Famille : Accipitridae
Texte © Dr. Gianfranco Colombo
Traduction en français par Yves Sioui
Le Vautour de Rüppell (Gyps rueppellii Brehm, 1852) appartient à l’ordre des Accipitriformes, à la famille des Accipitridae et est un des plus grands vautours africains.
Il est assez facile de le confondre avec les trois autres congénériques africaines (Gyps fulvus, Gyps africanus et Gyps coprotheres) à cause de la taille et de la couleur qui sont très semblables, en particulier chez les juvéniles.
En plus, il partage avec eux la plus grande partie de son territoire et ses habitudes, sauf pour Gyps coprotheres qui est confiné à l’extrême sud du continent.
On dit souvent que les vautours peuvent voler à de très hautes altitudes sans imaginer ce qu’ils peuvent atteindre durant leurs voltiges.
Bien, cette espèce peut être considérée sans aucun doute comme l’oiseau ayant volé le plus haut de toutes les espèces existantes. Cet oiseau a été confirmé le 23 novembre 1973, dans le ciel d’Abidjan en Côte d’Ivoire, dans une collision en vol avec un avion la Ivoirian Airlines à 11 300 m d’altitude !
Même si cette altitude peut être considérée comme absolument exceptionnelle, cet oiseau vole toujours à des altitudes remarquablement hautes excédant avec une totale facilité les 5000 m.
Cette capacité lui est permise par une composition particulière du sang liée à la présence d’une protéine permettant de tirer un avantage maximum de la si petite quantité d’oxygène présent et, conséquemment, de respirer sans difficulté à ces hauteurs où cet élément est plutôt raréfié.
Le nom scientifique Gyps vient du grec ‘gups’ = vautour et l’adjectif spécifique rueppellii = de Rüppell, du nom de Eduard Ruppell, zoologiste allemand et explorateur, à qui cet oiseau est dédié.
Les noms communs européens sont: en anglais Rueppell’s Griffon, en francais Vautur de Rueppell, en allemand Sperbergeier, en espagnol Buitre Moteado et en japonais l’assez compliqué Madarashiroerihagewashi.
La facilité à planer et la remarquable vitesse qu’il peut atteindre en vol libre permet à ce vautour de se déplacer sur des distances excédant des dizaines de kilomètres, même s’il ne fait que chercher de la nourriture. C’est un animal très sociable, présent en denses colonies au moment de la nidification.
Zoogéographie
Le vautour de Rüppell vit dans la zone sub-saharienne du Sénégal jusqu’à la Corne de l’Afrique et au sud jusqu’au Mozambique. Il est devenu très rare dans la partie ouest du continent africain et même absent dans la zone au sud du Golfe de Guinée.
Avec une certaine fréquence quelques individus sont aperçus aussi dans la partie sud de la péninsule ibérique mais on pense que ce sont des sujets attirés par le Vautour fauve (Gyps fulvus) durant ses migrations périodiques vers les zones de nidification.
Toutefois, la nidification de cette espèce dans cette région n’a jamais été confirmée.
Historiquement, le Vautour de Rüppell a toujours été abondant dans sa répartition mais sa population a été sujette à des réductions drastiques durant les dernières décennies au point de se rendre à la limite de l’extinction, une chute que les humains essaient d’éviter avec une protection stricte et un suivi continu.
À l’inverse, elle est stable dans la partie orientale de son territoire.
Écologie ̵ Habitat
On le trouve dans les zones pré-désertiques, dans les zones extrêmement arides et dans les habitats montagneux.
Parmi les vautours, c’est celui qui recherche le plus les montagnes abruptes et les plus ‘rocheuses’, avec de larges gorges et des parois verticales sur lesquelles nicher. Il n’y a pas de doute que la présence de rochers et les courants ascendants usuels causés par la surchauffe des pentes rocheuses le favorisent dans ces habituels tourbillons.
Quand on observe leur comportement on note que d’ordinaire ces oiseaux prennent une couple d’heures après le lever du soleil avant de s’envoler, attendent justement la surchauffe de l’atmosphère qui génère la formation de ces courants qui les élèvent sans difficulté apparente aux altitudes dont nous avons précédemment parlées.
