de 4 à 5 cm, de la même couleur rose et recouvertes d’un fin duvet blanc. Les fleurs ont des sépales de couleur rose ou blanche avec un fin duvet blanc, longs de 10 mm, larges à leur base d’environ 3 mm et à l’apex arrondi et des pétales longs de 3 cm de couleur bleue tendant vers le rose à la fin de la floraison. Les fleurs sont auto-stériles et ont donc besoin du pollen d’un autre plante pour fructifier. Les fruits sont de petites baies sphériques recouvertes d’un duvet blanc qui sont mûres au bout de 8 à 9 mois et qui contiennent des graines fusiformes longues d’environ 2 mm.
On reproduit cette plante en disséminant ses graines à la surface d’un substrat fibreux maintenu constamment humide et par voie végétative au moyen des nouveaux plants qui naissent à la base de la plante et que l’on peut détacher quand ils ont atteint une dimension au moins égale au tiers de celle de la plante-mère. À partir de la graine il faut attendre 5 à 6 ans pour que la plante fleurisse alors que par division il faut au moins trois ans. La reproduction sur une grande échelle à des fins commerciales se fait par micropropagation. Cette espèce est une des plus populaires et des plus connues des broméliacées ornementales en raison de la beauté de son feuillage et de son inflorescence et de la facilité de sa culture. Introduite en Europe – plus précisément en Belgique – en 1826 elle est devenue en quelques décennies la broméliacée la plus cultivée et la plus appréciée pour la décoration des intérieurs et elle joue encore aujourd’hui un rôle de premier plan dans ce domaine.
Cette espèce est longidiurne et par conséquent sa floraison peut être aisément programmée pour n’importe quel moment de l’année en variant dans des serres conçues à cet effet la durée des heures d’obscurité et de lumière.
L’Aeschmea fasciata est cultivée à l’extérieur dans les pays aux climats tropical et subtropical humide aussi bien comme plante épiphyte que comme plante terrestre sur des substrats très aérés, poreux, drainants et riches en substances organiques, de préférence à des emplacements légèrement ombragés bien qu’elle supporte une exposition en plein soleil.
On peut aussi essayer de la cultiver à l’extérieur dans les climats tempérés chauds vu qu’elle supporte pendant une très courte période des températures allant jusqu’à -2 à -3 °C mais son feuillage subit alors des dégâts. Dans ce contexte elle résiste mieux si elle est abritée des pluies hivernales étant donné que l’humidité et les basses températures la rendent plus sensible aux risques de pourrissement. En pot pour la décoration des intérieurs elle doit être placée sur des substrats ayant les mêmes caractéristiques que celles prévues pour la culture en extérieur et installée à un emplacement très lumineux. Les températures doivent de préférence être maintenues au-dessus de 14 °C, les températures idéales se situant entre 20 et 24 °C.
Les arrosages doivent être réguliers en été mais en laissant sécher le substrat avant de remettre de l’eau et espacés en hiver. L’humidité du milieu peut, en cas d’air sec et de températures élevées, être accrue grâce à des pulvérisations en utilisant de l’eau à température ambiante et non calcaire afin d’éviter l’apparition sur les feuilles de taches inesthétiques. En été on peut laisser un peu d’eau dans la cavité centrale formée par la rosette des feuilles en la renouvelant fréquemment pour empêcher qu’elle ne devienne un foyer de larves de moustique alors qu’en hiver il est préférable de la laisser sécher pour éviter d’éventuels pourrissements.
D’ordinaire cette plante est mise en vente quand elle est en fleur. Comme cela a été dit plus haut les nouvelles pousses qui naissent à la base de la plante-mère n’atteindront pas avant trois ans le degré de maturité qui leur permettra de fleurir à leur tour mais, là aussi, à cause des conditions peu favorables offertes par le milieu constitué par les appartements et de la variabilité qui leur est propre elles fleurissent rarement. Un procédé à la portée de tous qui permet de remédier à ce problème consiste à encapuchonner la plante avec un film en plastique transparent et à placer à sa base une ou deux pommes coupées (les fruits mûrs, en particulier les pommes, émettent de l’éthylène, une hormone qui, comme cela a été indiqué dans un autre article, facilite la floraison de l’ananas) pendant environ trois semaines. Après six à huit semaines, si la plante est parvenue à maturité, la floraison devrait débuter.
Synonymes : Billbergia fasciata Lindl. (1827) ; Tillandsia bracteata Vell. (1829) ; Hohenbergia fasciata (Lindl.) Schult. & Schult.f. (1830) ; Billbergia rhodocyanea Lem. (1847) ; Hoplophytum fasciatum (Lindl.) Beer (1856) ; Billbergia rhodocyanea var. purpurea Guillon (1883) ; Billbergia glazioviana Regel (1885) ; Aechmea leopoldii Baker (1889) ; Aechmea hamata Mez (1892) ; Aechmea rhodocyanea (Lem.) Wawra ex Mez (1896) ; Aechmea fasciata var. purpurea (Guillon) Mez (1934) ; Aechmea fasciata var. flavivittata Reitz (1981) ; Aechmea fasciata var. pruinosa Reitz (1981) ; Platyaechmea fasciata (Lindl.) L.B.Sm. & W.J.Kress (1990) ; Platyaechmea fasciata var. flavivittata (Reitz) L.B.Sm. & W.J.Kress (1990) ; Platyaechmea fasciata var. pruinosa (Reitz) L.B.Sm. & W.J.Kress (1990) ; Platyaechmea fasciata var. purpurea (Guillon) L.B.Sm. & W.J.Kress (1990).
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