Famille : Solanaceae
Texte © Eugenio Zanotti
Traduction en français par Michel Olivié
Le genre Solanum comprend selon différents auteurs de 1.400 à plus de 1.700 espèces de plantes annuelles ou pérennes, buissonnantes, arbustives, arborescentes ( sous les tropiques) et grimpantes qui sont souvent dotées de fleurs et de fruits colorés et attirants. Elles sont très souvent vénéneuses. D’autres fois au contraire elles représentent d’importantes sources de nourriture comme la célèbre pomme de terre (Solanum tuberosum), l’aubergine (Solanum melongena), la fameuse tomate (Lycopersicum esculentum appelée aussi Solanum lycopersicum) et le non moins connu poivron (Capsicum annuum), etc… ou bien elles sont utilisées à des fins médicinales, industrielles et décoratives. Une grande partie des espèces de ce genre est répandue en Amérique du Sud, en Amérique centrale ainsi qu’en Australie, en Afrique du Sud, au Mexique, à Madagascar et dans les Caraïbes.
Le nom du genre Solanum vient du latin “solamen, solari, solor” qui veut dire “je console, je réconforte, je soulage” par référence aux propriétés médicinales et sédatives de nombreuses plantes de ce genre. Pour certains auteurs ce nom rappellerait le soleil parce que de très nombreuses solanacées sont friandes de soleil (héliophiles).
Le nom de l’espèce dulcamara (dulcis-amara) veut dire douce-amère par référence à la saveur des rameaux de cette plante qui, si on les met dans la bouche, ont d’abord un goût amer qui devient peu après douceâtre.
La Douce-amère (Solanum dulcamara L. 1753), connue sous de nombreux noms vulgaires tels que morelle douce-amère, vigne de Judée, etc…, est une espèce pérennante et nano-phanérophyte, c’est-à-dire une plante ligneuse dont les bourgeons qui hivernent se situent entre 30 cm et 2 m du sol et qui a un port étalé ou semblable à celui d’une liane, une tige mince, moelleuse, haute jusqu’à 1,5 m à 2 m (3 au maximum), ligneuse uniquement en partie basse, de couleur gris-vert et brillante quand elle est jeune à marron clair, parsemée de lenticelles arrondies et saillantes et de fines arêtes longitudinales, cylindrique ou parfois un peu anguleuse, très ramifiée, herbacée en partie haute et sarmenteuse.
Le système racinaire est très développé et fibreux. Les branches sont glabres ou dotées d’une pubescence appressée et ont des feuilles de forme spiralée (en apparence alterne) qui ont un pétiole ailé de 2 à 3 cm et un limbe vert foncé aux bords entiers et qui sont brillantes, ovales à triangulaires, cordiformes ou hastées à leur base et de 3 à 6 x 5 à 10 cm. Celles du haut sont composées et ont un segment arrondi ou lancéolé de chaque côté du pétiole.
La floraison a lieu d’avril à juillet (parfois jusqu’à fin septembre) sur des cymes ombellifères inclinées comportant 10 à 25 fleurs d’abord terminales et enfin latérales. Les fleurs sont parfumées et constituées d’un calice campanulé de 3 mm divisé en 5 segments. La corolle est rotacée et mesure de 1 à 1,5 cm.
L’ovaire est biloculaire et comporte des loges abritant de nombreux ovules. Les fruits, de septembre à novembre, sont de petites baies ovoïdes de 15 x 7,5 à 10 mm, brillantes, d’abord vertes, puis jaunes, rouge orangé et enfin d’un vif rouge corail à maturité, juteuses et contiennent de nombreuses graines minuscules de 1 à 2 mm, aplaties-réniformes, finement réticulées, grises ou jaunâtres couleur paille.
Solanum dulcamara est une plante à la distribution paléotempérée (aire eurasiatique de l’Europe au Japon y compris l’Afrique du Nord) qui s’est naturalisée en Amérique du Nord dans la région des Grands Lacs.
Son habitat préféré est celui des bois de feuillus et des forêts ripicoles, des rives des fleuves et des cours d’eau, des roselières, des haies et de la végétation hygrophile. Elle est indifférente au substrat mais préfère les terrains riches et humides, voire tourbeux, à la réaction neutre, de la plaine jusqu’à 1.000 à 1.200 m d’altitude (1.500 m au maximum).