Ce sont des oiseaux très sociables qui nichent d’ordinaire en grandes colonies, partageant en même temps un assez vaste territoire de chasse. Cette sociabilité est partagée dans la recherche de carcasses aussi bien que durant l’alimentation même si, comme tous les vautours, dans une telle situation de ruée pour se nourrir ça se fait si furieusement que ça crée des disputes entre conspécifiques.
À propos de la forte baisse de population des dernières décades il faut garder en mémoire que cette espèce a souffert comme toutes les autres espèces de vautours des conséquences d’appâts empoisonnés par les braconniers parce que ces oiseaux annoncent sans erreur, en volant autour, les carcasses des animaux tués illégalement.
Dans certaines régions, contribuent aussi à la baisse importante qui perturbe cette espèce les alpinistes qui fréquentent les parois escarpées les obligeant à abandonner leurs emplacements. Finalement, par une habituelle malchance dans plusieurs pays africains, le marché des fétiches pour pratiquer le ‘o bò’ ou ‘juju’, attire à pleines brassées ces vautours, pour les mener, comme ça a été le cas au Nigéria, à leur presque complète disparition. Pour ces diverses raisons, depuis quelques années, cette espèce est considérée en danger dans toute son aire.
Morpho-physiologie
Le Vautour de Rüppell mesure plus d’un mètre de long avec une envergure dépassant 2,5 m.
Son poids aussi est remarquable, variant de 6 à 9 kg, avec un maximum dépassant largement cette limite quand la nourriture est abondante. Souvent, il se goinfre tellement qu’il doit demeurer au sol près du cadavre assez longtemps avant d’être capable de s’envoler. Ils ont une structure puissante qui les place dans les premières positions et parmi les plus forts des vautours africains.
Les deux sexes sont bruns avec la tête et le cou couverts par l’habituel court emplumage blanchâtre typique des vautours nécrophages complété par la collerette de même couleur délimitant la partie emplumée du corps.
Le poitrail est brun, largement parsemé de taches blanchâtres ainsi que la couverture alaire bien que plus pâle en contraste net avec les rémiges noirâtres. La couverture des pattes est, au contraire, toute blanche.
Sous les ailes, différentes taches crème avec une longue ligne blanche parallèle à la marge supérieure de l’aile suffisante avec quelques autres lignes plus pâles pour l’identifier en vol.
Les juvéniles ont un corps légèrement plus foncé et panaché. Les yeux ont un iris jaune.
En plus, ce rapace a le bec typique des gros vautours africains, un rostre franchement tranchant et puissant fait pour couper les plus difficiles parties des carcasses et aussi pour broyer les petits os qui sont alors avalés sans aucune difficulté.
Éthologie-Biologie reproductive
Le nid est une masse de branchettes et de branches séchées placées sur le plus haut et le plus inaccessible sommet des parois rocheuses et est assidûment fréquenté chaque année. Les nids sont souvent très près les uns des autres mais ça ne crée pas de difficultés apparentes dans le partage de l’espace. Quelques fois, quand ces bases sont absentes, le Vautour de Rüppell se contente de gros arbres et construit son nid au plus haut de la couronne, mais c’est bien occasionnel.
Ils ne pondent qu’un œuf blanchâtre, avec de nombreuses petites taches rougeâtres, qui éclot en environ 7 semaines et les petits laissent le nid après 4 ou 5 mois.
Comme tous les vautours, ils sont silencieux la plus grande partie de l’année, mais durant la période de reproduction ils émettent souvent des soupirs et des sons gutturaux. Le moment de la nidification dépend du territoire occupé et de la latitude.
Synonymes
Les synonymes sont principalement dus par les différentes orthographes utilisées pour indiquer le nom du zoologiste allemand Rüppell : Gyps rueppelli Brehm, 1852; Gyps rüppelli Brehm, 1852; Gyps rüppellii Brehm, 1852; Vultur rueppellii Brehm 1852.
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