Famille : Bignoniaceae
Texte © Pietro Puccio
Traduction en français par Michel Olivié
Cette espèce est originaire des Antilles néerlandaises, des Antilles vénézuéliennes, d’Aruba, des Bahamas, du Belize, de la Colombie, du Costa Rica, de Cuba, du Salvador, de la Jamaïque, du Guatemala, d’Haïti, du Honduras, des îles Caïmans, des îles du Vent méridionales, des îles du Vent septentrionales, du Mexique (Aguascalientes, Baja California, Baja California Sur, Campeche, Chiapas, Chihuahua, Coahuila, Colima, Durango, Guanajuato, Guerrero, Hidalgo, Jalisco, Michoacan, Nayarit, Nuevo Leon, Oaxaca, Querétaro, Quintana Roo, San Luis Potosi, Sinaloa, Sonora, Tabasco, Tamaulipas, Yucatan et Zacatecas), du Nicaragua, du Panama, de Porto Rico, de la République dominicaine et du Vénézuela où elle pousse dans les savanes, les broussailles et en bordure des forêts sur des sols argileux depuis le niveau de la mer jusqu’à environ 800 m d’altitude.
Le genre a été dédié à l’agronome italien Pietro de’ Crescenzi (environ 1233-1320) qui est considéré comme le fondateur de l’agronomie moderne et qui est l’auteur du traité “Opus ruralium commodorum”, un très grand texte médiéval sur les techniques agronomiques. Le nom de l’espèce vient d’un nom local du Brésil.
Noms communs : calabash, calabash-tree, gourd tree (anglais); calebasse, calebassier (français); albero delle zucche (italien); coité, cuieira, cuité, cujeté (portugais-Brésil); árbol de las calabazas, cabeza, calabacero, cimarrona, crescencia, cujete, guacal, guira, jicaro de cuchara, maraca morro, palo de huacal, raspa guacal, tapara, taparito, totumo (espagnol); Kalebassenbaum (allemand).
La Crescentia cujete L. (1753) est un petit arbre sempervirent ou semi-caduc, haut de 4 à 10 m, à la frondaison étalée et irrégulière, aux longues branches presque horizontales, au tronc pouvant atteindre 50 cm à sa base, à l’écorce grisâtre d’abord lisse, rugueuse et fissurée verticalement chez les individus âgés. Les feuilles, presque sessiles, sont alternes, simples, entières, d’oblongues à spatulées, longues de 4 à 20 cm et larges de 3 à 7 cm, réunies en groupes de 2 à 5 de longueur différente sur de courtes pousses le long des branches, de couleur vert foncé et brillantes en partie supérieure, plus claires et mates en partie basse. Les fleurs, solitaires, naissent directement sur le tronc et le long des branches (cauliflorie). Portées sur un court pédoncule elles ont un calice divisé jusqu’à sa base en deux lobes ovoïdes concaves, longs de 1,8 à 2,5 cm et larges de 1,2 à 2,4 cm, de couleur verte, une corolle campanulée de 5 à 7 cm de long et de 4 à 6 cm de diamètre à cinq lobes triangulaires inégaux aux apex pointus et aux bords ondulés, découpés et repliés vers l’intérieur, de couleur vert jaunâtre avec des stries de teinte pourpre, et 4 étamines peu saillantes. Les fleurs, qui s’ouvrent la nuit, dégagent une odeur jugée par beaucoup désagréable et sont pollinisées par les chauves-souris.
Le fruit est une baie sphérique à ellipsoïde de 15 à 30 cm de diamètre, d’abord de couleur verte puis jaune et enfin marron à maturité, à l’épicarpe (la peau) lisse, ligneux et particulièrement dur, d’environ 0,5 cm d’épaisseur. Il contient de nombreuses graines obovées, plates, marron foncé, longues d’environ 0,7 cm et larges de 0,5 cm, comestibles, plongées dans une pulpe blanche et vénéneuse contenant des parents de l’acide cyanidrique.
On reproduit cette plante en semant ses graines qui germent au bout de 10 à 15 jours dans un terreau drainant maintenu humide à la température de de 24 à 26 °C et, de manière facile, par bouturage semi-ligneux en été. Cet arbre revêt une importance particulière dans la vie, les coutumes et les rites des populations indigènes, déjà à l’époque précolombienne, en raison de ses fruits qui, séchés et vidés de leur pulpe, sont résistants et durent très longtemps et qui sont utilisés sous forme de récipients pour les liquides, de coupes, de plats, de cuillères, d’instruments de musique tels que les maracas et autres articles artisanaux, tous habituellement richement décorés.
Il est aujourd’hui également cultivé comme plante d’ornement du fait de ses fruits caractéristiques dans diverses régions du monde aux climats tropical et et subtropical car il ne supporte pas les températures voisines de 0 °C à moins qu’elles ne soient exceptionnelles et de très courte durée. Il a besoin d’une exposition en plein soleil et n’est pas particulièrement exigeant en ce qui concerne le sol qui peut même être argileux et peu drainant.
Le bois, dur, lourd, flexible, facile à travailler et résistant aux insectes xylophages, est utilisé dans les constructions, pour la fabrication d’embarcations et d’ustensiles de différentes sortes. À noter l’usage particulier du bois et de l’écorce qui constituent un très bon support pour les orchidées épiphytes.
Les graines, riches en protéines, sont comestibles. Séchées et moulues elles servent à la préparation d’une boisson rafraîchissante. Diverses parties de la plante sont employées dans la médecine traditionnelle des populations indigènes pour différentes pathologies, tant dans ses contrées d’origine que dans celles où elle a été introduite il y a longtemps, souvent en se naturalisant. Il faut faire attention à la toxicité élevée de la pulpe qui s’est avérée avoir également des effets cancérigènes. Des études en laboratoire ont mis en évidence la présence de différents composés bio-actifs pouvant présenter de l’intérêt pour la pharmacopée officielle.
Synonymes : Crescentia acuminata Kunth (1819); Crescentia arborea Raf. (1838); Crescentia latifolia Raf. (1838); Crescentia pumila Raf. (1838); Crescentia cuneifolia Gardner (1840); Crescentia angustifolia Willd. ex Seem. (1862); Crescentia fasciculata Miers (1868); Crescentia plectantha Miers (1868); Crescentia spathulata Miers (1868); Crescentia cujete var. puberula Bureau & K.Schum. (1897).