Famille : Asteraceae
Texte © Prof. Franca Bessi
Traduction en français par Michel Olivié
Calendula officinalis, décrite par Linné dans Species Plantarum : 2 : 921 (1753), est répandue dans l’Ouest de l’Europe ainsi que dans des pays d’autres continents. Elle est considérée par certains comme une espèce endémique de la flore espagnole.
En Espagne elle a reçu les noms vernaculaires de boton de oro, calendula, flor de muerto, maravilla, rosa amarilla comun, rosa de muertos. Ailleurs elle est désignée sous les noms de calendula, fiorrancio, garofano di Spagnia, fior de mort, solsequi (Italie), souci des jardins, souci officinal (France), pot marigold, English marigold (Grande-Bretagne) et Garten-Ringelblume (Allemagne).
Les appellations historiques de cette fleur correspondent à des noms qui vont du supposé klymenos grec et du caltha latin aux termes médiévaux de solsequium de l’abbaye de Saint-Gall et de calendula de la Scuola Salernitana, nom qui à la fin a été choisi par Linné.
Le nom de son genre a pour origine calendae (-arum, f.), le premier jour du mois d’après l’explication du Circa Instans du XVe siècle : “dicitur calendula quia omni mense gerit florem”. Caltha officinalis (L.) Moench, synonyme de cette espèce, évoque avec Caltha la forme en panier du capitule (ou catalide) et avec officinalis l’usage de cette plante.
Les appellations solsequium “épouse du soleil “et “montre des paysans”, quant à elles, sont dues aux photonasties répétitives du capitule : ouverture le matin, fermeture au coucher du soleil et orientation correspondante en direction du disque solaire.
On a attribué au souci des valeurs presque antithétiques : il a en effet été considéré comme un symbole d’obéissance et de persévérance mais aussi peut-être parce qu’il évoque l’alternance entre la vie et le sommeil et la mort il est une fleur dédiée aux défunts. La mythologie grecque à travers le mythe d’Adonis a terni l’image de cette fleur en y associant la connotation négative de la tristesse.
Pour les Mexicains elle est un symbole de mort et pour les Anglais c’est celui de la jalousie.
L’association du souci et du cyprès est ce qu’il y a de pire car elle exprime le désespoir.
Il n’est pas étonnant pour finir que dans la florigraphie on ait pu associer à une fleur aussi attrayante, du fait également de sa longue période de floraison et de ses utilisations, plusieurs significations emblématiques comme par exemple le fait d’être utilisée comme symbole de la glorieuse et millénaire Scuola Medica Salernitana.
Les valeurs symboliques positives de cette fleur sont aussi par tradition fortes et partagées. C’est ainsi qu’elle a été utilisée comme emblème de la Vierge, de moines rigoristes et d’un prince juste et magnanime.
Pour illustrer les attributs d’un souverain on la trouve en effet avec la rose blanche (Symbole de la dynastie des York) et la rose rouge (emblème des Lancastre) dans le tableau de William Scrots, Edouard VI, 1550 environ.
Le jeune monarque, héritier légitime et descendant direct des deux lignées, était orphelin de mère (Jane Seymour) et d’un père (Henri VIII) qui tenait en grande estime les propriétés curatives du souci.
L’utilisation du souci en phytothérapie a été étudiée à travers les siècles, outre la Scuola Salernitana et Albert le Grand, par Hildegarde de Bingen, abbesse bénédictine de Rupertsberg et Docteur de l’Église.
Dans son Physica, un des principaux ouvrages du XIIe siècle sur les plantes médicinales, la ringula (le souci) est répertoriée d’après la théorie des humeurs comme étant “froide et humide” et en même temps que la plante on y indique les préparations utiles aux hommes et au bétail.
Calendula officinalis est utilisée en phytothérapie et vendue en pharmacie et dans les herboristeries, en conformité avec les réglementations légales, sous forme de tisanes et de préparations à base d’extraits comme des huiles, des gouttes, des crèmes et des pommades possédant une action hydratante, lénitive, anti-inflammatoire et émolliente.
Comme d’autres plantes phytothérapiques elle est, suivant des règlements précis, cultivée en plein champ par des exploitations agricoles de divers pays.
La Calendula officinalis est une plante alimurgique (du latin alimenta + urgentia) car elle peut (si elle n’a pas subi de traitements aux pesticides) être utilisée comme aliment en cas de nécessité ou suivant des traditions locales : les feuilles tendres en minestrones et en salades, les jeunes capitules au vinaigre et les pétales (les semi-floscules) pour colorer des risottos, le beurre et des fromages.
En général le souci ne provoque pas d’allergies.
C’est une plante herbacée annuelle ou biennale qui a des touffes de feuilles plus ou moins rugueuses-glanduleuses, à l’odeur désagréable et au port érigé (hauteur : 40 à 60 cm ).
Elle est héliophile et très rustique et on la trouve, retournée également à l’état sauvage, en dehors des jardins et des champs.