Les feuilles et les fruits contiennent des glycoalcaloïdes toxiques : la solanine (un alcaloïde narcotique constitué de solanidine en plus de glucose, de galactose et de rhamnose) qui, si elle est ingérée, attaque le système nerveux central en provoquant des brûlures de la gorge, des nausées, des vertiges, la dilatation des pupilles, des convulsions, une faiblesse musculaire, une irritation gastro-intestinale, des diarrhées, de l’anorexie et des paralysies), la solacéine, la soladulcidine, la solasodine, du tomatidénol, ainsi que le glycoalcaloïde dulcamarin (qui donne la saveur caractéristique d’abord amère puis douce), des saponines stéroïdiques (par exemple la dulcamoroside aux propriétés diaphorétiques), des acides organiques (l’acide dulcamarique, l’acide dulcamarétique et autres), le colorant caroténoïde lycopène et des tannins.
Les baies, qui attirent les enfants, peuvent en particulier causer des empoisonnements par ingestion (les baies non encore mûres et vertes sont très toxiques).
La période optimale (balsamique) pour récolter les tiges de 2 à 3 ans est le mois d’avril ou mieux encore l’automne. On doit les couper en petits morceaux et les faire sécher (Stipites dulcamarae F.U.I.). De cette façon elles perdent aussi une grande partie de l’ odeur désagréable d’urine de souris qu’elles ont quand elles sont fraîches.
La douce-amère a des propriétés sudorifères, diurétiques, anti-goutteuses, laxatives, dépuratives, fluidifiantes du sang, légèrement hypnotiques, anaphrodisiaques,émollientes et tussifuges. Elle est utilisée aujourd’hui surtout pour le traitement des rhumatismes, de la goutte et de certaines maladies de peau (dermatoses, herpès, psoriasis, eczémas), des oedèmes, de l’asthme, des bronchites et dans les soins dépuratifs. Le jus des fruits était utilisé dans l’Antiquité comme cosmétique pour éliminer les taches inesthétiques sur la peau du visage et du corps. Un cataplasme de feuilles fraîches est conseillé pour la cellulite.
La médecine populaire recommandait, en cas de mal de dent, de diriger au moyen d’un entonnoir la vapeur obtenue en faisant bouillir les baies sur la dent malade et d’appliquer les baies écrasées sur les ecchymoses comme remède résolutif et de les frotter sur les verrues et les durillons pour les faire disparaître. En raison de sa toxicité la douce-amère est une espèce à exclure de l’usage familial en tout cas en application interne.
On peut reproduire facilement cette plante par voie végétative en plongeant des boutures de tige dans de l’eau.
Synonymes : Solanum scandens Necker (1768), non Miller ; Solanum scandens Lam. (1779), non Miller ; Solanum lyratum Thunb.(1784) ; Solanum rupestre F.W. Schmidt (1793) ; Solanum ruderale Salisb.(1796) ; Solanum dulcamara var. villosissimum Desv. (1818) ; Solanum litorale Raab (1819) ; Solanum assimile Friv. (1836) ; Solanum dulcamara var. pubescens N.H.F. Desp. (1838) ; Solanum dulcamara var. tomentosum W.D.J. Koch (1838) ; Solanum dulcamara var. marinum Bab. (1843) ; Solanum dulcamara var. hirsutum Dunal (1852) ; Solanum dulcamara var. ovatum Dunal (1852) ; Solanum dulcamara var. palustre Dunal (1852) ; Solanum dulcamara var. rupestre Dunal (1852) ; Solanum dulcamara var.indivisum Boiss. (1879) ; Solanum serpentini Borbàs & Waisbecker (1897) ; Solanum dulcamara fo. albiflora Farw. (1923) ; Solanum dulcamara var. canescens Farw. (1923) ; Solanum dulcamara fo. albiflorum House (1924) ; Solanum depilatum Kitag. (1939) ; Solanum marinum (Bab.) Pojark. (1955) ; Solanum pseudopersicum Pojark (1955); Solanum.
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