Les feuilles, couvertes de duvet, sont alternes, longues d’environ 15 cm, larges de 4 à 5 cm et ont une belle couleur vert de vessie. Les feuilles du bas sont brièvement pétiolées et spatulées alors que celles du haut sont oblongues-lancéolées.
Les capitules, de couleur orange, entourés de bractées, d’un diamètre de 2 à 5 cm et longuement pédonculés, sont simples. Les bractées peuvent être duveteuses ou rugueuses.
Les fleurs centrales du disque ou floscules sont hermaphrodites (la corolle est régulière et tubuleuse) alors que celles situées en périphérie (ou semi-floscules) sont femelles et ont une corolle irrégulière et ligulée avec une ligule dentée à l’apex.
Les akènes sont polymorphes et ridés : ceux situés à l’extérieur sont ailés et recourbés alors que ceux placés plus à l’intérieur sont courts et fortement recourbés.
La floraison débute au printemps (voire dès le mois de janvier), culmine en juin et se prolonge jusqu’à novembre. Les graines mûrissent à partir de mai et permettent une reproduction spontanée.
On raconte que le souci ne s’ouvre pas le matin si la journée sera pluvieuse.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle déjà les cultivars de Calendula officinalis, bien que jugés comme étant des plantes “un peu grossières”, étaient conseillés pour la décoration des plates-bandes vu qu’ils sont rustiques et présentent un bel effet décoratif avec leurs doubles fleurs blanches, jaunes et couleur nankin.
Aujourd’hui ces plantes appréciées dans les jardins pour la couleur plus ou moins vive de leurs fleurs, leurs dimensions et la durée de leur floraison mais aussi pour la facilité avec laquelle il est possible de les cultiver sont utilisées pour les bordures et comme herbacées de premier et de second rang dans les mixed-borders.
Calendula officinalis et ses cultivars horticoles se cultivent en pleine terre en respectant une distance de 30 cm, dans des bacs et dans des pots sur des sols moyennement fertiles, drainés et régulièrement arrosés en période sécheresse.
On peut trouver des plants cultivés dans des bacs destinés à la transplantation ou des sachets de graines certifiées.
À l’échelon industriel, en plus que comme plantes d’intérieur, on les cultive aussi pour le marché des fleurs coupées.
Certains cultivars ont besoin d’engrais pour renforcer leur floraison et de traitements phytochimiques contre les pucerons et l’oïdium. Il y a lieu par conséquent de rappeler que les plantes des fleuristes ne sont pas produites pour un usage alimentaire.
On peut citer parmi les cultivars horticoles :
Calendula officinalis ‘Indian Prince‘ qui supporte un ombrage partiel et s’épanouit en formant une belle touffe de 45 cm de diamètre et de 60 à 75 cm de haut. Elle possède des capitules très voyants de couleur orange foncé avec des fleurs différentes en partie centrale. La couleur de l’apex des ligules est modifiée en brun rougeâtre. Elle fleurit de début mai à fin octobre. Elle est parfaite pour les bordures. Si elle est cultivée spécialement pour le marché des fleurs coupées une partie de sa floraison doit être taillée. Elle peut être cultivée soit dans un sol lourd et argileux soit dans un terrain léger et sableux avec une exposition au Sud ou à l’Ouest. Non toxique cette plante attire des abeilles et d’autres pollinisateurs.
Calendula officinalis ‘ Snow Princess’ qui forme une touffe épaisse aux feuilles oblancéolées ou lancéolées, d’un vert intense, aromatiques et légèrement collantes. Les capitules comportent plusieurs rangs de fleurs ligulées de couleur blanche ou blanc crème avec une touche jaune citron sur la surface supérieure et jaune beurre sur le revers. Les fleurs intérieures sont de couleur jaune orangé ou marron, voire marron foncé. Les capitules d’un diamètre de 7,5 cm se prêtent à la coupe. Les fleurs sont considérées comme comestibles (si elles n’ont pas été traitées avec des produits phytosanitaires).
Calendula officinalis ‘Pink Surprise’ qui fleurit de mai à septembre est annuelle et rustique. Elle préfère le sols bien drainés. Elle est haute d’environ 60 cm. Les fleurs, ligulées, disposées sur plusieurs rangs, sont délicatement recourbées et ont des couleurs claires qui vont du jaune au rose saumon et à l’orange doré. Les fleurs, tubulaires, sont de couleur orange caramel ou marron. Elle est recommandée pour les cultures en pot, les petites plates-bandes des terrasses et la production de fleurs coupées.
Synonymes: Calendula aurantiaca Kotschy ex Boiss., Calendula eriocarpa DC., Calendula hydruntina Lanza, Calendula officinalis var. parviflora Kuntze, Calendula officinalis f. pleniflora Moldenke, Calendula prolifera Steud., Calendula ranunculodes Anon., Calendula santamariae Font Quer, Calendula sinuata Boiss. & Gaill., Calendula sinuata var. aurantiaca (Kotschy ex Boiss.) Boiss. e Caltha officinalis (L.) Moench.
→ Pour apprécier la biodiversité au sein de la famille des ASTERACEAE cliquez ici.